Le biais d'optimisme au poker

Le biais d'optimisme au poker

Parfois, voir les cartes “en rose” a du bon, parfois ça peut coûter cher. Dans quels cas vaut-il mieux être pessimiste, optimiste ou réaliste au poker ?

Par définition, le biais d’optimisme est… un biais. C’est à dire que l’optimisme déforme notre perception du monde, que nous voyons plus rose qu’il n’est en réalité. L’objectivité étant une qualité qu’on ne saurait trop vanter au poker, on pourrait croire que l’optimisme est à combattre. Comme souvent, ce n’est pas aussi simple.

Le biais d’optimisme dans la vie de tous les jours

L’optimisme est un biais globalisé, touchant aussi bien les hommes que les femmes, dans tous les pays étudiés. Environ 80% d’entre nous en sont victimes. L’optimisme concerne de vastes domaines comme la santé (on sous-estime la probabilité d’avoir un cancer par exemple), la vie amoureuse (environ 40% des couples divorcent mais si vous demandez à des néo-mariés la probabilité qu’eux divorcent, ils vous répondront immanquablement 0%), la vie professionnelle (tendance à penser qu’on gagnera plus et qu’on sera plus vite promu que ses collègues), etc…

Diverses études ont montré que les personnes les plus réalistes quant à leur vie sont les personnes souffrant d’une légère dépression. En revanche, ceux qui sont gravement déprimés sont victimes d’un biais de pessimisme. 

Notons que les optimistes le sont pour eux-mêmes, pas pour les autres. Il s'agit d'une croyance égotique selon laquelle nous avons des capacités que les autres n'ont pas.

Devant l’étendue du biais d’optimisme, on en vient à se demander : est-ce utile ? On peut lire çà et là des phrases vantant les aspirations modestes. En anglais : “low expectations is the secret to hapiness” ou en français “n’attends jamais rien et tu ne seras jamais déçu”.
Cela peut sembler intéressant : si j’ai des attentes élevées, je risque de connaître la déception de l’échec, alors que si je n’espère rien, je ne peux pas être déçu, et pourrais même être agréablement surpris.

Mais les attentes agissent comme des prophéties auto réalisatrices : quand on s’attend à réussir, on s’en donne les moyens et on augmente nos chances de réussite. Et réciproquement, quand on s’attend à échouer, on a presque toujours raison…

Ainsi, l’optimisme change la réalité subjective (on la voit plus rose qu’elle ne l’est) mais aussi la réalité objective, en nous incitant à nous donner à fond.

En outre, la période d’attente est évidemment plus agréable chez les optimistes que chez les pessimistes.

Le biais d’optimisme au poker

Une étude a été réalisée sur le biais d’optimisme chez des parieurs équestres. Divisés en deux groupes, il leur était demandé d’évaluer la probabilité que leur cheval gagne, aux uns juste avant d’avoir misé et aux autres juste après la mise. Ceux qui venaient de mettre leur argent surestimaient grandement leurs chances de gain.
Un tel phénomène existe sûrement au poker, en particuliers chez les débutants. Même si on sait qu’un tirage couleur au flop aboutit que 35% du temps au turn ou à la river, on peut avoir l’impression, parce que c’est nous, parce qu’on a payé, que nous avons plus de chances que ça de toucher… Dans ce cas, le biais d’optimisme nuit clairement au joueur.

Un autre exemple du biais d’optimisme est la sélection des tables et des limites. Celui qui se surestime risque de jouer à une limite trop élevée ou une table trop forte pour lui. Là encore, ça risque d’être coûteux…

Cependant, l’optimisme peut être un moteur au poker, comme dans la vie de tous les jours. Ainsi, le pessimiste qui pense “de toute façon, au poker il y a une grande majorité de joueurs perdants, donc ça sert à rien que j’y passe du temps”, n’aura évidemment aucune chance de devenir bon. A l’inverse, l’optimiste qui se dit qu’il a le talent pour devenir un grand joueur pourra trouver dans cet optimisme la motivation nécessaire pour continuer à jouer, étudier et progresser.
Dans certains cas, que vous soyez optimiste ou pessimiste, vous êtes sûr d’avoir raison.

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