Bon, ça suffit, y en a marre.
Si je rake 8K dans le mois, à l’époque du .com, j’aurais raké combien ? (Si quelqu’un a la réponse à cette question, merci de poster).
Je fais all-in sur une NL50, je gagne mon 80/20 pour une fois, la salle prélève 3 euros dans un pot de 100, soit 3%. Sur ces 47 euros net gagnés, je devrai payer plus tard 25% aux impôts (simplifions, la tranche peut changer), soit 11,75 euros. Au total mon gain net est donc 50-3-11,75 = 35,25 euros, et donc 29% de mes gains sont partis ici ou là.
Pendant ce temps, je n’ai aucune protection sociale.
Mais ce n’est pas tout : les tables ont du mal à se remplir, ça ne tourne plus 24/24 7j/7 comme avant, et au-delà de la NL400 il n’y a tout simplement plus de tables ouvertes.
Mais ce n’est pas tout : à l’époque du .com, je faisais régulièrement le tournoi du dimanche de Full Tilt à 200$, un million garanti… Un million ! Au moins on vendait un peu de rêve. La fois où j’ai deep run j’ai terminé 41e pour un modeste 1,5K de gain, mais je suis passé tout près du fameux changing life…
Oh hier je fais le Warm-up à 50 euros, je saute 13e après 7 heures de jeu parce qu’on a appris à la SB à shove any two et mes QQ à la BB se font craquer par 58s… Standard. Et je repars avec un malheureux 288 euros. Mais quand bien même j’aurais pris les 5K à la win, où aurait été la perspective d’un changing life ? Nulle part. Car ça aussi ils l’ont bousillé.
Que s’est-il passé à l’époque ? Certains ont voulu faire sit-out. Tu parles d’une grève où les grévistes sont assis. Je suppose que les plus gros gagnants n’ont pas trop insisté de peur de se faire repérer par le fisc, voilà tout.
Il aurait fallu organiser des cash-out massifs sur toutes les rooms à la fois. Quitte à ne plus faire que du live jusqu’à ce que les gros du secteur se bougent et fassent du lobbying.
Pourquoi nous sommes nous-mêmes incapables de faire du lobbying ? A quand le décloisonnement ? On veut des tournois à 1 million chaque semaine ! On veut du high-stakes pour gambler comme à l’âge d’or ! Nous n’avons pas besoin d’éducation, de protection contre l’addiction, et si je suis addict, c’est pas ton problème, mon pote, c’est comme le tabac, t’inquiète, je m’arrangerai pour pas coûter un centime à la Sécu, puisque c’est ça ton grand souci, payer pour des connards de fumeurs, espèce de pingre que tu es, comme si nous les fumeurs on allait vérifier que les cardiaques auraient pas consommé un peu trop de graisse durant leurs repas… Bref.
Je viens de découvrir qu’il y avait le Parti pirate qui se présente aux européennes ici ou là : après tout, leur combat n’est-il pas proche du nôtre ? Pourquoi n’enverrait-on pas des émisssaires ? Votons Pirate !
Comment s’arrangent-ils, vis-à-vis de la loi, pour affirmer que tel site de jeu exerce sur le sol français ou autre, alors qu’Internet n’a pas de patrie ? Par quel tour de passe-passe ont-ils réussi à territorialiser la Toile ?
Non, une fédération française ou internationale de poker ne me paraît pas non plus la solution, car on sait ce que sont les fédérations : des immenses machines qui perdent de vue la base inévitablement, et à leur sommet, toujours les mêmes gros malins qui savent jouer du piston.
Une association ? Une coopérative ? Quelque chose dans le genre…
L’exemple vaut ce qu’il vaut, mais nos amis les footballeurs, il y a bien longtemps, ont également lutté pour faire valoir leurs droits.
Nous demandons :
- l’abolition de l’Arjel et de ses comparses européens.
- le retour à un .com, c’est-à-dire que cessent les discriminations de nationalité et les exceptions territoriales qui ne relèvent que de l’invention de légistes tordus et malades, avides de taxer l’humble grinder jusqu’à son dernier kopeck.
- l’abaissement du rake, de sorte que l’insécurité financière propre à ce jeu-sport soit incluse dans son coût.
- le retour à des payouts qui font rêver.
Nous demandons, à l’instar des prostituées, à être traités avec dignité. Si nous devons payer des impôts, nous souhaitons bénéficier des mêmes couvertures sociales que tout un chacun. C’est dire que non seulement nous nous sentons proches des Pirate qui réclament un Internet libre et ouvert, mais aussi des prostituées, dont certaines s’organisent en coopératives en Espagne. On devrait se rapprocher d’elles également. Notre lutte a des points communs. Et d’ailleurs, on s’amuserait un peu plus qu’en grindant à des tables hors de prix pour engraisser des Etats qui ne nous reconnaissent aucuns droits.

