D’accord pour parler avec toi un peu sérieusement. Voici donc une analyse que j’estime sérieuse du phénomène :
Virus mutant
par Jacques-Alain Miller
La quenelle de Dieudonné, c’est l’acte sodomique mimé à l’aide des membres supérieurs. Elle équivaut au bras d’honneur. En termes savants, on dira : « j’encule » est la dénotation de ces gestes. Mais qui est l’enculé ?
Quand je fais un bras d’honneur, c’est « x » : celui à qui je parle ou ce dont je parle, mon chef, ma femme, le Bon Dieu, tout le monde et personne. Le contexte détermine la variable. La quenelle est plus retorse : en tant que bras d’honneur, elle vise un x ; variante de ce geste, elle vise les Juifs. Le secret de la quenelle, c’est qu’il s’agit d’un signifiant bifide, ce qui a pour effet de flouter son signifié. Autant le geste est normé, indéfiniment reproductible, autant sa connotation est instable, comme un feu clignotant.
Tout le discours de Dieudonné est construit à l’avenant : il exploite avec art la faille signifiant/signifié. S’ensuit un néo-antisémitisme à la fois indubitable et invariablement dénié. Si nombreux, si virulents, que soient ses propos contre les Juifs, le locuteur vous interdit d’en conclure qu’il est
antisémite. C’est le paradoxe logique mis en lumière par le cardinal Newman quand il arguait jadis que 2 ajouté à 2 ne sauraient faire 4 sans un acte de Dieu.
D’où naît le rire viral que suscite Dieudonné ? Il scande un double triomphe sur l’interdit : on transgresse un tabou tout en s’innocentant de cette transgression. Le ça neutralise le surmoi, d’où gain de jouissance. Résultat : alors que les rigueurs de la loi ont largement découragé l’expression rageuse de l’antisémitisme, sa variante humoristique s’est avérée remarquablement adaptée à la situation française. En ce début d’année, ce virus mutant était fin prêt, après une incubation de dix ans, à se répliquer à une échelle de masse.
Un fiat ! était donc requis pour mettre fin au grand désordre logico-linguistique introduit par Dieudonné dans le lien social. La République étant ce qu’elle est, laïque mais fille du Consulat et de l’Empire, il fallait qu’à défaut d’un Dieu, ce soit l’État qui manifeste sans ambages sa volonté. Il l’a fait par le biais de sa plus haute juridiction administrative, créée par Bonaparte, le Conseil d’État, expression du sens commun des hauts fonctionnaires. Au virus mutant de l’antisémitisme a ainsi répondu une mutation corrélative de la jurisprudence. Elle a médusé le public. Mais elle a été aussitôt répliquée par les tribunaux administratifs.
Le processus étant interactif, on peut s’attendre à des mutations de résistance du virus incriminé. Déjà Dieudonné se réinvente. Il s’apprête à lancer des signifiants nouveaux. Mais leur charge virale sera moindre. On espère la voir à terme se réduire à zéro.[/quote]
“Jacques-Alain Miller est le fils aîné de parents juifs, immigrés de Pologne, du ghetto de Varsovie. Son père est médecin radiologue, le docteur Jean Miller, petit-fils de rabbin.”
Le fameux complot diabolique des néo nazis. c’est un geste de fist fucking mais le message caché est qu’il est pour nous les juifs. Bien évidemment 
Même Alain Jakubowicz est plus nuancé ! pour te dire… Il s’est rétracté comprenant que c’était risible et a dit que seules les quenelles devant des monuments juifs étaient des gestes antisémites ce qui est déjà plus sensé.