L'action preflop au Pot Limit Omaha

L'action preflop au Pot Limit Omaha

Au PLO comme dans les autres variantes nous avons différentes actions que nous pouvons réaliser, mais encore faut-il savoir pourquoi, quand et comment. Il est inutile de prendre systématiquement l’option de la mise frontale à n’importe quelle position ou celle du 3bet systématique sans se préoccuper de sa main ou du profil adverse. Nous allons donc voir ce qu’il convient de faire dans les situations diverses que nous rencontrons aux tables.

Il est important d’avoir les différents moves dans son jeu, pour mixer et tromper son adversaire, pour maximiser sa Fold Equity ou pour aller trouver un flop avec une main qui joue bien mais qui supportera difficilement un 3bet.

A- Les actions passives, le limp ou le call

L’action de limper n’est pas une action agressive, en tant que joueur qui a déjà fait ses armes par ailleurs sur d’autres variantes, vous avez toujours entendu parler de prime à l’agressivité et que pour être un joueur gagnant il faut être un joueur qui engage des jetons et pousse des masses.

Je ne dirais pas que ce n’est pas vrai au PLO, loin s’en faut, pour autant est-il judicieux de constamment chercher le chemin de la mise en force à tout prix? Rien n’est moins sur.

La position est un des paramètres à prendre en compte, comme la taille des stacks, le profil des adversaires.

Ouvrir par une relance nous même à Pot ici donnerait un gros levier aux joueurs à parler après nous pour nous obliger à engager une part importante de notre tapis.

Ce ne sera pas forcément une mauvaise idée dans la mesure ou notre main joue bien et ce quelque soit sa position mais pour autant sommes nous disposés à partir all-in ou en tout cas à nous commit avec cette main ?

Si nous relançons UTG et que nous sommes payés par 2 voire 3 joueurs sans qu’il n'y ait de relance, nous serons dans une situation postflop où nous serons obligé d’avoir trouvé quelque chose sur le flop pour pouvoir continuer dans le coup.

Nous ne nous attarderons pas encore sur tout ce qui est envisageable de faire avec une telle main et si le bien fondé de limp ou d’ouvrir par une relance est préférable, nous n’avons aucune information quant aux profondeurs des tapis et des profils plus «avancés» de nos adversaires et tout cela est pour l’instant complètement volontaire pour ne pas parasiter les informations que nous mettons en avant.

Dans le même ordre d’idée si nous décalons notre position à UTG+1 et que UTG a ouvert par une mise à pot, il est tout a fait convenable de call (payer) cette mise d’ouverture pour aller chercher un flop favorable et espérer jouer IP (In Position - en position ) contre lui si le reste de la table se montre docile et fold (ce qui sera plutôt rare à des limites faibles et/ ou contre des joueurs forts qui aiment jouer les coups IP avec presque n’importe quelle main).

B- Openraise - la relance

Openraise est le fait d’ouvrir par une relance, prenons le même visuel que pour le limp mais prenons le cas d’une table facile/faible et qu’il est aisé de jouer depuis n’importe quelle position, cette main est largement assez forte pour ouvrir UTG, nous pourrons payer un 3bet sans trop de soucis et l’option agressive peut tout à fait se légitimer.

Le fait d’openraise à des avantages et inconvénients (comme le fait de limp ou call bien sur) mais le principal est d’ouvrir le montant de surelance des adversaires qui peuvent s’appuyer sur notre mise pour enflammer le coup.

Nous verrons plus tard avec notamment le concept du SPR que dans de nombreux cas, on se rendra le coup plus facile à gonfler le pot préflop.

Il reste important de garder à l’esprit que faire gonfler le pot IP sera de toute façon plus profitable que OOP. 

Ici nous détenons la même main que lors du paragraphe sur le limp, pour autant l’ouvrir par une relance, avec intention de payer une surelance est probablement la meilleure des options.

C- La sur-relance ou 3bet

Il faut déjà prendre en compte la taille des stacks et la force de la main que l’on détient, en position face à un joueur que l'on a estampillé comme faible/straight forward (qui postflop ne continue dans le coup que s'il a percuté le flop, il joue "en ligne"), on pourra 3better "pour value" un range de main bien plus large que contre un joueur qui est sticky (collant) préflop/postflop.

Il faut bien se dire que l’argument qui plaide en faveur d’une très grande défense vs un 3bet est valide dans le sens où les cotes offertes seront quasiment toujours suffisantes pour votre adversaire, le fait de lui faire jouer un coup sans l’initiative et OOP le mettra dans une situation désagréable et doit l’inciter à défendre un range qui soit ou très fort ou ayant une grande jouabilité (selon les limites il n’est pas rare de voir des joueurs poussant ce précepte d’équité des mains et de cotes ‘théoriques’ trop loin et ne jamais jeter devant un 3bet.)

Prenons un exemple pour visualiser ce qui incite les joueurs à payer trop large sur un 3bet.

Si on procède à un calcul (inutile dans les faits, sauf pour expliquer pourquoi ce sera toujours comme ça) quand le joueur fait face à un 3bet à hauteur du pot.

Équité de défense au 3bet

La cote qui lui est demandé, l’équité est de : 

Il doit call 17 dans un pot qui fait 50 soit 17/(50)=0,3333 soit 33%

Et ce sera toujours le cas contre un 3bet pot et ce peut importe qu’il ait fait pot lui-même ou moins. Et là cote sera un peu meilleure lorsque l’adversaire n’aura pas réalisé une mise à hauteur du pot.

Pour autant même si dans la majorité des cas, on aura bien ces 33% comme le montre la simulation propokertools (any four cards contre une main comprenant AA) ci après, cela ne doit pas non inciter à jouer n’importe quelle main dans la mesure où nous nous trouverons très souvent avec une main bancale et ne sachant trop quoi en faire.

Hand

Equity

AA

65.59%

****

34.41%

Il est au contraire du Holdem, impossible ou presque de construire un range de 3bet avec un pôle value et un pôle bluff.

Non pas que le 3bet en bluff ne soit pas envisageable avec un plan en tête de Cbet les flops secs ou peu coordonnées et comprenant un As (le fait de ne pas avoir vu un 4bet venir de l'adversaire réduisant considérablement les chances de AA chez lui).

Si nous n'avons en outre pas une fréquence de 3bet trop élevé, nous serons crédible et ce move opéré de temps en temps peu s'avérer rentable, sous condition évidemment d'avoir identifié l'openraiser et ses tendances postflop.

Il serait quelque peu suicidaire de 3bet bluff un joueur qui s’accroche aussi bien préflop que postflop, et contre ce type de profil, le 3bet pure value est évidement à privilégier voire même à être la seule option envisageable.

La position et les stacks-size

La position et la taille des stacks pour le 3bet sont très importants, vouloir sur-relancer hors de position contre un short-stack qui n’ouvre que 8-10% de ses mains n’est pas une très bonne idée, sauf à avoir une forte envie de gamble et de jouer des coups à fonds avec des équités moyennes (ce qui équivaut a du spew).

Ce type de main joue bien HU mais ne se comporte pas très bien dans des coups AI préflop, elles ne seront pas souvent dominées pour autant face à un As « naked » sec elles sont en coin flip avec 49% vs A**** et jouent un 44/56 contre une paire d’As avec any 2, mais si les As ont une possibilité de tirage couleur qui domine celui du rundown, l’équité commence à chuter vers un 40/60 et si une ou des cartes accompagnatrices des AA sont communes au rundown, l’équité de celui-ci tombe encore

La même main   en ayant des tapis profonds (suffisamment) et l’avantage de la position sera beaucoup plus intéressante à jouer et plus profitable. Dès lors que nous percuterons partiellement le flop, nous aurons une équité des plus correctes et EV+ pour partir à tapis au flop.

Main

Flop

Equité

5h7h8d9D

4d3d*

55.82%

A***

 

44.18%

5h7h8d9D

6**

52.47%

AA**

 

47.53%

On peut voir que le simple fait de percuter une partie du flop, par une paire ou un tirage, voir un tirage combiné (combo draw) apporte une équité avec laquelle il est aisé de continuer dans le coup.

Exemple : pot 3bet multiway (au replayer)

En prélude, on va conclure avec une main ouverte par une relance au bouton et subissant un 3bet qui illustre l’intérêt du jeu postflop et de ne pas partir « à fond » préflop à tout va.

On peut voir sur celle-ci que si on partait à tapis préflop, on était en mauvaise position alors qu’au flop, le broke/shove est tout à fait normal et profitable.

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L'équité de notre main passe de 33% preflop a 40% au flop. Il nous fallait une équité de 29% (EV) au flop pour que nous puissions tout mettre au flop profitablement.

Un call préflop en défense de 3bet à amener un coup profitable postflop.

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