Les confessions de Vuong Partie 5 : Récit de la table finale de Deauville

Les confessions de Vuong Partie 5 : Récit de la table finale de Deauville

Ca y est, il enfin l'heure de la grande finale de l'EPT Deauville. Les prochaines mains qui suivent peuvent changer en partie ma jeune vie d'étudiant et de grinder online. Même si la pression se fait ressentir, je reste confiant et sûr de ma force. Les choses sérieuses peuvent commencer...

 

finale EPT Deauville 2012Coins flips, bluffs, et promesse tenue

On s’assied à la table. Je connais la moitié des joueurs présents. Par chance ceux qui me sont inconnus ne sont pas des professionnels ou n’ont pas l’air de gros grindeurs online à première vue. Peut être un étranger bon, mais short stack. Je suis plutôt confiant même si Paul Guichard m’intimide un peu car il a bien dominé la pré-tf le jour d’avant. Je connais déjà le biélorusse et Kerigan qui sont de très bons joueurs.
Etonnement je n’ai pas la pression une fois assis. On nous distribue les premières mains et je suis serein.
Je joue un premier flip pour l’intégralité de mon tapis avec une paire de 8, contre de Kursevich, le biélorusse. Je joue ma survie dans ce tournoi qui est et sera sûrement le plus grand tournant de ma carrière de joueur de poker sur un simple flip.
Le flop tombe , donc un backdoor flush draw+2 overcards+gutshot pour mon adversaire, une main plutôt forte ici.
J’entends Basou présent dans le public derrière vibrer plus que moi. Je suis sûr qu’à ce moment, il vivait plus intensément que moi cette table finale, excité de ce que je suis en train d’accomplir. De mon côté je joue cette table finale de façon sereine, et je ne réalise toujours pas ce que je fais ici.
La turn tombe une brique, et la river tombe après un petit suspense un qui me permet de doubler et d’être en confiance.
J’ai joué plusieurs petits pots tout en variant mon jeu, capable de check des top paires en position, j’ai double barrel en bluff certains spots. J’ai été surtout actif sur les preflops en essayant de jouer de la pression qu’avaient mes adversaires. On s’est pas mal sur-relancé à base de 3bet et de 4bet avec le russe.
Je me rappelle d’une main lors de laquelle j’ouvre , qu’il me 3bet en position d’un air tremblant, peu confiant. Je l’ai donc mis sur un bluff et j’ai décidé de shove par-dessus. Je ne me rappelle plus des sizings mais mon tournoi était mis en jeu car je devais être couvert à ce moment là.
Vilain passe rapidement et je montre un pour le spectacle, confiant dans mon move.

Je n’oublie évidemment pas le deuxième flip que je remporte face à Pagano avec 99 contre AJ sur un board QQ6T7.
Il faut retenir derrière ce flip une anecdote amusante : le chip leader du day 3 n’était autre qu’un des colocataires avec qui j’étais dans l’appart’ hotel, que je ne connaissais pas avant ce tournoi, mais avec lequel je me suis bien entendu rapidement. Une personne forte agréable qui s’était qualifié par satellite et qui avait réussi à monter une grosse pile de jetons. Cependant il a fait un mauvais call pour 90% de son stack en day 4 contre Pagano, et est sorti quelques minutes plus tard, vraiment écoeuré de ce qu’il s’était passé.
Je lui avais donc dit en rigolant que je le vengerais, promesse tenue puisque je le bust du tournoi.

vuong Ept DeauvilleDécisions litigieuses et encouragements 

Une des mains importantes du tournoi que je joue est encore une fois avec Kursevich. J’open au bouton avec une paire de 7, qu’il me 3bet en petit blinde. Je choisis de défendre.
Après le recul je pense qu’il aurait été mieux de faire tapis ou de 4bet/call, mais pour un si gros événement je n’ai pas osé jouer de la sorte. Le flop tombe 345 et il mise 450K dans un pot de 1M5. Avec 2.8M je décide de payer afin de voir sa réaction sur la turn.
Le K n’est pas la meilleure carte, surtout lorsqu’il décide de miser en ayant conscience de la taille de mon stack. J’observe mon adversaire, il n’a pas l’air serein, comme s’il bluffait. Sa main tremble et il a l’air plus nerveux que d’habitude, ce qui me pousse à payer encore une fois.
Je réfléchis un peu plus longtemps en rassemblant la somme afin de voir s’il réagit. Je me dis également que même s’il possède AK, sachant qu’il joue une table finale d’un événement majeur, avec la pression montante, il peut perdre un peu de sa poker face et ne pas être serein malgré qu’il possède une main forte.
Je décide de passer en espérant trouver un meilleur spot, moins dangereux. Il reste encore deux joueurs moins bons que moi à la table et mon stack me permet encore de voir des flops.
Assez content de lui, Kursevich retourne soulagé que je jette mes cartes dans le muck.

On joue encore quelques mains, je sors Jais avec KK contre AQ lorsque tout part au flop sur 689, ce qui est un peu surprenant. J’aurais encore vibré un peu mais en toute confiance. Par contre les cris de Basou m’ont permis de m’encourager et je suis content qu’il soit là. Ses conseils pour ce tournoi m’auront bien servi, tout comme les différents conseils pour mon jeu en général qu’il m’a apporté.

Deal, bust, et satisfaction 

Le soulagement du diner break nous permet de nous reposer un peu, de se décontracter et de retrouver nos amis.
Je dîne donc avec les potes qui sont venus de loin pour me soutenir, et on ne parle pas de poker à table. J’en ai ma dose. Je regardais fréquemment l’horloge car je saturais. Ces jours complets de live me fatiguent, même si je suis serein à table j’ai une petite pression permanente.
J’en profite pour proposer un deal à 4 afin de répartir plus équitablement les gains, mais le biélo-russe refuse. J’apprends par la suite qu’il est swappé « à mort » avec ses amis (stacké à 80%), et qu’il est donc là pour la win. Dommage.

La partie reprends et je me retrouve à tapis dans une confrontation désastreuse dans laquelle je suis ne suis pas favoris avec AQ face à KK encore une fois de Kursevich, le biélo-russe avec qui l’historique agressive était présente.
Le K au flop ne m’aide pas beaucoup, et l’A à la turn non plus, même s’il me laisse la réflexion de livetard « si le K ne tombait pas, je gagnais et je remportais sûrement l’EPT Deauville 2012 ».
Même si cette réflexion est peut-être vraie, je relativise en me disant que j’ai gagné deux flips au début de la finale et perdre cette confrontation n’est que le retour des choses. Je n’étais pas là si ma paire de 9 ne tenait pas il y a quelques heures.

Je me retrouve à un petit stack et fait tapis à presque toutes les mains pour essayer de remonter. Je finis par bust contre ce même joueur avec KT contre AJ et je finis troisième de cet EPT qui aura été pour moi une aventure formidable, dans laquelle j’ai vibré et j’aurais fait vibré Basou, mes amis et ma famille.
Même si la déception de sortir du tournoi est grande, c’est aussi un soulagement, comme la fin d’une guerre. Je vais bien dormir ce soir. Aller chercher mon chèque m’a également aidé. Je ne fais pas trop la fête en général, et ces quelques jours intenses m’ont fatigué. Je ne souhaite que me reposer avec un ou deux verres avec les autres grindeurs.

Demain je reprends la route pour rentrer. On sera lundi et j’ai cours, j’arrive à midi chez moi. Je décide de faire le balla suite à cette belle performance et sèche cette journée, pas de fac pour moi ! Je suis un grand maintenant.
Ce deeprun aura permis de me faire connaître en dehors du milieu online, de mettre un visage sur mon pseudo de canar_laque à plusieurs regs avec qui je joue, et de montrer de quoi je suis capable.

 

Ci dessous la vidéo de la table finale. Il s'agit d'un montage où on ne voit que les mains clés. Malheureusement, la table ne disposant pas de caméra, les cartes ne sont pas visibles. 

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