Le plus dur avec le poker, je trouve que c’est toujours savoir faire la part des choses entre la chance et le badplay. Combien de joueurs se plaignent de ne pas avoir de chance alors qu’en fait ils font plein d’erreurs et que ce sont ces erreurs qui leur coûtent le plus cher ? Là où ça se complique, c’est que tout le monde fait des erreurs et que les gens ne sont pas égaux face à la chance. Alors ouais, je sais, certains dirons que la chance n’existe pas au poker à long terme mais le poker n’est pas différent de la vie: certains ne sont jamais malade, d’autre trouve l’amour de leur vie en allant s’acheter un paquet de clope, certains naissent dans une famille bardée de thunes, etc. Même à très très long terme, certains s’en sortent mieux que d’autres à niveau de jeu égal. Et à court et moyen terme c’est bien pire.
Pour le gérer, il n’y a qu’un solution: le Mental. Savoir que même si tu passes 20k hands pourries, rien ne dit que les 20k hands suivantes ne seront pas pires encore. Il faut le savoir, le comprendre et surtout l’accepter. Je pense que certaines personnes ne seront jamais capables d’accepter et supporter cela et partirons systématiquement en tilt dès que cela se produit, leur faisant faire plus d’erreurs, diminuant leur WR et finalement renforçant leur impression d’avoir la poisse. C’est un cercle vicieux.
Quelque solutions incluent: prendre un coach mental, lire quelque livres sur le sujet (“The poker Mindset” notamment), se remettre en question. Mais je pense que le plus important, finalement, c’est de bosser son jeu. En travaillant son jeu, on augmente son WR, donc on diminue mathématiquement l’impact de la malchance et des badrun. Ainsi un joueur qui a un WR très élevé de 10bb/100h gardera un meilleur WR en badrun qu’un mec qui run à 3bb/100h. Le premier pourra en cas de grosse poisse garder un WR plus ou moins positif, même si très bas, tandis que l’autre perdra parfois beaucoup d’argent.
C’est d’ailleurs un peu ça qui fait que les mauvais joueurs ont l’impression de ne pas avoir de chance. Ils ont parfois pas de chance, se prennent également des badbeat et des affreux setup, mais au final, la raison de leur pertes sont uniquement dues à leur faible niveau. Finalement, les mauvais joueurs sont ceux qui ne travaillent pas leur jeu car ils sont convaincus que seule leur poisse leur fait perdre de l’argent et qu’avec une chance normale, ils seraient gagnant. C’est ça qui fait la magie du poker et également la raison principale pour laquelle les mauvais joueurs continuent de jouer: car ils ont l’impression que dans de bonnes conditions, ils pourraient s’en sortir. Si un joueurs expérimenté, conscient de la variance et du fait qu’un badrun peut durer très longtemps peut partir en tilt, il est facile d’imaginer pourquoi les mauvais joueurs se plaignent encore plus de leur poisse et s’entêtent à jouer sans jamais remettre en cause leur jeu, ni même percevoir leur limites.
Le livre “The Poker Mindset” dit un truc du genre qui résume bien tout cela: “La seule chose que vous puissez faire aux tables, c’est bien jouer et pour cela il faudra travailler. Vous n’avez aucun contrôle sur le reste. Alors travaillez sur votre jeu et acceptez les aléas et la variance, à long terme vous serez probablement récompensés”. Evidemment le livre précise bien qu’un badrun peut théoriquement durer éternellement, toute une vie. En jouant au poker, un joueur accepter que bien que ce soit très improbable, c’est toujours possible et c’est comme ça.