Les grands principes des échecs

Je suis avec beaucoup d’intérêt la partie majoritaire contre Eloi, mais je suis un fish aux échecs.

A chaque fois que je me renseigne sur les échecs sur internet, j’ai l’impression qu’il manque une étape, on commence par voir les règles (ça je les connais depuis belle lurette) et ensuite on nous enseigne les ouvertures, mais je n’ai jamais trouvé les grands principes stratégiques qui sous-tendent ces ouvertures.

Pour avoir regardé pas mal de vidéos sur la chaîne des jeux, j’ai bien vu que ces grands principes existent : développer ses pièces, occuper le centre, attaquer les ailes etc…

Dans les vidéos de la chaîne des jeux on avait des analyses de parties. Eloi par exemple disait « ici on peut faire ça (on appellera ce déplacement X ») et Jean-Luc Chabanon répondait que ce n’était pas bon, parce qu’alors tel enchaînement (Y) allait intervenir, on comprenait bien que la position finale ne nous était pas favorable mais on ne comprenait pas pourquoi X a été envisagé au départ plutôt que n’importe quel autre déplacement et on ne comprenait pas non plus pourquoi Y était inéluctable.

Bien sûr c’est une question de niveau et s’il avait fallu entrer dans les détails c’aurait été interminable et pénible pour ceux qui savent vraiment jouer.

C’est la même chose dans le post sur la partie majoritaire. Plein de choses semblent tout à fait compréhensible si on comprend ces principes de base, mais sont incompréhensibles sinon.

Bref j’ai l’impression qu’il manque un palier. Un peu comme dans les méthodes de guitare qui expliquent comment faire un slide et qui comme exercice d’application proposent un solo de deux minutes en double croches.

Mon idée n’est en somme pas d’apprendre à jouer aux échecs mais d’apprendre à comprendre ce qui se passe dans une partie d’échecs.

J’en viens donc au fait. Connaissez vous des sites qui abordent ces questions ? Ou éventuellement des livres ?

Par ailleurs je propose de faire une partie ou on expliquerait tout ce qu’on peut envisager, pourquoi on l’envisage, quels sont les défauts… Ca intéresse quelqu’un ?

John T. Chance wrote:

[quote]Je suis avec beaucoup d’intérêt la partie majoritaire contre Eloi, mais je suis un fish aux échecs.

A chaque fois que je me renseigne sur les échecs sur internet, j’ai l’impression qu’il manque une étape, on commence par voir les règles (ça je les connais depuis belle lurette) et ensuite on nous enseigne les ouvertures, mais je n’ai jamais trouvé les grands principes stratégiques qui sous-tendent ces ouvertures.

Pour avoir regardé pas mal de vidéos sur la chaîne des jeux, j’ai bien vu que ces grands principes existent : développer ses pièces, occuper le centre, attaquer les ailes etc…

Dans les vidéos de la chaîne des jeux on avait des analyses de parties. Eloi par exemple disait « ici on peut faire ça (on appellera ce déplacement X ») et Jean-Luc Chabanon répondait que ce n’était pas bon, parce qu’alors tel enchaînement (Y) allait intervenir, on comprenait bien que la position finale ne nous était pas favorable mais on ne comprenait pas pourquoi X a été envisagé au départ plutôt que n’importe quel autre déplacement et on ne comprenait pas non plus pourquoi Y était inéluctable.

Bien sûr c’est une question de niveau et s’il avait fallu entrer dans les détails c’aurait été interminable et pénible pour ceux qui savent vraiment jouer.

C’est la même chose dans le post sur la partie majoritaire. Plein de choses semblent tout à fait compréhensible si on comprend ces principes de base, mais sont incompréhensibles sinon.

Bref j’ai l’impression qu’il manque un palier. Un peu comme dans les méthodes de guitare qui expliquent comment faire un slide et qui comme exercice d’application proposent un solo de deux minutes en double croches.

Mon idée n’est en somme pas d’apprendre à jouer aux échecs mais d’apprendre à comprendre ce qui se passe dans une partie d’échecs.

J’en viens donc au fait. Connaissez vous des sites qui abordent ces questions ? Ou éventuellement des livres ?

Par ailleurs je propose de faire une partie ou on expliquerait tout ce qu’on peut envisager, pourquoi on l’envisage, quels sont les défauts… Ca intéresse quelqu’un ?[/quote]
hou la la, vaste question… Tu as raison sur le plan et les principes, mais hélas, cela change selon l’ouverture et c’est d’une telle complexité qu’il est difficile d’aborder cela comme ça.
La seule vraie façon de faire des progrès et d’atteindre son vrai niveau, c’est de jouer dans un club d’échecs sur un échiquier… Tu trouveras des joueurs de tout ( et donc de ton) niveau, seule façon de progresser.
Les sites, je peux te conseiller celui de l’AJEC très pédagogique ( c’est là ou je joue), celui d’Europe échecs. et d’autres, il y en a des milliers…
A ce qu’on dit aussi, quand on débute, il faut apprendre les finales car qui comprend les finales saura jouer aux échecs…

Sinon, un des principes de l’ouverture, c’est d’occuper et de tenir le centre de l’échiquier. cad les cases é4 é5 d4 d5. Celui qui domine le centre prend un avantage décisif. et on ne se lance à l’attaque du roi adverse que quand la question du centre est réglée. Tu pourras observer cela dans la partie majoritaire avec Eloi. é4 occcupe le centre ç5 contrôle indirectement le centre, etc. etc. ç3 prépare l’occupation du centre par d4. etc. etc.
Cela dit, comme tout principe…

Sinon, pas de problème si tu veux faire une partie commentée.

le site de l’AJEC : ajec-echecs.org
le site d’europe echecs : europe-echecs.com

entierement d’accord avec toi JTC !

le post ne s’adresse qu’a des joueurs avancés , mais c’est qd marrant de le suivre pour un joueur du dimanche (rien à voir avec le joueur de club ).

C’est vrai que les grands principes des échecs ce sont de développer ses pièces, de protéger son roi, de dominer le centre …
Le premier palier a passer pour comprendre ce qu’il se passe est de voir l’échiquier dans son intégralité. Ca parait tout bête, mais peu de joueurs débutants ou occasionnels le font.
Ensuite il faut scinder la partie stratégique, de la partie tactique.
La stratégie c’est construire un plan, c’est le palier suivant.
Comment construit-on un plan ? On appuie sur les points faibles de nos adversaires.

Quels sont les points faibles de l’adversaire ?
Un mauvais développement, les pièces adverses ne sont pas liées, on peut les attaquer, un pion isolé, le roi mal protégé, on a plus de pions que l’adversaire sur une aile alors on va tout faire pour en pousser un à dame, etc, etc, … C’est là qu’on comprend les principes de départ : sortir ses pièces, contrôler le centre pour pouvoir attaquer sur les deux ailes, mettre son roi à l’abri, avoir une structure de pions solide, … c’est pour éviter d’avoir des faiblesses et pouvoir attaquer celles de notre adversaire.

La tactique est le « comment attaquer les points faibles ». Quelle combinaisons de coups puis-je envisager pour atteindre mon but ? Un échange de pièces, mettre une tour sur une colonne semi-ouverte, …

Voilà j’espère avoir été clair et que ça aide.

« Mûrir son style aux échecs » est un bouquin qui aborde tes questionnements John.

Il présente le jeu sous la forme de déséquilibres à créer pour profiter des déséquilibres à notre avantage et défendre les déséquilibres qui avantagent l’adversaire.

Pour joueurs débrouillés…

Le problème avec les échecs c’est que c’est extrêmement complexe: à chaque fois qu’on ouvre une porte on se retrouve dans une salle pleine de portes …

D’abord il y a les ouvertures: rien que sur la ligne « Najdorf » que Eloi a proposée (1. e5 c5 2. Cf3 d6 3. d4 cxd4 4. Cxd4 Cf6 5. Cc3 a6) il existe des centaines de bouquins (+ CDRom) qui abordent les aspects stratégiques et tactiques de cette ouverture …

Les problèmes stratégiques sont nombreux (développement, temps, structure des pions, etc.) et ils évoluent au cours d’une partie. Puis il y a la tactique qu’il faut maîtriser sans oublier la technique (les finales !). Pour compliquer le tout, il existe des interdépendances stratégies / tactiques …

Tout ça pour dire « il n’existe pas de recette miracle » … pour apprendre à jouer aux échecs il faut jouer, jouer, jouer … et aller au charbon.

C’est très intéressant. Je comprend des trucs peu à peu en regardant la partie majoritaire.

Par exemple j’ai mis du temps à comprendre que le coup Cf3 avait pour but de contrôler le centre en menaçant si le pion c5 voulait prendre le pion qu’on s’apprête à avancer en d4. Maintenant que je le vois ça me paraît évident, d’autant que dans le même temps, je proposais de faire c3 dans le même but.

J’ai mis pas mal de temps à comprendre aussi pourquoi deux des lignes proposées par Eloi se terminaient par a6 avant de comprendre que c’était pour empêcher le coup Fb5+.

Bref vous voyez que j’ai du pain sur la planche.

[quote]« Mûrir son style aux échecs » est un bouquin qui aborde tes questionnements John.

Il présente le jeu sous la forme de déséquilibres à créer pour profiter des déséquilibres à notre avantage et défendre les déséquilibres qui avantagent l’adversaire.[/quote]

Merci, j’irais jeter un coup d’oeil, ainsi qu’aux sites de Jazzman.

Salut John,

J’ai recensé quelques grands principes de base afin de répondre à tes questions. J’espère que ce n’est pas trop simpliste et que ça constitue ton « palier » manquant.

  1. L’échiquier et les positions de départ :

L’échiquier se décompose en 2 camps : camp blanc : ligne 1 à 4. Camp noir lignes 5 à 8

Chaque camp se décompose en 2 ailes : aile Dame : colonne a à d et aile Roi : colonne e à f.

Le centre : 4 cases d4, d5, e4 et e5
Le centre élargi : toutes les cases qui jouxtent le centre.

Les grandes diagonales : de a1 à h8 et de a8 à h1

Les cases faibles des positions initiales des 2 camps : f2 pour les blancs et f7 pour les noirs car les pions qui les occupent ne sont protégés que par les Rois.

Les blancs jouent en premier (ont dit qu’ils ont le trait) ce qui constitue un avantage. Le premier objectif des noirs sera donc de rattraper leur désavantage.

  1. la valeur théorique des pièces :

Si on considère que le pion vaut 1 alors on a :

Les pièces légères :
Cavalier = 3 (à peu prés)
Fou = 3 (à peu prés)

Les pièces lourdes :
Tour = 5
Dame = 10
Roi = infini (si on le perd on a perdu la partie)

D’où on a :
Fou = Cavalier (à peu prés)
Dame = 2 Tours = 3 pièces mineures (à peu prés)
Tour > Cavalier ou Fou

Si on échange une Tour contre un Cavalier ou contre un Fou adverse, on dit que l’on a perdu la « qualité ». L’égalité est rompue. Les 2 camps perdent chacun une pièce mais de valeur différente.

On peut en déduire un premier principe pour l’ouverture : Compte tenu de la valeur respective des pièces, il ne faudra pas exposer ses pièces lourdes prématurément car elles risquent d’être menacées par des pièces légères. On devra donc développer en premier ses pièces légères.

  1. Les qualités et défauts respectifs des pièces :

Cavalier : contrôle 1 maximum de 8 cases
Qualité : Seule pièce à pouvoir sauter au dessus des autres pièces.
Défaut : faible rayon d’action

Compte tenu de ce défaut, il sera important de centraliser ses Cavaliers afin de les rendre le plus efficace possible.

Fou : contrôle un maximum de 13 cases
Qualité : long rayon d’action sur les diagonales seulement
Défaut : cantonné à une seule couleur : fou « noir » sur les cases noires, fou « blanc » sur les cases blanches

Compte tenu du défaut des fous, perdre 1 fou nous prive de l’accès à certaines cases de l’échiquier alors que les Cavaliers sont interchangeables. D’où perdre 1 fou est souvent plus embêtant que de perdre un cavalier.
Posséder la paire de fous est souvent plus intéressant que d’avoir la paire de Cavaliers, surtout en fin de partie.

Tour : contrôle un maximum de 14 cases
Qualité : long rayon d’action sur les colonnes et les lignes
Défaut : Nécessite des colonnes et lignes ouvertes (sans pions) pour pouvoir s‘exprimer. Elle sera donc particulièrement utile à partir du milieu – fin de partie.

Dame : contrôle un maximum de 27 cases
Qualité : combine le mouvement des Fous et des Tours. Long rayon d’action
Défaut : elle est à la fois unique est très importante, elle ne doit donc pas être trop exposée.

  1. Rôle des pièces

Compte tenu de leurs valeurs et de leurs qualités respectives, les pièces ne jouent pas les mêmes rôles :

  • Les pions et les pièces légères sont des « pièces de choc ». Elles sont rapidement au contact des pièces adverses. Leurs buts : ouvrir les lignes et les colonnes pour permettre aux pièces lourdes d’entrer en action. Causer des faiblesses dans les lignes de défense adverse sur lesquelles vont pouvoir « peser » les pièces lourdes.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, les pions sont d’une extrême importance .Leur rôle est indispensable au développement du jeu et ils remplissent de nombreuses fonctions (ouverture des diagonales et des colonnes, fournir des points d’appui aux Cavaliers, contrôler certaines cases et ainsi empêcher l’adversaire de s’y positionner, gagner de l’espace…)
Comme le disait Philidor : « Les pions sont l’âme des échecs »

  • Les pièces lourdes sont des « pièces de soutiens ». Elles restent d’abord en retrait, en soutiens des pièces légères. Elles interviendront dans un second temps lorsque les pièces légères auront fait leur travail.
  1. Les 3 phases d’une partie d’échecs :

Phase 1 : L’ouverture.

C’est la phase au cours de laquelle les joueurs mobilisent leurs pièces. Grosso modo les 10 à 15 premiers coups en fonction des ouvertures.

Phase 2 : Le milieu de partie

C’est la phase de mise en action des pièces. Quasiment toutes les pièces sont développées. Les Dames entrent en action.

Phase 3 : La fin de partie (finale)

Elle se caractérise par une raréfaction des pièces sur l’échiquier et en particulier disparition des Dames. De nombreuses parties n’atteignent pas la finale, l’un des camps ayant été maté ou ayant abandonné en milieu de partie (ou partie déclarée nulle).

  1. Les objectifs de l’ouverture :

Le but du début de partie est de développer ses pièces en les positionnant de telle sorte qu’elles soient prêtes à passer le plus rapidement possible à l’attaque contre le Roi adverse.

3 objectifs principaux sont poursuivis lors de l’ouverture :

1- Développer ses pièces

La position de départ des pièces permet 20 possibilités différentes de débuter la partie (16 coups de pions et 4 coups de Cavaliers possibles).

Cependant prés de la moitié doivent être abandonnées car elles ne permettent pas un correct développement des pièces.
Les jouer engendrait un retard préjudiciable pour la suite de la partie car notre adversaire, qui aurait joué des coups plus efficaces, serait en mesure de passer à l’attaque plus rapidement que nous.

La rapidité de la mobilisation des pièces est souvent capitale.

2- Contrôler du centre

C’est au centre que se déroule la première bataille.
Le contrôle du centre permet un positionnement plus rapide des pièces d’une aile à l’autre en vue de l’attaque sur le Roi adverse ou en cas de menace adverse.
Il permet aussi, grâce au gain d’espace qu’il procure, un meilleur développement de ses pièces.
A contrario, le contrôle du centre par l’adversaire va réduire notre espace et nous gêner dans notre mobilisation.
Le contrôle du centre peut être effectué de 2 manières : en l’occupant ou en le contrôlant à distance.

3- Mettre son Roi en sécurité

La mobilisation des pièces et le contrôle du centre conduit le plus souvent à avancer les pions centraux (colonnes d et e). Le Roi n’est alors plus protégé.
Avant de passer à l’attaque, il convient de mettre son Roi à l’abri sur une des ailes, à l’abri de la rangée de pions afin de ne pas être trop exposé à une contre attaque.

  1. La théorie des ouvertures :

Pour jouer correctement une ouverture il ne suffit pas de connaître par cœur tous les coups possibles dans les différentes variantes existantes (ce qui est impossible), il convient de connaître les idées cachées derrière chaque coup et ce que recherche l’adversaire.

Pour illustrer ces principes, j’ai commencé une analyses des premiers coups de la partie majoritaire à l’attention des débutants.

Je la posterai sans doute ce soir ou demain

Vraiment très intéressant Don Ramos, je ne sais pas si c’est ce que John souhaitait mais cela me convient parfaitement.
Pour quelqu’un comme moi qui ne connait rien (ou pas grand chose) aux échecs, je trouve ton introduction sur les grands principes qui dirige une partie excellente.
Ca donne envie d’en savoir plus

Merci à toi

A+

:woohoo:

C’est du boulot, bravo !!
On considère récemment que la dame vaut 9 (un peu moins que 2 tours) car en finale, une dame seule ne pourra pas défendre un pion contre l’attaque de 2 tours alors que 2 tours se protègent et peuvent soutenir efficacement un pion contre une dame seule.

Merci Don Ramos, c’est excellent. S’il y avait encore le karma, je pense que tu aurais gagné quelques points.

Pour dire à quel point je suis un noob, j’ai toujours cherché à sortir mes tours le plus vite possible (ce qui n’est pas simple du tout d’ailleurs). Trop impatient sans doute.

[quote]Le contrôle du centre permet un positionnement plus rapide des pièces d’une aile à l’autre en vue de l’attaque sur le Roi adverse ou en cas de menace adverse.
Il permet aussi, grâce au gain d’espace qu’il procure, un meilleur développement de ses pièces.
A contrario, le contrôle du centre par l’adversaire va réduire notre espace et nous gêner dans notre mobilisation.
Le contrôle du centre peut être effectué de 2 manières : en l’occupant ou en le contrôlant à distance.[/quote]

Ok je commence à comprendre à quoi sert le contrôle du centre.

Un excellent bouquin que je ne peux que te conseiller, c’est le guide des échecs de nicolas giffard (même s’il commence à dater un peu), c’était mon premier bouquin d’échecs lu il y a bien des années maintenant. La partie historique se lit comme un roman, et la partie technique est une synthèse remarquable sur les principes de base des échecs.
Autrement le topo de john ramos est bien, mais d’après moi les échecs se prêtent beaucoup moins facilement que le poker au format forum (tout au moins en ce qui concerne l’apprentissage), la principale raison étant que c’est un jeu beaucoup plus technique et précis (attention ce n’est pas une critique du poker loin de là).

Ok je vais tenter l’opération en prenant l’exemple de la sicilienne proposée par Eloi

1.e4
C’est, à côté de 1.d4, le début le plus usuel. En jouant e4 les blancs font preuve d’une certaine agressivité en occupant directement le centre. En plus ce coup contribue aussi au développement de l’aile roi parce qu’il prépare la sortie du Ff1.

1…c5
De nos jours, la défense la plus populaire contre l’ouverture du pion roi.
Si l’on compare 1…c5 à la réponse classique 1…e5 on constate que les noirs créent directement une position déséquilibrée. La défense des Noirs va être basée sur la contre-attaque! Chaque joueur attaque maintenant une des cases centrales dans le territoire adverse (e4 attaque d5 et c5 attaque d4). Conséquence: les 2 joueurs vont lutter pour le contrôle des cases d4 et d5. En général, si les Noirs réussissent à pousser le pion d6 vers d5 dans de bonnes conditions ils ont au minimum égalisés; souvent c’est même le début de la fin des Blancs …

2.Cf3
C’est le coup « normal ». Les Blancs développent une pièce mineure, ils continuent à jouer pour le contrôle du centre (le cavalier vise e5 et d4) et ils préparent le développement de l’aile roi.

2…d6
En jouant d6, les Noirs protègent e5 (contrôle du centre) et préparent Cf6. C’est probablement le coup le plus populaire; d’autres variantes sont néanmoins possibles (notamment 2… Cc6 ou 2…e6).

  1. d4
    Les Blancs poursuivent leur quête de l’espace et occupent le centre avec un 2e pion.

3…c5xd4
Le prix à payer par les Blancs pour réaliser leur objectif « espace » est le fait qu’ils doivent échanger un pion du centre contre un pion de l’aile. Tout le dynamisme et la complexité de cette ouverture résident dans le fait que les Blancs ont maintenant l’avantage du centre mais qu’en échange les Noirs ont plus de pions sur les colonnes centrales (les pions d6 et e7 contre e4).

4.Cxe4
Le coup normal qui répond au principe « ne pas sortir la Dame trop tôt » et « centraliser les pièces pour augmenter leur rayon d’action ».

4…Cf6
Vise de nouveau le centre, prépare le développement de l’aile roi et force les Blancs à protéger le pion e4.
Bilan pour les Blancs:

  • une légère avance de développement (cavalier centralisé + pion en e4)
  • un avantage d’espace
    Bilan pour les Noirs:
  • majorité de pions au centre
  • colonne c semi-ouverte qui sera la voie principale de leur contre-jeu

5.Cc3
Il faut défendre le pion e4 et on le fait en développant une pièce mineure sur sa meilleure case. Les Noirs peuvent maintenant choisir entre plusieurs variantes mais à chaque fois on a la situation suivante: les Blancs dominent d5 et les Noirs contestent cette domination en exerçant une pression sur e4 d’où la stratégie générale: les Blancs attaquent à l’aile roi et les Noirs contre-attaquent à l’aile-dame.

5…a6
La fameuse défense « Najdorf » jouée et développée par le GMI argentin dans les années 40. C’est une défense très aggressive, très complexe (du point de vue stratégique et tactique) et qui est jouée régulièrement au plus haut niveau (championnats du monde, etc.)
Par 5…a6, les Noirs

  • empêchent les Blancs de jouer Cb5 ou Fb5 (attention cependant à un éventuel sacrifice en milieu de partie)
  • préparent une contre-attaque à l’aile-dame en poussant b5 puis b4
  • jouent un coup d’attente pour voir ce que vont faire les Blancs avant de décider s’ils vont jouer e7-e6 ou e7-e5

C’est maintenant aux blancs de prendre une décision. Les grandes variantes sont:
6) Fc4
6) Fe3
6) Fe2
6) Fg5
6) f4
6) g3
6) Fd3
6) h3
6) Tg1
6) a4
6) f3
… les Blancs ont donc le choix!

Euh, dans les grandes variantes, j’ai jamais vu Tg1 et Fd3. Autrement, tu oublies un des coups les plus populaires (Fe2, le bébé de Karpov notamment).
Sinon, au 2ème coup, Cc6 est surement plus populaire que e6.
Mais je chipote, le reste est bien.

Tiens John, un petit lien sympa…

Sans oublier ce que dit le plus grand de tous :
« Ce ne sont pas tant les règles que leurs exceptions qui sont importantes. » Gary Kasparov

LES PRINCIPES GÉNÉRAUX DES OUVERTURES :

  • Avancez un ou deux pions, mais pas plus. Les mouvements de pions ne sont pas des coups de développement !
  • Sortez vos pièces en gardant comme objectif l’occupation et/ou le contrôle du centre formé par les cases : d4-e4-d5-e5.
  • N’abandonnez jamais le contrôle du centre à votre adversaire sans combattre !
  • Sortez vos pièces mineures en premier. Le développement des Tours viendra ensuite et la Dame ne s’aventurera qu’exceptionnellement au-delà de la 2e rangée dans les premiers coups.
  • Ne bougez pas plusieurs fois la même pièce dans l’ouverture.
  • Sortez les Cavaliers avant les Fous ! Pourquoi ? Et bien si normalement la meilleure place des Cavaliers est facile à trouver (f3 et c3 pour les Blancs et f6 et c6 pour les Noirs), le Fou possède plusieurs bonnes cases à sa disposition.
  • Mettez votre Roi à l’abri avant de commencer les opérations actives.
  • Complétez votre développement avant de manœuvrer vos pièces ou d’attaquer.
  • Ne partez pas à la « chasse » aux pions (surtout ceux des ailes) dans les premiers coups.
  • Si vous avez une avance de développement, entreprenez quelque chose et ouvrez le jeu !
  • Si vous avez un retard de développement, n’entreprenez rien, gardez le jeu fermé et rattrapez votre retard.
  • Évitez de « clouer » les Cavaliers adverses (par exemple par Fg5) avant le roque de votre adversaire.
  • Jouez avec un plan ! Soyez flexible ! Harmonieux ! Faites coopérer vos pièces.
  • Avec les Blancs, exploitez l’avantage d’avoir un coup d’avance et tentez d’augmenter cet avantage.
  • Avec les Noirs, cherchez à organiser du contre-jeu.
  • Si vous êtes confrontés à une ouverture inconnue, demandez-vous : Quelle est l’idée de ce début ?
  • Le concept moderne de l’ouverture est lié au plan d’action du milieu de partie, voire même dans certains cas, jusqu’à la finale !

« Ne tendez aucun piège pour le plaisir ! Ne jouez rien dans l’espoir que l’adversaire réagisse de façon stupide ! Prenez toujours pour acquis que l’adversaire va trouver le meilleur coup ! Ne jouez jamais de coup dans l’espoir que l’adversaire ne voie pas la menace ! Chacun de vos coups doit améliorer la position d’une façon ou d’une autre. » Aaron Nimzovitch

Nous savons qu’on ne peut prétendre à la victoire sans :

  • la domination du centre.
  • le développement rapide des pièces.
  • la sécurité du Roi.
  • la concentration de forces supérieures sur un point donné.

etc. etc.

Et un dernier conseil sympa très Asimovien ( ou ici, très billthegreenien), je trouve, aux échecs " la menace est toujours plus forte que son exécution".

De plus, je le trouve très utile comme principe de vie…

Un des must pour apprendre la stratégie du jeu est évidemment le livre de Nimzovitsch « Mon système ». Qui est surement la bible des échecs.

Le « Zurich 53 » de Bronstein est aussi très intéressant avec l’analyse des parties du championnat du monde de cette année la.

Il en existe d’autre comme « Jugement et plan », suivi de « Positions et combinaisons » de Maxe Euwe qui furent mes 1ères lectures stratégiques à l’époque.
Je penses que c’est assez abordable au niveau des explications , même pour des joueurs débutants.

En ce qui concerne Jeremy Silman et « Murir son style aux échecs » ces bouquins sont très controversés. Pour les avoir lu, je ne trouve pas que le contenu soit très intéressant pour un joueur de club confirmé. D’ailleurs si je me rappel bien ces livres sont truffés de fautes dans les analyses.

j’aurais dû écrire « variantes possibles »

  • Fe2 est un oubli
  • Tg1 p.ex. Leko-Topalov, Sarajevo 1999
  • Fd3 p.ex. Short-Gelfand Dortmund 1997
  • e6 n’était qu’un exemple d’une variante mais effectivement 2. Cc6 est plus populaire que 2.e6

J’ai rectifié le tir dans mon post.

J’ai commencé les échecs par un livre fabuleux qui correspond exactement à ta requête :
Maître contre amateur de Max Euwe. (http://www.amazon.fr/Maître-contre-amateur-Max-Euwe/dp/2228886955)

En voici la présentation :

[quote]Débutants et amateurs estiment généralement que les parties entre experts ne sont destinées qu’aux seuls experts parce que trop complexes. Bien souvent, les commentaires des spécialistes, ne concernent que les joueurs forts, en laissant dans l’ombre ce qui va de soi mais n’est pas évident pour les joueurs plus modestes. Conscient de cette lacune, Max Euwe, qui fut champion du monde, a écrit en collaboration avec le maître américain Walter Meiden cet ouvrage tout à fait exceptionnel où l’amateur affronte le Maître et perd, naturellement. Les raisons de sa défaite sont analysées avec la plus instructive lucidité. Toutes les fautes possibles, stratégiques et tactiques, du joueur le plus faible sont expliquées avec d’autant plus d’efficacité que les 25 parties de cet ouvrage ont été composées dans un but pédagogique. Le jeu faible de l’amateur et tous les éléments qui font la supériorité du Maître sont si clairement analysés et commentés que le livre est à lui seul un parfait manuel du jeu d’échecs, destiné aussi bien au débutant qu’à l’amateur de bon niveau.
[/quote]

Je ne sais pas ce qu’en pense les autres mais le contenu pédagogique est exceptionnel. On a vraiment l’impression d’être à la place de l’amateur, avec les mêmes interrogations et faisant les mêmes erreurs aidé par un bienveillant professeur qui nous explique coup par coup les tenants et les aboutissants des positions qui s’enchaînent. Du bonheur !!!

Bon va falloir que j’arrête de regarder ce thread car je recommence à avoir envie de jouer sur 64 cases alors que je viens de me commander le livre sur le stud de Sklansky !!!