Comment et quand donkbet en PLO

Comment et quand donkbet en PLO

Après avoir étudié l'art du check/raise en PLO, Yeepaa se penche désormais sur une autre arme du jeu au flop : Le donkbet. En partant sur un exemple à l'aide d'une main jouée online, le coach spécialiste en omaha abordera tous les compartiments de ce move important à maitriser.


Le donkbet : Pour quoi faire ?

Avant de parler d’équilibrer son range de donkbet, on va essayer de voir pourquoi on devrait avoir ce move dans notre arsenal et ce qu’il nous permet d’accomplir ingame.

La somme des paramètres à prendre en compte est comme toujours assez importante :

  • Nombre de joueurs dans le coup
  • Les stacks concernés
  • Les profils en présence
  • La texture du flop/board
  • La force relative de notre main, ses faiblesses aussi bien que sa force.

Il faut bien comprendre que le donkbet ne va pas sans le check/raise (et le c/c), il ne faut pas se borner à donk dès qu’on a touché un bout de flop sous prétexte qu’on ne sait pas trop quoi faire.
La même main sur le même flop se verra dans un cas très intéressante à Donkbet et dans un autre pas du tout, selon le(s) adversaire(s), les stacks en présence.


Exemple n°1

Pour débuter cela, prenons une main en exemple :

 

Pré flop

Le préflop ne nous intéresse pas tant que ça mais doit toujours être prit en compte pour le move que l’on va faire ou non postflop.
La position de l’openraiser, ses tendances, etc... Tout cela doit faire parti intégrante de notre décision sur le flop.

Action au flop

On a ici middle set sur un board fort et avec un dynamisme moyen, pas de FD notamment.
Le coup se passe 5 way et laisser une free card serait équivalent à GU avec un set ici.

Le donkbet ici va remplir plusieurs offices

  • On gonfle le pot avec la majeure partie du temps la main dominante
  • On va se donner un levier en masse de jetons sur les turns qui ne seront pas dangereuses pour notre main (il faut garder à l’esprit que bons nombres de joueurs, et ce, même si ils connaissent les préceptes de cotes, vont se baser sur le montant, la masse et non pas ces cotes justement)
  • Check/call sera rarement bon, on va se trouver à c/c sur des cartes potentiellement mauvaises mais parce qu’on sous représente notre main
  • On n’est absolument pas certain de trouver un cbet chez l’or ou un bet en général du fait du grand nombre de joueurs présent.
  • Toutes les cartes du 8 au K (sans parler de la Q qui nous fait full mais peut donner un overfull à DP ici) sont potentiellement mauvaises. Si on laisse une free card, on peut se retrouver turn sur une situation ou l’équité adverse sera resté stable (aux alentours de 40%) pour un inner wrap et un FD en face de nous ( ). On concède donc gratuitement de l’équité à notre/nos adversaire(s).
  • Le fait de donkbet un set va nous permettre de db aussi bien des draws que des DP qui ne supporteront jamais un check/call si 0 redraw, etc...

Donkbet vs check/raise

Une main en pure value, limite incassable (Top set + Nfd par exemple) ne va que rarement être judicieuse à donkbet et ce quelque soit le rapport de stack, on a aucune protection à faire et on impact tellement le board que le/les adversaire(s) auront rarement de quoi nous payer.
Par contre une main ayant une équité correcte/dominante ou en tous cas ok pour partir à tapis avec un SPR donné sera une bonne opportunité à donkbet. Si l’adversaire fold 30/40/+ % d’équité on réalise une bonne affaire, et si il shove on pourra partir à tapis.
Cette même situation à check/raise est bien moins intéressante, même si notre équité ne va évidemment pas varier, on renonce à prendre de la FE et à voler l’équité de notre adversaire.


Exemple n°2

Un second exemple sur lequel on trouve une main forte topset/GS/bdfd

 

  • Dans ce cas précis nous sommes en 4 way dans un pot or, le SPR est de 6 avec 2 joueurs et de 3+ avec le plus short des vilains. Comme se passe le coup nous isolons contre le short (obv sans être RO ce n’est pas toujours comme ça que ça va se passer)
  • Quand le short pot ici, il faut prendre en compte notre besoin en équité vs la probable quinte, on a 5€ à mettre dans un pot qui va faire 14€ => 5/14, il nous faut 36% d’équité.
  • Contre les nuts on a 43%+, le reshove face à son stack est on ne peut plus correct.
  • Contre un joueur qui a 9,5€, la situation n’est pas la même. Pour partir à tapis il nous aurait fallu 40%+, le coup serait donc bien moins EV à push. Caller serait une option bancale, pas inenvisageable mais le propos n’est pas pour ce qui nous préoccupe de suite.

On voit qu’on génère une situation (sans dire, ok j’ai misé donc je suis commit, ça serait juste horrible de raisonner de la sorte) sur laquelle on a un coup ev+.
Si on prend le SPR contre le joueur qui nous fait face sur le coup.
6,12/1,8=3,4
3,4/(3,4*2+1)=43,58 => il nous faut donc 43,58% pour tout mettre ev0
Dans les faits, nous en avons ici 43,395
Coup légèrement EV- si on part avant notre bet sur le flop.

Je me doute qu’intuitivement, pour bon nombre de joueurs le check/raise est l’option la plus limpide.
Je reviens au fait que notre main, si sympathique soit elle, peut non seulement faire face à une nuts qui nous domine, mais aussi à des tas de mains qui ont une équité plus que correcte.
On va de facto pouvoir rencontrer un set ici, une quinte T6 qui nous met en situation de quasi flip, etc...
Le check/raise va avoir plusieurs problèmes, on s’isole contre les nuts (chez un joueur solide), on laisse des freecards qui peuvent être des « action dead » en amenant trop de quinte pour un joueur qui aurait un underset, etc...
Le fait qu’ici on perde la main ne m’empêche pas de penser que le donkbet ici était une option plus qu’intéressante et on pourra intégrer ce type de main dans notre range de donkbet ce qui nous rendra profitable de faire le même move en étant nutsé.

On va aussi avoir la possibilité de « voler » de petits pots orphelins quand on va voir arriver un flop et qu’on décidera de lead avec une main comme 567, 88/bdfd etc... Les joueurs nous ayant vu donkbet un set vont pencher assez naturellement pour une main de force équivalente quand nous attaquerons un flop d’une telle texture et sans une main ayant impacté ce flop, il sera très dur de nous tenir tête.
Les profils sont très importants, si un adversaire très/trop fit or fold nous fait face et qu’il jette dès qu’il a miss le flop, les textures qui n’impactent que trop peu son range d’OR seront de parfaites candidates à un petit donkbet (si on ajoute un semblant d’équité dans le coup, c’est toujours mieux )
Etc,etc...

Ceci est un premier jet sur l’intérêt du donkbet et j’espère qu’il vous permettra de vous rendre compte du bien fondé de celui ci.

En aparté et sans rentrer dans le pourquoi du comment de l’équilibrage de notre range de DB, je dirais qu’un taux de donkbet entre 10 et 15% me semble être assez sympa. Si on ajoute à ça un range de check/raise dans une portion sensiblement identique, on va se rendre bien pénible à jouer si on sait faire la différence entre les bons spots/profils à donkbet ou à check/raise.

 

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