Voici le message que j’ai envoyé à l’édition spéciale (j’aurais mieux fait de me relire avant de l’envoyer, j’ai corrigé une dizaine de fautes en relisant). On verra bien si ça donne quelque chose.
Titre : Loi sur les jeux en ligne : qu’en pensent les joueurs ???
Bonjour,
Je sais que j’ai accepté les conditions avant d’écrire ce message, mais je précise que mon but n’est pas que vous le diffusiez à l’antenne, mais de vous inviter à faire des recherches sur un sujet abordé hier et pourquoi pas proposer un sujet dans les jours à venir.
J’ai regardé hier votre reportage sur la législation sur les jeux en ligne.
Durant les débats sur cette législation, un acteur a été complétement ignoré : le joueur. Dans tous les discours des politiciens le joueur semble considéré comme une sorte d’animal de laboratoire qu’on observe, mais à aucun moment, semble-t-il on a considéré que le joueur était un être humain responsable et doué de raison.
Je précise que j’ai pour ma part été un joueur régulier de poker en ligne et bien que je ne joue plus guère depuis un an, je reste un assidu de quelques forums sur le sujet
J’ai regardé votre émission d’hier ayant dans l’idée que vous étiez plus que d’autres susceptibles d’avoir l’idée saugrenue de laisser la parole à un joueur et de ce point de vue je n’ai pas été déçu.
Ce que je trouve regrettable néanmoins c’est que, suivant en cela l’orientation des débats parlementaires, vous ayez fait votre sujet, non pas sûr la loi elle-même, mais sur la dépendance au jeu en ligne, problème certes peut-être plus important en lui-même que la loi, mais qui n’est qu’un aspect secondaire de la loi, ce n’est pas le sujet. Pour prendre une comparaison grossière, c’est comme si Cuisine TV ne faisait que des émissions sur le faim dans le monde. Certes la faim dans le monde est un sujet plus important que la recette de la meringue, il n’en reste pas moins que c’est un aspect très secondaire du sujet.
Soit dit en passant la question de la dépendance au poker est un sujet bien plus complexe que d’avancer des chiffres : x% sont accrocs. Deux choses, entre autres complexifient le sujet ; la possibilité d’être gagnant et surtout la possibilité d’être professionnel, ou semi-professionnel (diriez-vous qu’une personne est accroc à son travail parce qu’elle y passe ses journées ?).
Cette longue introduction donc pour vous signaler une chose simple et dont personne dans les médias et dans la classe politique ne semble s’être aperçu : les joueurs ne veulent pas de cette loi.
Cette loi qualifiée d’ouverture consiste en fait à interdire, ou à rendre impossible une offre qui à l’heure actuelle est existante et tout à fait légale. Car je rappelle que selon la législation actuelle rien dans les pratiques du jeu en ligne n’est illégal. Jouer n’est pas interdit par la loi. Quand aux sites qualifiés à longueur de temps par la classe politique d’illégaux, ils n’ont rien d’illégaux puisque, comme toute chose, ils sont soumis à la législation du pays où ils sont situés et que bien entendu, ils sont situés dans des pays où cette activité est légale.
Pour savoir ce que les joueurs reprochent à cette loi, je vous invite à parcourir les forums spécialisés, Je compte d’ailleurs poster une copie de ce message sur le forum poker-academie.com, dans un sujet intitulé « Dura lex, sed lex » que je vous invite à lire.
Je vais rapidement vous faire un résumé des craintes des joueurs de poker :
-La loi est une loi fourre-tout qui traite de paris en ligne et de poker, qui sont des choses très différentes. Je ne peux ici parler qu’au nom des joueurs de poker. Cette loi est inappropriée pour ce jeu et ne fait que démontrer une fois de plus l’ignorance des parlementaires sur les sujets sur lesquels ils légifèrent.
-Le fait de taxer les jeux n’est sur le principe pas vraiment mis en cause, mais l’idée de taxer les mises démontre une incompréhension du fonctionnement du poker. D’autres méthodes plus simples et plus équitables pouvaient être pensées. Par exemple retirer le poker de la liste des jeux de hasard (liste établie dans les années 30 alors que la plupart des variantes jouées actuellement n’existaient même pas) ce qui permettrait d’imposer les gains du poker comme des revenus.
-L’aspect le plus contesté est l’isolationnisme de cette loi qui impose de ne jouer qu’entre français. Ce qui inquiète pour plusieurs raisons. Une raison pragmatique qui est que cet isolationnisme signifie qu’il y aura moins d’adversaires et donc la fin d’une partie de l’offre actuelle, notamment les variantes dites « exotiques », en fait on peut sans doute estimer qu’en dehors du hold’em et peut-être de l’omaha, le marché français est insuffisant à lui seul pour permettre de jouer aux autres variantes disponibles comme les variantes de stud, de poker fermé, les jeux en limit ou encore les mixed games (en tout il y a probablement entre 10 et 20 variantes qui risquent de devenir des oiseaux rares. C’est aussi la fin pour les joueurs français des gros tournois avec beaucoup de participants. Le volume de tournois dits sit’n’go (le tournois commence quand le nombre de participants voulu est atteint) risque d’être faible et le temps d’attente pour le début d’un tournoi assez long. Les plus gros sit n go risquent même fort de ne jamais commencer. C’est aussi un frein pour les joueurs qui jouent plusieurs tables à la fois.
-La deuxième critique faite à cet isolationnisme est idéologique et sans doute la plus virulente. Cette loi est perçue comme une attaque de plus à l’égard d’internet, par un gouvernement qui n’y comprend rien. Une tentative de plus d’imposer son diktat sur un espace qui se veut et s’est toujours voulu un espace de liberté, d’indépendance, d’échange entre les hommes. Il est vrai que le poker ne semble pas l’activité la plus morale du monde et n’est pas la plus propre à revendiquer la solidarité, car reconnaissons-le, autour d’une table de poker, tout le monde est là pour prendre l’argent des autres. Ce n’est pas une activité gentille, il n’en reste pas moins que cette "immoralité’ n’a jamais été au centre des débats (elle a été évoquée et vite passée sous silence à l’assemblée nationale), l’intérêt financier de l’état étant de « libéraliser » les jeux, et que cette libéralisation, cette ouverture, n’est en fait qu’un fermeture sur soi-même et une attaque supplémentaire à la liberté des citoyens, et à l’internet qui est un vecteur formidable de cette liberté.
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout, et je vous serais reconnaissant si vous pouviez aborder ce sujet dans votre émission, en quoi vous feriez je pense votre travail de journaliste, ce qui je pense vous tient à coeur.
Cordialement