Article du mois de décembre 2016 : « Nombreuses similitudes entre Tennis et Poker »

Bonjour à tous,

Le poker est de plus en plus souvent comparé à un sport, et l’on peut même le qualifier de « sport de l’esprit », tout comme les échecs.

Après l’article de petiteglise, « Le championnat du monde d’échecs expliqué aux joueurs de poker », je souhaite partager ma passion du tennis au travers de cet article, mettant en avant de nombreuses similitudes entre le poker et le tennis.

Je vous entends déjà murmurer : « Ok pour comparer Poker et Echecs car il s’agit de discipline « mentales », mais pourquoi le tennis ? »

C’est ce que nous allons voir, et je vous présente d’emblée le sommaire afin de vous mettre l’eau à la bouche, avec 7 points de similitudes entre ces deux disciplines :

  1. La « prime à l’agressivité » en fonction de la structure
  2. Le service et le retour de service VS le jeu préflop
  3.  Savoir varier son jeu – être imprévisible
    
  4.    Exploiter les faiblesses de son adversaire
    
  5.      Garder confiance en toutes circonstances
    
  6.        Gestion du risque  - Jouer Serré ou jouer LAG ?
    
  7.          « One chip one chair »
    

1) La « prime à l’agressivité » en fonction de la structure

Au poker comme au tennis, un coup démarre, et en fonction de paramètres du jeu, les joueurs ont plus ou moins de temps pour le développer :
Au poker, comme vous le savez, la possibilité de développement d’une main dépend principalement de la profondeur de jeu.

Je ne vous apprends rien en vous disant que plus vous jouerez deep, plus vous aurez de possibilité postflop.

Un tournoi deepstack (ou le jeu en cash game) donne la part belle aux joueurs faisant preuve de patience, de discipline, et développant un jeu serré agressif.

A l’inverse, un tournoi « turbo » va privilégier les joueurs à tendance plus agressive, qui n’auront pas peur d’envoyer les jetons sans attendre les nuts.

Au tennis, cette « structure » peut être comparée à la surface de jeu.

En effet, on peut comparer le fait de jouer au tennis sur une surface lente - comme la terre battue – à jouer au poker dans un tournoi deepstack.

Sur terre battue, en effet, les échanges sont parfois très longs, et il faut faire parfois preuve de patience pour gagner un point. Il faut construire son coup progressivement, jouer longuement en fond de court et attendre le bon moment pour être agressif. (Tout comme il faut attendre un très bon jeu pour envoyer son tapis dans un tournoi deep).

Inversement, une surface rapide comme le gazon ou encore une surface dite « dure » comme le synthétique, va privilégier les joueurs les plus agressifs. Ces surfaces vont laisser beaucoup moins de place au développement de longs échanges.

Les aces et les services-volées seront beaucoup plus fréquents que sur terre battue. Les bons serveurs seront ainsi très avantagés.

Les véritables amateurs de terre battue peuvent éprouver des difficultés sur les courts trop rapides, tout comme les joueurs de cash game peuvent éprouver des difficultés à jouer des tournois « turbo », sans expérience dans ce domaine.

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2) Le service et le retour de service VS le jeu préflop

Les surfaces rapides favorisent donc les bons serveurs, tout comme les structures rapides au poker font la part belle au jeu préflop.

Avoir un bon service au tennis peut être ainsi comparé à avoir un bon jeu préflop au poker.

La comparaison peut se poursuivre en comparant l’avantage d’avoir le service, à l’avantage de la position et de l’initiative.

Au poker, prenons l’exemple du Head’up ou du jeu « bouton contre les blindes » :

Le joueur au bouton à la position et ouvre le jeu. Tout comme le joueur au service au tennis.
Il se doit d’être agressif pour profiter de l’avantage de sa position.

Le joueur en Big Blindes reçoit le « service » et essaie de se défendre.

Une fois que les joueurs voient le flop, le jeu de poker post-flop peut commencer - tout comme le jeu de fond de court au tennis, une fois le service et le retour de service effectué.
La personne ayant pris l’initiative au départ, sera souvent « favorite » pour gagner le coup.

3) Savoir varier son jeu – être imprévisible

Tous les joueurs de poker le savent, pour être un joueur gagnant il est important de ne pas être trop « lisible ». Il faut essayer de découvrir comment joue l’adversaire tout en essayant de tromper son adversaire.
On dit que le poker est un « jeu de dupes ».

Au tennis, de manière identique, on aura un grand avantage si l’on parvient à « lire son adversaire » et à savoir quelles sont ses tendances de jeu. Fait-il fréquemment des amorties ou des contre-pied ? Lorsque l’on est à la volée, est-il plus à l’aise pour nous lober ou pour tenter un passing ?

De notre côté, nous devrons toujours essayer de placer la balle là où notre adversaire ne l’attend pas. Pour cela, comme au poker, il sera très important de varier notre jeu.

Plus nous rencontrerons des adversaires compétents, plus ceci sera important.

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4) Exploiter les faiblesses de son adversaire

Pour gagner au poker, il est important d’analyser le jeu de ses adversaires, afin de connaitre leurs points faibles – leurs « leaks ».
Une fois ces leaks connus, il convient de bâtir une stratégie afin d’exploiter ces derniers et de prendre le meilleur sur son adversaire.

Au tennis, cet élément est également important.

Nous devons observer le jeu de notre adversaire et déceler ses points faibles afin de le forcer à effectuer les coups sur lesquels il est le moins à l’aise.

Nous devons adapter notre jeu à notre adversaire, comme au poker.

Si celui-ci est à tendance trop agressive, nous pouvons attendre qu’il commette des fautes.

Inversement, si l’adversaire est « trop prudent », nous devons être nous-même agressif afin d’en tirer bénéfice. Cela est valable aussi bien au poker qu’au tennis.

5) Garder confiance en toutes circonstances

Que cela soit dans la discipline sportive ou au poker, le mental tiens une place importante. Valou29, coach mental sur PA est d’ailleurs également coach sportif.

La particularité d’un sport « individuel » comme le tennis en simple, est que le joueur se retrouve « face à lui-même », face à ses propres erreurs et à ses propres frustrations.

Le poker, avec la grande place à court terme laissé au hasard, nous apprend à gérer les moments difficiles. Nous savons que l’on peut perdre plusieurs coups importants successivement, même en jouant parfaitement.

Nous devons nous forger un mental d’acier afin de garder toute notre confiance dans ces moments là.

Un joueur de poker qui serait trop déstabilisé par une période de « bad run » serait fortement pénalisé, voire ne pourrait pas être gagnant sur le long terme.

Au tennis, évidemment, il n’y a pas de lancée de dés ni de tirage de cartes.

Il n’empêche.

Au sein d’un match de tennis (ou bien au sein d’une saison), un joueur peut vivre des périodes avec plus ou moins de « réussite ». Ce que l’on appelle « réussite » dans le sport peut être apparenté à la « chance » au poker.

Ces périodes avec moins de réussite peuvent en effet être liées à une méforme, mais aussi parfois comme au poker à « un bad run » (beaucoup de balles qui flirtent avec la ligne ou bien qui touchent le filet et retombent juste du mauvais côté).

Il est important pour le joueur de tennis de ne pas perdre confiance dans ces moments là. Par exemple, après quelques fautes directes, beaucoup de joueurs s’en veulent et s’insultent eux-mêmes – parfois pour « s’encourager ».

Cela n’est pas une bonne façon de voir les choses. On peut améliorer son mental et la confiance en son jeu au tennis en acceptant qu’il y a également une part de « variance » au tennis, et que l’on puisse perdre un jeu ou un set simplement à cause de balles « fautes » à quelques centimètres près.

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6) Gestion du risque - Jouer Serré ou jouer LAG ?

Certains joueurs de tennis, parce qu’ils n’ont pas suffisamment confiance en leur jeu, ou bien simplement parce qu’ils n’aiment pas faire de fautes en match, vont « serrer » leur jeu en match et ne pas oser faire des coups qu’ils réussissent pourtant en entrainement.

D’autres joueurs au contraire sont très relâchés, veulent parfois « forcer les points » et commettent beaucoup de fautes.

Ces approches peuvent être comparées aux profils joueurs de poker « Serré » ou bien « Large ».

Cette comparaison est pertinente si l’on suit l’évolution d’un joueur qui débute et qui va progresser pour jouer contre des averses de plus en plus coriaces.

Dans des parties entre joueurs débutants, la régularité est l’alliée du joueur de tennis.

Les joueurs trop agressifs quand ils débutent vont souvent faire trop de fautes et perdre les matchs au profit de joueurs plus « prudents ».

Cela revient au conseil de jouer « serré » aux petites limites au poker. Beaucoup de joueurs jouent trop larges, et en jouant serré contre eux, on s’assure un petit profit.

En revanche aux tables aux plus hauts enjeux, un jeu trop serré sera perdant, et il convient d’être de plus en plus agressif - tout en restant équilibré.

Au tennis, c’est évidemment la même chose. Un joueur trop « prudent » n’a que très peu de chance de gagner contre un bon joueur agressif.

7) « One chip one chair »

Le tennis n’est pas un sport qui se joue sur une durée prédéfinie. Un match de tennis n’est pas terminé tant que le dernier point n’est pas marqué.

Même si l’on est largement mené au score, il est toujours possible de gagner si l’on reprend l’ascendant sur son adversaire.

Un joueur mené par exemple 2 sets à 0 et 5/2 dans le second set, peut tout à fait inverser la tendance.
S’il parvient à gagner 3 jeux successivement, son adversaire peut se sentir psychologiquement affecté. Notre « héros » peut alors tout à fait revenir dans le match.

De même, au poker, si lors d’un Head’up final d’un tournoi vous vous retrouvez avec seulement 10% des jetons, il ne faut pas perdre espoir car si vous parvenez à doubler 3 fois vous pourrez prendre le meilleur sur votre adversaire.

Au poker comme au tennis, la partie ne se termine pas sur un « coup de sifflet final » mais sur une action gagnante du vainqueur.

Ne relâchez donc jamais la pression, que vous soyez en avance au score ou largement mené.

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Synthèse

Bien que le jeu du poker et le tennis soient des activités totalement différentes, nous avons pu voir différentes similitudes entre ces 2 disciplines, notamment au niveau du mental, de la nécessité d’adaptation à l’adversaire et de la gestion des risques.

Que vous soyez joueur de tennis ou non, j’espère que cet article vous a plu.
N’hésitez pas à poster vos commentaires.

Greg #articledumois

8 « J'aime »

Pas une image de Federer…

Barth Gury, booba, pouvez-vous enregistrer mon article pour le mois de décembre ?

Greg

[quote=“greg31150, post:949326”]Barth Gury, booba, pouvez-vous enregistrer mon article pour le mois de décembre ?

Greg[/quote]

Je fais remonter à Barth :wink:

[quote=“booba, post:949341”][quote=“greg31150, post:949326”]Barth Gury, booba, pouvez-vous enregistrer mon article pour le mois de décembre ?

Greg[/quote]

Je fais remonter à Barth ;)[/quote]

Merci booba.

A+

super article.

joueur de tennis de table je retrouve exactement a peu prêt tout ce que tu a pu écrire.

Par contre je pourrai rajouter que les Badbeats et le tilt sont tous deux présent au tennis de table.

-Le bad beat : depuis quelque années les match de tennis de table ne ce gagne plus sur 21 point mais 11 points.
donc les point sur un set de 11 point sont tres important , un bon joueur qui loupe un service , ou ce prend un coin de table de la part de l’adversaire peu lui faire perdre le set et la victoire

sur la video le chinois se prenant un bad beat , du genre 80/20 au poker.

Le Tilt si le tilt et très présent au poker ,il les tous aussi important au tennis de table, de par le passer j’ai pu battre a de nombreuse reprise des joueurs bien meilleurs que moi techniquement mais avec un mental fébrile.

En effet sur certain match avec beaucoup d’intensités ,une simple réflexion placer au bon moment entre les points ou 1 geste d’encouragement de ma part a parfois suffit pour faire péter un câble aux adversaires.

ici vue le mental de ce joueur ,il avais déjà perdu le match bien avant la fin !.

[quote=“ceddelille, post:949368”]super article.

joueur de tennis de table je retrouve exactement a peu prêt tout ce que tu a pu écrire.

[/quote]

Merci pour ton commentaire.

Le tennis de table c’est “exactement à peu près” comme le tennis, sauf qu’au tennis, les joueurs sont debout sur la table ^^

A+

Très bonne comparaison , un article très intelligent même si ça va pas me faire progresser au poker …ni au tennis. :laugh:

bien trouvé l analogie entre le poker et le tennis , il fallait y penser !

Très bon article :slight_smile:

J’ai fait du tennis pendant plusieurs années, en amateur mais toujours en club et avec un entraîneur derrière mon cul au moins une fois par semaine. J’ai fait aussi pas mal de matchs par équipes interclubs et un bon nombre de tournois individuels. J’étais bien plus jeune et je ne sais plus combien d’années j’ai pu jouer, au moins 4 ou 5 je dirais mais je me rappelle très bien pourquoi j’ai arrêté et jamais retouché une raquette depuis.
Je piquais des colères hallucinantes sur les courts et dans ce domaine j’étais inégalable, pour ce qui est de hurler et péter des raquettes, Mc Enroe peut se rhabiller, j’étais bien pire…
Je crois que dans tous les sports on peut trouver des trucs tiltants mais pour moi y’a rien de comparable à celui du service au tennis. Tu es dans un clubhouse (donc pas de vent possible), derrière ta ligne et tu t’apprête à faire un geste que tu as fait tellement de fois que tu ne saurais pas estimer combien, y’a rien à part toi même pour t’empêcher de placer cette 1ère balle et boom, raté. Tant pis on va faire notre 2ème balle safe qu’on sait encore mieux faire et boom, double faute… Ou bien tu as vu cette ouverture dans le jeu de ton adversaire et le passing c’est un peu ta spécialité donc tu attends, l’occasion se présente et boom dans le couloir… Je pourrais continuer comme ça pendant longtemps sur les amorties qui veulent pas passer le filet, les lobs qui sortent du court, le smash facile qui part on ne sait oú, etc

Le tennis en match individuel c’est vraiment un sport qui se passe tout dans la tête et c’est surtout ça la grande similitude que j’y vois avec le poker. Comment se fait-il que des joueurs de tennis pros avec des milliers d’heures d’entraînement sont incapables (quasiment) de faire un match sans la moindre double faute ? Et surtout qu’est-ce qui fait que Federer ou Sampras sont restés number 1 pendant aussi longtemps et pourquoi Nadal est indétrônable en terre battue ? C’est surement pas grâce à leur force physique ou leur technique supérieure, à ces niveaux là et chez les hommes y’a assez peu de différence entre les joueurs sur ces 2 aspects du jeu.

Et bien en fait, pour moi si.

Personnellement, le poker a modifié un peu ma façon de gérer les “prises de risque” au tennis.

Cela a amélioré mon mental ; je m’en veux moins en match quand plusieurs balles consécutivement flirtent avec les lignes, ou touchent la bande du filet.
Je me dis juste que j’ai manqué de réussite. “Next hand”.

Cela me permet de conserver mon agressivité dans des moments où auparavant j’avais tendance à “assurer” un peu trop.

Cette comparaison est vraiment très bonne comparaison et vraie. ,
Merci pour cet article que je trouve très informatif.

Pour ceux qui seraient intéressé par une version “mise en page et imprimée”, mon article a été publié dans le dernier Live Poker de janvier 2017.

A+

Prévision des 2 finalistes de Roland Garros 2017 :slight_smile:

pouce ok

Nice article !! :wink:

1 « J'aime »

Ah tu connaissais pas ?

Re,

Je fais plus du tennis de table en fait mais les similitudes sont clairement frappantes :wink:

1 « J'aime »

Suite au like de @Doncbet, je up cet article car bcp de nouveaux arrivants sur le fofo ne l’ont pas lu…

Merci Greg.
N’hésite pas à remettre également le lien vers ton blog…

1 « J'aime »

T’inquiète pas, j’oublierai pas de te dédier à nouveau ma prochaine victoire ^^

A toi et au brut de pomme.
Je pense que c’est un bon compromis entre le panaché et le jus de fruit…