- 15 juillet 2013
- vuuuong
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Avant de pouvoir jouer à ces limites, il faut avoir la bankroll nécessaire, et donc la construire à des limites plus petites. Cependant, le parcours des joueurs diffère, certains gagnent une belle somme en tournois ce qui leur permet ainsi de jouer aisément à des limites moyennes voir hautes en cash-game. D’autres grind sérieusement depuis les plus petites limites, et enfin certains tentent leur chance hors bankroll management avec le risque élevé de se broke.
Avant les high stakes
Comme expliqué lors de mon premier article sur le sujet, j’ai découvert le poker il y a 6 ans à travers un ami, Nicolas, lors de vacances au ski avec des amis. Personne à part lui ne connaissait les règles de ce jeu. On est parti acheter un paquet de cartes (un jeu de tarot dans lequel on retira les atouts) et on misait avec des bouts de papier. Je ne comprenais encore pas grand-chose mais j’appréciais la part de stratégie qu’il y avait dans ce jeu.
Quelques semaines plus tard, j’apprends que mon meilleur ami a lui aussi de son côté appris à jouer au poker. Le duo était formé. On cherchait les offres sans dépôts, le maximum de freeroll sur des rooms hasardeuses, car nous n’étions pas majeurs à l’époque. J’ai pu grâce à une offre de 50$ sur fulltilt.com, acquérir une petite cagnotte. J’ai débuté par les sit’n go à 2$ et le shortstacking à 20bb en NL10.
Lorsque ma bankroll affichait 30 à 40 buy-in de sit’n go, je montais de limite. J’ai ainsi pu jouer les 5$ puis les 10 et les 20$, vitesse turbo comme normale, short-handed, full-ring ou multi table. Un soir, ma bankroll avant session affichait un beau 1200$. Comme la plupart des jeunes grindeurs, je me sentais fier, prêt à aller au bout du rêve et monter les fonds nécessaire pour jouer en 200/400.
Je pris alors la décision de lancer une session « shot » avec les 39$ et 56$, sur lesquels je perdis plus de la moitié de ma roll : ma balance affichait un pauvre 539.20$, je m’en souviens encore.
Choqué d’avoir perdu autant d’argent sur une seule session, et surtout détruit le travail de trois mois en juste quelques minutes, deux choix s’offraient à moi : retourner grind les limites plus basses pour quelques semaines, afin de revenir à ma bankroll du début de soirée, ou gamble pour remonter. Le choix fut rapide, je décida bien entendu de continuer à jouer, à moitié tilté, en NL50 head’s up, un domaine qui m’était totalement inconnu à l'époque. Le goodrun d’une vie m'a permis de gagner 10 buy-in en l’espace de 2h30, et de revenir presque even. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si je m’étais broke à cette époque, peut être que je ne serais pas entrain de vous écrire en ce moment même..
Je me suis intéressé davantage au cash-game par la suite, en recommençant en NL25, et à ma majorité, j’ai pu retirer mes sous et les déposer sur une autre room (VC Poker) avec un bon rakeback à travers un contact proposant de m’affilier.
Sur VC Poker, j’ai principalement grind la NL25 et NL50 pendant deux mois, et touché un rakeback « monstre » de 1200$, qui m’ont permis d’avoir une bankroll plutôt solide pour ces limites. J’ai ensuite tenté mon shot en NL100 HU contre des joueurs réguliers, que j’ai battu. Après cela, j'ai navigué entre les NL100 et NL200 et fait quelques shots en NL400, en SH ou HU.
A l’arrivée du .fr, j’ai déposé 300€ sur EurosportPoker (ma limite de dépôt à ce moment), que j’ai grind en NL50 avec une méthode de gestion de bankroll très agressive : 10 buy-in de la limite supérieur pour monter, et descente si moins de 4 buy-in de la limite actuelle. J’ai rapidement monté les échelons, si bien que trois mois plus tard je prenais des shots en NL1K. Je n’apportais que peu d’importance à la valeur monétaire que ma bankroll représentait. Vous remarquerez également que sur le .com je n’ai jamais mentionné de cashout, car retirer une partie de sa bankroll lorsqu’elle n’est pas élevée est un réel handicap d'évolution lorsque vous avez le niveau pour monter de limite.
Mes débuts dans les high-stakes
Vous l’aurez bien compris, j’étais prêt à tout pour progresser et jouer contre les meilleurs. J’ai tenté d’affronter les très bons regs que je ne connaissais pas. Je ne citerais pas les pseudos ici, mais un certain A. m’a bien corrigé, si bien que je perdis en l’espace de quelques sessions environ 15k (NL1K HU). J'ai décidé de regrind le lendemain et pendant quelques jours en NL200 et NL400 j’affronta B. contre lequel je finis légèrement positif. Aussi étrange que cela puisse paraître, ce joueur est un des meilleurs réguliers français, et mon niveau de l’époque (et sûrement celui d'aujourd’hui) ne me permettait pas de le battre.
J’ai bien sûr réalisé qu’il était devant, et j’ai réfléchi aux lacunes techniques de mon jeu afin de progresser. Vint alors l’arrivée du célèbre Basou, le jeune virtuose des high-stakes. Bien qu’il soit un de mes meilleurs amis aujourd’hui, mon contact avec lui n’a pas toujours été évident. Je le jouais au début en NL400 HU et les swings étaient énormes ; il 3bettait énormément, faisait tapis assez fréquemment pour me faire passer de bonnes mains et me mettait une pression constante.
La variance face à ce joueur étant trop élevée, je ne voulais pas l’affronter sur une limite supérieure, sur laquelle il serait encore plus en confiance. Je suis cependant rentré dans son jeu suite à son trashtalk dont je me souviendrais toujours « Vuong, viens en 5/10, t’es tellement nul. Aller prend tes couilles et viens me jouer en 1K sur quatre tables ». Alors que je savais pertinemment dans mon fort intérieur que je devais décliner l’invitation pour une raison d'EV évidente, j’ai bien entendu ouvert les tables demandées.
On a joué régulièrement pendant un mois des sessions en NL1K. J’étais positif d’une dizaine de buy-ins, jusqu’au soir où tout se renversa. Il était 23h lorsque j’aperçus Basou attendre sur plusieurs tables. Je me suis assis, et on a démarré sur deux tables. Les buy-ins passait d’un joueur à l’autre, on ouvrait une table supplémentaire, puis une autre, on relançait, on sur-relançait, on passait, on faisait tapis. Les jetons volaient d’un joueur à l’autre, la dynamique était très agressive, et après trois heures de jeu, on était toujours even. Je n’avais pas remarqué à ce moment là, mais la dynamique était à son avantage, une metagame très agressive que je ne contrôlais pas, je subissais même l’agression. Dans l’heure qui a suivit, Basou m'a reprit les durs buy-in que j’avais accumulés au cours de nos sessions précédentes, si bien qu’il me prit 10K très rapidement. Il était quatre heures du matin, et j’avais cours à neuf heure avec le directeur de ma formation : je ne pouvais pas sécher. J’ai décidé de quitter la session sur cette lourde perte et d’aller dormir. Je suis arrivé en cours à l’heure, mais fatigué et surtout blasé d’avoir perdu autant face à ce joueur que je détestais tant.
La journée passait, ma bankroll avait fondu et je n’avais pas le courage de rejouer contre lui. J’ai donc repris le grind intensif à des limites plus basses mais sur lesquelles j’avais un réel edge. J’ai donc décliné l’action contre Basou, et j’ai cashout une partie de ma bankroll afin de la déposer sur Winamax, sous le pseudo canar_laque…