Défense des blinds: jouer contre l'attaque standard

Défense des blinds: jouer contre l'attaque standard

Un attaquant correct va employer la méthode d'attaque standard: raise preflop, bet au flop, bet à la turn et check à la river. Comme nous l'avons vu dans la fiche sur l'attaque, le jeu de l'attaquant est très automatique et dépend très peu du board (à l'exception du value bet optionnel à la dernière), en revanche si nous sommes en défense nous avons un large éventail de choix: passe, bet, check-raise au flop ou à la turn... Nous n'aborderons pas ici l'option du3-bet preflop car c'est un sujet trop spécifique qui dépend en très grande partie du profil de notre adversaire.

si le flop est composé de petites cartes, nous avons plus de chances de toucher que notre adversaire. Et inversement, si des grosses cartes tombent, c'est à l'avantage statistique de l'attaquantUne première remarque, l'attaquant a statistiquement une main plus forte/haute que la notre. En effet, il est engagé de 0 au moment où il décide de relancer, il choisit donc de mouiller la chemise alors qu'il n'a rien à défendre (il met 2SB pour en gagner 1.5) et que le choix majoritaire est de passer. Disons que le bouton attaque avec le top 35% des mains, le cut-off avec le top 30% et les joueurs du milieu avec le top 25% pour les plus agressifs. En revanche pour défendre le gros blind, nous devons ajouter 1SB pour en gagner 3.5 ce qui nous permet de jouer peut-être le top 60% des mains contre un attaquant agressif proche du bouton. La conclusion de cette petite introduction: si le flop est composé de petites cartes, nous avons plus de chances de toucher que notre adversaire. Et inversement, si des grosses cartes tombent, c'est à l'avantage statistique de l'attaquant.

Pour commencer l'analyse, nous considérons que notre adversaire est au bouton ou au cut-off (donc en position de vol), que c'est un bon joueur qui va sans doute nous attaquer à la turn même s'il n'a rien, et que nous payons sec sa relance préflop. Le problème commence maintenant, à l'ouverture du flop nous devons faire un plan de jeu. Comme subir le coup (c'est-à-dire enchaîner les check-call) n'est pas une option très conquérante, nous préférons comme tout joueur serré-agressif relancer ou passer.

C'est ici que la texture du flop devient fondamentale. Le problème de rentabilisation des bonnes mains est avant tout une question de rencontre. Le facteur vraiment générateur de profit est le bluff. Gagner un pot avec une main perdante, ça c'est du bénéfice! L'élément essentiel de la réussite d'un bluff est la force de la main de notre adversaire, on ne gagnera pas lorsqu'il possède le jeu max! De même si on relance et sur-relance tous les coups, notre crédibilité sera très faible et nos chances de réussir un bluff deviendrons minimum. Il faut donc tenter des bluffs à une fréquence décente et avoir de la réussite.

« Économiser le river call n'est pas un élément fondamental du jeu » Bob Ciaffone et Jim Brier dans « Middle Limit Holdem Poker ». Effectivement sur Internet le dernier bet, synonyme d'abattage est très souvent payé, question de côte: il y a beaucoup trop d'argent au milieu pour passer avec la moindre chance de gagner le coup. Notons que la plupart des experts du limit ont longtemps soutenu que la base du jeu était de savoir passer à la dernière relance.

C'est pour cela que nous devons tenter de bluffer plus tôt dans le coup, Typiquement un check-raise à la turn implique que notre adversaire devra payer non plus 1 gros bet mais bien deux gros bets (1 à la turn et un à la river) pour voir nos cartes, et là, la plupart des joueurs qui n'ont pas de vrais arguments à faire valoir lâchent l'affaire.

Revenons à notre problème: nous cherchons à bluffer ou semi-bluffer un attaquant classique. Il faudra donc le check-raiser avant la river! Un attaquant qui est resté avec Ax et qui n'a pas fait de paire ne supportera sans doute pas un check-raise à la turn. A quelle fréquence le bluff à la turn doit-il fonctionner pour être rentable? Le river bet n'est pas pris en compte car il est à somme nulle (on le tente si ça peux marcher, question de tirage). Je reviendrai sur ce concept baptisé: « la cascade » plus tard.

Après le bet au turn de notre adversaire: le pot est de 8.5 small bet soit 4.25 big bet.

  • Cas 1: nous passons, on ne perd rien.
  • Cas 2: nous relançons, il passe. Gain = 4.25BB
  • Cas 3: nous relançons, il paye ou sur-relance. Perte = 2BB

Si le check-raise fait passer notre adversaire dans 40% des cas, nous avons:

PASSE=0 RAISE = 4.25*40%+(-2)*60% = +0.5BB

Nous générons un profit d'un demi gros bet.

Pour l'équilibre, nous avons: 4.25*X%+(-2)*(100-X%)=0 c'est-à-dire: X%(4.25+2)-200=0 donc: X%= 200/6.25 = 32%

Si le bluff marche dans plus de 32% des cas, notre stratégie est un succès.

L'incidence des possibilités de tirages

Les tirages couleurs sont très souvent joués en semi-bluff par le défenseur. Un attaquant avisé sera plus tenté de payer dès qu'il verra deux cartes de la même couleur au Board. Le coup devient alors dur à lire pour l'ex-défenseur qui ne sais pas ce que signifie ce call (tirage de l'adversaire ou jeu fait ?)

  • Exemple 1: Trois petites cartes de couleurs différentes non connectés.

A. Nous avons deux cartes au dessus du flop, mais pas de paire. Nous avons donc une main perdante mais nous avons probablement des outs. C'est le cas idéal pour tenter un check-raise immédiatement. Le plus probable est que notre adversaire ait également deux cartes au-dessus, il va donc payer la petite mise supplémentaire pour voir la 4ème, notre plan de jeu est de le faire passer à la suivante ce qui arrivera dans le cas probable ou il ne touche pas.

Plusieurs fois j'ai eu ce cas: en défense de blind, je joue avec deux cares moyennes, J9 pour l'exemple. Le flop arrive 862 trois couleurs. Je check-raise, il me trois bets (simulant une over-paire). Le 8 double, je bet, il passe sans doute avec AK, AQ, ou AJs.

B. Nous avons une paire Nous sommes sans doute passé devant. Je propose maintenant deux plans de jeu: 1- Le check-raise au flop suivi du même plan de jeu que A. 2- Le check-call au flop, à la turn et la renversé à la river si aucune carte menaçante n'est arrivée. Notons que check-raise la turn avec une main moyenne perd en interet car si nous sommes battus (par une over-paire par exemple), ça nous coûte trop cher, si nous avons la gagne, il va passer et on ne rentabilisera pas au mieux.

  • Exemple 2: une paire moyenne au flop avec une petite carte.

Par exemple TT5, nous avons joué avec K9. Nous avons sans doute perdu mais nous pouvons tenter le check-raise à la turn.

Un autre plan de jeu qui fonctionnera très bien contre un joueur agressif (qui a AJ par exemple): bet au flop, il va raiser ou payer, et on check-raise la quatrième... Comment peut-il imaginer un bluff ?Bien entendu le plan classique sur un tel flop est check-passe! Cependant je pense qu'il est indispensable de planter un bluff bien senti dans environ 25% des cas sur ce genre de flop. Spécialement si le flop n'a pas de tirage couleur et/ou quinte.

 PA  1 9062