Rétamer la NL10

2.3.6 Défendre sa BB.

Résumé

La défense de BB est très différente de celle des autres positions. Hors blindes nous étions relativement tight à cause d’odds peu favorables et la prise en compte des ranges restant à parler, mais au BU grâce à la position absolue nous pouvions nous permettre d’élargir un peu nos ranges. En SB nous étions très tight car OOP et avec de mauvaises odds. En BB nous sommes tiraillé entre les bonnes odds et le fait d’être OOP (hors cas de BvB qui est un cas à part que je développerai en fin de chapitre). En théorie nous devrions énormément défendre notre BB, mais en pratique les choses sont plus compliquées.

En théorie nous devrions énormément défendre notre BB…

Les raisons sont évidentes: cotes, équités et certitude de voir un flop lorsqu’on call. Même OOP et sans l’initiative, il sera souvent difficile de faire un WR pire que si on avait fold (-100bb/100) avec beaucoup de combos. La notion d’équité réalisable est cependant importante. Avoir une équité pure supérieure à la cote offerte n’est pas suffisant si on ne réalise jamais, ou rarement, cette équité. Il nous faut donc des combos qui nous permettent de la réaliser suffisamment souvent. Nous privilégierons donc des 65s à des K4o. Réaliser son équité signifie soit amener à l’abattage notre SDV (value equity), soit faire coucher Vilain (fold equity). Il nous faut donc des combos qui hit suffisamment de bonnes paires ou des draws. La force de ces paires ou draws dépend du range adverse, l’équité compte donc quand même. Ce que je veux dire c’est que par exemple on va call un 1 gapper contre un open du BU mais pas contre un open de UTG parce qu’une partie de notre équité ne pourra pas être réalisée contre UTG: son range étant fort nous réaliserons moins souvent notre fold equity, et nous avons un combo qui ne réalisera pas assez souvent sa value equity (un SC la réalisera plus souvent et donc sera théoriquement call, même contre UTG). Pour résumer on pourrait dire que l’équité post-flop est plus importante que l’équité PF.

Le rake important en petites limites et la difficulté de réaliser entièrement notre équité qui est plus importante en pratique qu’en théorie (on ne joue pas parfaitement et on commettra plus d’erreurs OOP), doivent donc nous inciter à avoir un approche notablement plus tight.

Mon avis est qu’il ne faut pas se laisser aveugler par les odds. Même si les cotes sont alléchantes, elles ne sont pas si favorables si nous ne pouvons pas suffisamment réaliser notre équité OOP. Les ranges que je proposerai serons donc très tight vs open de earlier position. Nous serons confronté à des ranges tight et aurons du mal à bluffer post flop, ce qui réduira considérablement nos équités réalisables. Nous appliquerons le gap concept de manière presque aussi strict qu’au BU, mais avec quelques différences notables. Par contre contre les ranges plus loose, et en particulier contre des open à 2bb ou 2.5bb nous défendrons énormément et le gap concept se noiera dans d’autres concepts qui prendront plus d’importance. Plus les ranges sont tight et plus le gap concept est important, et plus les ranges sont loose et plus il perd d’importance.

Règle de base OOP: défendre environ 75% du range adverse vs open à 3bb. Vs steal à 2.5bb et 2bb c’est plutôt de l’ordre de 90% à 95% en sachant que plus le range adverse est loose et plus on diminuera ce pourcentage à cause de la diminution de notre équité réalisable OOP avec les combos faibles.

Par exemple contre les steal du BU à 2.5bb (ranges entre 40% et 55%) on sera proche des 90-95% du range adverse défendu. Plutôt vers les 95% contre les ranges tight (40-45% d’open), et plutôt vers les 90% contre les ranges normaux (50-55%). Mais au delà des 55% d’open on descendra progressivement en dessous des 90% (85% vs open à 65% et 80% vs open à 75% pour les cas extrêmes). Pour les open à 2bb on sera vers les 95% du RFI adverse.

Pour la défense contre le bouton je vous conseille cependant de plutôt adopter les règles que je vous donne dans le paragraphe “s’adapter aux stealers” qui sont plus simples à mettre en pratique ingame.

Avec les ranges que je vous proposerai, nous serons favoris avec nos ranges de 3bet vs call 3bet. A égalité d’équité avec nos range de call vs EP et CO. Et légèrement outsider avec nos ranges de call vs steal (plus nettement en BvB comme nous le verrons plus bas).

Le rake, fléaux des micros pour la défense de blindes…

Les ranges que je propose sont donc en réalité un peu plus tights que ce qui est théoriquement correct. J’ai déjà parlé de l’équité réalisable, mais le rake est sans doute pire car il détruit une partie de notre skill: en petites limites le rake va manger une part de notre EV. Autant un skill important peu améliorer notre équité réalisable, autant il devient difficile de compenser le rake. Donc on ne va pas défendre les mains les plus marginales sans un edge important sur notre adversaire qui “rattraperait” le rake. Un combo avec une EV théorique de -95bb/100 (donc profitable à défendre) va devenir perdant. Cependant je n’ai pas non plus trop tightifié les ranges de défense vs steal, et gardé certains combos qui sont peut-être EV- à cause du rake, pour deux raisons:

  • Le niveau du field. Malgré ce que j’ai dit plus haut sur la difficulté de rattraper le rake et le retard d’équité qui à mon avis sont rédhibitoires contre des ranges de positions précoces, dans les situations de ranges loose je pense qu’il est quand même possible d’utiliser notre skill OOP. Si nos adversaires commettent plus d’erreurs que nous, nous allons grappiller pas mal d’EV. Sans tomber dans l’excès, si vous avez un edge important sur un Vilain, loosifiez un peu vos ranges, en particulier en BvB.

  • L’amélioration de notre jeu. Notre skill, il faut aussi le gagner par la pratique. Et si on veut envisager de monter les limites, il est plus que nécessaire d’apprendre à défendre notre BB.

Comment construire nos ranges de 3bet bluff en BB et OOP?

Tout ce qui suit concerne principalement les situations de resteal. Contre EP on ne va que très peu vouloir construire des ranges de 3bet bluff OOP.

La grosse différence avec le jeu dans les autres positions c’est que nous avons en BB un range défendu total profitable à défendre en call, y compris avec le bas de notre range, ce qui pose quelques problèmes pour construire un pole de 3bet bluff. Ailleurs nous utilisons des mains généralement plus profitables à 3bet qu’à call pour 3bet bluff, même si certains combos peuvent aussi parfois être call (en particulier au BU). En BB les cotes offertes changent considérablement la donne. Nous pouvons call profitablement beaucoup de combos relativement faibles, comme des SC et gappers (du moins sur un open à 2.5x), mais aussi des cartes hautes, suited ou non, et même des connectors offsuit. Tout ceci explique pourquoi un grand nombre de joueurs ne 3bet que très peu en BB.

Cependant, pour des raisons évidentes, nous ne pouvons pas 3bet qu’en value. Alors comment construire nos ranges de 3bet bluff? (ou plutôt de 3bet light) Utiliser des combos du haut de notre range de fold? Utiliser des combos du bas de notre range de call? Ni l’un ni l’autre. Dans les deux cas nous nous retrouverons avec des combos inappropriés parfois trop weak, parfois juste injouables. Dans le second cas nous nous retrouverons même à 3bet des combos qui avaient un call très profitable et qui devient un 3bet EV-.

Notre approche doit donc être différente. Une des solutions peut être trouvée dans l’équité de nos mains. En comparant l’équité de nos combos contre les ranges d’open de Vilain et ses ranges de call 3bet. Certains combos se retrouvent avec des équités très proches, parfois même meilleures contre les ranges de call 3bet! Ce qui est très rare dans les autres positions. Il est aussi utile de préciser que les équités réalisables ont tendance à être plus grandes en pot 3bet pour certains combos, ne serait-ce que grâce à la fold equity directe. A noter au passage que la rétention d’équité a moins d’importance dans la plupart des autres situations, en particulier IP où nous aurons de toute manière des ranges plus polarisés. Le blocker effect et la possibilité de tirer vers les nuts seront plus importants.

Ces combos sont toujours des mains connectées. Leur hauteur diffère selon les ranges adverses, mais ce sont souvent des SC, gappers ou low broadways suited. Ce sont aussi des connectors offsuit, mais je n’ai pas utilisé ces combos dans mes ranges.

En théorie le mieux est de splitter les ranges et d’alterner entre call et 3bet un grand nombre de ces combos, avec parfois des tendances. Mais pour simplifier les choses sur mes tableaux, j’ai mis les combos qui retenaient le mieux leur équité en 3bet pot. Cela permet entre autre de garder de bonnes fréquences, ce qui est très difficile lorsqu’on split nos ranges. Evidemment si vous êtes capable de garder de bonnes fréquences, par exemple avec un radomiser ou en utilisant les dynamiques, rien ne vous empêche de construire des ranges splittés.

Pour simplifier, contre un steal, on doit défendre tous nos SC et des gappers (le gap dépendra du sizing et du RFI adverse), et leur défense est profitable. Reste ensuite à déterminer la meilleure façon de les défendre: en 3bet ou en call. Voici ce que j’ai pu observer de mon expérience: les combos hauts/moyens sont un peu plus avantageux à défendre en 3bet, et les combos bas un peu plus avantageux à défendre en call. Je privilégie donc les plus gros SC et gappers pour 3bet. Dans la pratique on sera plus attentif aux dynamiques et à nos reads et devrons généralement alterner entre 3bet et call à peu près tous ces combos. L’essentiel étant de garder de bonnes fréquences.

Plus le sizing d’open de Vilain est élevé plus on aura tendance à 3bet polarisé. Plus le sizing d’open de Vilain est faible et ses ranges loose, plus on aura tendance à 3bet mergé. Contre des petits sizings (2bb) les odds nous offrent des call extrêmement profitables avec tous nos petits combos connectés. Je conseille d’éviter au maximum de défendre les SC et gapper en call OOP contre des sizings au dessus de 2.5bb. Vous verrez que contre des open à 3bb ou 2.5bb je préfère 3bet des SC ou des gapper, mais contre des open à 2bb je les remplace par des Axs dans une stratégie plus mergée. Donc:

  • Vs RFI <55% environ: Même si nous pouvons élargir le pole value, notre pole bluff sera assez bas dans les ranges.

  • Vs >55% environ: Le range de Vilain étant devenu tellement wide qu’il devient difficile de descendre encore dans les ranges. Mais surtout Vilain étant obligé de défendre vs 3bet tellement loose qu’il devient extrêmement profitable de merger nos ranges de 3bet et d’y inclure toute sorte de combos suités/connectés au dessus de la moyenne de ce que va call notre adversaire, en particulier les broadways suited et les Axs.

J’ai rajouté à ces combos de mains connectées quelques combos de low Axs. Ce sont normalement des combos très bons à call en BB, avec une excellente équité. Mais ils ont aussi une très bonne EV à être 3bet, possiblement même supérieure dans les situations de resteal.

On va surtout choisir les low Axs pour 3bet bluff. A9s-A6s sont plus intéressants à être call: paires plus fortes en SRP et moins de jouabilité en 3bet pot. Parmis ces low Axs j’ai privilégié A5s et A2s pour 3bet (suite à une VOD d’ArtPlay). A4s et A3s sont moins dominés en SRP que A5s et A2s lorsqu’on hit straight (A5s et A4s sont dominés par 65 et 76 qui sont plus présents dans les ranges adverses que 64 et 63 qui dominent A4s et A3s). En 3bet pot quand on fait straight on se pose moins la question d’être dominé. Bon, je pense quand même que c’est assez marginal et qu’on peut splitter 3bet et call avec tous les A5-A2s, comme on peut le faire avec beaucoup de SC et gappers.

Je ne conseille pas de 3bet bluff d’autres types de combos que ceux que j’ai proposés, sauf éventuellement quelques Kxs lorsqu’ils sont trop faibles pour être call. Ce sera la seule exception je je ferais pour 3bet des combos hors de mon range de défense habituel.

Je rajouterai que défendre activement sa BB contre les steal nous permettra de recevoir plus de walks… ce qui est un effet secondaire appréciable…

BvB

Je ne vais parler que des cas où la SB open à 3 blindes. Lorsqu’elle fait moins cher elle vous offre de telles cotes que vous devrez défendre un range ultra loose. Contre un min-raise, et encore plus si Vilain est loose, vous pouvez théoriquement presque défendre 100%! Cependant certains combos très faibles possèdent une équité réalisable si médiocre qu’il est préférable de les folder. Défendre au moins 60-65% me semble tout à fait correct même contre des Vilains serrés qui commettent l’erreur de min-raise. On aura alors souvent en équité autour des 35-40% avec des odds à 25%, ce qui nous laisse beaucoup de marge pour réaliser notre équité.

Cette parenthèse fermée je vais maintenant parler des cas plus standards où la SB ouvre à 3bb.

Je conseille de défendre environ 5% de plus que le RFI de SB tant que celui-ci reste dans les clous (35 à 55%). On ne descendra en dessous des 40% que si Vilain est réellement très tight, moins de 25% de RFI dans cette position (entre 25% et 35% on adaptera surtout nos ranges de 3bet). Et on ne montera pas au dessus des 60% même si Vilain open any two pour ne pas devoir défendre trop de combos injouables, mais on pourra éventuellement plus 3bet.

Contre un inconnu on défendra notre range par défaut vs 35% (qui est assez courant en NL10). Sur mes tableaux j’ai mis 3 ranges classiques de défense en BvB contre 3 ranges standards à 35%, 45% et 55%. Cela vous permettra de pouvoir couvrir la plupart des situations. Si la SB steal 25% vous pouvez vous appuyer sur le tableau vs BU (3x), puisque les ranges de défense dans ces deux situations sont proches, sauf pour les 3bets (faites plus polarisé).

Pour les ranges de 3bet bluff en BvB, je n’ai pas vraiment de ranges fixes à conseiller. Les combos que j’ai mis dans les tableaux ne sont là que parce que ce sont des combos qui sont profitables à 3bet dans une stratégie polarisée d’après ma data base. En réalité, et plus encore que dans toutes autres situations, la seule chose à retenir c’est: exploitez les faiblesses adverses! Y compris post-flop. Vilain fold trop aux 3bets, abusez du 3bet polarisé avec un grand nombre de vos combos du bas de votre range de call et/ou du haut de votre range de fold. Contre d’autres qui fold peu (c’est souvent le cas dans ces positions), au contraire utilisez le haut de votre range de call pour 3bet (stratégie ultra mergée). Comme dit juste avant, utilisez aussi les faiblesses adverses post-flop. Par exemple pour call plus loose PF quand vous savez que Vilain a des difficultés à assumer ses ranges OOP. Ou au contraire pour tenter de gros moves contre ceux qui open trop loose et qui multibarrel à trop haute fréquence. Bref, plus qu’ailleurs, laissez faire votre imagination pour exploitez votre adversaire. Retenez surtout qu’en BvB c’est la fréquence total de défense selon le taux de steal de Vilain en SB qui importe, plus que la construction de ranges de 3bet bluff précis.

Cependant contre les profils à peu près équilibrés qui ne possèdent pas de leak majeurs facilement exploitables, vous pouvez utiliser des ranges proches de ceux que je propose, que vous ne modifierez que selon vos propres prédispositions. Bien sûr il est tout à fait possible, et c’est ce que je fais moi-même, de splitter les ranges et de call ou 3bet selon les dynamiques du moment avec tel ou tel type de combos. L’essentiel est de garder de bonnes fréquences de 3bet (entre 10 et 16% selon notre stratégie).


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Note: En combats de blindes, si vous doutez de votre niveau de jeu post-flop, je vous conseille d’appliquer les ranges les plus tights (BB vs BU 38% et BB vs SB 35%), même si théoriquement vous abandonnez trop d’equity, ces ranges solides seront gagnants en petites limites et vous éviteront de faire trop d’erreurs post-flop. Vous pourez vous adapter aux joueurs plus loose lorsque vous améliorerez votre skill post-flop, et ce, progressivement.

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2.3.7 Ranges de squeeze et over-call.

Résumé

Les ranges que je propose sont relativement imprécis et devront être adaptés. J’ai essayé de faire un compromis entre les différentes situations possibles face à des ranges et sizings standards. Ils seront adaptés aux RFI de l’open raiser, à ses sizings d’ouverture, au nombre des callers. Mais les éléments les plus importants qui pourront considérablement modifier ces ranges sont le profil et la profondeur de stack du (ou des) caller(s).

Doit-on respecter le gap concept pour over-call?

Oui. Nous ne pouvons pas nous permettre d’oublier cette règle essentielle sous l’excuse de jouer un récréatif qui aurait call avant nous. Nous éviterons donc d’over-call des combos dominés par le range d’open de l’initial raiser. Par contre lorsque nous sommes IP nous pourrons nous permettre de défendre plus de combos faibles mais peu dominés que nous ne défendrions pas contre un seul adversaire.

Ne surestimez pas les odds, surtout lorsque vous êtes OOP.

On pense souvent avoir de magnifiques cotes pour over-call toutes sortes de mains connectées. C’est faut. Du moins c’est moins vrai qu’on le pense. Nous sommes d’ailleurs dans une situation assez proche d’un call vs limp + iso-raise où je conseillais de défendre tight. Par exemple en BB nos odds sont de 21% (vs open à 3bb et un call), ce qui parraît bon. Mais être OOP réduit considérablement notre équité réalisable dans les situations où les ranges sont tight. Je pense qu’il faut bien rajouter 10% à notre équité pure dans ce cas de figure pour estimer notre équité réalisable. Et nous avons alors rarement 30% d’équité.

Cependant quand les ranges se loosifient, et encore plus lorsque les sizings d’open diminuent, les choses changent considérablement. Il est aussi important de différencier le cas de figure où on est OOP de celui où on a la position relative sur la SB si celle-ci a call. Dans ce dernier cas on se retrouvera à jouer à peu près les mêmes ranges qu’au BU, surtout si la SB est un mauvais joueur.

Donc pour résumer, je dirais qu’en standard en blindes lorsque on est OOP on va défendre à peu près le même range que dans la situation où il y a un simple open-raise. Par contre quand la SB a call, surtout quand les ranges sont plus loose et les sizings plus faibles, on défendra plus mais en orientant fortement nos ranges vers les combos connectés et nous serons en réalité plus tight avec les autres combos, comme avec les Axo.

Au BU par contre la position nous permet d’over-call les SC malgré des odds à priori moins favorables.

Voici les situations, de la plus tight à la plus loose pour over-call:

CO = SB < BB (sans SB qui a call) < BU = BB vs open EP (avec SB qui a call) < BB vs steal (avec SB qui a call)

Alors, que défendre?

Les ranges que je propose sont donc relativement serrés. Dans les situations de ranges tight on va défendre essentiellement des PP, des broadways forts et des Axs. Dans les situations de ranges loose par contre nous allons nous loosifier considérablement, en particulier lorsque les sizings d’open sont faibles ou que le premier caller est en SB (nous avons la position sur lui). Voici comment les adapter à la situation:

Dans la situation où l’open raiser et le caller sont des regs décents, je vous conseille de resserrer les ranges de call et de construire des ranges de squeeze light un peu plus larges, par exemple avec des SC ou 1 gapper qui sont call dans les tableaux proposés. Vous pouvez aussi vous inspirer des ranges de 3bet light des tableaux de défense précédents. Pour les low PP, je vous conseille de ne call que 77+ (voir même 88+) et de fold 66- en SB si BB est un joueur décent ou n’est pas full stack. Mais si BB est un mauvais joueur full stack, vous pouvez over-call la plupart des PP. La règle ici est à peu près la même que dans les situations de simple call 2bet.

Dans la situation où le caller est un récréatif, je vous conseille de garder à peu près les ranges proposés. Vous pouvez même les élargir un peu si le caller est très mauvais, et over-call presque toutes les PP si en plus il est full stack. Attention cependant si vous rajoutez des combos potentiellement dominés par l’open raiser: vous êtes là pour le récréatif mais restez vigilent face à l’open raiser s’il montre de la force. Vous pouvez bien sûr squeeze plus loose dans l’optique de faire folder l’open-raiser et call par une main dominée du récréatif (stratégie classique de squeeze d’isolation). Soyez sûr cependant de réellement être en value sur le récréatif.

Les cotes offertes ne doivent pas vous pousser à call tout et n’importe quoi. Restez rigoureux et discipliné. Vous remarquerez même que parfois les ranges d’over-call sont plus tight que ceux de simple call 2bet! On cherche généralement à éviter les pots multiways et beaucoup de combos se comportent très mal dans ces spots. Il est de plus plus difficile de remporter ces pots et nous devrons souvent jouer plus en ligne.

Pour les ranges de squeeze value, je n’ai pas précisé les ranges de 3bet/fold, 3bet/call 4bet, et 3bet/5bet. Adaptez-vous à la situation. Selon les profils, qui 4bet (open-raiser ou New York Back Raise du caller), son stack et son sizing, vous déciderez de la meilleure action, au besoin en vous inspirant des tableaux précédents.

Plus on montera de limites et plus on squeezera, notamment avec un pole bluff plus étendu. Les squeezes étant mieux respectés.


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2.3.8 Le cold 4bet.

Résumé

Un Vilain a open et un second a 3bet. Quelle stratégie devons-nous adopter? Ces situations sont relativement rares, mais il y a quelques idées à retenir pour éviter les erreurs.

a) Cold call 3bet?

Mon conseil est au départ de ne pas développer de ranges de cold call 3bet. Pour plusieurs raisons:

  • Les odds sont très mauvaises et on ne clos pas le tour d’enchère. La parole va revenir à l’initial raiser. Investir le montant d’un 3bet alors qu’on n’a encore rien investi dans le coup et qu’on n’est pas sûr de voir un flop diminuent grandement notre profitabilité.

  • Notre range serait très resserré et souvent capé. En gros nous y mettrions des mains assez fortes, trop pour être fold et pas assez pour être 4bet. On y trouverait donc des AQ ou des JJ… et pas grand chose d’autre.

Comme souvent au poker, il y a des exceptions. En particulier lorsqu’on pense que l’initial raiser ne va que très rarement 4bet et que le montant du 3bet n’est pas très élevé. Mais ces situations seront rares et ne resteront que des exceptions. Il y aura aussi quelques situations exploitantes où cold call un 3bet avec une premium peut être un bon plan.

b) Cold 4bet en value.

Ici je pense qu’il faut faire une petite différence entre 4bet en value et ranges de stack off. Il y a des situations où on peut 3bet en value mais folder sur un 4bet (on voulait value les ranges de call 3bet). Pour les 4bets les notions de commitude rendent les choses différentes. En général nos ranges de 4bet en value ont les odds pour call un 5bet shove, même s’ils ne sont pas forcément favoris. Typiquement avec des mains comme AK ou QQ qui ont souvent autour des 40% d’équité contre les ranges de stack off adverses, ce qui est meilleur que les odds offertes dans la plupart des situations courantes.

Dans une situation de cold 4bet, on n’a rien investi PF avant qu’un Vilain ne 3bet. Cela modifie quelque peu la profitabilité d’une line de 4bet/call 5bet et doit donc nous obliger à rétrécir nos ranges.

Mon conseil sera donc de ne 4bet en value qu’un range avec lequel on est prêt à stack off. Dans le paragraphe suivant on verra qu’on se retrouvera parfois à 4bet des mains très fortes mais qui sont déplacées de notre range value à celui de bluff (pas tout à fait réellement en bluff, on verra ça) dans certaines situations. En réalité nous sommes souvent face à un dilemme: contre qui devons nous adopter notre range de stack off? Contre l’initial raiser ou contre le 3better? Et c’est là qu’on verra que certains combos peuvent basculer d’un range de 4bet value à celui de 4bet/fold, suivant l’action qui va suivre notre cold 4bet.

Par défaut le mieux est souvent de stack off notre range de la position de l’initial raiser. Un peu comme si c’était nous qui avions open et avons subit un 3bet.

c) Cold 4bet en “bluff”.

Je vous ai conseillé plus haut de ne pas avoir de ranges de cold call 3bet. Mais si c’était nous l’initial raiser nous n’aurions pas uniquement des ranges de 4bet ou fold.

Hors le 3better n’a pas forcément un range très strong, et l’initial raiser non plus. Nous nous retrouvons donc très souvent avec des mains qui dominent leurs ranges mais qui sont pourtant en dehors de nos ranges de stack off dans ces positions. Ce sont des combos avec lesquels nous aurions call le 3bet si nous avions été l’initial raiser. On va prendre le haut de ce range pour cold 4bet.

Cela signifie qu’on ne va cold 4bet que des combos assez forts mais qui ne seront pas obligatoirement stack off. En réalité nos ranges de cold 4bet bluff sont des ranges de cold 4bet/fold. Nous ne bluffons pas mais volons l’équité de nos adversaires. Et lorsque nous subissons un 5bet shove nous affrontons un nouveau range plus strong et nous ne garderons alors que notre range de stack off dans ces positions contre cet adversaire.

Cela veut dire qu’on peut très bien 4bet un combo et le fold contre l’un des deux adversaires mais call un shove contre l’autre! Nous sommes dans une situation où nous affrontons deux ranges différents, et certains combos peuvent glisser d’un range de cold 4bet/call 5bet vers un range de cold 4bet/fold. Je pense en particulier aux AK dans les situations où l’initial raiser est en early position.

Mais la bonne nouvelle c’est que dans la majorité des cas on saura à l’avance dans quelle catégorie se situe notre main. AK peut d’ailleurs faire partie de notre range de cold 4bet/fold dans des spots où nous sommes crush par les ranges de 5bet des deux Vilains mais devant l’ensemble de leurs ranges.

Pour la construction de nos ranges de 4bet/fold nous allons suivre quelques règles:

  • Etre dans un bon spot. C’est à dire estimer avoir suffisamment de fold equity. Plus les ranges adverses sont loose et mieux c’est. Le meilleur spot est quand l’open raiser est loose, qu’il fold beaucoup aux 3bets, et que le 3better le sait et aura un range large de 3bet.

  • Etre dans le haut de notre range de fold. Ou plus exactement juste en dessous de notre range de stack off.

  • Avoir les meilleurs bloqueurs possibles.

Les meilleurs candidats seront donc naturellement les gros broadways. Si possible avec un A et suited. AK et AQs dans les positions tight. AQs AQo KQs dans les positions semi-loose. Et plus les positions seront tardives et les ranges loose, et plus nous descendons vers des ATs ou KQo… et jusqu’à parfois des AJo, KJs ou A5-A2s.

Les PP posent problème. Il n’y a pas pire combo à 4bet/fold. Cela crève le cœur, mais si vous n’êtes pas prêt à stack off ces mains vous devriez les folder… y compris parfois QQ. Pour cold 4bet/fold QQ il faut être sûr que Vilain n’a que KK+ dans son range de 5bet, et pour cold 4bet/call il faut être sûr qu’il n’a pas que KK+ dans son range de 5bet.

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2.4 Evolution de vos ranges et board coverage.

Résumé

Avant de parler du board coverage je voudrais dire deux mots sur l’évolution générale de vos ranges PF. Les ranges que je vous propose sont parfois très tights, surtout en défense et en EP. Ce sont des ranges profitables et qui ont fait leurs preuves. Cependant il vous faudra sans doute à un moment ou un autre penser à les élargir, du moins pour les plus tights d’entre eux (open EP, call 3bet IP, 3bets mergés et call 4bet).

Il faudra d’abord tenir compte de l’évolution de votre skill et de l’amélioration de votre compréhension des ranges et des équités qui augmentera l’EV de chaque combo joué. Ceci rejoint le principe d’accumulation d’avantages déjà expliqué: plus notre skill est élevé et plus on doit sacrifier les deux autres avantages. L’augmentation du skill va de paire avec l’augmentation de l’équité réalisable des combos joués.

Il y a une autre idée un peu plus subtile: il vous faudra rajouter des combos pour augmenter la profitabilité de l’ensemble de vos ranges. C’est à dire pas parce que ces nouveaux combos vont vous faire gagner de l’argent (souvent ils auront une EV très marginale), mais parce qu’en développant une image plus agressive vous allez gagner plus avec les autres combos, du moins avec les plus forts. Le plus difficile étant bien sûr de trouver le bon équilibre pour ne pas se mettre à jouer des combos qui vont trop affaiblir vos ranges et au final vous faire perdre de l’argent.

Instinctivement on se rend compte que cette dernière idée n’est valable que contre certains types de profils de joueurs.

On réalise aussi qu’on doit éviter de se déséquilibrer en devenant vulnérable à certaines actions. Par exemple si on augmente notre taux de 3bet, il faut pouvoir assumer les 4bets adverses, certainement en rajoutant des combos à nos ranges de call 4bet ou en mettant en place des stratégies de 5bet polarisées (je conseille plutôt la première solution: si les Vilains ont de bons ratio de 4bet value/bluff ils ne sont pas exploitables par les 5bet light).

Quels combos choisir? La réponse est simple et vous la connaissez sans doute: on rajoutera des combos de même type que ceux que vous utilisez déjà. Pour les open UTG on prendra les combos les plus forts qu’on open fold, comme des Axs. Pour les ranges de 3bet mergé, c’est la même idée, on va utiliser les combos les plus forts qu’on call. Pour les 3bets polarisés on vas utiliser des combos qui retiennent bien leur équité et qui font des nuts, comme les Axs ou les SC et gappers.

A l’idée de profiter de notre skill et d’augmenter la profitabilité de l’ensemble de nos ranges, vient s’ajouter celles (liées) d’être moins lisible, d’avoir des ranges moins facilement déterminables et de frapper l’ensemble des boards.

Une notion intéressante apparaît et prend tout son sens: le board coverage. La couverture de tableaux en Français. Qu’est ce que ça veut dire? Simplement la possibilité de toucher absolument tous les types de boards et de manière forte. Nous sommes crédibles sur toutes les textures de board possibles et nos adversaires ne peuvent pas définir clairement nos ranges. Ceci nous rend plus imprévisible et donc plus dangereux en n’étant jamais capé.

En contre-partie il faut tout de même souligner un affaiblissement plus ou moins important de nos ranges. Comme dit précédemment on se rend compte que ce n’est profitable que contre certains types d’adversaires. Affaiblir nos ranges pour les rendre profitables n’est pas efficace dans certaines situations et peut nous faire perdre de l’argent: les combos faibles nous font perdre de l’argent et les combos forts n’en gagnent pas plus. Je fais évidemment allusion aux situations contre les très mauvais joueurs qui ne tiennent absolument pas compte de ce que vous représentez ou pouvez avoir.

La notion de board coverage est présente dans à peu près toutes les situations, que ce soit en SRP ou en pot 3bet/4bet, en étant le relanceur PF ou le défenseur, tant qu’elle ne nous met pas dans des positions de déficit important d’équité (on ne va pas call un 4bet avec J5s pour être crédible sur un flop 55x^^). Nous pourrons même parfois mixer des ranges qui ne nous viennent pas forcément tout de suite à l’esprit, comme nos ranges d’open UTG ou nous pourrons mixer entre open raise et open fold certains combos assez weaks (comme des low SC), ce qui nous permettra de ne pas trop affaiblir nos ranges d’open raise tout en frappant un peu plus de textures différentes de tableaux. Nous pourrons aussi mixer entre 3bet/5bet et 3bet/call 4bet certaines premiums. Ou encore comme je l’ai déjà expliqué dans le chapitre concernant les 4bets, splitter nos ranges de 4bet bluff en utilisant différents types de combos à certaines fréquences. Et le cas le plus courant est celui du splitage des ranges de défense vs open raise avec des combos qu’on va alterner entre call 2bet et 3bet. Nous frapperons alors tous les types de boards à la fois dans les single raise pots et les 3bet pots. Ce sera particulièrement vrai en BB où l’EV du call et du 3bet sont souvent très proches avec un grand nombre de combos.

Élargir nos ranges, en particulier de 3bet et de 4bet, ne signifie surtout pas de randomiser nos ranges! C’est l’erreur qu’il faut absolument éviter et c’est pour ça que je vous disais d’utiliser le même type de combos que ceux que vous avez déjà dans vos ranges. Pour frapper tous les types de board il nous faut des combos qui puissent suffisamment souvent les toucher et non pas des combos random sans jouabilités (avec peu d’équité post-flop). Donc résistez à l’envie de 3bet OOP des K4o… Il y a suffisamment de combos plus profitables à 3bet avant.

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Un bel héritage !!

PA devrait t’attribuer un rang d’honneur particulier.
Genre premium à vie ou bien accès à tout le contenu VOD gratos à vie etc

Merci @Lacerta_max et bonne route, je suis sûr que tu joueras de nouveau d’ici 3 à 5 ans.
Le staff PA devrait mettre tes ebook PDF à disposition dans la page " ebook" puis apprendre.==> @Barth_Gury ?

++

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III Le jeu post-flop.

1. Concepts et stratégies simples.

1.1 Remporter le pot post-flop

Résumé

Pre-flop, nous avons déjà vu l’importance de remporter le pot. Je le rappelle, il n’y a que deux façons d’y parvenir: faire folder nos adversaires ou gagner à l’abattage. C’est ainsi que nous avons construit nos ranges, en particulier de défense passive (en attaque on se donne déjà l’opportunité de remporter le pot en faisant coucher nos adversaires). Nous avons vu qu’il fallait choisir des mains ayant le meilleur compromis entre cote du pot, équité PF contre les ranges adverses, et équité réalisable.

Post-flop cette notion de gagner le pot reste la même. Soit nous faisons folder Vilain, soit nous remportons le pot suffisamment souvent à l’abattage (bet for value et call). La notion d’équité réalisable est ici importante.

  • Pour les bluffs, il faut pouvoir faire folder Vilain suffisamment souvent.
  • Pour les bets for value, il faut avoir 50% d’équité face au range de call de Vilain.
  • Pour les calls, il faut que notre d’équité face au range de bet de Vilain soit supérieure à la cote du pot.

> Faire folder notre adversaire. Ce qu’on appelle trop rapidement le bet for bluff, la réalité est un peu plus compliquée.

Je reviens sur ce qui avait été expliqué dans" Maraver la NL2" sur les raisons de miser: pour value, en bluff, ou pour faire folder l’équité de Vilain si notre main est vulnérable. Je réexplique rapidement cette notion de vol d’équité.

Parfois on gagnera plus (plus d’EV) en misant même si on ne bluff pas et qu’on ne value pas non plus! Faire folder l’équité de Vilain peut être plus profitable que d’essayer d’aller à l’abattage alors qu’on ne value rien. L’idée importante est que l’EV du bet est supérieure à l’EV du check. La notion de vulnérabilité de notre main compte, ainsi que la position. On fera plus facilement folder l’équité de Vilain si celui-ci est OOP.

Voici un premier exemple simple: Nous avons 55 au BU et le flop est 842, nous sommes face à une défense de BB. Notre main est très souvent la meilleure mais nous avons peu de value. Par contre elle est très vulnérable contre les overcards de Vilain qui constituent l’essentiel de son range. En misant nous gagnerons plus qu’en checkant contre le range de c/f de Vilain.

Un autre exemple un peu plus subtil: Nous sommes au turn en position dans un pot à trois joueurs sur un board K822 sans draws. Le pot a été checké jusque là et nous avons 99 en main. Si on mise aucune main meilleure ne foldera et aucune main moins bonne ne suivra (à part un marginal 8x). Pourtant miser est la meilleure chose à faire puisqu’on gagnera plus souvent le pot en faisant coucher nos adversaires qu’en essayant d’aller à l’abattage et permettre à toutes les cartes vivantes des Vilains de toucher une paire qui nous bat à la river. Ce qui est important ici, c’est que nous avons sans doute la meilleure main mais qu’elle est très vulnérable contre 4 cartes vivantes comprenant très souvent des over-cards. L’EV du bet est supérieure à l’EV du check puisque nous remporterons presque toujours le pot en misant alors qu’en checkant nous le perdrons près de 25% du temps (vs AQo et JTs, nous n’avons “que” 71% d’équité. Il faut cependant aussi tenir compte des value cut possibles: ici on estime que la plupart du temps un Vilain possédant un K aurait misé avant nous (d’où l’imporance de la position qui peut légèrement modifier le spot).

Comme je le disais plus haut, c’est ce que dans la première étape on appelait les bets “pour capitaliser la dead money”. En réalité, ces bets nous permettent simplement de gagner le coup plus souvent que si nous laissons notre (nos) adversaire(s) réaliser gratuitement leur équité. C’est surtout important au flop contre un seul adversaire. Avec des over-cards à notre paire il a souvent autour des 25% d’équité. Lui faire folder cette équité lui fait commettre une erreur. On en revient aux raisons de miser: ce bet revient à un bet for bluff dans le sens où nous obligeons Vilain à commettre une erreur en foldant son équité.

Cependant, si on cherche à faire folder Vilain il faut estimer avoir suffisamment de FE. La texture du board et la position sont donc primordiaux.

  • Plus la texture du board connecte le range de Vilain et moins nous allons essayer de le faire folder. Dans notre premier exemple avec 55 nous cherchons à faire folder Vilain sur un flop qu’il a rarement percuté. Si le flop avait été plus haut et connecté, nous aurions simplement abandonné. Donc à contrario plus la texture du board est neutre (touche peu les ranges) et plus nous allons essayer de faire folder Vilain, souvent d’ailleurs avec des small bets comme nous le verrons plus tard.

  • Nous profiterons plus souvent de la position pour faire folder Vilain. OOP il est plus difficile d’avoir de la FE et nous sommes généralement dans des spots plus inconfortables. Plutôt que de faire grossir un pot contre un range difficilement identifiable, il est parfois préférable de GU là ou IP nous aurions misé. En reprenant notre exemple avec 55 sur 842, si nous sommes MP et OOP contre un joueur compétent ou collant, il est meilleur de c/f que de miser sans avoir de plan de jeu derrière. Vilain va souvent nous float et son range est plus fort.

Si on part sur un plan de multi-barrel en bluff, il faut penser avoir de la FE sur chaque street et non sur une seule. Avoir de l’équité est donc essentiel. Ceci est particulièrement vrai lorque nous sommes OOP. IP nous pouvons simplement essayer de faire folder l’équité de Vilain au flop et si on échoue on GU. OOP nous échouerons trop souvent contre beaucoup de profils, même si ce n’est pas toujours vrai (comme contre les adversaires qui sont trop straighforward).

> Pour faire grossir un pot qu’on va remporter la plupart du temps. Ce que l’on nomme couramment le bet for value.

Il faut garder à l’esprit qu’on doit avoir plus de 50% d’équité face au range de call de Vilain. Si on pense avoir la meilleure main la plupart du temps, mais qu’on a moins de 50% d’équité face au range de call de Vilain, on check. Si Vilain mise ensuite, on doit estimer notre équité face à son range de bet (value et bluff) pour prendre une décision (fold, raise bluff, ou call).

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1.2 Notion de ranges post-flop.

Résumé

a) Réfléchir en terme de ranges et non de mains.

On doit appréhender le post-flop sous deux angles:

  • Le range de Vilain et comment il se comporte sur telle ou telle texture de board. Il sera affiné au fil des streets selon les actions et l’évolution du board. C’est ce que l’on appelle le “handreading”.

  • La composition de notre propre range. On ne joue pas uniquement notre main mais aussi notre range. On doit donc réfléchir en terme de ranges et de combos, et à l’intérieur de notre range se demander où se situe notre main et quelle portion elle représente. Ici aussi bien sûr en fonction de la texture du board, des actions et de l’évolution du tableau.

Savoir où se situe notre main au sein de notre range nous permet par exemple de savoir quels combos bluffer ou lesquels défendre. Par exemple, arrivé river avec un bluff catch, savoir qu’on a suffisamment d’autres combos meilleurs à défendre nous permettra de folder facilement certaines mains.

On devra donc:

  • Se représenter l’ensemble de notre range et la manière dont il a percuté le board. On fait systématiquement cet exercice pour le range de Vilain puisqu’on ne connait pas sa main, mais on devra aussi le faire pour notre propre range.

  • Se représenter notre range perçu. C’est pas tout à fait la même chose que le point précédent. La différence se situant sur le niveau de notre adversaire et de sa compréhension du jeu.

  • Situer notre main par rapport à l’ensemble de notre range. Afin de déterminer comment la jouer. Les notions de splitage de ranges et de sizings devront être comprises.

Plus les ranges PF sont loose et plus les ranges post-flop le seront. Sinon on abandonnera trop d’équité. Cette notion est capitale pour le jeu en combats de blindes. Dans la partie PF je vous ai expliqué comment défendre vos blindes. Mais si post-flop vous êtes incapables de jouer correctement vos ranges contre ceux de votre adversaire, vous allez en réalité perdre beaucoup plus que si vous aviez foldé PF. Il faut toujours se demander comment vos ranges se comportent face aux ranges adverses. Le même combo peut avoir une équité très différente selon les ranges en présence.

L’exemple le plus simple à appréhendé est celui des combos à équité diffuse. C’est à dire des combos qui “frappent” beaucoup de boards mais de manière assez faible, comme les petites PP ou les hauteurs As. Savoir quand continuer dans le coup avec ces combos demande une bonne lecture des ranges et des textures de boards.

Le cas des combos dits “à potentiel” est aussi important. Ils frapperont la plupart du temps des draws assez faibles, même s’ils retiennent nettement mieux leur équité que la catégorie précédente. Comme le le répéterai plus loin, moins on a d’équité et plus nous devons avoir de FE pour jouer profitablement ce type de combo. C’est pourquoi on ne les défend que contre des ranges faibles contre lesquels ont pas possiblement de la FE (principalement BB vs steal). Comme notre adversaire possède un range loose, il frappera moins les flops, et on pourra plus profitablement jouer agressivement nos draws faibles, comme avec des reverse floats ou des check/raise CBet.

b) Le range advantage.

Avoir une vision en terme de ranges et non de mains nous permet d’évaluer comment le board avantage plus notre adversaire ou nous-même. Posséder le range advantage signifie que notre range a plus souvent ou plus fortement frapper le board, indépendamment de notre main exacte.

A chaque nouvelle street nous nous demanderons comment la carte qui tombe change les ranges et qui possède l’avantage de range (je rappelle qu’à chaque street il faut réévaluer les ranges). Plus un board est dynamique et plus le range advantage est susceptible de basculer. Un board dynamique est un board où l’apparition d’une carte peut en changer la nature.

En général si le range advantage est chez nous, nous allons plus souvent miser (parfois en donk bet), et s’il est chez Vilain nous allons plus souvent checker. Nous comprenons bien que nous jouons nos ranges et non notre main. Par exemple si une carte apparaît et qu’elle est susceptible d’améliorer le range de Vilain, nous n’allons pas la miser même si en réalité elle nous a amélioré nous. Ceci permettra à notre adversaire soit d’essayer de représenter une main qu’il n’a pas (bluff), soit même de value une main moins bonne que la notre.

> Si le range advantage est chez nous nous devons bet à haute fréquence et souvent cher.

> Si le range advantage est chez Vilain, nous devrions très souvent checker.

c) Ranges de CBet bluff.

Je fini cette partie en revenant rapidement sur les stratégies basiques de CBet en bluff. Je conseille fortement de ne pas CBet à outrance any two sans plan de jeu sur les streets suivantes. Si vous avez “air” (type hauteur 6 sans equity), il sera souvent plus judicieux de ne pas CBet et de garder ce type de combos pour décaler vos bluffs sur la turn ou la river lorsque vous aurez plus d’informations sur la main de Vilain.

> Avec équité, parfois même faible. Par exemple avec 9s8s sur Ts4c2d, on a backdoor straight draw et backdoor flush draw. Pour les backdoor straight draw, on les remarque rapidement lorsque qu’une carte du board connecte nos cartes privatives en donnant trois cartes consécutives. Comme ici T98.

Mais notre équité peut aussi se composer d’over-cards ou de bonnes hauteurs sur des flops plutôt neutres (pas de draws), surtout lorsqu’on ne pourra pas assumer une mise ultérieure de Vilain. On est dans une situation de vol d’équité. Stratégie qu’on adoptera de préférence IP.

Plus notre équité est faible et plus nous avons besoin de FE pour bluffer. Il y a deux points dans la fold equity:

  • Le range de Vilain et la façon dont il a percuté le board. Plus on estime qu’il a raté le board et plus on a de FE.

  • Le sizing choisi par Hero. Plus on mise cher et plus on augmente notre FE.

On doit donc considérer les 3 points (équité/percussion de Vilain/sizing) pour déterminer notre action.

> Utiliser les bloqueurs sur le calling range adverse. Sur les flush draws, les straight draws, les top pair… L’idée est qu’on aura plus de chances de faire coucher notre adversaire si on possède nous-même une carte qui serait dans son range de call. Je reviendrai plus loin sur les notions de removal effect qui sont au cœur les stratégie équilibrées. A noter aussi que parfois ces cartes augmentent aussi notre propre équité.

Exemple de CBet avec bloqueurs:

On a en main As9c. Le flop est Ts7s4c. On a des bloqueurs sur FD et quelques TP (AT T9) ce qui augmente les probabilités de fold de notre adversaire. On a aussi un peu d’équité backdoor qui nous permettra parfois de continuer l’agression. Exemple de plan de jeu: 2 barrel sur tout ce qui nous rajoute de l’équité (parfois on pourra aussi essayer de la réaliser gratuitement au turn). Si un spide tombe turn: 2 barrel over-bet (GU river). 3 barrel bluff éventuel si la flush rentre river.

> Plus de CBet contre les ranges loose qui auront plus de difficultés pour se défendre. Plus un range est loose, et moins il frappe les flops, et plus nous avons normalement de FE. Donc lorsqu’un CBet est limite, on le fera plus souvent contre un range faible que contre un range fort (dit comme ça cela parait évident…).

Contre les regs, se sera donc surtout dans les situations où ils auront défendu leur BB.

> Plus de CBet lorsque nous possédons le range advantage. C’est une idée qui ressemble un peu à la précédente, dans le sens où elle améliore notre FE. La plus grosse différence se fait par rapport au profil de Vilain: Faut-il encore qu’il ait conscience qu’on possède le range le plus fort. Contre les mauvais joueurs je conseille de ne pas trop s’appuyer sur cette raison.

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1.3 Comment choisir ses bet sizings?

Résumé

Quand devons-nous miser cher et quand devons-nous au contraire faire peu cher? D’abord qu’appelle-on cher et peu cher? Je dirais que des bets entre 1/3 pot et 1/2 pot sont de petits bets. OOP ou dans les pots limpés on peut estimer que jusqu’à 60% du pot ça reste plutôt peu cher. A partir de 3/4 pot environ on peut considérer que le sizing commence à être réellement élevé. Entre les deux on sera sur des sizings moyens. Il faut aussi tenir compte de la taille du pot par rapport au stack effectif. Bet 1/3 pot dans un pot 4bet est un sizing moyen (à 100bb deep), alors que c’est juste minuscule au flop dans un pot limpé.

En gros on va retenir quelques notions simples:

a) Gros sizings.

On va faire cher:

> Quand nous sommes polarisé. Notre range est composé de très gros jeux et et de bluffs. Souvent les boards qu’on va peu bet le seront très cher, donc de manière polarisée. L’exemple le plus simple concerne les flops très connectés où on va bet cher que des nuts ou des gros draws, même si parfois on peut mettre en place des stratégies de check full range (généralement OOP, puisque les boards contenant des draws avantagent le joueur en position).

> Quand Vilain représente un range capé, surtout s’il est OOP. Donc dans tous les spots où Vilain devrait souvent raise au flop ou au turn ses gros jeux, nous pouvons bet cher en value et en bluff la street suivante sur une blank (qui n’améliore donc pas son range en faisant rentrer des draws ou des double paires par exemple). L’over-bet est envisageable avec nos meilleures mains et nos meilleurs bluffs (bons bloqueurs sur le calling range adverse et pas de bloqueurs sur son folding range). Le fait que Vilain soit OOP est un plus puisqu’il va moins souvent slowplay et sont range sera plus déterminé.

> Quand les nuts sont dans notre range et pas dans celui de Vilain. Nous sommes dans un cas particulier du premier point. Avec comme subtilité que nous possédons un range advantage évident. Selon les spots ça peut être facile ou au contraire difficile à estimer. Et il ne faut pas oublier de réévaluer la situation à chaque nouvelle street pour estimer qui possède le range advantage et s’il a changé de coté. L’exemple le plus facile à appréhender est le flop AK7r lorsque nous avons ouvert au CO et que BU a call: tous les nuts sont chez nous alors que Vilain n’a que 77.

Attention cependant, ce n’est pas parce qu’on a un range advantage évident qu’il faut se mettre à barrel systématiquement any two! Et ce n’est pas parce qu’on a un range advantage qu’il faut toujours bet cher. Le range advantage seul influe sur nos fréquences de bet mais pas toujours sur nos sizings, c’est la texture du board qui va modifier nos sizings, notamment en fonction de la portion de nuts que comprend notre range. Range advantage et ranges polarisés sont deux notions différentes. Dans le premier cas ça influe sur nos fréquences, et dans le second sur nos sizings. Dans de nombreuses situations nous aurons un range advantage mais avec un range value étendu et tombons dans le cas “Avec un range de value mergé étendu” qu’on verra plus bas, et nous aurons souvent intérêt à bet peu cher.

Comme rien n’est simple, il y aura des situations où spliter nos ranges et nos sizings sera une bonne stratégie.

Ne pas oublier le pendant de cette notion: si le range advantage est chez Vilain, nous devrons très souvent checker (hors stratégie exploitante).

b) Petits sizings.

On va faire peu cher:

> Pour tuer l’équité de Vilain (vol d’equity). C’est à dire pour empêcher Vilain de toucher quelque chose qui nous bat et qu’il aurait folder sur une mise de notre part, même si on est souvent devant sans être en value. Les cas les plus courants sont lorsque nous sommes IP ou en pot 3bet. Nous ne sommes donc ni réellement en value (même si parfois on l’est de manière très thin sans trop se value cut), ni vraiment en bluff, mais nous cherchons juste à faire folder des combos qui ont de l’équité contre notre main, souvent autour des 20 à 25%. La texture du board est ici très importante. Ce paragraphe concerne notre raison de miser, et le suivant plutôt l’utilisation de la texture du board pour choisir notre taille de mise. L’idée à retenir pour miser en vol d’equity, c’est qu’il faut essayer de choisir le plus petit montant qui accompli ce qu’on cherche à faire. La taille de mise dépendra donc de la texture du board et du fait qu’on soit IP ou OOP.

> Quand le range de Vilain contient beaucoup de air.* Très souvent pour voler l’équité de Vilain, mais pas uniquement (plus de bluffs). Comme sur les boards très neutres quand les ranges sont très wide. Ceci est vrai au flop, mais aussi au turn ou à la river. Nous avons ici un excellent risk reward. De plus il sera très difficile pour Vilain de défendre suffisamment et de ne pas être exploitable.

Par exemple au BU vs BB sur un flop très neutre qui a peu frappé les ranges, CBet 1/3 pot à très haute fréquence est une bonne stratégie. Evidemment nous ne le ferons pas uniquement en bluff, mais aussi avec nos bons jeux et nos jeux moyens. Au turn nous allons 2 barrel assez cher (au moins 3/4 pot) avec une portion de range plus restreinte qui ne contiendra plus de air mais seulement des jeux faits et de bons bluffs. Les petits pots checkés tout le long sont un autre bon exemple, nous allons souvent faire une petite mise à la river, à la fois en très thin value et avec nos airs les plus faibles. Ici nous sommes relativement mergé avec un pole value très large, mais notre range contient aussi pas mal de air.

*: Air. Ce sont nos jeux qui n’ont absolument aucune équité et aucune showdown value. Donc généralement des hauteurs basses sans draw.

Avec un range de value mergé étendu (equity advantage). Notre range est plus fort que celui de Vilain. C’est à dire lorsqu’on a beaucoup de mains à value, parfois de manière relativement thin. On est dans une situation de range mergée. Ce sera souvent le cas en pot 3bet sur certaines textures. Je parle de range, ce qui signifie que dedans on devra quand même y incorporer des bluffs. On retrouvera aussi souvent cette situation river dans les pots moyens.

A noter que plus on a de protection à faire (main vulnérable) et moins un petit sizing est intéressant.

Pour finir, on va aussi tenir compte de la position. De manière générale on va plus souvent bet IP que OOP, et donc souvent moins cher et moins polarisé.

Pour résumer:

  • On va surtout bet cher OOP polarisé quand les nuts sont chez nous contre un range capé.

  • On va surtout bet petit IP de manière mergée ou en vol d’équité quand le range de Vilain contient beaucoup de air.

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1.4 Removal effect.

Résumé

A- Introduction au card removal effect (CRE).

L’intérêt principal de ce concept est qu’il nous permet de reconnaître les meilleurs combos à bluff ou à bluff catch, tout en nous donnant des fréquences convenables.

“Removal effect” se traduit littéralement par “effet de suppression”. Il suffit simplement de comprendre comment les cartes connues (privatives et du tableau) impactent le range adverse: l’exemple le plus connu est celui d’avoir en main l’As de la couleur affichée au board qui réduit mécaniquement les probabilités que notre adversaire possède une flush. On appelle ces cartes des bloqueurs.

Dans les situations où les ranges sont réduits et polarisés (pots 3bet par exemple) les bloqueurs vont être plus importants pour bluffer ou call que la force réelle de notre main. Dans les situations où les ranges sont larges et peu polarisés (dans un SRP en combats de blindes par exemple) le facteur le plus important est la force réelle de notre main, on va choisir les plus faibles pour bluffer et les plus fortes pour raise/call/check.

Parler de removal effect en petites limites peut sembler hors de propos. Je pense exactement le contraire. Il s’agit d’un des concepts les plus important du poker moderne, et le comprendre nous permettra de développer les bonnes stratégies. Celui qui aura la meilleure compréhension de ce concept sera celui qui aura potentiellement le plus de skill sur ses tables. Au niveau des games d’aujourd’hui qui laissent de moins en moins de place à l’approximatif, ce concept semble même plus important que les moves “exploitants”. Au passage, il permet aussi d’optimiser ces moves exploitants, comme toutes les notions GTO. Je rappelle que le jeu optimal est un jeu basé sur la GTO mais qui sait en dévier lorsque c’est opportun pour exploiter un déséquilibre chez notre adversaire.

Etudier le removal effect permet entre autre de repérer plus facilement les bons spots à bluff. Ce qui est très utile pour les joueurs ayant une aversion au risque: avec de la discipline ils peuvent se forcer à prendre les spots de bluff. Mais aussi pour les joueurs ayant le leak inverse et voulant trop arracher les coups: ils éviteront de ramdomiser leurs bluffs.

B- Comment utiliser les bloqueurs?

a) Pour bluffer.

On parle souvent de l’importance des bloqueurs pour les moves river. Mais il est aussi très important d’estimer la profitabilité du move par rapport à l’ensemble de la situation en évaluant les bloqueurs sur les ranges de Vilain à la river bien sûr, mais aussi sur les streets précédentes.

Une question qu’il faut toujours garder en tête et réévaluer à chaque street est: que cherche-t-on à faire folder? Avec cette idée en tête on va essayer de réfléchir comment nos cartes privatives impactent la partie du range qu’on cherche à faire folder.

  • Avoir des bloqueurs sur le calling range de Vilain.

  • Ne pas avoir de bloqueurs sur le folding range de Vilain.

Avoir un bloqueur sur les nuts est beaucoup moins important qu’avoir un bloqueur sur le calling range de Vilain.

Je donnerai quelques exemples de gros moves avec utilisation des bloqueurs en pot 3bet dans le paragraphe “le 3 barrel bluff en pot 3bet”.

Dans les situations où on est face à une line agressive de Vilain, les choses sont un peu plus compliquées que lorsque c’est nous qui avons l’initiative. Si Vilain est compétant, lui-même va utiliser le removal effect pour bluffer. Dans ces cas-là il devient aussi important de ne pas avoir de bloqueurs sur son bluffing range que d’en avoir sur son bet/calling range. Malheureusement, il est souvent impossible de bloquer son value range sans bloquer aussi son bluffing range, il faudra donc trouver des compromis. A noter que ne pas avoir de bloqueurs sur son bluffing range est proche de ne pas en avoir sur son folding range dans les situations où il a adopté une line passive.

b) Pour bluff catch.

  • Avoir des bloqueurs sur le value range de Vilain.

  • Ne pas avoir de bloqueurs sur le bluffing range de Vilain.

Malheureusement comme je le disais, il est souvent pas possible de bloquer les mains de value sans également bloquer quelques bluffs.

Bluff catch et raise bluff utilisent donc la même logique. Mais on va prendre les combos qui ne sont pas assez profitables à bluff catch pour raise bluff (situations où on transforme souvent de la showdown value en bluff).

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1.5 Agressivité post-flop.

Résumé

Dans cette section je donnerai des éléments de stratégies dont l’objectif est d’améliorer votre fond de jeu pour vous rendre plus agressif et plus pénible à jouer, tout en vous orientant vers les bonnes situations et éviter des bluffs random ou de mauvais spots. Les idées abordées ici sont parfois déjà expliquées dans d’autres sections, mais je vais essayer de les exposer sous un angle différent.

Il est possible qu’au début vous ne soyez pas à l’aise avec ça et même sans doute que vous commettrez des erreurs, voir quelques spews. Ce n’est pas grave. Au contraire cela augmentera votre expérience et peu à peu vous discernerez de mieux en mieux les bons spots à prendre. Vous n’avez pas le choix si vous voulez progresser: il va falloir à un moment sortir de votre zone de confort pour devenir meilleur. Et on ne devient pas meilleur sans d’abord faire d’erreurs. Acceptez-les. Et analysez-les pour savoir s’il s’agissait réellement d’erreurs ou si vous êtes juste mal tombé sur un coup précis. Ce n’est pas parce que ça n’a pas marché que ce n’était pas un play EV+.

Tombez, relevez-vous, trébuchez à nouveau mais continuez encore sans vous obstiner dans ce qui ne marche pas mais en réessayant ce qui est potentiellement bon et en le gardant si vous vous apercevrez que c’est profitable sur le long terme.

Voici un leitmotiv utile pour le jeu post-flop: On ne joue pas en mode automatique mais on automatise nos modes de réflexion.

1.5.1 Bluffer un donk bet de 1bb au flop.

Résumé

J’ai déjà abordé le sujet dans “Maraver la NL2”, mais je vais ici essayer de vous présenter une approche différente un peu plus basée sur le handreading et le REM.

-> La première chose à faire est d’avoir une idée du range de Vilain. Pour cela le premier réflexe est de checker sa stat de donk bet. Plus elle est importante et plus on pourra décider de bluffer. En dessous de 20% environ on restera sage. A partir de 30% on commencera à envisager de souvent bluffer, du moins avec un minimum d’equity. A partir de 30-40% Vilain commence à abuser du donk bet avec beaucoup de mains faibles. Au dessus de 50% il se moque carrément de nous. Ces stats sont à considérer avec celles PF pour évaluer les ranges (un 20/10 qui donk bet 30% n’aura pas du tout le même range qu’un 50/10 qui donk bet à la même fréquence). Mais il faudrait aussi considérer les stats de fold aux CBet OOP: un Vilain qui donk bet beaucoup mais qui ne check/fold pas aux CBet OOP va beaucoup plus avoir de airs que s’il fold beaucoup. Dans la pratique cependant il est difficile de tenir compte de cette stat.

-> Puis on va déterminer notre equity face à ce range et la comparer aux odds. Ainsi on saura si on peut call profitablement ou non. Si on ne peut pas call on passe à l’étape suivante. (Je passe volontairement sur le cas où notre main est assez forte pour raise en value)

-> Ensuite il faut estimer notre FE sur ce range et contre ce profil. C’est en général la chose la plus difficile à faire. Une bonne base est de se demander est-ce qu’on aurait CBet ce flop si Vilain avait checker. Si la réponse est non il est souvent meilleur de GU nos airs. Si on pense avoir de la FE on passe à la dernière étape.

-> Et enfin on va chercher comment maximiser notre FE.

Voici un exemple de line à adopter en HU en bluff (ne pas hésiter à GU en multiway). On part du principe que Vilain représente la force de sa main. Donc souvent une weak pair, parfois un draw plus ou moins fort ou même des overcards. L’objectif principal est donc de se demander s’il est possible ou non de lui faire lâcher ces mains.

  • Raise au flop à hauteur du pot, surtout s’il y a beaucoup d’over-cards possibles au turn (sinon call avec l’idée de raise au turn sur un autre bet de 1bb est envisageable, en particulier si on a call au flop uniquement avec des backdoors).

  • Gros bet au turn sur montante sinon GU (on joue le board). Si cette mise est payée on aura une décision river, mais on devra assez souvent GU.

Voici comment jouer certaines mains qui ne sont pas des airs complets mais qui ne sont pas non plus de gros jeux:

Pour nos draws on devra essayer d’évaluer notre FE. Mais il faut savoir que si on call on ne commettra jamais d’erreurs. Il faut donc penser avoir un minimum de FE pour jouer agressivement.

De bonnes overcards peuvent généralement être considérées comme des draws (6 outs) et être jouées de la même façon au flop. Au turn si on n’améliore pas et que Vilain bet encore 1bb on pourra décider de raise en bluff, assez cher, environ à hauteur du pot. Avec cette line il faudra assez souvent aussi bluffer cher river.

Avec nos showdown value faibles, les décisions seront assez faciles. On call tant que c’est pas cher. Nos bonnes hauteurs As peuvent être considérées comme de la showdown value sur certaines textures de boards très neutres (sinon on peut les jouer comme les overcards du paragraphe précédents même si je pense qu’il faudra souvent les GU sur les textures assez riches).

1.5.2 Check/raise et raise CBet au flop en bluff.

Résumé

Je vais aborder ici des situations où nous sommes le défenseur PF, donc essentiellement parler des combos à utiliser dans nos ranges de raise et check/raise vs CBet hors stratégies exploitantes particulières. Mais on pourra parfois jouer de la même façon dans des situations différentes, comme pour check/raise alors que nous pouvions CBet en étant le relanceur PF, ou encore pour raise un donk bet. Je développerai un peu ces deux situations en fin de section, mais sachez que les combos utilisés seront de toute façon plus ou moins les mêmes.

Vous devrez d’abord repérer les bons combos à utiliser pour raise. Ensuite en fonction de la situation vous devrez choisir de les raise à plus ou moins haute fréquence, notamment selon les fréquences de mises adverses. Gardez en tête que théoriquement vous devrez un peu plus raise bluff en position. Dans la pratique en micro je ne pense pas qu’il soit utile d’être suffisamment précis pour faire une grosse différence. De toute manière les combos choisis seront les mêmes et là aussi seule la fréquence changera.

Un mot rapide sur les sizings: faites cher! Maximisez votre FE. Cela dépend bien sûr des sizings de bet adverses, de la taille du pot et des SPR, mais dans les pots single raise n’hésitez pas à faire 4X la mise adverse sur un sizing normal. Cela vous donnera un meilleur levier et vous pourrez continuer à barrel et shove river sans over-bet le cas échéant. On maximise notre FE mais aussi nos gains lorsque nous sommes en value.

A- Les catégories de combos.

Au flop, on va principalement check/raise ou raise avec des draws moyens à faibles qui retiennent bien leur equity (quand on touche nuts on est toujours ou presque devant quelque soit la main de Vilain). Voici quelque types de combos à mettre dans ces ranges de check/raise et de raise.

a) Les draws faibles.

Je présente d’abord les cinq catégories de draws faibles par ordre de fréquence de raise (du plus fréquent au plus rare):

- High GS sans BDFD et low GS avec BDFD. En général dès que vous frappez une gutshot, surtout sans showdown value, envisagez de raise ou de check/raise. Si vous avez en plus un backdoor flush draw vous avez un des meilleurs combos pour le faire, en particulier s’il tire vers des nuts absolues (une gutshot sans reverse ou un backdoor vers nuts flush). A noter que le BDFD rajoute 3% d’equity mais surtout il permet de maintenir plus profitablement l’agression sur 20% environ de turn en plus, ce qui n’est pas négligeable du tout. Les high GS avec BDFD sont normalement assez forts pour être call. Les low GS sans BDFD sont souvent un peu trop faible pour être raise bluff et seront plutôt call.

Exemple: 9h8h sur flop Qc6h5c ou As4s sur flop Jc5c3s.

- Bottom pair kicker As avec BDFD. L’idée est la même qu’avec les combos précédents. L’equity est d’ailleurs assez proche. La différence est qu’on décide de transformer un peu de showdown value en bluff dès le flop (bien que cette showdown value reste très relative), mais ce qui est intéressant c’est qu’on bloque des gros jeux chez Vilain (set, TPTK et parfois DP) et donc qu’on augmente notre FE. D’ailleurs ce seront souvent les combos utilisés pour continuer le bluff turn et river. On choisira cependant ces combos à une moindre fréquence que les précédents puisqu’ils sont généralement plus forts et nous permettent de mieux supporter l’agression sur les streets suivantes. Envisagez de les raise ou check/raise surtout lorsque vous savez que vous aurez du mal à jouer le turn.

Exemple: As3s sur flop Tc8s3c.

- Backdoor nuts FD. On ne s’appuie ici que sur nos backdoors et ces combos seront utilisés plus rarement que les deux catégories précédentes. On essayera de les intégrer dans les situations de ranges loose où notre As peut souvent nous donner la main gagnante si nous le touchons. Il y a deux types de combos: ceux avec un Axs et ceux avec un Axo. Ces derniers ont une particularité qui font qu’ils doivent être intégrés dans le cadre d’une stratégie équilibrée: Notre As de la couleur du FD du flop nous permet de bluffer les streets suivantes lorsque la flush rentre grâce à notre bloqueur sur nuts flush. Ceci est théoriquement important pour équilibrer avec nos flushes que l’on souhaite value, souvent avec un shove river. Il faudra donc parfois utiliser ces combos, mais ne le faites pas trop souvent car vous risquez d’en avoir trop dans vos ranges de raise, surout en BB vs steal où on défend plus de Axo que dans les autres positions.

Exemple: As4s ou Ac4d sur flop Ts6c5c.

- Over-cards avec BDFD. Si on a en plus un BDSD c’est encore mieux. Combos qu’on va raise avec parcimonie mais qu’il peut être intéressant de parfois bluffer, plutôt IP pour éventuellement ensuite pot control si nous touchons une de nos over-cards. On choisira des over-cards sans showdown value, si on a deux grosses over-cards, surtout avec un As, on pourra souvent facilement call (plus de showdown value et Vilain peut bluffer sur nos outs).

Exemple: QsJs sur 9s5c4c.

- BDFD + BDSD. En particulier avec des cartes basses. On a ici des combos beaucoup plus faibles que dans les autres catégories. Ils ne possèdent qu’environ 10% d’equity contre les ranges de value adverses, ce qui est très peu. Le floating avec ceux-ci n’est profitable que si on pense très souvent pouvoir bluffer ensuite turn ou river, rendant le call compliqué. Et si on les raise on n’a en général qu’une quinzaine de cartes améliorantes au turn pour continuer l’agression. Ce qui veut dire que ces combos ne seront utilisés qu’en complément occasionnels d’autres qui pourront eux plus souvent maintenir l’agression. Je conseille de ne les raise que rarement et uniquement dans des spots évidents avec beaucoup de FE: moins on a d’equity plus il nous faut de FE pour faire un bluff profitable. Vous pouvez donc tout à fait oublier ces spots et les folder dès le flop si un floating ne vous semble pas non plus profitable. A noter par contre que ce sont des combos plus profitables à CBet car ils possèdent un peu plus d’equity contre des ranges de call CBet (qui comprennent plus de 2nd pair ou de floating) que contre ceux qui call un raise.

Exemple: Ts9s sur flop Jc6d5s.

Avec tout les types de combos déjà mentionnés on pourra continuer à bet au turn s’il nous rajoute de la FE ou de l’equity, ou si on a de bons bloqueurs (comme As5s sur Ts7c5c2s: bloqueurs sur 55 75 AT).

La plupart des combos précités possèdent autour des 18-20% d’equity au flop contre les ranges adverses de value (parfois un peu moins, parfois un peu plus selon les ranges adverses et le type de combos). Essayez de retenir cette valeur. C’est souvent l’equity nécessaire pour bluffer, que ce soit au flop ou au turn. En effet il s’agit de l’equity juste en dessous de celle qui est souvent nécessaire pour call un bet. Mais ici comme ce sont des combos qui retiennent très bien leur equity et donc avec de bonnes implieds avec peu de reverses et qu’on a toujours de la FE sur les streets suivantes, ils sont normalement assez bons pour aussi call un bet normal au flop en HU. On se retrouve donc avec des mains à la limite entre call et fold, ce qui en font de bons candidats pour raise bluff (notion très présente au poker) sans que soit le seul play possible. Pour comprendre cette notion il est important de savoir se situer dans nos ranges.

Donc au flop on ne check/raise ou raise pas tous ces combos, on va aussi en call, et même souvent les fold en multiway sauf vs small bet, surtout si on ne clot pas le tour d’enchère.

b) Les draws moyens.

En plus des draws faibles on va aussi raise des draws moyens, surtout des FD, mais aussi quelques OESD. Ceci nous permet d’augmenter l’equity de nos ranges de bluff, de pouvoir plus souvent bluffer avec equity au turn, et bien sûr d’avoir des nuts au turn lorsque les draws rentrent.

- Les nuts FD sont ceux qui retiennent le mieux leur equity (tire vers nuts absolues). De plus ils ont un bloqueur à l’As utile. Les petits nuts FD seront privilégiés à cause de leurs kickers faibles ont une showdown value finalement assez réduite. On va cependant éviter de les raise si on est ennuyé par un re-raise de Vilain et que cela risque de se produire souvent.

- Les autres FD seront aussi occasionnellement utilisés, même si je conseille plutôt de call les FD + 2 over-cards.

Je préconise donc de raise un peu plus souvent les combos qui font des nuts flush (même backdoor). Pas uniquement parce qu’ils font des nuts absolues et donc sont ceux qui retiennent le mieux leur equity, mais aussi parce que grâce à l’As ce sont ceux qui bloquent le mieux les TPTK adverses. Il ne faut pas uniquement tenir compte de notre equity ou de notre FE en fonction du profil de Vilain, mais aussi prendre en compte le removal effect qui fait mathématiquement diminuer les combos de call adverses.

- Les OESD sont généralement de très bons draws à call (meilleures implieds que les FD et moins de reverses que les low FD). On pourra parfois ensuite les raise au turn en bluff (avec 18% d’equity). Cependant dans certains cas il peut être intéressant de les raise dès le flop. En particulier lorsqu’il y a un FD affiché et qu’on a une carte de ce FD en main. On a moins d’implied et quelque reverses lorsque la flush tombe les streets suivantes. On peut donc raise bluff avec par exemple pour plan de bluffer ensuite lorsque la flush rentre grâce à notre bloqueur sur celle-ci.

c) Les combo draws.

Je ne parlerai ici que très rapidement des combo draws puisqu’ils ne font pas vraiment partie de nos ranges de bluff (trop d’equity). Gardez juste en tête qu’on les joue très différemment des autres draws (sauf parfois des gros NFD) et que l’objectif principal avec eux est de réaliser entièrement notre equity. C’est à dire de voir toutes les cartes jusqu’à la river et donc de ne jamais se retrouver en situation de les fold avant celle-ci. J’insisterai à nouveau sur cette idée dans d’autres sections et d’autres situations. Voici une line de jeu que j’affectionne avec les meilleurs draws en position: raise le CBet de Vilain et check back au turn. Si Vilain nous re-raise au flop on peut shove et ainsi réaliser entièrement notre equity. Et s’il call, grâce à notre check/back au turn on la réalisera aussi. Evidemment l’option call flop et turn est correcte et doit dégager plus ou moins la même EV tout en étant plus low variance. La seule line à éviter est de raise flop, puis bet/fold turn. OOP j’ai plus tendance à check/call mais check/raise est aussi possible tant qu’on ne se retrouve pas à devoir folder notre main avant la river.

B- Un mot sur les fréquences de raise bluff.

Le titre est trompeur. Je ne vais pas vous parler des bonnes fréquences GTO de bluff ou de l’équilibrage des ranges. Si ça vous intéresse vous pouvez construire vous-même vos ranges en gardant les bons ratios value/bluff qui tournent au flop autour des 3 bluffs pour 2 value OOP, et 2 bluffs pour 1 value IP. Plus vos bluffs possèdent de l’equity plus vous pouvez en rajouter. Ce ratio passe à 1 bluff pour 1 value environ au turn. Non je vais plutôt expliquer comment moduler vos fréquences en tenant compte de la situation, donc de manière plus pragmatique et exploitante.

On ne bluff que lorsqu’on estime avoir de la FE. Je vous conseille donc de prendre ces spots essentiellement dans les situations de ranges relativement loose et toujours contre des joueurs sachant folder. N’oubliez pas de tenir compte des stats de CBet et de fold to raise CBet si elles sont pertinentes. Je rappelle que moins on a de FE et plus nous avons besoin d’equity pour bluffer. Donc adaptez vos ranges aux situations et évitez de bluffer des draws faibles si votre FE n’est pas suffisante: plus on a d’implied et peu de FE, et plus il est profitable de call nos draws. Et à l’inverse moins on a d’implied et beaucoup de FE et plus il est profitable de raise nos draws. (Rappel basique du “Poker Apprivoisé” notamment)

a) Raises exploitants.

Dans le cadre d’une stratégie plus ou moins équilibrée, ou du moins cohérente, on va normalement choisir les catégories de combos que j’ai citées. Si possible avec les meilleurs bloqueurs et parmi ceux qui retiennent le mieux leur equity. Mais on trouvera beaucoup de spots où on aura un raise très profitable pour X raisons (Vilain CBet trop, fold trop aux raises, donne un sizing tell, etc…). On élargira alors nos ranges en choisissant des GS sans backdoors ou des combos qui retiennent un peu moins bien leur equity (attention cependant à bien jouer les streets suivantes). L’idée est toujours la même: plus on a de FE et moins nous avons besoin d’equity pour bluffer profitablement. Cette notion est en petites limites beaucoup plus importante que l’équilibrage des ranges. Dans certains cas presque extrêmes où on pense avoir énormément de FE on pourait presque raise tous nos draws (plus profitable de gagner tout de suite très souvent le pot que de jouer les streets suivantes), mais aussi des combos plus erratiques, même si je préconise plutôt d’en choisir quand même qui ressemblent à quelque chose malgré le fait qu’on ai besoin de très peu d’equity lorsque notre FE est très forte.

b) Texture du flop.

N’oubliez pas de tenir compte de la texture du flop. C’est normalement quelque chose que vous devez savoir mais on peut rapidement perdre de vue ce qu’on représente tant on est focus sur nos ranges de bluff. Le premier réflexe est de se demander si on a un range de raise en value. Seulement alors on commence à construire un range de bluff (hors cas d’une stratégie exploitante évidente). Généralement la présence d’un FD possible devrait nous permettre d’avoir des ranges de raises, sauf si le flop est par ailleurs très sec (comme sur K22s) ou qu’il donne un range advantage clair à notre adversaire. Sans FD possible, à moins que le flop soit composé de 3 cartes très connectées, on aura beaucoup moins de combos à raise.

C- Autres situations de raise et check/raise.

Comme je le disais en préambule, je parle dans cette section surtout des raise et c/r vs CBets. Cependant il y a quelques situations autres où nous pourrons jouer de la même façon, en particulier avec les draw faibles de type gutshot + BDFD:

> Lorsque nous sommes le relanceur PF mais que le flop n’est pas spécialement propice à un CBet. Encore plus si Vilain ne fold pas beaucoup aux CBets et a tendance à trop stab. Même si ça peut paraître un peu contre intuitif, check/raise accompli plus de choses qu’un simple CBet sur les flops qui avantagent le joueur en position. Je développerai ce concept dans la partie “Stratégies avancées” et je reparlerai des draws avec l’initiative un peu plus loin.

> Lorsque nous faisons face à un donk bet. Je parle ici des cas où Vilain bet avec un sizing correct et non des min donk bets que j’ai déjà abordés un peu plus haut. Je suis cependant ici moins enclin à raise bluff si Vilain possède une stat de donk bet relativement basse (>30-20% selon le profil). On se doute bien qu’on a moins de FE contre un range de donk bet de 25% que contre un range de CBet de 60%. On va donc ici raise à faible fréquence sauf contre profils particuliers.

1.5.3 Check/raise et raise au turn en bluff.

Résumé

Je vais parler ici essentiellement des situations où on a call un CBet au flop et nous faisons face à un 2 barrel. Mais on pourra garder certaines idées pour d’autres situations: nous avons check/call le flop au lieu de CBet et Vilain mise encore le turn. On a CBet le flop puis décidé de check le turn OOP. On a subit un donk bet au flop et Vilain mise à nouveau le turn. En position nous n’avons pas CBet le flop et Vilain mise le turn (probe bet). Etc…

On va garder les mêmes idées qu’au flop. La différence principale est qu’on va choisir des combos différents et généralement abandonner nos draws faibles (sauf si nous estimons avoir une très grande FE). En réalité ce qui compte est d’abord l’equity de nos semi bluffs. Certains combos cités dans le paragraphe précédant possédaient environ 20% d’equity au flop. mais s’ils n’améliorent pas au turn leur equity chute de moitié ce qui les rend moins profitables si le turn n’augmente pas notre FE.

Quel type de combos allons-nous choisir alors? On garde donc ceux qui possèdent autour des 18-20% d’equity (parfois un peu moins). C’est à dire souvent des draws moyens sans showdown value qui deviennent beaucoup plus faibles et difficiles à call profitablement: nos cotes ne sont plus bonnes sur une seule street, surtout lorsque nous sommes OOP avec peu d’implied. Au dessus de cette valeur nous avons un call profitable (selon les sizings adverses). Trop en dessous nous sommes très bas dans nos ranges et la profitabilité de notre bluff dépend trop de la seule FE.

La plupart du temps nous allons facilement abandonner nos gutshots qui ont une equity très faible au turn si elles n’ont pas de grosses over-cards.

Nous allons donc choisir essentiellement des OESD et des FD. En prenant prioritairement ceux qui sont cleans sur leurs outs ou qui bloquent les ranges adverses de call. Avec nos OESD nous allons parfois utiliser la même stratégie déjà décrite lorsqu’il y a un FD affiché et que nous possédons une carte de ce FD: on pourra bluffer river si la flush rentre en cherchant à la représenter (attention à bien évaluer les ranges adverses afin qu’ils ne contiennent eux-même pas trop de FD).

A noter qu’au turn si vous êtes IP vous pouvez encore call une mise d’environ 1/2 pot. Les 5 à 8% d’equity directe qu’il vous manque seront compensés par les quelques implied qu’on a toujours en position, surtout avec des draws “invisibles” (certaines straight et les flush backdoor). En cas de mises adverses plus fortes il faudra essayer d’estimer nos cotes implicites. Les nuts FD sont assez souvent encore bons à call pour les quelques reverses en notre faveur, mais surtout parce qu’on a encore parfois la meilleure main (showdown value) et que notre As est possiblement un out. OOP, à moins d’avoir un combo draw ou un très gros nuts FD (avec deux over-cards qui nous donnent la meilleure main assez souvent lorsque nous touchons une paire river) nous ne pouvons que rarement check/call profitablement une mise standard.

Parfois dans certains spots on va transformer en bluff des 2nd pair si nous pensons ne plus pouvoir les call profitablement. Par exemple parce que nous pensons que Vilain va souvent placer un 3 barrel et que nous ne pourrons pas bluffcatch la river. Dans ce cas on va devoir décider entre fold et transformer en bluff. Ce sera surtout le cas OOP. On pourra alors jouer ces combos comme si nous avions middle set. C’est intéressant lorsqu’il n’y a avait pas de draws au flop: notre range de check/raise comprend donc peu de draws et nous piocherons dans des 2nd pair pour bluffer. Ces combos ont l’avantage de bloquer des sets chez Vilain. Gardez en tête qu’il faudra assez souvent shove la river dans l’idée de faire folder des TP. Faites-le donc face à des profils capables de folder ça. Essayez aussi de prendre des combos dont les outs vers DP sont cleans.

1.5.4 Check/raise et raise à la river en bluff.

Résumé

Je vais essentiellement parler des gros pots, comme par exemple dans une situation où on subit un 3 barrel. Dans les petits pots les notions que je vais aborder sont moins importantes et d’autres éléments prennent plus de place. Mais dans tous les cas, quelque soit votre line, n’oubliez pas d’être crédible et d’avoir aussi des value hands dans vos ranges.

Ici l’equity n’a évidemment plus de place dans le choix de nos bluffs. Par définition elle est de 0. Mais pour être exact elle est de 0 contre les ranges de call adverses et pas forcément contre les ranges de bet adverses. C’est le cas par exemple de paires qu’on pourrait décider de transformer en bluff: elles n’ont pas tout à fait l’equity nécessaire pour bluffcatch. On garde donc encore cette notion d’utiliser le haut de notre range de fold: on se situe sur l’échelle de notre range.

Mais la notion qui prédomine est celle du removal effect.

Si les bloqueurs sont importants sur toutes les streets c’est à la river qu’ils deviennent l’élément déterminant. C’est essentiellement eux qui vont nous permettre de choisir nos combos de bluff.

Idéalement nous prendrons les combos qui possèdent le plus de bloqueurs sur les ranges de bet/call de nos adversaires, et le moins sur leurs ranges de bet/fold. On cherche à bloquer leurs value hands sans bloquer leurs bluffs (il est souvent difficile de concilier les deux). Par exemple deux cartes qui bloquent une straight, ou une qui bloquent straight et l’autre un set ou DP.

Encore plus qu’au turn les 2nd pair ou paires intermédiaires sont parfois de bons candidats pour raise river des 3 barrel lorsqu’on pense que c’est plus profitable que de bluffcatch. Même si les principes qui nous font bluffcatch ou raise bluff sont souvent très similaires. La différence étant qu’on estime que l’un a plus d’EV que l’autre. Parfois on a une main qui peut bluffcatch mais dont l’EV du raise bluff est supérieur si on fait suffisamment folder des mains qui nous battent en plus des bluffs qu’on battait.

Move très profitable en BB vs SB contre des joueurs loose qui barrel beaucoup mais savent faire de bons folds.

Je ne vais pas m’étendre d’avantage ici sur le sujet, j’en ai déjà parlé dans la section sur le removal effect et j’en reparlerai dans la dernière partie sur les stratégies avancées.

1.5.5 Le 2 barrel bluff en over-bet.

Résumé

Afin de mettre un maximum de pression l’over-bet est un atout utile s’il est bien utilisé. Choisissez un sizing conséquent, entre 125% et 200% pot (mon standard personnel est 150% pot).

Il y a une idée capitale dans les stratégies d’over-bets: Nous avons un range polarisé. Je vais commencer avec les situations de ranges adavantage où nous aurons généralement une stratégie d’over-bet sur 3 streets, puis j’aborderai les autres situations plus spécifiques au turn.

a) Stratégie d’over-bet avec range advantage contre range capé.

J’en ai déjà parlé dans la section sur les bet sizings et il ne s’agit pas d’une stratégie spécifique au turn. Mais je reviens rapidement dessus.

Cette stratégie sera très utilisée dans les situations où nous possédons un range davantage net. Le cas le plus connu est sur un flop AKxr quand Vilain n’a pas AA KK AK dans son range, et c’est encore accentué s’il n’a pas de set ou de DP grâce à la troisième carte du board. Par exemple s’il a call en SB sur votre open de CO et que le flop est AK2r. Il n’a pas 22 A2 K2 dans son range, ni même souvent les meilleurs As.

Cependant dans certains cas, comme dans l’exemple cité, Vilain peut avoir un avantage d’equity (ce qui ne serait pas le cas s’il avait call en BB). Mais le fait que son range est capé lorsque nous avons tous les nuts dans notre range nous permet de mettre une grande pression. Pour maximiser cette pression l’over-bet est la meilleure arme.

Vilain ne peut pas théoriquement avoir de range de raise dans ces situations, nous permettant de toujours réaliser l’equity de nos bluffs.

Nous allons donc pouvoir over-bet (souvent dès le flop) un range polarisé avec un ratio de bluffs plus important que dans les autres situations. A noter que dans notre exemple nous pouvons tout à fait over-bet en value avec AQ, et même AJ, qui crushent le range capé de notre adversaire. Ceci peut paraître contre-intuitif mais si vous faites des tests d’equity vous vous apercevrez que dans cette situation les TPGK sont des nuts avec plus de 80% d’equity contre le range de notre adversaire.

Avec cette stratégie d’over-bet avec range advantage contre un range capé nous allons théoriquement shove la river à bonne fréquence. Dans certains spots il est théoriquement correct de shove tous nos bluffs. Dans la pratique les choses sont différentes et il faudra être très attentif aux profils en face.

Notez que cette stratégie fonctionnera moins bien contre des profils récréatifs qui sont incapables de folder une TP quelque soit la main que vous représentez.

Nous allons tout de même sélectionner nos bluffs et pas faire n’importe quoi. En général des combos type low FD, GS, ou bottom pair + BDFD (qui bloquent les rares sets que Vilains pourrait avoir) sont de bons candidats pour multibarrel en over-bet en bloquant assez bien les ranges de call et peu les ranges de fold de notre adversaire s’il s’agit d’un reg.

b) Autres situations.

Je vais maintenant parler de la stratégie spécifique au turn sans range advantage.

Voici un exemple d’over-bets turn pour illustrer le concept. Nous sommes CO vs BU, w/6d5d sur Jd4s4h Td CBet flop 75% pot et 2 barrel Turn 200% pot.

Flop: Jd4s4h: Nous checkons une grosse partie de notre range OOP. Nous polarisons donc notre main lorsque nous misons. Cela signifie que n’ayant que des nuts (3 streets de value sur board pairé en étant OOP) ou de gros bluffs dans notre range nous allons miser très cher. Ici nous avons BDFD+BDSD, qui est l’un des rares bluffs que nous pouvons avoir, et misons 75% pot.

Turn: Td. Notre FD backdoor rentre. Tous nos combos de bluffs au flop qui n’ont pas amélioré au turn sont GU. Il ne reste donc ici que nos FD XXdd qui seront over-bet. Nous misons 200% pot.

Pour résumer on va 2 barrel over-bet:

  • Lorsque nous misons peu souvent.
  • Avec un range très polarisé comprenant des nuts et des draws sans showdown value.

Concrètement on va over-bet au turn avec nos sets (si possible middle set et bottom set qui ne bloquent pas les TP adverses), et nos petits FD qui peuvent faire folder des draws supérieurs.

En ayant maximisé notre FE au turn nous devons souvent GU nos bluffs à la river. L’exception sera lorsque notre range advantage est tellement important que nous pouvons potentiellement miser 100% de nos bluffs.

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1.5.6 le 3 barrel bluff.

Résumé

J’aborde ici très rapidement un concept développé plus profondément dans d’autres sections puisqu’il découle surtout des notions de removal effect et de ranges capés. Mais je donne quelques directions quant aux types de situations à 3 barrel bluff en SRP.

On va souvent utiliser les miss straight draws pour bluffer en 3 barrel, si possible avec 2 over-cards qui bloquent le calling range adverse (TP) et/ou ne bloquent pas son folding range (ne pas avoir de carte de la couleur d’un FD affiché au flop qui ne rentre pas). Pour bluffer, les bloqueurs sur les calling ranges sont plus importants que les bloqueurs sur les nuts (vous m’entendrez souvent le répéter).

On peut aussi utiliser un miss straight draw en bluff quand une flush rentre et que nous avons une carte de la flush lorsque Vilain est capé (peu de flush draw qu’il va check/call au turn par exemple).

De manière générale on va plus bluffer IP quand on est face à un range capé. Si on estime que Vilain va check/raise ses gros jeux avant la river on en déduira que notre FE est plus importante. Les gros bets mettent plus de pression à notre adversaire (voir le paragraphe précédent ou d’autres sections sur les sizings).

Attention cependant à éviter d’utiliser les miss FD pour bluffer, en particulier les plus gros comme les nuts FD ou les combo draws. Nous bloquons une partie non négligeable du folding range adverse et Vilain sera plus enclin à nous hero call lorsqu’un FD miss. A noter aussi que ces gros draws ont suffisamment d’equity flop et turn pour être moins bluffés river. Les FD backdoor du flop touchés au turn peuvent être un peu plus bluffés.

Contre les récréatifs (et les mauvais joueurs en général), lorsque tous les draws miss à la river, un bet 1/3 pot pour faire folder les miss draws fonctionne assez bien si on ne bloque pas trop les draws.

1.5.7 Delayed bluffs, ou quand reporter nos bluffs sur les streets suivantes.

Résumé

Vous avez décidé de ne pas miser le flop. Quelle sera alors votre stratégie les streets suivantes, en particulier avec vos airs?

Dans cette section je vais englober un peu toutes les situations, mais il sera utile de la mettre en parallèle avec les deux suivantes concernant les pots orphelins et les petits bluffs.

Les concepts évoqués ici sont importants pour votre jeu, ils concernent à la fois vos ranges et le handreading qui sont sans doute les deux éléments les plus importants du post-flop (avec les raisons de miser et les bets sizings, deux éléments un peu plus basiques que vous devez déjà correctement maîtriser).

La notion principale est qu’on ne souhaite pas faire grossir un pot sans equity tôt dans un coup, et que moins on a d’equity et plus on va décaler nos bluffs vers la river. Je vais essayer d’aborder cette notion sous ses deux facettes mais les deux restent fortement liées.

a) La première idée est de ne pas faire grossir un pot sans équité tôt dans un coup. Ceci est une notion basique du jeu au flop. Nous aurons suffisamment de semi-bluffs pour ne pas rajouter des airs sans equity. Nous réévaluerons la situation les streets suivantes selon ce qu’il se passe et l’évolution du board. La prise d’informations sera déterminante pour choisir de la suite à adopter.

On va jouer peu de gros pots mais beaucoup de petits pots pour lesquels on se battra. Savoir GU assez vite dans un coup est important, mais ça ne veut pas dire qu’on abandonne définitivement le pot. On réévalue toujours la situation les streets suivantes. Je vous rappelle ce leitmotiv: On ne joue pas en mode automatique mais on automatise nos modes de réflexion.

Par exemple, après que l’on n’ai pas CBet un flop, lorsque Vilain ne mise pas sur une texture où il devrait très souvent miser ses jeux (bonne showdown value qui ont besoin de protection ainsi que ses draws), nous comprenons que nous avons souvent à faire à un range capé. Et comme souvent dans ces cas nous pouvons miser cher les streets suivantes.

Il est bon de mentionner que nous pouvons aussi jouer de cette façon avec nos miss check/raise au flop. Par exemple si nous avons une texture peu propice aux CBets au flop et décidons de check/raise notre middle set. Seulement Vilain check back. Nous allons donc delayed CBet très cher.

b) La seconde idée est que moins on a d’équité et plus on va décaler nos bluffs vers la river (par définition un bluff river n’a pas d’équité…). Ce qui est une résultante de la première idée.

Ainsi dans les petits pots (limpé PF et/ou checké tout le long) on va beaucoup miser river, et en value bet thin, parfois même très thin (dans quelques cas une hauteur As peut être un value bet river!), et, c’est ce qui nous intéresse ici, avec des combos n’ayant aucune chances de gagner à l’abattage, donc nos plus petites hauteurs, si on estime avoir un peu de FE. Plus notre combo est faible, plus on a de chances de faire coucher Vilain, et moins on misera cher, puisque plus on cherchera à faire folder des mains faibles chez lui. C’est une notion que j’ai déjà abordée: plus on veut faire folder une main forte et plus on mise cher, et inversement plus on veut faire folder une main faible mais qui nous bat et moins on a besoin de faire cher. Cette idée est utile pour le splittage de nos ranges mais ça dépasse ici les notions que je veux aborder.

Dans les petit pots checkés tout le long il y a beaucoup de airs chez nos adversaires. Donc on a souvent besoin de ne pas faire très cher pour les faire folder. Cependant, indépendamment de la force de notre main, on peut avoir envie de faire folder une grande portion des ranges adverses, y compris des petites pairs ou même des combos plus forts suivant la texture du board, et alors il nous faudra miser beaucoup plus cher. L’over-bet peut devenir une arme supplémentaire.

La question qu’on doit donc toujours se poser est “qu’est-ce qu’on cherche à faire folder?” Soyez très attentifs aux actions selon l’évolution du board. Quand vous aurez compris que Vilain ne peut pas avoir souvent un jeu fort ou même moyen, vous devrez essayer de bluffer. Il vous faudra alors choisir le meilleur sizing selon ce que vous cherchez à faire coucher.

1.5.8 Le turn dans les multiway.

Résumé

Le vol intelligent des pots orphelins est un skill supplémentaire pour augmenter notre WR. Surtout les pots à trois joueurs.

Dans les multiway, que ce soit en pots relancés ou en pots limpés, c’est souvent à partir du turn qu’on va décider de bluffer, souvent même sans equity. Ici la lecture de ranges est l’élément déterminant. Je vais donner un exemple pour bien comprendre:

Nous avons une relance PF d’un reg au CO suivie par un récréatif en SB et nous suivons à notre tour en BB. Au flop tout le monde check et au turn la SB check à nouveau. Nous avons gagné énormément d’informations: Le reg n’a pas CBet au flop et le récréatif a check deux fois. Sur une blank au turn il y a peu de chance qu’un Vilain possède quelque chose de fort. Nous allons donc miser à bonne fréquence le turn et très souvent encore la river si on n’est suivi qu’une seule fois (sinon GU).

Si par contre si nous sommes dans une situation où reg au CO a ouvert, que nous avons suivi en SB et qu’un autre reg en BB a suivi à son tour, les choses sont très différentes. Nous avons moins d’informations lorsque tout le monde a check au flop: le reg en BB peut avoir voulu laisser le CO faire son CBet et donc posséder un bon jeu. Et celui au CO peut avoir décidé de check back une main moyenne (type TPMK) parce qu’il estimait ne pas avoir de value contre deux ranges de reg et préférer passer en mode “trapp” ou “bluffcatch”. Si nous devons bluffer ce spot nous le ferons moins au turn sans equity et plus à la river, selon le principe de ne pas faire grossir un pot sans equity.

Nous serons évidemment attentif aux cartes qui tombent et de quelle manière elles percutent les ranges. Par exemple bluffer les grosses cartes est classique en HU mais en multiway elles risquent plus d’avoir amélioré les Vilains, en particulier si c’est un As. On bluffera donc plus les blanks ou les cartes que les Vilains auront peu dans leurs ranges. Comme lorsqu’une flush rentre et que nous sommes dans une situation où nos adversaires auraient presque toujours misé un daw au flop.

Mon conseil est donc de ne jamais GU un multiway lorsqu’on a raté le board et au contraire d’être extrêmement attentif aux actions des Vilains par rapport à la texture du board (rappelez-vous du leitmotiv). Ceci est encore plus important lorsque nous avons la position relative sur un des deux joueurs dans les pots en 3 way. Vous avez d’ailleurs sans doute remarqué que mes ranges de over-call PF en BB sont différents selon si on a la position relative sur la SB ou pas. Ceci est réellement déterminant dans la construction de nos ranges de défense (sans même parler du profil de la SB). On devrait même normalement élargir les ranges que je propose dans ces spots mais j’ai tout de même préféré garder des ranges solides que je sais de toute manière profitables si on ne fait pas n’importe quoi post-flop.

Pour les pots à quatre joueurs et plus, la probabilité qu’un mauvais joueur a touché quelque chose devient souvent trop importante pour pouvoir beaucoup bluffer. Mais c’est possible. On gardera les mêmes idées mais on sera plus prudent.

1.5.9 Multiplier les petits bluffs.

Résumé

J’entends trop souvent dire qu’on a pas de FE en micro limites et qu’il ne faut pas bluffer. Il n’y a pas plus faux. Mais on va bluffer différemment des plus hautes limites. On va s’appuyer sur une idée très simple: Les Vilains, surtout récréatifs, ont souvent rien, mais lorsqu’ils ont quelque chose ils le lâchent difficilement.

-> En micro limites, on va multiplier les petits bluffs mais faire peu de gros bluffs tant qu’on n’est pas sûr d’avoir à faire à un Vilain qui a suffisamment de discipline pour faire de bons folds.

Les stratégies qui en découlent deviennent très simples: on va souvent essayer de faire folder les “rien” par de petits bluffs, et on va très peu s’enterrer dans de gros bluffs. On va donc abuser des bets river dans un pot checké tout le long et essayer de voler les pots orphelins de manière générale… On va delayed CBet cher. On va abuser du stab contre les joueurs qui ne protègent pas leurs ranges. Etc, etc… N’hésitez pas à tester des choses dans les pots limpés qui sont vraiment propices à ça tellement les ranges sont loose et que ça ne coûte pas cher. Restez focus sur chaque coup et essayez toujours de déterminer les ranges et d’évaluer votre FE, même quand vous aviez décidé de GU au flop. Je pourrais presque dire surtout lorsque vous aviez décidé de GU au flop. En effet vous multiplierez l’EV de vos combos sans equity du flop en les bluffant river.

A ce propos, et comme nous l’avons vu dans le paragraphe sur les delayed bluffs, il est souvent meilleurs de jouer nos airs du flop comme ça. Par exemple je vous conseille de très peu CBet sans equity au flop (comme des SC qui ont complètement raté le board), mais arrivé river vous vous retrouverez avec le bottom de votre range (aucune showdown value, même pas une hauteur) qui est très profitable à bluff. Plus votre showdown value est faible, plus vous cherchez à faire folder un range large et moins vous avez besoin de miser cher.

Je reviens rapidement sur ce dernier concept, même si je l’ai déjà rapidement abordé plus haut: lorsqu’on souhaite splitter nos sizings de bluff, plus on sera bas dans notre range et moins nous avons besoin de faire cher. A l’opposé plus nous cherchons à faire folder un range fort et plus nous devons miser fort pour que ce soit profitable. Le cas le plus extrême étant lorsque nous transformons une showdown value en bluff: nous voulons faire folder des combos de type TP et devons alors miser très cher. Alors que nous avons besoin de miser très peu cher pour faire folder des airs qui battent nos airs.

Pour finir le chapitre sur l’agressivité post-flop, voici deux derniers petits conseils:

  • Exploitez les sizings tells. Tant que vous jouez à des limites où les joueurs offrent trop d’informations proffitez-en. Le spot le plus courant étant celui du reg un peu weak qui CBet en calibrant son sizing uniquement sur la force de sa main. Dès qu’un reg CBet OOP 1/2 pot sur un board connecté c’est qu’il y a quelque chose qui cloche (soit dans ses sizing tells soit dans son jeu). Même si vous n’êtes pas obligé de systématiquement le raise bluff lorsque vous avez air complet, cela doit quand même vous titiller. En tout cas essayez assez rapidement de voir comment il réagit aux raises dans ces situations.

  • Envisagez raise bluff river contre des joueurs capables de value bet thin. Attention on est ici dans un spot très high variance. Il faut donc bien évaluer les risques que Vilain tente un hero call, par exemple parce que son sizing peut avoir induce quand il a bet petit… De même contre les petits sizings soyez sûr que Vilain n’est pas capable de le faire aussi avec de gros jeux.

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1.6 Rappel: Comment jouer ses draws avec l’initiative.

Résumé

Nous sommes de dernier relanceur PF et en situation d’effectuer un CBet au flop. Les mêmes notions seront souvent aussi correctes pour les pots limpés en HU ou à trois joueurs au flop.

Il existe quelques notions utiles qu’il faut essayer de toujours garder en tête:

- Moins nous avons d’equity et plus nous avons besoin de FE pour rendre un bluff profitable (EV+). Dans la plupart des situations nous aimons avoir au moins autour des 20% d’equity pour bluffer. Si nous n’avons pas cette equity, il devient important que notre FE soit plus importante (miser sur des scary cards ou avoir un bon CRE.

- A l’inverse, plus nous avons d’equity et moins nous avons besoin de FE pour que notre bluff soit profitable.

- Nous essayons de bluffer les combos qui retiennent le mieux leur equity au flop et à la turn.

- A la river, c’est le card removal effect (CRE) qui compte puisque par définition nous avons 0 equity contre les ranges adverses de call.

Voici des stratégies simples qui pourront être de bonnes bases de travail. Je vais essentiellement parler des draws classiques (SD et FD), mais dans certaines situations des over-cards (surtout avec des BDFD et/ou BDSD) ou les bottom pairs (surtout si les outs vers DP sont cleans et donc retiennent bien leur equity), seront jouées comme des tirages.

> Draws faibles (4-6 outs):

Gutshot, mais aussi over-cards ou BDFD+BDSD. Parfois aussi bottom pair si on ne pense pas pouvoir compter sur notre showdown value. Les gutshots, over-cards et bottom pair qui possèdent aussi un BDFD seront souvent joués plus agressivement.

  • Bet cher au flop, parfois en over-bet. C’est au flop que des draws de type gutshot ont environ 20% d’equity.

Pour les draws de type BDNFD ou BDSD+BDFD, ça dépendra essentiellement de la texture du tableau. Je conseille de ne les miser que dans des situations où on va beaucoup miser et peu cher. Pour les BDNFD on va considérer que notre As est un out et un peu plus le jouer comme un draw moyen puisqu’on a au moins 9 outs au turn qui améliorent notre equity et qui nous amèneront aux situations de draws moyens au turn.

  • Si pas d’amélioration au turn (tombé à 10% d’equity environ) et sans augmentation de notre FE, on abandonne ces draws. Si nous possédons une bonne FE (voir les points cités précédemment sur les scary cards, le CRE et le range capé de Vilain), nous pouvons éventuellement miser très cher, par exemple en over-bet.

  • La river dépendra de notre FE estimée.

> Draws moyens (8-10 outs):

Essentiellement les FD et les OESD, mais les gutshots + 2 over-cards pourront parfois être jouées de la même manière que des OESD.

  • Bet au flop avec des sizings normaux qui dépendront essentiellement de la texture du tableau.

  • Nous continuerons très souvent à miser au turn avec environ 20% d’equity. Il y aura quelques cas où nous préférerons prendre notre free card IP, essentiellement lorsque nous estimons avoir très peu de FE. Notre sizing dépendra de la situation, mais une stratégie d’over-bet avec des petits FD (et des jeux très forts pour notre pole value) est possible. Les OESD seront plus souvent misés avec un sizing moyen (comme avec des jeux de type TP assez forts pour être value). Essayez de garder environ autant de bluffs que de value hands au turn.

  • A la river on abandonnera nos gros FD. Pour nos 3 barrel bluff on utilisera plutôt les miss OESD qui possèdent le meilleur removal effect. Par exemple s’ils bloquent bien les meilleures TP présentes chez Vilain, ou s’ils contiennent une carte (si possible haute) d’une éventuelle flush qui serait tombée. Lorsqu’il n’y a pas de straight draw dans nos ranges, on pourra piocher dans des petits FD pour bluffer, puisqu’ils bloquent moins les folding ranges adverses que les gros FD, et qu’ils nécessitent plus de FE générale pour être joués profitablement (y compris dès le PF, ne l’oubliez pas).

> Draws forts (12 outs+):

FD+OESD et gutshot + FD. Mais aussi les très gros NFD avec 2 grosses over-cards qui sont des outs et qui peuvent souvent être la meilleure main à l’abattage même sans amélioration. On peut aussi rajouter les pairs + FD et les pairs + OESD même si je préfère les jouer un peu différemment et très souvent passivement pour protéger mes ranges de check.

J’ai presque envie de dire qu’on peut tout faire avec ces draws tellement ils ont d’equity! Ils en ont assez pour être joués passivement, même au turn, ou pour nécessiter très peu de FE lorsqu’on les joue agressivement.

Il n’y a qu’une seule erreur importante à éviter avec les plus gros draws (12 outs+ cleans), c’est de devoir les folder avant d’avoir vu une river! Abandonner autant d’equity est une très grosse erreur. Comme au flop il n’est jamais horrible de go broke, c’est au turn lorsque notre equity est divisée par deux qu’il faudra être vigilent. Ce qu’il faut absolument éviter, c’est de devoir folder sur un shove adverse à ce moment. Nous risquons de nous retrouver dans une situation où les odds sont proches de notre equity mais juste au dessus.

  • Au flop on peut bet ou check. IP comme OOP. Mais comme on a l’initiative, il est souvent préférable d’en profiter pour CBet. De toute façon un raise de notre adversaire ne nous ennuie pas et nous pourrons assez facilement shove par dessus. Hors de position, on a aussi la possibilité de check/raise.

  • Au turn on peut aussi miser ou checker. Par contre si on check c’est pour réaliser notre equity et rarement pour C/RAI. Si on voulait partir à tapis c’est au flop qu’il fallait le faire lorsqu’on était au maximum de notre equity. Lorsqu’on C/RAI un draw moyen au turn on est clairement en bluff parce qu’on n’a pas assez d’equity pour call. Avec un combo draw ce n’est pas du tout la même chose. Il y aura cependant quelques situations où on va shove au turn (toujours nous et non pas call un shove), par exemple dans les pots où il reste 1 PSB. Ne perdez pas de vue que le turn est la street la plus délicate à jouer avec ces draws.

  • River a on accompli ce qu’on cherchait, réaliser entièrement notre equity avec un jeu fort. Si on a miss on bluffera qu’exceptionnellement ces draws. Je rappelle qu’ils ont besoin de très peu de FE pour être profitables (EV+) sur le long terme, et peuvent n’être joués que pour leur equity. Il y a une autre raison de ne pas les bluffer: ce sont souvent des combos qui bloquent les ranges de fold river de nos adversaires, en bloquant les draws qui miss.

Voilà pour les stratégies simples. En jouant vos draws de cette façon lorsque vous serez le dernier relanceur PF vous commettrez peu d’erreurs, surtout contre les mauvais joueurs passifs ou un peu weaks. Cependant il y a d’autres façons de les jouer, en particulier OOP contre les joueurs agressifs ou contre des joueurs compétents sur certaines textures de boards qui sont sensés beaucoup avantager le joueur en position. Nous verrons cela dans la partie “2. Stratégie avancées”. Vous pouvez cependant revenir sur les idées présentées dans les paragraphes “1.5.2 Check/raise et raise CBet au flop en bluff” et “1.5.3 Check/raise et raise au turn en bluff” qui présentent quelques notions utiles que vous pourrez utiliser pour jouer vos draws différemment et plus profitablement. L’idée principale étant de repérer les bon combos à utiliser pour les jouer un peu comme si vous étiez le défenseur PF.

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1.7 Stratégies de jeu en pot 3bet.

Résumé

Plutôt que de faire une liste exhaustive de toutes les situations, je vais présenter les plus récurrentes et celles qui sont généralement les moins bien jouées en pots 3bet. Les idées et concepts qui s’en dégageront vous seront aussi utiles pour d’autres situations. Ce sont donc les concepts qui sont importants, et il vous sera profitable de bien les comprendre pour correctement les appliquer.

Ces concepts existent aussi souvent dans les pots single raise, mais dans les pots 3bet les SPR sont spécifiques et nous donnent des leviers différents, ce qui fait que ces concepts s’adaptent souvent différemment. On s’apercevra aussi qu’en réalité un SPR réduit limite nos choix et rend le champ des possibles plus petit. Les pots 3bet sont donc plus faciles à jouer techniquement. Leur difficulté vient des mises beaucoup plus importantes. Les effets des leaks mentaux y sont donc décuplés.

Pour les autres situations courantes, vous suivrez les mêmes stratégies de jeux que dans les SRP. Il n’y a pas de différences particulières si ce n’est dans les sizings.

Tout ce qui suit concerne le jeu à 100bb deep.

1.7.1 Généralités.

Résumé

a) Concepts de base.

  • Le 3betteur aura généralement un range polarisé contenant des airs et des nuts, alors que le défenseur aura plus souvent un range condensé.

  • Un range polarisé est plus facile à jouer, et un range condensé contenant plus de mains moyennes se retrouve souvent en situation de bluff catch.

b) Textures de flops.

Il y a deux grands types de flop (avec tous les intermédiaires possibles), voici leurs spécificités.

-> Flops statiques: Flop secs ou semi-secs. En gros ce sont les flops rainbow ou au pire suited qui ne contiennent pas deux cartes entre la Q et le 8 ou trois cartes connectés. Les equities vont peu bouger sur les streets suivantes. La position est moins importante. Le 3betteur aura normalement un avantage de ranges et une stratégie de CBet à haute fréquence avec faibles sizings ou avec splittage des sizings. Sur ces boards on jouera assez souvent sur trois streets. A93r KK6s J62s 742r

-> Flops dynamiques: Il y a un grand nombre de types de flops dynamiques, dans certains cas l’avantage de ranges reste chez le 3betteur et dans d’autres non. Je ne vais en présenter que trois qui me semblent caractéristiques. Dans tous les cas Les equities peuvent facilement basculer sur les streets suivantes.

  • Flops medium connectés. Ce sont les flops les plus dynamiques. Les equities peuvent beaucoup bouger. La position est très importante. Le 3betteur n’a plus l’avantage de ranges puisque ces flops percutent fortement les ranges condensés plus spécifiques aux défenseurs. Il aura une stratégie de CBet à très faible fréquence et contre les bons joueurs il devra parfois check full range, en particulier OOP. QT9s T97s

  • Flops high-medium (surtout suited) contenant deux cartes entre la Q et le 8. Ces flops percutent bien les ranges condensés du défenseur. Le 3betteur aura souvent une stratégie de CBet à faible ou moyenne fréquence avec parfois splittage des sizings. Lorsqu’il décide de sizer cher on jouera souvent sur deux streets. QT2s J94s

  • Flops low connectés. Ce sont les flops dynamiques qui sont sensés le moins percuter les ranges condensés du défenseur. Ce sont sans doute les moins dynamiques et pourront être plus ou moins joués comme des boards statiques. Ainsi le 3betteur aura une stratégie de CBet à haute fréquence avec faibles sizings, ou plus rarement avec splittage des sizings comme sur les flops précédents. Lorsqu’il décide de sizer cher on jouera souvent sur deux streets. Il faut comprendre que ces flops favorisent le 3betteur car il possède plus d’over-pairs fortes et qu’en même temps ils percutent son range de 3bet light contenant des low Axs et low SC, parfois même des low PP. 762s 643s

Résumé:

  • Sur les flops statiques les equities vont peu bouger (le board est “locké”) alors que sur les flops dynamiques ils peuvent fortement bouger.

  • Les flops contenant au moins deux cartes entre la Q et le 8 sont ceux qui percutent le plus les ranges condensés du défenseur. Ce seront les flops les moins CBet indépendamment de leur texture statique ou dynamique.

1.7.2 En tant que 3better OOP.

Résumé

Un mot sur les sizings de CBet et 2 barrel. IP vous pouvez splitter entre 1/3 1/2 et gros bets au flop. Mais OOP je vous conseille plutôt de splitter sur deux sizings seulement: 1/3 pot et gros bet (entre 2/3 et pot). Après avoir CBet flop 1/3 pot, si vous décidez de 2 barrel faites un gros sizings (3/4 pot minimum). Après avoir CBet gros, si vous décidez de 2 barrel ce sera souvent à tapis. Pour le choix du sizing de CBet au flop je vous renvoie aux textures de flops. En gros plus souvent vous allez CBet un range mergé avec range advantage et plus vous aurez intérêt à faire 1/3 pot.

a) 2 barrel nos draws.

Vous avez CBet le flop avec un draw et Vilain a call. Quelle est la meilleure façon de jouer le turn?

L’idée récurrente sur laquelle je reviendrai très souvent dans beaucoup de situations est de ne jamais se mettre en situation de bet/fold un bon draw. Il vous arrivera de devoir le bet/fold mais ce sera dans des spots où Vilain n’est pas sensé vous raise. Soit parce que votre range est polarisé, soit parce que vous avez un range advantage évident. Malheureusement, ou heureusement je ne sais pas, en micro limites peu de joueurs comprennent ces notions…

Voici trois lines de jeu possibles après que vous ayez CBet le flop:

  • Check/call vs small bet de Vilain. Comme on le verra plus loin, dans ces situations le défenseur en position aura souvent intérêt à bet petit au turn lorsque le 3betteur ne 2 barrel pas.

  • C/RAI vs gros sizing. Le C/RAI possède un mauvais risk reward contre les petits bets, par contre il puni très bien les gros bets dans les situations où Vilain va souvent stab. Le meilleur spot pour cela est lorsque vous avez CBet small au flop sur un texture où Vilain doit beaucoup défendre, et que celui-ci va trop souvent essayer de prendre le coup au turn.

  • 2 barrel shove en over-bet. Généralement après un CBet flop au dessus d’un 1/2 pot. C’est souvent le meilleur play lorsqu’il reste entre 1.5 et 2 PSB. Vous jouerai vos mains fortes mais vulnérables de la même façon.

Les draws faibles ou qui retiennent mal leur équity peuvent très bien être 2barrel/fold. Par exemple sur une line CBet flop 1/3 pot et 2 barrel 3/4 pot. On aura la même line avec des TP (soit en 2 barrel/call soit en 2 barrel/fold selon le range estimé de Vilain).

Les combo draws peuvent plus facilement être joués en check/call, même si des lines agressives sont possibles.

b) Delayed CBet polarisé.

Vous n’avez pas CBet le flop et Vilain a check behind sur une texture où il est sensé miser avec ses mains vulnérables.

Vous avez le choix entre deux stratégies selon la situation: soit delayed CBet turn très cher pour jam la river, soit delayed CBet small pour over-bet la river.

-> Si Vilain est capé, vous allez polariser votre ranges en misant très cher (bet pot) avec vos airs et vos ranges forts de check/call et de check/raise ratés du flop. En particulier sur les textures que vous allez peu CBet. Vous aurez par exemple des mains de type over-pairs dans vos ranges de check/call au flop. Ainsi vous aurez beaucoup de combos à delayed CBet en value.

Il vous faudra shove la river à bonnes fréquences.

-> Si Vilain n’est pas capé. Par contre s’il peut avoir un gros jeu, soit parce qu’il peut avoir slowplayé le flop, soit parce que le turn est susceptible d’avoir frappé son range, on peut miser petit au turn (1/3 pot) sur une texture drawy avec l’idée d’over-bet la river sur une blank. Si Vilain ne raise pas le turn, il cape son range puisque ses mains fortes sont vulnérables et il ne devrait pas simplement les call. Nous l’avons amené à caper son range. Arrivé river il aura donc essentiellement des draws ratés et des mains moyennes. L’idée est toujours de miser très cher avec un range polarisé lorsque Vilain est capé.

Dans une moindre mesure les stratégies décrites ici s’appliquent aussi dans les situations où nous sommes défenseur OOP et que Vilain n’a pas CBet le flop. Cependant il y aura plus de trapp dans ces cas-là, en particulier sur des textures de flop susceptibles de plus frapper nos ranges condensés de défense et qui pourraient pousser Vilain à check une grosse portion de ses ranges dans le cadre d’une stratégie équilibrées. Ainsi même si notre adversaire aura souvent un range capé, celui-ci sera potentiellement plus fort et comprendra plus d’over-pairs fortes. On est alors dans des situations très Vilain-dependant, et nos lines de jeu dépendront de la capacité de notre adversaire à check behind des mains fortes au flop, et de ses aptitudes à folder certains combos forts PF mais devenus des bluff catchers.

De manière plus générale, hors situation de delayed CBet, après deux checks au flop on va miser le turn en fonction de la force de notre main: très cher (pot) avec de gros jeux et de bons bluffs, peu cher avec d’autres combos afin d’élargir les ranges de call de notre adversaire et de gagner plus souvent à l’abattage.

1.7.3 En tant que défenseur.

Résumé

a) Défendre les draws vs 2 barrel.

Vous avez call le CBet de Vilain au flop avec un tirage et subissez une seconde mise sans avoir amélioré votre main.

Voici d’abord deux notions utiles:

  • IP: Call avec 18% d’equity est généralement profitable grâce aux implieds, même assez faibles (pensez à estimer les reverses). Par contre OOP cela ne l’est plus.

  • Si on call avec moins de 18% d’equity il faut avoir la possibilité de souvent bluffer river pour rendre le call turn profitable.

Je vais vous présenter le jeu au turn avec nos draws sous formes de points que vous devrez fixer dans vos acquis. En vous appuyant sur ces points vous pourrez faire les bons choix in game.

> La plupart du temps au turn, les EV du fold, du jam et du call sont relativement proches.

Pour calculer notre equity au turn, il ne faut pas oublier de tenir compte des reverses, ainsi que des bloqueurs possiblement présents chez Vilain (comme des over-pairs qui bloqueraient nos outs vers straight).

> Bien évaluer nos implied avant de call. Si elles sont mauvaises, soit on fold, soit on call si on pense pouvoir souvent bluffer la river, soit on jam si on pense avoir de la FE (avec minimum 15-18% d’equity).

> Plus on va faire de nuts (pas de reverses) et plus on va pouvoir call profitablement. Nos nuts FD, mais aussi les petites OESD camouflées dont les outs ne sont pas bloqués, seront les draws les plus souvent call. Une petite OESD est plus profitable à call qu’un FD moyen bien qu’ayant moins d’outs.

> Les FD non max (hors combo draws) sont souvent meilleurs à jam. Ils possèdent peu d’implied et quelques reverses, ainsi que moins de possibilités de bluffer river (#OESD qui sont très souvent meilleures à bluffer river sans bloqueurs sur miss FD). N’oublions pas non plus qu’on représente souvent un miss FD et que Vilain sera plus enclin à nous hero call en passant en mode check/call.

> Les gros draws, surtout avec des cartes hautes, sont toujours profitables à call pour leur seule equity (sauf hors cotes vs over-bet), mais on peut parfois les jam.

> Plus le sizing de Vilain est élevé (>1/2 pot) et plus on aura d’intérêt à jam et moins à call.

Pour équilibrer nos jam turn avec nos semi-bluffs, nous allons aussi jam toutes nos value hands vulnérables (TP peu dominées, set et low flush), tant qu’on ne se value cut pas trop souvent. Quand on sait qu’on ne lâchera pas notre jeu fait sur une blank à la river et qu’il y a des draws il est généralement meilleur de jam nous-même. On va shove même avec des mains qui ne sont pas des nuts afin de tuer l’equity des semi bluffs de Vilain. Evidemment nous ne pouvons pas le faire si Vilain possède un gros avantage de ranges, il faudra alors choisir entre call et fold.

b) Vilain ne 2 barrel pas OOP.

Vilain a CBet le flop et vous avez call. Au turn il check et la parole vous revient.

L’idée principale est qu’on va miser peu cher lorsque Vilain va très souvent soit check/fold soit check/raise, donc peu check/call. On va ainsi miser 1/3 pot, même sur les textures connectées puisqu’il est compliqué pour notre adversaire de slowplayer et ses draws ne nous inquiètent pas comme nous l’avons déjà vu plus haut. Gardez en tête que de manière générale les petits sizings sont efficaces lorsque notre adversaire a du mal à check/call.

  • On minimise nos pertes avec nos ranges de bet/fold.

  • On minimise les gains de Vilain avec ses ranges de check/raise et qu’on fold.

  • On améliore notre risk reward.

  • On oblige théoriquement Vilain à défendre plus. Ce qu’il aura beaucoup de mal à faire avec ses ranges de check au turn, surtout lorsque ceux-ci sont mal construits.

1.7.4 Adaptations contre les joueurs trop agressifs.

Résumé

Je disais en préambule que les pots 3bet sont normalement plus faciles à jouer que les SRP. Cependant les erreurs y ont un impact plus important, comme nous l’avons vu par exemple lorsqu’on se retrouve à devoir folder trop d’equity. L’une des erreurs les plus importante est celle de ne pas savoir jouer les Vilains agressifs. Je ne parle pas ici de ceux qui font n’importe quoi, ceux-là ne seront joués qu’en value. Mais de ceux qui vous donnent l’impression de vous marcher dessus, comme s’ils devinaient votre jeu, vous expulsant du coup trop souvent ou foldant lorsque vous avez enfin touché.

La première chose à savoir c’est qu’il ne faut pas hésiter à les 3bet. Vous commettrez moins d’erreurs dans les pots 3bet grâce au SPR réduit. Par contre vous devrez bien construire vos ranges de 3bet afin de frapper un maximum de flops. La même idée est à garder lorsque c’est Vilain qui vous 3bet: surtout n’élargissez pas vous ranges de call mais gardez des ranges qui frappent bien les boards. J’ai déjà parlé des adaptations PF à faire contre les gros 3betteurs, je ne vais pas y revenir ici, mais en lisant la suite vous comprendrez pourquoi je vous dis de garder des ranges de défense solides.

La deuxième chose importante à garder en tête est qu’il faut absolument savoir GU très tôt dans les coups lorsque votre equity est faible. L’idée sera de GU très tôt ou de jouer le coup à fond. Peu de demi-mesures.

Post-flop vous avez en gros deux situations sensibles: soit vous allez devoir jouer un range polarisé entre des jeux forts et des draws, soir devoir jouer un range capé. Les deux peuvent vous faire commettre de grosses erreurs si vous les jouez mal et oubliez l’idée de jouez les coups à fond.

Les ranges polarisés sont en réalité assez simples à jouer si on suit deux règles basiques:

-> En bluff: On va essayer d’être en situation d’être le premier à shove. Quelque soit les séquences de mises nous devons anticiper les montants afin de ne jamais se retrouver en situation de faire l’avant-dernière mise. Cela va souvent se jouer au turn. Je vous invite à relire les paragraphes concernant le jeu avec nos draws et dans quelles situations nous devons jam.

-> En value: On va essayer d’être en situation de laisser Vilain shove le premier. Nous devrons donc faire l’avant dernière mise. L’exception sera lorsqu’on a plus d’intérêt à faire folder l’equity de Vilain avec nos mains vulnérables.

La plus grosse difficulté sera de jouer nos ranges capés car vous devrez les jouez passivement en essayant de deviner si Vilain vous bluff assez souvent. Mon conseil sera ici d’oublier vos constructions de ranges avec des combos que vous devez folder sur chaque street. Mais au contraire de vous déséquilibrer en ne gardant que les combos qui pourront subir l’agression jusqu’à la river sur la plupart des run out. Cela ne veut pas dire qu’une fois que vous avez décidé de call le flop vous ne lâcherez plus votre main. Si le board évolue de manière défavorable vous devrez quand même folder plutôt que de tenter des hero call de l’espace.

1.7.5 Notions importantes à retenir.

Je vais résumer les notions les plus importantes déjà évoquées ainsi que quelques autres qui ne s’appliquent pas spécifiquement aux situations décrites.

  • Pour détruire l’avantage positionnel du joueur IP, nous serons amené à faire des mises plus grosses OOP lorsque notre range est polarisé.

  • Les petites mises sont très efficaces IP orsque Vilain peut difficilement défendre en check/call.

  • L’over-bet shove turn avec un range composé de value hands vulnérables et de bons draws est souvent le bon move.

  • Ne pas se retrouver en situation de bet/fold un bon draw (8 outs+ cleans). Nous devons éviter de faire un call breakeven. Il faut donc s’assurer de faire la dernière mise.

  • Les mains fortes mais vulnérables aux ranges de bet/fold de votre adversaire (vos TP, set et low flush) doivent être shove au turn tant que vous ne vous value cuttez pas trop souvent. Dit autrement, ne pas slowplayer si on doit tuer 20% d’equity adverse. Ainsi nous amènerons Vilain à commettre l’erreur du point précédent. Dans certains cas particuliers si on pense que Vilain va over-bluffer la river on pourra quand même juste call, car le risque pris sera plus profitable.

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C’est le résumé ou le rendu final ? #questioncon :joy:

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Encore un travail monstrueux Lacert@x !

C’est beau de voir tout ce que tu apportes à la communauté.

Promis ce sera optimsé et mis en format PDF dans notre prochaine école de poker !

:heart_eyes::heart_eyes::heart_eyes:

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C’est la version “thread” en vitrine sur PA. La version définitive sera mise en pdf par sboss59 avec quelques améliorations, en particulier dans la mise en page.

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2. Stratégies avancées.

Résumé

Le titre est je l’avoue quelque peu abusif. Je vais en réalité principalement vous présenter quelques situations plus précisément, en vous proposant un autre angle d’approche et tenter d’insister sur quelques notions qui je l’espère vous permettront d’améliorer un peu votre compréhension du jeu.

Introduction.

Une chose importante qu’il faut faire quand on cherche à s’éloigner d’un jeu basique “ABC” est de sortir du carcan “quelles sont mes cartes?”, “est-ce que j’ai touché le board?” et “qui a l’initiative?” pour se concentrer sur les bons modes de réflexions que je vais détailler ci-dessous. Vous verrez que vous aborderez le jeu post-flop sous un nouvel angle. Voici les questions que vous devez automatiquement vous poser:

  • Qui a l’avantage de range?

  • Qui a l’avantage de position?

  • L’avantage de position est-il important sur cette texture de board? (éventuellement tenir compte du SPR qui peut augmenter ou diminuer l’importance positionnel)

  • Comment dois-je jouer mes ranges dans cette situation?

  • Dois-je dévier de ma stratégie pour une autre plus profitable? (poker optimal* > poker GTO)

L’avantage de range est toujours plus important que l’avantage de position.

*: Une stratégie optimale est une stratégie GTO qui en dévie lorsque une autre line a plus d’EV.

On privilégiera donc une réflexion basée sur les avantages de ranges et de position, et la façon de jouer l’ensemble de nos ranges dans une situation précise, plutôt que sur l’initiative et comment jouer notre main. Savoir qui a l’initiative ne sert qu’à évaluer des ranges. De même la façon, jouer notre main exacte n’entre en compte que dans une stratégie plus globale de comment jouer nos ranges. A noter qu’on en revient au REM (Ranges Equity Maximisation), principe de base post-flop expliqué dans l’ebook “Easy Game” de Andrew “BalugaWhale” Seidman où la notion d’initiative est absente. Sauf que les notions de range advantage, de position advantage et de stratégies de ranges deviennent prédominantes.

Voici un exemple simple pour me faire rapidement comprendre: Nous avons avons relancé PF en MP et le CO qui est un bon reg nous a suivi. Nous frappons TP2K sur un flop 986s. L’approche basique serait juste de se dire: “j’ai l’initiative et une bonne main mais fragile, je CBet”. Une meilleure approche met en place les modes de réflexions susmentionnés. Je n’ai pas d’avantage de range. Je n’ai pas la position. Sur cette texture la position est importante. Jouant contre un bon adversaire je ne dois pas sortir de mes stratégies de base. Le bon play est de check/call parce que je ne peux pas CBet ce flop à bonne fréquence ayant un déficit important de range et de position, et donc que je dois check une grosse partie de mon range.

Pourquoi laisse-t-on souvent le joueur ayant l’initiative effectuer un CBet?

Je reviens sur la notion d’initiative. Comme je l’expliquais dans la partie sur le jeu PF, il est généralement plus facile de jouer avec l’initiative. Je l’ai même rajoutée à la théorie de l’accumulation d’avantages, et cette notion est dominante dans la théorie d’isolation. Mais dans cette section notre approche est différente et axée sur des concepts de jeu post-flop plus avancés.

-> Le joueur ayant l’initiative possède généralement un range plus polarisé que le joueur ne l’ayant pas. Son range PF étant plus diffus (ou moins condensé). Contre un range polarisé le défenseur souhaite plutôt call que bet ou raise avec une grosse portion son propre range. Voici pourquoi on laisse souvent le joueur ayant l’initiative continuer à miser, mais on verra que ce n’est pas toujours le cas dans la section sur les donk bets, à cause notamment du point suivant. Sur certaines textures, en particulier les plus statiques, le relanceur sera obligé de souvent CBet, au moins en position avec de petits sizings, parce que son range plus diffus percute plus de flops mais moins fortement. Le défenseur ayant un range plus condensé qui percute moins de flops avec une portion de son range (low PP et SC en particulier) mais plus fortement, a intérêt à laisser le relanceur effectuer son CBet.

-> Le joueur n’ayant pas l’initiative possède généralement un range plus condensé, sans toutefois être forcément capé. Sur certaines textures de boards ceci peut conférer un avantage de range. Si l’initial raiser en a conscience il devient mauvais avec certaines portions de nos ranges de défense d’essayer de lui laisser faire un CBet qu’il ne devrait effectuer qu’à faible fréquence. De plus, les stratégies de CBet ayant beaucoup évoluées, les ranges de CBet sont de mieux en mieux construits et contiennent de moins en moins de airs, ce qui peut encore diminuer l’intérêt de laisser notre adversaire effectuer son CBet sur certaines textures très dynamiques.

2.1 Stratégies de CBet selon la texture du flop.

Résumé

Je parlerai essentiellement des situations en single raise pot. J’essaierai de le mentionner lorsque les stratégies en pots 3bet diffèrent d’une manière qui me semble significative. Ce sera généralement le cas lorsque l’avantage de range changera de camp.

A- Stratégies de CBet OOP.

- En général si on n’a pas trois streets de value, il faut mieux check. C’est particulièrement vrai sur les textures qu’on ne peut pas CBet à haute fréquence. Mais on va parfois rajouter quelques mains qui n’ont que deux streets de value, en particulier si elles sont vulnérables, et qui protégeront aussi nos ranges de CBet et check au turn (on va les check/call turn).

Attention, quand je dis trois streets de value cela ne veux pas dire qu’on va forcément les 3 barrel. D’abord parce que le run out peut être défavorable, et ensuite parce qu’on pourra décider de les check/call ou check/raise à la river, voir de les check/raise au turn.

- En général, on va peu CBet sur les textures et dans les positions où Vilain va beaucoup faire de floating. notre bet est donc peu efficace et n’accompli pas grand chose.

1) Prendre conscience de l’importance de la position selon le type de flop.

Le range advantage et le position advantage sont les deux mamelles du jeu post-flop. La façon dont vous jouerez votre main dépend de la façon dont vous jouerez vos ranges dans une stratégie dépendante de ces deux notions. Dit simplement plus les deux avantages sont chez vous et plus vous miserez à haute fréquence, et plus ils sont chez l’adversaire et plus vous le laisserez miser. Ces avantages doivent être réévaluer sur chaque street.

Je vais ici me concentrer sur la notion de position advantage, ayant déjà bien abordé celle de range advantage. Mais gardez en tête que le range advantage prédomine. L’avantage de position dépend essentiellement de la texture du board. En résumer, plus le board est dynamique, avec en particulier la présence de draws possibles, plus les equities peuvent bouger, et plus la position prend de l’importance. Les CBets accomplissent peu de choses. En sachant que plus les SPR se réduisent et plus l’avantage de position diminue. Donc plus le stack effectif est petit par rapport au pot et moins la position est importante. Cette idée est très importante pour nos stratégies de 3bet OOP (et même parfois de 4bet) avec des combos qui préféreraient avoir la position avec des gros SPR.

Je vais donc vous présenter les trois types de flop en gardant les exemples donnés dans “Applications of No Limit Hold’em” de Matthew Janda .

> Flops a): Flops secs avec une ou deux cartes hautes (flops statiques ou “lockés”): la position est moins importante. Les equities vont peu bouger. Pour être exact, ce n’est pas qu’elle n’est pas importante (elle l’est toujours sauf lorsque le SPR est extrêmement petit), mais elle l’est moins qu’avec les textures de flops suivants. On voudra CBet à bonne fréquence. Nos sizings dépendront de notre range advantage ainsi que de notre stratégie soit mergée soit polarisée, avec splittages possibles.
Type de flops: A44r KK4s Q32r AK5r

> Flops b): Flops intermédiaires: la position est moyennement importante. On va CBet à moyenne fréquence avec splittages possibles. On est dans une situation intermédiaire entre la précédente et la suivante.
Type de flops: 742r 997r QT5r K65s

> Flops c): Low flops et flops drawy (flops dynamiques): la position est importante. Les equities peuvent beaucoup bouger. On va CBet à faible fréquence, mais souvent très cher si on le fait. On aura souvent des stratégies de jeu différentes en pots 3bet et pots 4bet, surtout sur les low flops. D’abord parce qu’en réduisant le SPR on a un peu diminué l’importance positionnel en nous donnant par exemple la possibilité de jouer sur deux streets au lieu de trois, et ensuite parce que les ranges étant différents on peut se retrouver avec un range advantage suffisant pour miser OOP à bonne fréquence, même si sur certaines turn nous serons amené à check très fréquemment (je rappelle que la particularité de ces flops est justement que les equities peuvent fortement changer). Dit simplement, en SRP l’avantage de position se cumule à l’avantage de range pour le joueur IP, alors qu’en 3bet pot le joueur OOP pourra parfois avoir un avantage de range suffisamment important, en plus d’avoir un SPR plus petit minimisant l’avantage de position.
Type de flops: 742s 876s 733s 986s

Note: On pourra donc cependant avoir des stratégies de CBet à bonne fréquence sur les low boards lorsque nous possédons le range advantage, même en SRP. Je rappelle que le range advantage prédomine. Mais il faut avoir conscience que nos adversaires vont souvent faire du floating. Ce qui reportera souvent l’action au turn où nous devrons développer des stratégies de protections de ranges puisque nous voudrons alors très souvent checker une grande portion de nos ranges. Je vous renvoie au paragraphe concernant le check/raise au turn après avoir CBet le flop.

  • Sur flop a): Comme Vilain va moins bet en position, on va CBet nos mains fortes et nos bluffs.
  • Sur flop c): Comme Vilain va beaucoup bet en position, on va check/raise nos mains fortes plus des bluffs.

2) De l’importance de protéger nos ranges de check.

Nous avons vu que sur les flops où la position est moins importante nous allons CBet raisonnablement, plutôt polarisé (avec des combos qui ont trois streets de value et de bons bluffs). Nous allons peu ou pas check/raise mais check/call quelques nuts pour les check/raise plus tard.
Nous avons aussi vu que sur les flops où la position est importante nous allons peu CBet, parfois même check full range. Nous aurons ici une stratégie de check/raise polarisée avec des nuts ou des draws qui font nuts.

Je pense que le plus simple pour essayer de protéger nos ranges de check est de grosso modo les jouer comme si nous étions le défenseur PF. Sur les flops où la position est importante, comme on va relativement peu CBet on se retrouve presque toujours dans une situation comparable à celles où on a call PF, avec cependant quelques différences dues aux ranges qui ne sont pas les mêmes. Nos ranges de check sont donc naturellement protégés puisque non affaiblis par un range important de CBet. Notre range moins condensé sera cependant moins défendable qu’un range de call PF: nous folderons donc plus souvent contre un stab de notre adversaire que contre un CBet lorsque nous sommes défenseur. Ce n’est pas grave dans la mesure ou Vilain prend un risque PF pour se retrouver dans cette situation. Cette notion est assez importante et sera reprise les streets suivantes lorsque nous subirons par exemple un stab après que Vilain a précédemment call.

Je vous renvoie aux sections concernant le jeu en tant que défenseur, en particulier celles concernant la façon de jouer nos draw (“Check/raise et raise CBet au flop en bluff”.

Sur les textures de flops ou la position est moins importante il peut devenir difficile de défendre nos ranges de check puisque nous allons aussi souvent CBet des mains faites et que nous avons beaucoup de air. Bien que ce ne soit pas très grave puisque Vilain prend un risque PF en callant et ne pourra pas si souvent stab au flop dans ces situations puisque nous allons CBet à bonne fréquence, il faut quand même protéger nos ranges. Par rapport à la texture de flop précédente nous nous retrouvons dans une situation moins proche de celle où on est caller PF puisque beaucoup de nos combos forts sont CBet. Nous avons donc une situation où nous risquons d’être plus capé. Il est alors très important de check aussi des nuts, comme des top set et top DP qui bloquent le calling range de Vilain si on les CBet, mais il va aussi falloir parfois être prêt à faire quelques calls limites et délicats avec nos meilleures TP que l’on n’a pas CBet. Il peut être difficile de splitter nos combos forts entre 3 barrel et check/call. Ici les reads sur Vilain seront primordiaux pour éviter de faire de mauvais calls (Vilain ne bluff pas assez ou ne va jamais se value cut) ou de mauvais fold (abandonner un combo dans le haut de notre range contre un Vilain très agressif, surtout si on n’a pas de bloqueurs sur son bluffing range). Dans l’ensemble nous allons quand même jouer ces combos de manière assez proche que dans les spots où nous avons call PF.

3) Stratégies de check/raise ou check/call avec nos value hands.

Voici les stratégies habituelles selon les trois types de flops présentés.

a) Les flops qu’on va souvent CBet seront rarement check/raise mais souvent CBet ou check/call.
Ainsi nos mains fortes de type TPTK, over-pairs, middle set et bottom set seront CBet. On décidera ensuite si on les 3 barrel ou si on check/raise ou check/call selon l’évolution du board et comment le range advantage évolue. Ainsi que de la manière dont on va jouer nos ranges. Par exemple sur une blank au turn, on peut décider de check un fort combo pour protéger nos ranges de GU.
Nos mains moyennes sont peu vulnérables, on va peu les CBet et préférer les check/call. On va aussi beaucoup check/call nos forts combos qui bloquent le board: top set et double paire haute. Selon l’évolution du board on choisira ensuite comment les jouer.

b) Les flops qu’on va moyennement CBet (et jamais sans equity), seront occasionnellement check/raise. On va donc alterner CBet, check/raise et check/call. Les top sets seront plus souvent check/call (removal effect sur calling range adverse) et les autres sets soit CBet soit check/raise. Sur les streets suivantes on les jouera comme dans le point précédent.
Nos mains moyennes étant plus vulnérables, on va plus souvent les CBet.

c) Les flops qu’on va rarement CBet (et jamais sans très forte equity), seront souvent check/raise. Ces flops seront aussi très souvent check/fold avec les mains qui possèdent peu d’equity.
Nos mains moyennes sont ici très vulnérables mais ne peuvent que difficilement être CBet ou check/call. Check/raise devient alors une option intéressante avec certaines d’entre elles.
Ces flops seront check/raise avec un plus gros sizing que les autres, au moins x4 le bet de Vilain.

=> Plus le flop rend la position importante (low/drawy), et plus on va check/raise nos mains très fortes.

4) Stratégies résumées:

Flops a):

  • Très peu de check/raise.

  • Beaucoup de check/call avec des mains très fortes (top set et DP max) et des mains moyennes. Les mains les plus fortes seront check/raise soit au turn soit à la river. Pour équilibrer on pourra parfois transformer une main moyenne en bluff en utilisant les notions de removal effect expliqués dans d’autres sections.

  • Beaucoup de CBets avec des mains fortes (TPTK, overpairs, middle set et bottom set) et des bluffs. En combats de blindes les TPGK deviennent des mains fortes et seront multi barreller. On équilibrera nos 3 barrel value avec des bluffs qui utilisent essentiellement le card removal effect (QJ sur Kxx x x lorsque le coeur du range de call de Vilain est KQ-KJ).

Flops b):

  • On va mixer les check/raise et check/call avec les mains très fortes. Les top sets seront plus souvent check/call (et check/raise au turn) et les autres sets ainsi que certains combos draws seront check/raise.

  • Les mains fortes (jusqu’à bottom DP) seront plus souvent CBet mais peuvent aussi être parfois check/call.

  • Les mains moyennes seront plutôt check/call.

  • Les bluffs avec equity seront plus souvent CBet (FD, OESD, bons draws backdoors, et bottom pairs kicker As avec BDNFD). Les bluffs avec peu d’equity (type gutshot, ou bottom pairs + BDFD) peuvent aussi être check/raise pour équilibrer nos check/raise en value. Mais pour augmenter l’equity de nos ranges de bluff on devra parfois aussi check/raise des draws moyens de type NFD donk le kicker est une petite carte.

  • On va plus souvent GU nos airs sans ou avec peu d’equity, y compris des mains de type underpairs.

Flops c):

  • Les mains très fortes seront toujours check/raise. Mais aussi des mains moins fortes qui sont vulnérables afin d’empêcher Vilain de facilement réaliser son equity sur ce type de board. On a peu de FE sur un simple CBet qui n’accompli souvent pas grand chose contre de bons joueurs.

  • Comme on va très peu CBet ces flops (et beaucoup check/fold, check/raise et check/call), on va aussi plus souvent check/raise ou check/call nos draws. Puisqu’il est difficile d’avoir de la FE sur un CBet.

Un petit mot sur les fréquences de mises en value. Dans le chapitre sur les bluffs nous verrons les bons ratos bluffs/value. Je vais juste dire ici qu’en gros avoir 30% de value hands au flop, 50% au turn et 70% à la river, sur des mises standards autour des 3/4 pot, est une bonne base. Ces ratios sont à appliquer sur des séquences de mises sur 3 streets, ce qui sera souvent le cas avec des ranges plutôt polarisés OOP. IP nous verrons que c’est un peu différent. Pour les check raise, essayer de maintenir un ratio de 2/1 en bluff/value. Comme nous aurons plus de mal à réaliser l’equity de nos bluff lorsque nous somme OOP, nous aurons un ratio un peu plus important de value hands que lorsque nous raisons IP.

B- Stratégies de CBet IP.

N’ayant plus à se préoccuper de l’avantage positionnel de notre adversaire et de la façon de protéger nos ranges, on va porter l’essentiel de notre attention sur le range advantage et sur la manière de tirer avantage de la position.

Nous avons vu que OOP, si on n’a pas 3 streets de value il faut mieux en général checker. Nous avons aussi vu que nos fréquences de mises en value étaient proches de 30% au flop, 50% au turn, et 70% à la river. IP par contre, nous pouvons mettre en place des séquences de mises en value sur une ou deux streets, ce qui va modifier nos fréquences. Voici ce qu’il faut retenir, sur des mises standards de 3/4 pot:

  • Avoir 70% de value hands sur le dernier tour d’enchère.
  • Avoir 50% de value hands sur l’avant dernier tour d’enchère.
  • Avoir 30% de value hands sur l’antépénultième tour d’enchère.

Cependant, comme il est difficile de mettre en place un plan de jeu sur une seule street, car si on bet flop et check turn Vilain pourra souvent bet la river, on va éviter de prévoir un bet pour value sur une seule street au flop, et préférer checker ces mains au flop pour éventuellement les miser soit au turn soit à la river, ou alors les utiliser en bluffcatch sur une street.

Conséquences:

IP, nous allons value bet avec un range plus large et donc plus mergé que OOP, avec des mains qui auraient check/call OOP. Comme des TPGK, voir même des paires intermédiaires et 2nd pair bons kicker sur certains flops. Nous allons aussi beaucoup plus miser des combos que nous aurions check/fold OOP, dans l’intention de tuer les equities des ranges de check/fold de Vilain qui possèdent environ 25% d’equity. Empêcher Vilain de réaliser son equity avec ses mains marginales est plus efficace lorsque nous sommes IP. Nous miserons donc plus souvent nos mains vulnérables. Nos sizings serons globalement plus petits et nous pouvons même éventuellement splitter entre un plus grand nombre de sizings.

Résumer:

  • OOP: Si nous n’avons pas trois streets de value, nous allons souvent check/call. Nous allons moins souvent CBet et avec un range plus polarisé composé de value hands plus fortes, et une proportion de bluffs plus importante.

  • IP: Si nous pouvons avoir deux streets de value, nous allons CBet avec l’intention soit de 2 barrel et check/back la river soit de check/back le turn et bet la river (ou call une mise adverse). Je conseille de 2 barrel les mains les plus vulnérables et de check/back turn et bet river les mains les plus solides.

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2.2 Stratégies de check/raise au turn après avoir CBet le flop.

Résumé

Cette partie est fortement inspirée de la vidéo de ArtPlay “Le check/raise au turn” ( Comment battre les midstakes en 2015 : Le check/raise au turn) de l’excellente série “Comment battre les midstakes en 2015”.

Nous avons CBet le flop, Vilain a call et nous sommes au turn. Pourquoi et quand devons-nous développer des ranges de check/raise?

Quel est l’intérêt d’avoir un range de check/raise au turn? Tout d’abord voyons comment cela apporte un avantage à notre adversaire si on ne check/raise jamais:

  • Vilain peut value bet plus thin.
  • Vilain peut protection bet efficacement.
  • Vilain peut bluffer plus fréquemment.
  • Vilain n’a pas à se soucier de folder l’equity de ses draws avec un bet/fold.

De notre point de vu, un check/raise augmente l’equity d’un grand nombre de nos combos. Nous n’allons cependant pas systématiquement les check/raise et un 2 barrel est parfois préférable. Voici donc les éléments qui nous permettront de choisir entre une line et l’autre.

Nous préférons check/raise:

a) Quand nous souhaitons protéger nos ranges de checks:

Quand on veut check une grosse portion de notre range: beaucoup de GU ou de value hands trop thin à bet. Notre range est cappé et vulnérable. Vilain pourrait value bet/protection bet plus thin (avec des sizings 40% pot qui sont très efficaces au turn dans ces situations), mais aussi bluffer très efficacement avec de gros sizings (overbets).

Quand on a trop de bluffs à 2 barrel.

b) Quand on s’attend à un bet fréquent de Vilain:

Quand Vilain a beaucoup de mains à protéger.

Quand Vilain a un range fort (range advantage). Par exemple sur une carte au turn qui favorise son range sur un board dynamique.

Quand Vilain est trop agressif.

Le premier réflexe au turn est donc de se demander de quelle manière la carte qui tombe va impacter la façon de jouer l’ensemble de nos ranges. Modifie-t-elle les equities? Comme un draw possible qui rentre ou une doublette qui favorise le caller. Au contraire est-ce une blank qui nous amènera souvent à GU nos bluffs du flop? Ou encore est-ce une carte qui rend nos value hands du flop trop thin à bet?

S’il s’agit d’une carte qui améliore le range adverse nous allons très souvent checker en suivant la notion de range advantage. Nous nous retrouvons donc dans une situation analogue aux flops que nous misons qu’à faibles fréquences et allons donc essentiellement check/fold, check/raise et check/call lorsque nous sommes face à un bon joueur. Nos check/raise devront le punir, mais si nous check/foldons un peu trop face aux bluffs adverses, ce n’est pas très grave puisque Vilain a pris un risque en suivant nos mises PF et flop avant de se retrouver dans cette situation.

Les turns qui nous obligent à souvent abandonner nos bluffs sans equity devront aussi être assez souvent checké.

Nous essayerons de garder un bon ratio de check/raise bluff qui sera proche de un bluff pour une value hands, ou un tout petit peu plus. Quitte à merger le pole value contre certains adversaires et/ou dans certaines positions, par exemple avec des over-pairs ou des TPTK en combats de blindes.

- Le check/raise en bluff:

On va tenir comte de trois éléments avant de décider quels combos choisir:

→ L’equity. Comme toujours plus nous estimons avoir de FE et moins nous avons besoin d’equity, tout en en gardant un minimum. Ici il faut savoir que l’effet de levier est très important pour notre FE. Jusque là Vilain jouait pour un petit pot et d’un coup nous effectuons une action très agressive qui pèse sur tout son tapis. Notre FE est donc souvent significative si le spot est correctement choisi. Avoir des bluffs à partir de 15% d’equity environ semble donc acceptable.

On va essayer d’avoir au moins une bonne gutshot avec over-cards. Mais on pourra aussi prendre des FD sans showdown value. Attention à ne pas utiliser nos meilleurs draws comme des OESD ou des NFD dont les outs sont cleans et qu’on serait obligé d’abandonner sur un jam de Vilain. En particulier sur les boards dynamiques où celui-ci va plus souvent shove nous empêchant de réaliser l’equity de nos bluffs. On préférera donc 2 barrel nos OESD et NFD.

→ Le blocker effect. Avec nos bluffs on va essayer de bloquer les ranges de bet/call de Vilain. Comme avec des bottom pairs kicker As qui bloquent bottom set et TPTK, ou des grosses gutshots qui bloquent les bonnes TP (mais qui bloquent aussi souvent les draws adverses que Vilain pourrait bet/fold…). Par contre lorsque nous sommes en value nous souhaitons bloquer les ranges de check/back et de bet/fold, et ne pas bloquer les ranges de bet/call.

→ La jouabilité river. Il faut bien réfléchir à comment on va jouer la river contre les ranges de check/back et de bet/call de Vilain. On sera particulièrement attentif à nos outs, s’ils sont cleans ou pas. Par exemple on va préférer 2 barrel plutôt que check/raise des combos de bluffs dont des outs amélioreraient une partie des ranges de bet/call de Vilain et qui nous battraient. Comme faisant rentrer un draw lorsque nous faisons DP.

Avoir un As (ou deux) en main améliore souvent la jouabilité de nos ranges de check puisque Vilain aura plus de bets en bluff (il va régulièrement check/back ses As high et il aura moins de TPTK à bet). Nos As value seront plutôt 2 barrel et nos As bluff plutôt check/raise.

Donc on utilisera essentiellement des draws moyens mais qu’on n’a pas de mal à fold vs re-raise shove, comme de petits FD ou une gutshot avec un bloqueur sur les ranges de bet/call de Vilain et si possible pas de bloqueurs sur ses ranges de bet/fold. Utiliser parfois aussi des weak pairs avec un bon kicker qui pourront être shove river.

Les check/raise en bluff sont très efficaces lorsque les ranges sont looses.

- Types de combos à check/raise en value:

Middle set et low set. Mais top set et trips hit Turn seront plus check/call pour ensuite être check/raise ou check/call à la river. L’idée est toujours de ne pas bloquer les ranges de bet/call de Vilain (TP).

Value plus thin quand les ranges sont wild: Fortes TP et over-pairs sauf AA (2 barrel ou plus rarement check/call). Ne pas check/raise en value des mains qui bloquent fortement les TP chez Vilain. C’est pourquoi nos over-pairs AA (et dans une moindre mesure nos over-pairs KK) ne sont pas bonnes à check/raise, elles bloquent les meilleures TP adverses. De plus AA bloque fortement les As high qui sont susceptibles d’être check/back par Vilain, donc lorsque Vilain mise il est potentiellement plus polarisé et son range moins composé de TPTK.

Nos Ax sur boards secs (draws ou TP du x), ont plus de jouabilité à être check/call ou 2 barrel que check/raise car bloqueur sur range de check/back de Vilain (Ax=SDV) et ont plus de jouabilité vs check/back.

Pour récapituler, on check/raise en bluff des draws assez weaks sans SDV, avec bloqueurs sur calling ranges et pas de bloqueurs sur folding ranges. Et on check/raise en value des mains fortes avec peu de bloqueurs sur calling range.

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2.3 Stratégies de donk bet.

Résumé

Move autrefois méprisé, le donk bet est aujourd’hui entré dans l’arsenal des meilleurs joueurs. Mais encore faut-il savoir quand et pourquoi l’utiliser. Comme nous le verrons le range advantage est ici encore une notion très présente, mais ce ne sera pas notre seule raison de reprendre l’initiative.

Il y a deux grandes utilités au donk bet: prendre de la value avec nos mains fortes sans laisser à Vilain l’opportunité de checker une street, et pouvoir bluffer plus profitablement en utilisant les textures propices.

A- Au flop.

Je rappelle ce que j’ai dit précédemment: le joueur n’ayant pas l’initiative possède généralement un range plus condensé. Contrairement au joueur qui possède l’initiative qui lui possède généralement un range avec une equity plus diffuse.

Pour des raisons déjà évoquées, on va souvent laisser le joueur ayant l’initiative continuer à miser. Cependant la notion prédominante est “qui a l’avantage de range”? Sur certaines textures de board, c’est le joueur ayant le range le plus condensé qui possède le range advantage. Les boards condensés, en particulier avec des cartes medium, avantagent mécaniquement les ranges de défense.

Si le range advantage est en faveur du défenseur, le joueur ayant l’initiative ne devrait pas souvent miser. Ce qui signifie que le joueur ayant le range advantage n’a pas intérêt à check avec une grosse portion de son range qui souhaite prendre de la value, et devra prendre l’initiative, même s’il ne l’avait pas le tour précédent.

Concernant l’avantage de position, on a ici une situation très différente de celle où l’initial raiser est OOP et le défenseur IP. Comme je l’ai déjà dit on tient d’abord compte de l’avantage de range. L’avantage de position, même s’il est très important, ne vient qu’ensuite. Dans la situation où le joueur en situation d’effectuer un CBet est OOP, son désavantage positionnel s’ajoute à son désavantage de range.

Un donk bet au flop sera efficace sur des textures où il y a plus de fortes combinaisons dans notre range que dans celui de notre adversaire, et où notre range a plus d’equity que celui de l’open-raiser (range advantage dû à un range plus condensé). Donc concrètement plus de combinaisons de double paires (en particulier avec des combos offsuit), de set et de straight. Je parle de combos de DP offsuit parce que le fait de les avoir augmente très significativement ne nombre de nos combos en value (PF: 12 combos offsuit pour 4 combos suited).

Dans les deux premiers paragraphes (le donk bet en value et le donk bet en bluff), je ne parlerai que des situations en HU.

Le donk bet en value.

La règle principale est: avoir beaucoup de combos qui sont susceptibles de miser trois fois en value quelque soit le run out. Cela veut dire que quelque soit l’évolution du board nous pourrons continuer à miser en value. Mais nous devrons aussi avoir des semi-bluffs. Ces derniers pourront se transformer en value bet lorsque le tirage rentre.

Nous privilégierons les textures de flops sur lesquelles Vilain va peu CBet. Lorsque nous avons une main forte nous prendrons plus de value sur les combos qu’il va call mais pas miser lui-même: TPWK, 2nd pair, draw, etc…

Il y a une autre utilité: nous prenons de la value avant qu’une possible carte bloquante tombe les streets suivantes nous empêchant de les value.

Bien sûr lorsque Vilain a une nette tendance à over-CBet any flop on va préférer check/raise. De même s’il peut over-protect des paires trop faibles.

Certains Vilains réagissent mal aux donk bets, sans même avoir conscience des ranges, et peuvent raise en bluff. Il est intéressant de repérer ces profils.

Dans tous les cas on va se demander comment Vilain va interpréter notre donk bet et comment il va y réagir: Il va jouer straightforward? Il va nous mettre par défaut sur un range fort? Va-t-il sur-réagir? Ou même call pour nous out play ensuite? Tout ceci est à anticiper avant d’envisager le point suivant.

Le donk bet en bluff.

Dans le cadre d’une stratégie équilibrée, si nous souhaitons avoir des ranges de value, et nous le souhaiterons dans de nombreux cas, nous devrons aussi construire des ranges de donk bet en bluff. Mais même au delà de ça, un bluff par le biais d’un donk bet peut être plus profitable qu’avec une autre line, et nous devrons aussi le faire dans le cadre d’une stratégie exploitante contre certains joueurs qui ne pourront correctement défendre.

Evidemment nous appliquerons cette stratégie sur les mêmes textures de flops. C’est à dire celles qui nous confèrent un avantage de range et que Vilain devrait peu CBet.

On utilisera le même genre de combos que pour nos ranges de check/raise, mais avec quelques nuances importantes. Nous avons donc deux types de combos:

- Les combos draws qu’on est prêt à go broke. Si Vilain raise on va shove et annuler son avantage de position tout en réalisant entièrement notre equity. Mais ici notre equity est telle qu’on ne peut pas vraiment parler de bluffs mais plutôt de réalisation complète de notre equity.

- Des weak draws. Généralement plus faibles que ceux qu’on utilise pour check/raise. Ils ont un peu moins besoin de retenir leur equity et on a plus de FE sur un donk bet que sur un check/raise contre un range de CBet sur une texture drawy. De plus on risque moins. On choisira des gutshots + BDFD (à une carte ou à deux cartes) ou des gutshots + 1 overcard de la couleur du FD du flop. Le mieux étant d’utiliser des combos avec une carte haute du FD du flop. Celle-ci bloque le range de call de Vilain (FD) et nous permettra ensuite de bluffer quand la flush rentre. Nous blufferons donc au turn sur nos outs fantômes.

Ces draws weaks ne sont pas assez forts pour être check/call, on augmente donc leur EV en les utilisant pour donk bet en bluff. On n’a pas de soucis à les bet/fold et on peut quand même améliorer si on est call. Un donk bet aura plus de FE contre le range global de Vilain que contre son range de CBet plus strong. Ce sera aussi souvent plus efficace qu’un hypothétique probe bet au turn lorsque Vilain check back le flop. D’abord parce qu’il sera peu profitable pour nous de nous défendre contre son range de CBet. Ensuite parce que Vilain pourra plus facilement défendre deux streets que trois avec un grand nombre de mains faites qu’il aura décidé de check back au flop. Et enfin parce que l’equity de notre main sera souvent plus faible au turn et donc moins profitable à bluffer.

Exemple sur QdJd8c:

  • On va donk bet en value des DP, des set et des straights.
  • On va donk bet des combo draws (comme KTdd).
  • On va donk bet des weak draws, comme Kc9c et Kd9c.

Les draws moyens serons plutôt check/call, ou utilisés pour probe bet le turn lorsque Vilain check back le flop.

Le donk bet exploitant.

En value contre les mauvais joueurs passifs pour être sûr de prendre trois streets de mises avec nos mains fortes. Même parfois contre des regs trop passifs. Appliquez cette idée à toutes les streets, y compris à la river lorsque vous avez touché vos nuts après avoir check/call deux streets.

En pot multiway ceci deviendra même la règle de base. En particulier lorsque l’open raiser effectuera peu souvent un CBet (texture drawy).

De la même façon qu’on peut donk bet en value de manière exploitante, on peut le faire en bluff lorsque nous pensons avoir une grande FE.

B- Au turn.

On aura la même réflexion que pour les donk bets au flop: nous misons lorsque nous avons un range advantage. C’est un peu plus compliqué qu’au flop parce qu’il faut évaluer comment la carte du turn fait évoluer les equities et qui elle avantage.

Nous allons donk bet quand la carte qui tombe avantage notre range. En particulier dans les spots où Vilain va peu 2 barrel, comme sur de mauvaises turn à bluffer. Nous le ferons bien sûr et en value et en bluff.

L’exemple le plus connu est celui de la doublette de la carte moyenne: il y a plus de middle pairs dans notre range de check/call que dans celui de CBet de Vilain. Nous allons donc donk bet au turn en value avec nos tripps et mieux, mais aussi en bluff, par exemple avec nos bons draws.

Mais il y a plein d’autres spots et il faut toujours réfléchir à la façon dont le turn fait évoluer les ranges respectifs.

L’idée restera toujours la même: on ne souhaite pas perdre une street de value lorsque nous avons une main forte, et comme l’ensemble de notre range est renforcé nous pouvons bluffer plus profitablement.

Résumer.

Pour récapituler, nous avons donc trois utilités au donk bet:

  • Maximiser notre value sur des textures avantageant notre range et qui donc ne seront que peu CBet par notre adversaire.

  • L’utilisation de l’avantage de range pour bluffer profitablement.

  • Prendre plus de value contre les mauvais joueurs.

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