Rétamer la NL10

1.7 Stratégies de jeu en pot 3bet.

Résumé

Plutôt que de faire une liste exhaustive de toutes les situations, je vais présenter les plus récurrentes et celles qui sont généralement les moins bien jouées en pots 3bet. Les idées et concepts qui s’en dégageront vous seront aussi utiles pour d’autres situations. Ce sont donc les concepts qui sont importants, et il vous sera profitable de bien les comprendre pour correctement les appliquer.

Ces concepts existent aussi souvent dans les pots single raise, mais dans les pots 3bet les SPR sont spécifiques et nous donnent des leviers différents, ce qui fait que ces concepts s’adaptent souvent différemment. On s’apercevra aussi qu’en réalité un SPR réduit limite nos choix et rend le champ des possibles plus petit. Les pots 3bet sont donc plus faciles à jouer techniquement. Leur difficulté vient des mises beaucoup plus importantes. Les effets des leaks mentaux y sont donc décuplés.

Pour les autres situations courantes, vous suivrez les mêmes stratégies de jeux que dans les SRP. Il n’y a pas de différences particulières si ce n’est dans les sizings.

Tout ce qui suit concerne le jeu à 100bb deep.

1.7.1 Généralités.

Résumé

a) Concepts de base.

  • Le 3betteur aura généralement un range polarisé contenant des airs et des nuts, alors que le défenseur aura plus souvent un range condensé.

  • Un range polarisé est plus facile à jouer, et un range condensé contenant plus de mains moyennes se retrouve souvent en situation de bluff catch.

b) Textures de flops.

Il y a deux grands types de flop (avec tous les intermédiaires possibles), voici leurs spécificités.

-> Flops statiques: Flop secs ou semi-secs. En gros ce sont les flops rainbow ou au pire suited qui ne contiennent pas deux cartes entre la Q et le 8 ou trois cartes connectés. Les equities vont peu bouger sur les streets suivantes. La position est moins importante. Le 3betteur aura normalement un avantage de ranges et une stratégie de CBet à haute fréquence avec faibles sizings ou avec splittage des sizings. Sur ces boards on jouera assez souvent sur trois streets. A93r KK6s J62s 742r

-> Flops dynamiques: Il y a un grand nombre de types de flops dynamiques, dans certains cas l’avantage de ranges reste chez le 3betteur et dans d’autres non. Je ne vais en présenter que trois qui me semblent caractéristiques. Dans tous les cas Les equities peuvent facilement basculer sur les streets suivantes.

  • Flops medium connectés. Ce sont les flops les plus dynamiques. Les equities peuvent beaucoup bouger. La position est très importante. Le 3betteur n’a plus l’avantage de ranges puisque ces flops percutent fortement les ranges condensés plus spécifiques aux défenseurs. Il aura une stratégie de CBet à très faible fréquence et contre les bons joueurs il devra parfois check full range, en particulier OOP. QT9s T97s

  • Flops high-medium (surtout suited) contenant deux cartes entre la Q et le 8. Ces flops percutent bien les ranges condensés du défenseur. Le 3betteur aura souvent une stratégie de CBet à faible ou moyenne fréquence avec parfois splittage des sizings. Lorsqu’il décide de sizer cher on jouera souvent sur deux streets. QT2s J94s

  • Flops low connectés. Ce sont les flops dynamiques qui sont sensés le moins percuter les ranges condensés du défenseur. Ce sont sans doute les moins dynamiques et pourront être plus ou moins joués comme des boards statiques. Ainsi le 3betteur aura une stratégie de CBet à haute fréquence avec faibles sizings, ou plus rarement avec splittage des sizings comme sur les flops précédents. Lorsqu’il décide de sizer cher on jouera souvent sur deux streets. Il faut comprendre que ces flops favorisent le 3betteur car il possède plus d’over-pairs fortes et qu’en même temps ils percutent son range de 3bet light contenant des low Axs et low SC, parfois même des low PP. 762s 643s

Résumé:

  • Sur les flops statiques les equities vont peu bouger (le board est “locké”) alors que sur les flops dynamiques ils peuvent fortement bouger.

  • Les flops contenant au moins deux cartes entre la Q et le 8 sont ceux qui percutent le plus les ranges condensés du défenseur. Ce seront les flops les moins CBet indépendamment de leur texture statique ou dynamique.

1.7.2 En tant que 3better OOP.

Résumé

Un mot sur les sizings de CBet et 2 barrel. IP vous pouvez splitter entre 1/3 1/2 et gros bets au flop. Mais OOP je vous conseille plutôt de splitter sur deux sizings seulement: 1/3 pot et gros bet (entre 2/3 et pot). Après avoir CBet flop 1/3 pot, si vous décidez de 2 barrel faites un gros sizings (3/4 pot minimum). Après avoir CBet gros, si vous décidez de 2 barrel ce sera souvent à tapis. Pour le choix du sizing de CBet au flop je vous renvoie aux textures de flops. En gros plus souvent vous allez CBet un range mergé avec range advantage et plus vous aurez intérêt à faire 1/3 pot.

a) 2 barrel nos draws.

Vous avez CBet le flop avec un draw et Vilain a call. Quelle est la meilleure façon de jouer le turn?

L’idée récurrente sur laquelle je reviendrai très souvent dans beaucoup de situations est de ne jamais se mettre en situation de bet/fold un bon draw. Il vous arrivera de devoir le bet/fold mais ce sera dans des spots où Vilain n’est pas sensé vous raise. Soit parce que votre range est polarisé, soit parce que vous avez un range advantage évident. Malheureusement, ou heureusement je ne sais pas, en micro limites peu de joueurs comprennent ces notions…

Voici trois lines de jeu possibles après que vous ayez CBet le flop:

  • Check/call vs small bet de Vilain. Comme on le verra plus loin, dans ces situations le défenseur en position aura souvent intérêt à bet petit au turn lorsque le 3betteur ne 2 barrel pas.

  • C/RAI vs gros sizing. Le C/RAI possède un mauvais risk reward contre les petits bets, par contre il puni très bien les gros bets dans les situations où Vilain va souvent stab. Le meilleur spot pour cela est lorsque vous avez CBet small au flop sur un texture où Vilain doit beaucoup défendre, et que celui-ci va trop souvent essayer de prendre le coup au turn.

  • 2 barrel shove en over-bet. Généralement après un CBet flop au dessus d’un 1/2 pot. C’est souvent le meilleur play lorsqu’il reste entre 1.5 et 2 PSB. Vous jouerai vos mains fortes mais vulnérables de la même façon.

Les draws faibles ou qui retiennent mal leur équity peuvent très bien être 2barrel/fold. Par exemple sur une line CBet flop 1/3 pot et 2 barrel 3/4 pot. On aura la même line avec des TP (soit en 2 barrel/call soit en 2 barrel/fold selon le range estimé de Vilain).

Les combo draws peuvent plus facilement être joués en check/call, même si des lines agressives sont possibles.

b) Delayed CBet polarisé.

Vous n’avez pas CBet le flop et Vilain a check behind sur une texture où il est sensé miser avec ses mains vulnérables.

Vous avez le choix entre deux stratégies selon la situation: soit delayed CBet turn très cher pour jam la river, soit delayed CBet small pour over-bet la river.

-> Si Vilain est capé, vous allez polariser votre ranges en misant très cher (bet pot) avec vos airs et vos ranges forts de check/call et de check/raise ratés du flop. En particulier sur les textures que vous allez peu CBet. Vous aurez par exemple des mains de type over-pairs dans vos ranges de check/call au flop. Ainsi vous aurez beaucoup de combos à delayed CBet en value.

Il vous faudra shove la river à bonnes fréquences.

-> Si Vilain n’est pas capé. Par contre s’il peut avoir un gros jeu, soit parce qu’il peut avoir slowplayé le flop, soit parce que le turn est susceptible d’avoir frappé son range, on peut miser petit au turn (1/3 pot) sur une texture drawy avec l’idée d’over-bet la river sur une blank. Si Vilain ne raise pas le turn, il cape son range puisque ses mains fortes sont vulnérables et il ne devrait pas simplement les call. Nous l’avons amené à caper son range. Arrivé river il aura donc essentiellement des draws ratés et des mains moyennes. L’idée est toujours de miser très cher avec un range polarisé lorsque Vilain est capé.

Dans une moindre mesure les stratégies décrites ici s’appliquent aussi dans les situations où nous sommes défenseur OOP et que Vilain n’a pas CBet le flop. Cependant il y aura plus de trapp dans ces cas-là, en particulier sur des textures de flop susceptibles de plus frapper nos ranges condensés de défense et qui pourraient pousser Vilain à check une grosse portion de ses ranges dans le cadre d’une stratégie équilibrées. Ainsi même si notre adversaire aura souvent un range capé, celui-ci sera potentiellement plus fort et comprendra plus d’over-pairs fortes. On est alors dans des situations très Vilain-dependant, et nos lines de jeu dépendront de la capacité de notre adversaire à check behind des mains fortes au flop, et de ses aptitudes à folder certains combos forts PF mais devenus des bluff catchers.

De manière plus générale, hors situation de delayed CBet, après deux checks au flop on va miser le turn en fonction de la force de notre main: très cher (pot) avec de gros jeux et de bons bluffs, peu cher avec d’autres combos afin d’élargir les ranges de call de notre adversaire et de gagner plus souvent à l’abattage.

1.7.3 En tant que défenseur.

Résumé

a) Défendre les draws vs 2 barrel.

Vous avez call le CBet de Vilain au flop avec un tirage et subissez une seconde mise sans avoir amélioré votre main.

Voici d’abord deux notions utiles:

  • IP: Call avec 18% d’equity est généralement profitable grâce aux implieds, même assez faibles (pensez à estimer les reverses). Par contre OOP cela ne l’est plus.

  • Si on call avec moins de 18% d’equity il faut avoir la possibilité de souvent bluffer river pour rendre le call turn profitable.

Je vais vous présenter le jeu au turn avec nos draws sous formes de points que vous devrez fixer dans vos acquis. En vous appuyant sur ces points vous pourrez faire les bons choix in game.

> La plupart du temps au turn, les EV du fold, du jam et du call sont relativement proches.

Pour calculer notre equity au turn, il ne faut pas oublier de tenir compte des reverses, ainsi que des bloqueurs possiblement présents chez Vilain (comme des over-pairs qui bloqueraient nos outs vers straight).

> Bien évaluer nos implied avant de call. Si elles sont mauvaises, soit on fold, soit on call si on pense pouvoir souvent bluffer la river, soit on jam si on pense avoir de la FE (avec minimum 15-18% d’equity).

> Plus on va faire de nuts (pas de reverses) et plus on va pouvoir call profitablement. Nos nuts FD, mais aussi les petites OESD camouflées dont les outs ne sont pas bloqués, seront les draws les plus souvent call. Une petite OESD est plus profitable à call qu’un FD moyen bien qu’ayant moins d’outs.

> Les FD non max (hors combo draws) sont souvent meilleurs à jam. Ils possèdent peu d’implied et quelques reverses, ainsi que moins de possibilités de bluffer river (#OESD qui sont très souvent meilleures à bluffer river sans bloqueurs sur miss FD). N’oublions pas non plus qu’on représente souvent un miss FD et que Vilain sera plus enclin à nous hero call en passant en mode check/call.

> Les gros draws, surtout avec des cartes hautes, sont toujours profitables à call pour leur seule equity (sauf hors cotes vs over-bet), mais on peut parfois les jam.

> Plus le sizing de Vilain est élevé (>1/2 pot) et plus on aura d’intérêt à jam et moins à call.

Pour équilibrer nos jam turn avec nos semi-bluffs, nous allons aussi jam toutes nos value hands vulnérables (TP peu dominées, set et low flush), tant qu’on ne se value cut pas trop souvent. Quand on sait qu’on ne lâchera pas notre jeu fait sur une blank à la river et qu’il y a des draws il est généralement meilleur de jam nous-même. On va shove même avec des mains qui ne sont pas des nuts afin de tuer l’equity des semi bluffs de Vilain. Evidemment nous ne pouvons pas le faire si Vilain possède un gros avantage de ranges, il faudra alors choisir entre call et fold.

b) Vilain ne 2 barrel pas OOP.

Vilain a CBet le flop et vous avez call. Au turn il check et la parole vous revient.

L’idée principale est qu’on va miser peu cher lorsque Vilain va très souvent soit check/fold soit check/raise, donc peu check/call. On va ainsi miser 1/3 pot, même sur les textures connectées puisqu’il est compliqué pour notre adversaire de slowplayer et ses draws ne nous inquiètent pas comme nous l’avons déjà vu plus haut. Gardez en tête que de manière générale les petits sizings sont efficaces lorsque notre adversaire a du mal à check/call.

  • On minimise nos pertes avec nos ranges de bet/fold.

  • On minimise les gains de Vilain avec ses ranges de check/raise et qu’on fold.

  • On améliore notre risk reward.

  • On oblige théoriquement Vilain à défendre plus. Ce qu’il aura beaucoup de mal à faire avec ses ranges de check au turn, surtout lorsque ceux-ci sont mal construits.

1.7.4 Adaptations contre les joueurs trop agressifs.

Résumé

Je disais en préambule que les pots 3bet sont normalement plus faciles à jouer que les SRP. Cependant les erreurs y ont un impact plus important, comme nous l’avons vu par exemple lorsqu’on se retrouve à devoir folder trop d’equity. L’une des erreurs les plus importante est celle de ne pas savoir jouer les Vilains agressifs. Je ne parle pas ici de ceux qui font n’importe quoi, ceux-là ne seront joués qu’en value. Mais de ceux qui vous donnent l’impression de vous marcher dessus, comme s’ils devinaient votre jeu, vous expulsant du coup trop souvent ou foldant lorsque vous avez enfin touché.

La première chose à savoir c’est qu’il ne faut pas hésiter à les 3bet. Vous commettrez moins d’erreurs dans les pots 3bet grâce au SPR réduit. Par contre vous devrez bien construire vos ranges de 3bet afin de frapper un maximum de flops. La même idée est à garder lorsque c’est Vilain qui vous 3bet: surtout n’élargissez pas vous ranges de call mais gardez des ranges qui frappent bien les boards. J’ai déjà parlé des adaptations PF à faire contre les gros 3betteurs, je ne vais pas y revenir ici, mais en lisant la suite vous comprendrez pourquoi je vous dis de garder des ranges de défense solides.

La deuxième chose importante à garder en tête est qu’il faut absolument savoir GU très tôt dans les coups lorsque votre equity est faible. L’idée sera de GU très tôt ou de jouer le coup à fond. Peu de demi-mesures.

Post-flop vous avez en gros deux situations sensibles: soit vous allez devoir jouer un range polarisé entre des jeux forts et des draws, soir devoir jouer un range capé. Les deux peuvent vous faire commettre de grosses erreurs si vous les jouez mal et oubliez l’idée de jouez les coups à fond.

Les ranges polarisés sont en réalité assez simples à jouer si on suit deux règles basiques:

-> En bluff: On va essayer d’être en situation d’être le premier à shove. Quelque soit les séquences de mises nous devons anticiper les montants afin de ne jamais se retrouver en situation de faire l’avant-dernière mise. Cela va souvent se jouer au turn. Je vous invite à relire les paragraphes concernant le jeu avec nos draws et dans quelles situations nous devons jam.

-> En value: On va essayer d’être en situation de laisser Vilain shove le premier. Nous devrons donc faire l’avant dernière mise. L’exception sera lorsqu’on a plus d’intérêt à faire folder l’equity de Vilain avec nos mains vulnérables.

La plus grosse difficulté sera de jouer nos ranges capés car vous devrez les jouez passivement en essayant de deviner si Vilain vous bluff assez souvent. Mon conseil sera ici d’oublier vos constructions de ranges avec des combos que vous devez folder sur chaque street. Mais au contraire de vous déséquilibrer en ne gardant que les combos qui pourront subir l’agression jusqu’à la river sur la plupart des run out. Cela ne veut pas dire qu’une fois que vous avez décidé de call le flop vous ne lâcherez plus votre main. Si le board évolue de manière défavorable vous devrez quand même folder plutôt que de tenter des hero call de l’espace.

1.7.5 Notions importantes à retenir.

Je vais résumer les notions les plus importantes déjà évoquées ainsi que quelques autres qui ne s’appliquent pas spécifiquement aux situations décrites.

  • Pour détruire l’avantage positionnel du joueur IP, nous serons amené à faire des mises plus grosses OOP lorsque notre range est polarisé.

  • Les petites mises sont très efficaces IP orsque Vilain peut difficilement défendre en check/call.

  • L’over-bet shove turn avec un range composé de value hands vulnérables et de bons draws est souvent le bon move.

  • Ne pas se retrouver en situation de bet/fold un bon draw (8 outs+ cleans). Nous devons éviter de faire un call breakeven. Il faut donc s’assurer de faire la dernière mise.

  • Les mains fortes mais vulnérables aux ranges de bet/fold de votre adversaire (vos TP, set et low flush) doivent être shove au turn tant que vous ne vous value cuttez pas trop souvent. Dit autrement, ne pas slowplayer si on doit tuer 20% d’equity adverse. Ainsi nous amènerons Vilain à commettre l’erreur du point précédent. Dans certains cas particuliers si on pense que Vilain va over-bluffer la river on pourra quand même juste call, car le risque pris sera plus profitable.

2 « J'aime »

C’est le résumé ou le rendu final ? #questioncon :joy:

1 « J'aime »

Encore un travail monstrueux Lacert@x !

C’est beau de voir tout ce que tu apportes à la communauté.

Promis ce sera optimsé et mis en format PDF dans notre prochaine école de poker !

:heart_eyes::heart_eyes::heart_eyes:

1 « J'aime »

C’est la version “thread” en vitrine sur PA. La version définitive sera mise en pdf par sboss59 avec quelques améliorations, en particulier dans la mise en page.

2 « J'aime »

2. Stratégies avancées.

Résumé

Le titre est je l’avoue quelque peu abusif. Je vais en réalité principalement vous présenter quelques situations plus précisément, en vous proposant un autre angle d’approche et tenter d’insister sur quelques notions qui je l’espère vous permettront d’améliorer un peu votre compréhension du jeu.

Introduction.

Une chose importante qu’il faut faire quand on cherche à s’éloigner d’un jeu basique “ABC” est de sortir du carcan “quelles sont mes cartes?”, “est-ce que j’ai touché le board?” et “qui a l’initiative?” pour se concentrer sur les bons modes de réflexions que je vais détailler ci-dessous. Vous verrez que vous aborderez le jeu post-flop sous un nouvel angle. Voici les questions que vous devez automatiquement vous poser:

  • Qui a l’avantage de range?

  • Qui a l’avantage de position?

  • L’avantage de position est-il important sur cette texture de board? (éventuellement tenir compte du SPR qui peut augmenter ou diminuer l’importance positionnel)

  • Comment dois-je jouer mes ranges dans cette situation?

  • Dois-je dévier de ma stratégie pour une autre plus profitable? (poker optimal* > poker GTO)

L’avantage de range est toujours plus important que l’avantage de position.

*: Une stratégie optimale est une stratégie GTO qui en dévie lorsque une autre line a plus d’EV.

On privilégiera donc une réflexion basée sur les avantages de ranges et de position, et la façon de jouer l’ensemble de nos ranges dans une situation précise, plutôt que sur l’initiative et comment jouer notre main. Savoir qui a l’initiative ne sert qu’à évaluer des ranges. De même la façon, jouer notre main exacte n’entre en compte que dans une stratégie plus globale de comment jouer nos ranges. A noter qu’on en revient au REM (Ranges Equity Maximisation), principe de base post-flop expliqué dans l’ebook “Easy Game” de Andrew “BalugaWhale” Seidman où la notion d’initiative est absente. Sauf que les notions de range advantage, de position advantage et de stratégies de ranges deviennent prédominantes.

Voici un exemple simple pour me faire rapidement comprendre: Nous avons avons relancé PF en MP et le CO qui est un bon reg nous a suivi. Nous frappons TP2K sur un flop 986s. L’approche basique serait juste de se dire: “j’ai l’initiative et une bonne main mais fragile, je CBet”. Une meilleure approche met en place les modes de réflexions susmentionnés. Je n’ai pas d’avantage de range. Je n’ai pas la position. Sur cette texture la position est importante. Jouant contre un bon adversaire je ne dois pas sortir de mes stratégies de base. Le bon play est de check/call parce que je ne peux pas CBet ce flop à bonne fréquence ayant un déficit important de range et de position, et donc que je dois check une grosse partie de mon range.

Pourquoi laisse-t-on souvent le joueur ayant l’initiative effectuer un CBet?

Je reviens sur la notion d’initiative. Comme je l’expliquais dans la partie sur le jeu PF, il est généralement plus facile de jouer avec l’initiative. Je l’ai même rajoutée à la théorie de l’accumulation d’avantages, et cette notion est dominante dans la théorie d’isolation. Mais dans cette section notre approche est différente et axée sur des concepts de jeu post-flop plus avancés.

-> Le joueur ayant l’initiative possède généralement un range plus polarisé que le joueur ne l’ayant pas. Son range PF étant plus diffus (ou moins condensé). Contre un range polarisé le défenseur souhaite plutôt call que bet ou raise avec une grosse portion son propre range. Voici pourquoi on laisse souvent le joueur ayant l’initiative continuer à miser, mais on verra que ce n’est pas toujours le cas dans la section sur les donk bets, à cause notamment du point suivant. Sur certaines textures, en particulier les plus statiques, le relanceur sera obligé de souvent CBet, au moins en position avec de petits sizings, parce que son range plus diffus percute plus de flops mais moins fortement. Le défenseur ayant un range plus condensé qui percute moins de flops avec une portion de son range (low PP et SC en particulier) mais plus fortement, a intérêt à laisser le relanceur effectuer son CBet.

-> Le joueur n’ayant pas l’initiative possède généralement un range plus condensé, sans toutefois être forcément capé. Sur certaines textures de boards ceci peut conférer un avantage de range. Si l’initial raiser en a conscience il devient mauvais avec certaines portions de nos ranges de défense d’essayer de lui laisser faire un CBet qu’il ne devrait effectuer qu’à faible fréquence. De plus, les stratégies de CBet ayant beaucoup évoluées, les ranges de CBet sont de mieux en mieux construits et contiennent de moins en moins de airs, ce qui peut encore diminuer l’intérêt de laisser notre adversaire effectuer son CBet sur certaines textures très dynamiques.

2.1 Stratégies de CBet selon la texture du flop.

Résumé

Je parlerai essentiellement des situations en single raise pot. J’essaierai de le mentionner lorsque les stratégies en pots 3bet diffèrent d’une manière qui me semble significative. Ce sera généralement le cas lorsque l’avantage de range changera de camp.

A- Stratégies de CBet OOP.

- En général si on n’a pas trois streets de value, il faut mieux check. C’est particulièrement vrai sur les textures qu’on ne peut pas CBet à haute fréquence. Mais on va parfois rajouter quelques mains qui n’ont que deux streets de value, en particulier si elles sont vulnérables, et qui protégeront aussi nos ranges de CBet et check au turn (on va les check/call turn).

Attention, quand je dis trois streets de value cela ne veux pas dire qu’on va forcément les 3 barrel. D’abord parce que le run out peut être défavorable, et ensuite parce qu’on pourra décider de les check/call ou check/raise à la river, voir de les check/raise au turn.

- En général, on va peu CBet sur les textures et dans les positions où Vilain va beaucoup faire de floating. notre bet est donc peu efficace et n’accompli pas grand chose.

1) Prendre conscience de l’importance de la position selon le type de flop.

Le range advantage et le position advantage sont les deux mamelles du jeu post-flop. La façon dont vous jouerez votre main dépend de la façon dont vous jouerez vos ranges dans une stratégie dépendante de ces deux notions. Dit simplement plus les deux avantages sont chez vous et plus vous miserez à haute fréquence, et plus ils sont chez l’adversaire et plus vous le laisserez miser. Ces avantages doivent être réévaluer sur chaque street.

Je vais ici me concentrer sur la notion de position advantage, ayant déjà bien abordé celle de range advantage. Mais gardez en tête que le range advantage prédomine. L’avantage de position dépend essentiellement de la texture du board. En résumer, plus le board est dynamique, avec en particulier la présence de draws possibles, plus les equities peuvent bouger, et plus la position prend de l’importance. Les CBets accomplissent peu de choses. En sachant que plus les SPR se réduisent et plus l’avantage de position diminue. Donc plus le stack effectif est petit par rapport au pot et moins la position est importante. Cette idée est très importante pour nos stratégies de 3bet OOP (et même parfois de 4bet) avec des combos qui préféreraient avoir la position avec des gros SPR.

Je vais donc vous présenter les trois types de flop en gardant les exemples donnés dans “Applications of No Limit Hold’em” de Matthew Janda .

> Flops a): Flops secs avec une ou deux cartes hautes (flops statiques ou “lockés”): la position est moins importante. Les equities vont peu bouger. Pour être exact, ce n’est pas qu’elle n’est pas importante (elle l’est toujours sauf lorsque le SPR est extrêmement petit), mais elle l’est moins qu’avec les textures de flops suivants. On voudra CBet à bonne fréquence. Nos sizings dépendront de notre range advantage ainsi que de notre stratégie soit mergée soit polarisée, avec splittages possibles.
Type de flops: A44r KK4s Q32r AK5r

> Flops b): Flops intermédiaires: la position est moyennement importante. On va CBet à moyenne fréquence avec splittages possibles. On est dans une situation intermédiaire entre la précédente et la suivante.
Type de flops: 742r 997r QT5r K65s

> Flops c): Low flops et flops drawy (flops dynamiques): la position est importante. Les equities peuvent beaucoup bouger. On va CBet à faible fréquence, mais souvent très cher si on le fait. On aura souvent des stratégies de jeu différentes en pots 3bet et pots 4bet, surtout sur les low flops. D’abord parce qu’en réduisant le SPR on a un peu diminué l’importance positionnel en nous donnant par exemple la possibilité de jouer sur deux streets au lieu de trois, et ensuite parce que les ranges étant différents on peut se retrouver avec un range advantage suffisant pour miser OOP à bonne fréquence, même si sur certaines turn nous serons amené à check très fréquemment (je rappelle que la particularité de ces flops est justement que les equities peuvent fortement changer). Dit simplement, en SRP l’avantage de position se cumule à l’avantage de range pour le joueur IP, alors qu’en 3bet pot le joueur OOP pourra parfois avoir un avantage de range suffisamment important, en plus d’avoir un SPR plus petit minimisant l’avantage de position.
Type de flops: 742s 876s 733s 986s

Note: On pourra donc cependant avoir des stratégies de CBet à bonne fréquence sur les low boards lorsque nous possédons le range advantage, même en SRP. Je rappelle que le range advantage prédomine. Mais il faut avoir conscience que nos adversaires vont souvent faire du floating. Ce qui reportera souvent l’action au turn où nous devrons développer des stratégies de protections de ranges puisque nous voudrons alors très souvent checker une grande portion de nos ranges. Je vous renvoie au paragraphe concernant le check/raise au turn après avoir CBet le flop.

  • Sur flop a): Comme Vilain va moins bet en position, on va CBet nos mains fortes et nos bluffs.
  • Sur flop c): Comme Vilain va beaucoup bet en position, on va check/raise nos mains fortes plus des bluffs.

2) De l’importance de protéger nos ranges de check.

Nous avons vu que sur les flops où la position est moins importante nous allons CBet raisonnablement, plutôt polarisé (avec des combos qui ont trois streets de value et de bons bluffs). Nous allons peu ou pas check/raise mais check/call quelques nuts pour les check/raise plus tard.
Nous avons aussi vu que sur les flops où la position est importante nous allons peu CBet, parfois même check full range. Nous aurons ici une stratégie de check/raise polarisée avec des nuts ou des draws qui font nuts.

Je pense que le plus simple pour essayer de protéger nos ranges de check est de grosso modo les jouer comme si nous étions le défenseur PF. Sur les flops où la position est importante, comme on va relativement peu CBet on se retrouve presque toujours dans une situation comparable à celles où on a call PF, avec cependant quelques différences dues aux ranges qui ne sont pas les mêmes. Nos ranges de check sont donc naturellement protégés puisque non affaiblis par un range important de CBet. Notre range moins condensé sera cependant moins défendable qu’un range de call PF: nous folderons donc plus souvent contre un stab de notre adversaire que contre un CBet lorsque nous sommes défenseur. Ce n’est pas grave dans la mesure ou Vilain prend un risque PF pour se retrouver dans cette situation. Cette notion est assez importante et sera reprise les streets suivantes lorsque nous subirons par exemple un stab après que Vilain a précédemment call.

Je vous renvoie aux sections concernant le jeu en tant que défenseur, en particulier celles concernant la façon de jouer nos draw (“Check/raise et raise CBet au flop en bluff”.

Sur les textures de flops ou la position est moins importante il peut devenir difficile de défendre nos ranges de check puisque nous allons aussi souvent CBet des mains faites et que nous avons beaucoup de air. Bien que ce ne soit pas très grave puisque Vilain prend un risque PF en callant et ne pourra pas si souvent stab au flop dans ces situations puisque nous allons CBet à bonne fréquence, il faut quand même protéger nos ranges. Par rapport à la texture de flop précédente nous nous retrouvons dans une situation moins proche de celle où on est caller PF puisque beaucoup de nos combos forts sont CBet. Nous avons donc une situation où nous risquons d’être plus capé. Il est alors très important de check aussi des nuts, comme des top set et top DP qui bloquent le calling range de Vilain si on les CBet, mais il va aussi falloir parfois être prêt à faire quelques calls limites et délicats avec nos meilleures TP que l’on n’a pas CBet. Il peut être difficile de splitter nos combos forts entre 3 barrel et check/call. Ici les reads sur Vilain seront primordiaux pour éviter de faire de mauvais calls (Vilain ne bluff pas assez ou ne va jamais se value cut) ou de mauvais fold (abandonner un combo dans le haut de notre range contre un Vilain très agressif, surtout si on n’a pas de bloqueurs sur son bluffing range). Dans l’ensemble nous allons quand même jouer ces combos de manière assez proche que dans les spots où nous avons call PF.

3) Stratégies de check/raise ou check/call avec nos value hands.

Voici les stratégies habituelles selon les trois types de flops présentés.

a) Les flops qu’on va souvent CBet seront rarement check/raise mais souvent CBet ou check/call.
Ainsi nos mains fortes de type TPTK, over-pairs, middle set et bottom set seront CBet. On décidera ensuite si on les 3 barrel ou si on check/raise ou check/call selon l’évolution du board et comment le range advantage évolue. Ainsi que de la manière dont on va jouer nos ranges. Par exemple sur une blank au turn, on peut décider de check un fort combo pour protéger nos ranges de GU.
Nos mains moyennes sont peu vulnérables, on va peu les CBet et préférer les check/call. On va aussi beaucoup check/call nos forts combos qui bloquent le board: top set et double paire haute. Selon l’évolution du board on choisira ensuite comment les jouer.

b) Les flops qu’on va moyennement CBet (et jamais sans equity), seront occasionnellement check/raise. On va donc alterner CBet, check/raise et check/call. Les top sets seront plus souvent check/call (removal effect sur calling range adverse) et les autres sets soit CBet soit check/raise. Sur les streets suivantes on les jouera comme dans le point précédent.
Nos mains moyennes étant plus vulnérables, on va plus souvent les CBet.

c) Les flops qu’on va rarement CBet (et jamais sans très forte equity), seront souvent check/raise. Ces flops seront aussi très souvent check/fold avec les mains qui possèdent peu d’equity.
Nos mains moyennes sont ici très vulnérables mais ne peuvent que difficilement être CBet ou check/call. Check/raise devient alors une option intéressante avec certaines d’entre elles.
Ces flops seront check/raise avec un plus gros sizing que les autres, au moins x4 le bet de Vilain.

=> Plus le flop rend la position importante (low/drawy), et plus on va check/raise nos mains très fortes.

4) Stratégies résumées:

Flops a):

  • Très peu de check/raise.

  • Beaucoup de check/call avec des mains très fortes (top set et DP max) et des mains moyennes. Les mains les plus fortes seront check/raise soit au turn soit à la river. Pour équilibrer on pourra parfois transformer une main moyenne en bluff en utilisant les notions de removal effect expliqués dans d’autres sections.

  • Beaucoup de CBets avec des mains fortes (TPTK, overpairs, middle set et bottom set) et des bluffs. En combats de blindes les TPGK deviennent des mains fortes et seront multi barreller. On équilibrera nos 3 barrel value avec des bluffs qui utilisent essentiellement le card removal effect (QJ sur Kxx x x lorsque le coeur du range de call de Vilain est KQ-KJ).

Flops b):

  • On va mixer les check/raise et check/call avec les mains très fortes. Les top sets seront plus souvent check/call (et check/raise au turn) et les autres sets ainsi que certains combos draws seront check/raise.

  • Les mains fortes (jusqu’à bottom DP) seront plus souvent CBet mais peuvent aussi être parfois check/call.

  • Les mains moyennes seront plutôt check/call.

  • Les bluffs avec equity seront plus souvent CBet (FD, OESD, bons draws backdoors, et bottom pairs kicker As avec BDNFD). Les bluffs avec peu d’equity (type gutshot, ou bottom pairs + BDFD) peuvent aussi être check/raise pour équilibrer nos check/raise en value. Mais pour augmenter l’equity de nos ranges de bluff on devra parfois aussi check/raise des draws moyens de type NFD donk le kicker est une petite carte.

  • On va plus souvent GU nos airs sans ou avec peu d’equity, y compris des mains de type underpairs.

Flops c):

  • Les mains très fortes seront toujours check/raise. Mais aussi des mains moins fortes qui sont vulnérables afin d’empêcher Vilain de facilement réaliser son equity sur ce type de board. On a peu de FE sur un simple CBet qui n’accompli souvent pas grand chose contre de bons joueurs.

  • Comme on va très peu CBet ces flops (et beaucoup check/fold, check/raise et check/call), on va aussi plus souvent check/raise ou check/call nos draws. Puisqu’il est difficile d’avoir de la FE sur un CBet.

Un petit mot sur les fréquences de mises en value. Dans le chapitre sur les bluffs nous verrons les bons ratos bluffs/value. Je vais juste dire ici qu’en gros avoir 30% de value hands au flop, 50% au turn et 70% à la river, sur des mises standards autour des 3/4 pot, est une bonne base. Ces ratios sont à appliquer sur des séquences de mises sur 3 streets, ce qui sera souvent le cas avec des ranges plutôt polarisés OOP. IP nous verrons que c’est un peu différent. Pour les check raise, essayer de maintenir un ratio de 2/1 en bluff/value. Comme nous aurons plus de mal à réaliser l’equity de nos bluff lorsque nous somme OOP, nous aurons un ratio un peu plus important de value hands que lorsque nous raisons IP.

B- Stratégies de CBet IP.

N’ayant plus à se préoccuper de l’avantage positionnel de notre adversaire et de la façon de protéger nos ranges, on va porter l’essentiel de notre attention sur le range advantage et sur la manière de tirer avantage de la position.

Nous avons vu que OOP, si on n’a pas 3 streets de value il faut mieux en général checker. Nous avons aussi vu que nos fréquences de mises en value étaient proches de 30% au flop, 50% au turn, et 70% à la river. IP par contre, nous pouvons mettre en place des séquences de mises en value sur une ou deux streets, ce qui va modifier nos fréquences. Voici ce qu’il faut retenir, sur des mises standards de 3/4 pot:

  • Avoir 70% de value hands sur le dernier tour d’enchère.
  • Avoir 50% de value hands sur l’avant dernier tour d’enchère.
  • Avoir 30% de value hands sur l’antépénultième tour d’enchère.

Cependant, comme il est difficile de mettre en place un plan de jeu sur une seule street, car si on bet flop et check turn Vilain pourra souvent bet la river, on va éviter de prévoir un bet pour value sur une seule street au flop, et préférer checker ces mains au flop pour éventuellement les miser soit au turn soit à la river, ou alors les utiliser en bluffcatch sur une street.

Conséquences:

IP, nous allons value bet avec un range plus large et donc plus mergé que OOP, avec des mains qui auraient check/call OOP. Comme des TPGK, voir même des paires intermédiaires et 2nd pair bons kicker sur certains flops. Nous allons aussi beaucoup plus miser des combos que nous aurions check/fold OOP, dans l’intention de tuer les equities des ranges de check/fold de Vilain qui possèdent environ 25% d’equity. Empêcher Vilain de réaliser son equity avec ses mains marginales est plus efficace lorsque nous sommes IP. Nous miserons donc plus souvent nos mains vulnérables. Nos sizings serons globalement plus petits et nous pouvons même éventuellement splitter entre un plus grand nombre de sizings.

Résumer:

  • OOP: Si nous n’avons pas trois streets de value, nous allons souvent check/call. Nous allons moins souvent CBet et avec un range plus polarisé composé de value hands plus fortes, et une proportion de bluffs plus importante.

  • IP: Si nous pouvons avoir deux streets de value, nous allons CBet avec l’intention soit de 2 barrel et check/back la river soit de check/back le turn et bet la river (ou call une mise adverse). Je conseille de 2 barrel les mains les plus vulnérables et de check/back turn et bet river les mains les plus solides.

2 « J'aime »

2.2 Stratégies de check/raise au turn après avoir CBet le flop.

Résumé

Cette partie est fortement inspirée de la vidéo de ArtPlay “Le check/raise au turn” ( Comment battre les midstakes en 2015 : Le check/raise au turn) de l’excellente série “Comment battre les midstakes en 2015”.

Nous avons CBet le flop, Vilain a call et nous sommes au turn. Pourquoi et quand devons-nous développer des ranges de check/raise?

Quel est l’intérêt d’avoir un range de check/raise au turn? Tout d’abord voyons comment cela apporte un avantage à notre adversaire si on ne check/raise jamais:

  • Vilain peut value bet plus thin.
  • Vilain peut protection bet efficacement.
  • Vilain peut bluffer plus fréquemment.
  • Vilain n’a pas à se soucier de folder l’equity de ses draws avec un bet/fold.

De notre point de vu, un check/raise augmente l’equity d’un grand nombre de nos combos. Nous n’allons cependant pas systématiquement les check/raise et un 2 barrel est parfois préférable. Voici donc les éléments qui nous permettront de choisir entre une line et l’autre.

Nous préférons check/raise:

a) Quand nous souhaitons protéger nos ranges de checks:

Quand on veut check une grosse portion de notre range: beaucoup de GU ou de value hands trop thin à bet. Notre range est cappé et vulnérable. Vilain pourrait value bet/protection bet plus thin (avec des sizings 40% pot qui sont très efficaces au turn dans ces situations), mais aussi bluffer très efficacement avec de gros sizings (overbets).

Quand on a trop de bluffs à 2 barrel.

b) Quand on s’attend à un bet fréquent de Vilain:

Quand Vilain a beaucoup de mains à protéger.

Quand Vilain a un range fort (range advantage). Par exemple sur une carte au turn qui favorise son range sur un board dynamique.

Quand Vilain est trop agressif.

Le premier réflexe au turn est donc de se demander de quelle manière la carte qui tombe va impacter la façon de jouer l’ensemble de nos ranges. Modifie-t-elle les equities? Comme un draw possible qui rentre ou une doublette qui favorise le caller. Au contraire est-ce une blank qui nous amènera souvent à GU nos bluffs du flop? Ou encore est-ce une carte qui rend nos value hands du flop trop thin à bet?

S’il s’agit d’une carte qui améliore le range adverse nous allons très souvent checker en suivant la notion de range advantage. Nous nous retrouvons donc dans une situation analogue aux flops que nous misons qu’à faibles fréquences et allons donc essentiellement check/fold, check/raise et check/call lorsque nous sommes face à un bon joueur. Nos check/raise devront le punir, mais si nous check/foldons un peu trop face aux bluffs adverses, ce n’est pas très grave puisque Vilain a pris un risque en suivant nos mises PF et flop avant de se retrouver dans cette situation.

Les turns qui nous obligent à souvent abandonner nos bluffs sans equity devront aussi être assez souvent checké.

Nous essayerons de garder un bon ratio de check/raise bluff qui sera proche de un bluff pour une value hands, ou un tout petit peu plus. Quitte à merger le pole value contre certains adversaires et/ou dans certaines positions, par exemple avec des over-pairs ou des TPTK en combats de blindes.

- Le check/raise en bluff:

On va tenir comte de trois éléments avant de décider quels combos choisir:

→ L’equity. Comme toujours plus nous estimons avoir de FE et moins nous avons besoin d’equity, tout en en gardant un minimum. Ici il faut savoir que l’effet de levier est très important pour notre FE. Jusque là Vilain jouait pour un petit pot et d’un coup nous effectuons une action très agressive qui pèse sur tout son tapis. Notre FE est donc souvent significative si le spot est correctement choisi. Avoir des bluffs à partir de 15% d’equity environ semble donc acceptable.

On va essayer d’avoir au moins une bonne gutshot avec over-cards. Mais on pourra aussi prendre des FD sans showdown value. Attention à ne pas utiliser nos meilleurs draws comme des OESD ou des NFD dont les outs sont cleans et qu’on serait obligé d’abandonner sur un jam de Vilain. En particulier sur les boards dynamiques où celui-ci va plus souvent shove nous empêchant de réaliser l’equity de nos bluffs. On préférera donc 2 barrel nos OESD et NFD.

→ Le blocker effect. Avec nos bluffs on va essayer de bloquer les ranges de bet/call de Vilain. Comme avec des bottom pairs kicker As qui bloquent bottom set et TPTK, ou des grosses gutshots qui bloquent les bonnes TP (mais qui bloquent aussi souvent les draws adverses que Vilain pourrait bet/fold…). Par contre lorsque nous sommes en value nous souhaitons bloquer les ranges de check/back et de bet/fold, et ne pas bloquer les ranges de bet/call.

→ La jouabilité river. Il faut bien réfléchir à comment on va jouer la river contre les ranges de check/back et de bet/call de Vilain. On sera particulièrement attentif à nos outs, s’ils sont cleans ou pas. Par exemple on va préférer 2 barrel plutôt que check/raise des combos de bluffs dont des outs amélioreraient une partie des ranges de bet/call de Vilain et qui nous battraient. Comme faisant rentrer un draw lorsque nous faisons DP.

Avoir un As (ou deux) en main améliore souvent la jouabilité de nos ranges de check puisque Vilain aura plus de bets en bluff (il va régulièrement check/back ses As high et il aura moins de TPTK à bet). Nos As value seront plutôt 2 barrel et nos As bluff plutôt check/raise.

Donc on utilisera essentiellement des draws moyens mais qu’on n’a pas de mal à fold vs re-raise shove, comme de petits FD ou une gutshot avec un bloqueur sur les ranges de bet/call de Vilain et si possible pas de bloqueurs sur ses ranges de bet/fold. Utiliser parfois aussi des weak pairs avec un bon kicker qui pourront être shove river.

Les check/raise en bluff sont très efficaces lorsque les ranges sont looses.

- Types de combos à check/raise en value:

Middle set et low set. Mais top set et trips hit Turn seront plus check/call pour ensuite être check/raise ou check/call à la river. L’idée est toujours de ne pas bloquer les ranges de bet/call de Vilain (TP).

Value plus thin quand les ranges sont wild: Fortes TP et over-pairs sauf AA (2 barrel ou plus rarement check/call). Ne pas check/raise en value des mains qui bloquent fortement les TP chez Vilain. C’est pourquoi nos over-pairs AA (et dans une moindre mesure nos over-pairs KK) ne sont pas bonnes à check/raise, elles bloquent les meilleures TP adverses. De plus AA bloque fortement les As high qui sont susceptibles d’être check/back par Vilain, donc lorsque Vilain mise il est potentiellement plus polarisé et son range moins composé de TPTK.

Nos Ax sur boards secs (draws ou TP du x), ont plus de jouabilité à être check/call ou 2 barrel que check/raise car bloqueur sur range de check/back de Vilain (Ax=SDV) et ont plus de jouabilité vs check/back.

Pour récapituler, on check/raise en bluff des draws assez weaks sans SDV, avec bloqueurs sur calling ranges et pas de bloqueurs sur folding ranges. Et on check/raise en value des mains fortes avec peu de bloqueurs sur calling range.

2 « J'aime »

2.3 Stratégies de donk bet.

Résumé

Move autrefois méprisé, le donk bet est aujourd’hui entré dans l’arsenal des meilleurs joueurs. Mais encore faut-il savoir quand et pourquoi l’utiliser. Comme nous le verrons le range advantage est ici encore une notion très présente, mais ce ne sera pas notre seule raison de reprendre l’initiative.

Il y a deux grandes utilités au donk bet: prendre de la value avec nos mains fortes sans laisser à Vilain l’opportunité de checker une street, et pouvoir bluffer plus profitablement en utilisant les textures propices.

A- Au flop.

Je rappelle ce que j’ai dit précédemment: le joueur n’ayant pas l’initiative possède généralement un range plus condensé. Contrairement au joueur qui possède l’initiative qui lui possède généralement un range avec une equity plus diffuse.

Pour des raisons déjà évoquées, on va souvent laisser le joueur ayant l’initiative continuer à miser. Cependant la notion prédominante est “qui a l’avantage de range”? Sur certaines textures de board, c’est le joueur ayant le range le plus condensé qui possède le range advantage. Les boards condensés, en particulier avec des cartes medium, avantagent mécaniquement les ranges de défense.

Si le range advantage est en faveur du défenseur, le joueur ayant l’initiative ne devrait pas souvent miser. Ce qui signifie que le joueur ayant le range advantage n’a pas intérêt à check avec une grosse portion de son range qui souhaite prendre de la value, et devra prendre l’initiative, même s’il ne l’avait pas le tour précédent.

Concernant l’avantage de position, on a ici une situation très différente de celle où l’initial raiser est OOP et le défenseur IP. Comme je l’ai déjà dit on tient d’abord compte de l’avantage de range. L’avantage de position, même s’il est très important, ne vient qu’ensuite. Dans la situation où le joueur en situation d’effectuer un CBet est OOP, son désavantage positionnel s’ajoute à son désavantage de range.

Un donk bet au flop sera efficace sur des textures où il y a plus de fortes combinaisons dans notre range que dans celui de notre adversaire, et où notre range a plus d’equity que celui de l’open-raiser (range advantage dû à un range plus condensé). Donc concrètement plus de combinaisons de double paires (en particulier avec des combos offsuit), de set et de straight. Je parle de combos de DP offsuit parce que le fait de les avoir augmente très significativement ne nombre de nos combos en value (PF: 12 combos offsuit pour 4 combos suited).

Dans les deux premiers paragraphes (le donk bet en value et le donk bet en bluff), je ne parlerai que des situations en HU.

Le donk bet en value.

La règle principale est: avoir beaucoup de combos qui sont susceptibles de miser trois fois en value quelque soit le run out. Cela veut dire que quelque soit l’évolution du board nous pourrons continuer à miser en value. Mais nous devrons aussi avoir des semi-bluffs. Ces derniers pourront se transformer en value bet lorsque le tirage rentre.

Nous privilégierons les textures de flops sur lesquelles Vilain va peu CBet. Lorsque nous avons une main forte nous prendrons plus de value sur les combos qu’il va call mais pas miser lui-même: TPWK, 2nd pair, draw, etc…

Il y a une autre utilité: nous prenons de la value avant qu’une possible carte bloquante tombe les streets suivantes nous empêchant de les value.

Bien sûr lorsque Vilain a une nette tendance à over-CBet any flop on va préférer check/raise. De même s’il peut over-protect des paires trop faibles.

Certains Vilains réagissent mal aux donk bets, sans même avoir conscience des ranges, et peuvent raise en bluff. Il est intéressant de repérer ces profils.

Dans tous les cas on va se demander comment Vilain va interpréter notre donk bet et comment il va y réagir: Il va jouer straightforward? Il va nous mettre par défaut sur un range fort? Va-t-il sur-réagir? Ou même call pour nous out play ensuite? Tout ceci est à anticiper avant d’envisager le point suivant.

Le donk bet en bluff.

Dans le cadre d’une stratégie équilibrée, si nous souhaitons avoir des ranges de value, et nous le souhaiterons dans de nombreux cas, nous devrons aussi construire des ranges de donk bet en bluff. Mais même au delà de ça, un bluff par le biais d’un donk bet peut être plus profitable qu’avec une autre line, et nous devrons aussi le faire dans le cadre d’une stratégie exploitante contre certains joueurs qui ne pourront correctement défendre.

Evidemment nous appliquerons cette stratégie sur les mêmes textures de flops. C’est à dire celles qui nous confèrent un avantage de range et que Vilain devrait peu CBet.

On utilisera le même genre de combos que pour nos ranges de check/raise, mais avec quelques nuances importantes. Nous avons donc deux types de combos:

- Les combos draws qu’on est prêt à go broke. Si Vilain raise on va shove et annuler son avantage de position tout en réalisant entièrement notre equity. Mais ici notre equity est telle qu’on ne peut pas vraiment parler de bluffs mais plutôt de réalisation complète de notre equity.

- Des weak draws. Généralement plus faibles que ceux qu’on utilise pour check/raise. Ils ont un peu moins besoin de retenir leur equity et on a plus de FE sur un donk bet que sur un check/raise contre un range de CBet sur une texture drawy. De plus on risque moins. On choisira des gutshots + BDFD (à une carte ou à deux cartes) ou des gutshots + 1 overcard de la couleur du FD du flop. Le mieux étant d’utiliser des combos avec une carte haute du FD du flop. Celle-ci bloque le range de call de Vilain (FD) et nous permettra ensuite de bluffer quand la flush rentre. Nous blufferons donc au turn sur nos outs fantômes.

Ces draws weaks ne sont pas assez forts pour être check/call, on augmente donc leur EV en les utilisant pour donk bet en bluff. On n’a pas de soucis à les bet/fold et on peut quand même améliorer si on est call. Un donk bet aura plus de FE contre le range global de Vilain que contre son range de CBet plus strong. Ce sera aussi souvent plus efficace qu’un hypothétique probe bet au turn lorsque Vilain check back le flop. D’abord parce qu’il sera peu profitable pour nous de nous défendre contre son range de CBet. Ensuite parce que Vilain pourra plus facilement défendre deux streets que trois avec un grand nombre de mains faites qu’il aura décidé de check back au flop. Et enfin parce que l’equity de notre main sera souvent plus faible au turn et donc moins profitable à bluffer.

Exemple sur QdJd8c:

  • On va donk bet en value des DP, des set et des straights.
  • On va donk bet des combo draws (comme KTdd).
  • On va donk bet des weak draws, comme Kc9c et Kd9c.

Les draws moyens serons plutôt check/call, ou utilisés pour probe bet le turn lorsque Vilain check back le flop.

Le donk bet exploitant.

En value contre les mauvais joueurs passifs pour être sûr de prendre trois streets de mises avec nos mains fortes. Même parfois contre des regs trop passifs. Appliquez cette idée à toutes les streets, y compris à la river lorsque vous avez touché vos nuts après avoir check/call deux streets.

En pot multiway ceci deviendra même la règle de base. En particulier lorsque l’open raiser effectuera peu souvent un CBet (texture drawy).

De la même façon qu’on peut donk bet en value de manière exploitante, on peut le faire en bluff lorsque nous pensons avoir une grande FE.

B- Au turn.

On aura la même réflexion que pour les donk bets au flop: nous misons lorsque nous avons un range advantage. C’est un peu plus compliqué qu’au flop parce qu’il faut évaluer comment la carte du turn fait évoluer les equities et qui elle avantage.

Nous allons donk bet quand la carte qui tombe avantage notre range. En particulier dans les spots où Vilain va peu 2 barrel, comme sur de mauvaises turn à bluffer. Nous le ferons bien sûr et en value et en bluff.

L’exemple le plus connu est celui de la doublette de la carte moyenne: il y a plus de middle pairs dans notre range de check/call que dans celui de CBet de Vilain. Nous allons donc donk bet au turn en value avec nos tripps et mieux, mais aussi en bluff, par exemple avec nos bons draws.

Mais il y a plein d’autres spots et il faut toujours réfléchir à la façon dont le turn fait évoluer les ranges respectifs.

L’idée restera toujours la même: on ne souhaite pas perdre une street de value lorsque nous avons une main forte, et comme l’ensemble de notre range est renforcé nous pouvons bluffer plus profitablement.

Résumer.

Pour récapituler, nous avons donc trois utilités au donk bet:

  • Maximiser notre value sur des textures avantageant notre range et qui donc ne seront que peu CBet par notre adversaire.

  • L’utilisation de l’avantage de range pour bluffer profitablement.

  • Prendre plus de value contre les mauvais joueurs.

1 « J'aime »

2.4 Construction de ranges de raise CBet au flop.

Résumé

J’ai déjà abordé le sujet plus tôt dans les sections concernant les stratégies simples. Je vais ici avoir une approche légèrement plus mathématique.

Ratio bluff/value: 2.5 à 3 bluffs pour 1 value IP, et 1.5 à 2.5 bluffs pour 1 value OOP. Le ratio dépend de l’equity de nos bluffs mais aussi de nos value hands, ainsi que des sizings choisis.
Ratio bluff/value de raise CBet: 2:1. Donc si on raise 12%, on aura 4% de value et 8% de bluffs.

Si on raise nos combo-draws, on va essayer d’avoir 1 bluff pour 2 combo draws.

Essayer d’avoir des bluffs avec environ 20% d’équité vs range de Vilain. (+ de 25% c’est plutôt un call ou un raise for value si on domine le range de call de Vilain, et - de 18% c’est plus un fold). Ces mains sont donc des weak FD, des gutshots, des backdoors draws et des bottom pairs.

  • Flop: on raise environ 2 combos de bluffs pour 1 combo de value.
  • Turn: on bet encore la moitié de nos combos de bluffs + nos value hands. On obtient donc un ratio de 1:1. La moitié de nos bets sont des bluffs.
  • River: on bet ici encore la moitié de nos bluffs (maximum) du turn + nos value hands et on essaye d’arriver à environ 25% à 30% de bluffs pour 70% à 75% de value hands. Entre 1/4 et 1/3 de nos bets sont donc des bluffs selon le sizing. Plus on size cher, plus on aura de bluffs.

A noter qu’environ 20% du temps nos bluffs deviennent des value quand on hit nos outs. Mais en contrepartie certaines de nos value hands (environ 20% du temps) perdent leur force et peuvent ne plus être bonnes (double paire inférieure après la doublette de la carte haute par exemple). => En moyenne nos bluffs du flop ont 20% d’équité, et nos value hands en ont 80%.

Exemple de construction de ranges par catégorie.

  • Catégorie 1: Les value hands: Bet flop + turn + river.
  • Catégorie 2: Les bluffs du flop: Bet flop et GU turn. Gutshots et draws backdoors qui miss turn.
  • Catégorie 3: Les bluffs de la turn: Bet flop + turn et GU river. Les low flush et draws backdoors qui hit turn.
  • Catégorie 4: Les bluffs de la river: Bet flop + turn + river. Les bottom pairs + over cards (bloqueur sur bottom set et over-pairs et pas de bloqueur sur TPGK).

Au flop: 4 catégories.
Au turn: 3 catégories.
A la River: 2 catégories.
2/3 à 3/4 de nos raise flop seront bet au turn.
2/3 à 3/4 de nos bet turn seront bet à la river.

Vs CBet au flop

Plus il y a de sets et de DP possibles dans notre range de défense (cartes connectées au flop, et plus elles sont basses plus elles doivent être connectées, ex: cartes hautes: KTx, cartes medium: T8x, cartes basses: x54s), et plus on va raise, et en value et en bluff. Puisque mécaniquement on aura à la fois plus de value hands (DP+ et combo draws), et plus de bluffs (weak draws).
On aura donc plus de value hand mais aussi plus de draws. D’un coté on voudra plus souvent raise nos value hands, d’une part pour faire payer des draws, et d’autre part pour représenter nous-même un draw quand Vilain a une main faite. D’un autre coté on voudra souvent bluffer ces flops pour équilibrer nos ranges de value, et justement sur ces flops on aura beaucoup de weak draws sans SD value. Nos ranges s’équilibreront donc d’eux même s’ils sont bien pensés en amont.
L’idée à retenir, c’est que plus on a de DP+ sur un flop en fonction de sa texture mais aussi de notre range PF, plus on va se permettre aussi de raise en bluff. => Plus on a de combos de value, plus on va rajouter de combos de bluff pour garder le ration 1:2.

Value raises:

  • Set+ ou DP+ si vulnérables. Voir TPGK+ dans les positions loose.
  • Combo draws. 12 outs si gros FD (GS + high FD), sinon 15 outs.
    Les value raises doivent nous assurer d’avoir la meilleure main à l’abattage la plupart du temps.
  • Weak TP et “weak” over-pairs sur low flops. Un raise permet surtout d’empêcher Vilain de réaliser son equity au turn ou à la river avec des mains qui on une bonne equity contre nous. Notre main est vulnérable et nous la protégeons.

Bluff raises:

  • Weak draws:
    High GS sans backdoor FD.
    Low GS + backdoor FD.
    Backdoors FD + SD.
    Axo w/backdoor nuts FD + backdoor GS.
    Axs w/backdoor nuts FD + backdoor GS.
    Low FD sans backdoor SD.
  • Bottom pairs. Si on n’a pas de bottom pair dans notre ranges, on peut éventuellement rajouter des PP entre la 2nd pair et la bottom pair si on n’a pas assez de raise bluff, surtout si elles donnent des backdoors SD.

Les bluff raises doivent nous assurer d’avoir la meilleure main à l’abattage la plupart du temps lorsque nous nous touchons nos outs et améliorons.

De manière générale, on va raise à plus haute fréquence sur les boards dynamiques, c’est à dire sur les boards dont les cartes à venir peuvent substantiellement modifier la valeur des combos. Que ce soit en value ou en en semi-bluff. Ainsi quelque soit l’évolution du tableau nous aurons toujours des nuts dans notre range.

Calls:

  • Mains faites:
    DP+ si non vulnérables.
    TP, 2nd pairs, paires intermédiaires. Les 2nd pairs pourront être utilisées pour bluff raise au turn ou à la river pour équilibrer des middle set qu’on jouera aussi de cette façon.
  • Draws moyens ou avec SD value et parfois draws assez faibles si grosses cotes implicites:
    Nuts FD, surtout avec gros kickers. Parfois ces mains sont assez fortes pour être raise en value (par exemple nuts FD + 2 grosses overcards, typiquement AKs).
    Draws + pair. Parfois ces mains sont assez fortes pour être raise en value.
    Draws moyens: 8 ou 9 outs, si possible avec backdoors (OESD, FD moyens ou low FD + backdoor SD).
    Axs w/backdoor FD si gros kicker.
    High GS + backdoor FD.

Nos calls doivent soit nous assurer d’avoir régulièrement la meilleure main à l’abattage, soit de souvent toucher une carte au turn qui améliore notre equity.

NB: As PFR: vs raise CBet nous devons être capable de défendre 20% de notre range de CBet flop jusquà la river.

1 « J'aime »

3. Quelques rappels et précisions.

3.1 Les types de bluffs.

Résumé

A- Ranges de bluff équilibrés.

Il faut tenir compte de 3 éléments:

  • La showdown value. On va bluffer lorsque notre SDV est trop souvent insuffisante pour remporter le pot.
  • L’equity. On va éviter de bluffer flop et turn lorsqu’on a peu d’equity.
  • Le removal effect. On va essayer de bluffer avec des bloqueurs sur les calling ranges adverses, et sans bloqueurs sur les folding ranges.

Les 3 sont importants et il ne faut pas 3 barrel bluff seulement avec un seul élément, sinon on risque de trop bluffer. Bien savoir bluffer nécessite de trouver le bon équilibre entre ces trois notions.

1) Barreller avec equity (semi-bluffs avec draws).

Evidemment cette notion ne concerne pas la river. Même si la notion d’equity compte aussi parfois, par exemple pour raise bluff lorsque notre equity est juste inférieure à ce qu’il nous faut pour call profitablement.

Il s’agit des bluffs les plus courants et les plus évidents. La question qui se pose en réalité est de savoir si on doit ou pas continuer le bluff sur la river lorsqu’on miss notre draw.

2) Utiliser le “card removal effect”.

C’est à dire utiliser des cartes dans notre main qui influent sur le range de Vilain (bloqueurs). Soit:

- Avoir des bloqueurs sur son range de call. On utilise principalement des grosses cartes qui bloquent bien les TPGK, des low pairs qui bloquent DP et set, ou encore des combos qui vont bloquer des flushes ou des straights. Le type de combo dépendra de la situation et de ce qu’on pense du range adverse. On va essayer d’utiliser des mains avec équité et aux outs le plus clean possible pour barreller.

- Ne pas avoir de bloqueurs sur son range de fold. En particulier ne pas utiliser les gros miss draw pour 3 barrel bluff. Avec un miss FD on bloque les miss FD de Vilain qu’il aurait folder. Ceci est surtout vrai pour les nuts FD, et beaucoup moins pour les straight draws. D’ailleurs les miss straight draws avec bloqueurs sur les callings ranges sont des candidats évidents pour les 3 barrel bluff.

On entend souvent des joueurs dire qu’ils vont bluffer parce qu’ils ont un bloqueur sur les nuts. En réalité avoir des bloqueurs sur les calling ranges est beaucoup plus important qu’en avoir sur les nuts. Il faut donc avoir un mode de réflexion différent et toujours se demander de quoi est composé le range adverse, ce qu’on cherche à faire folder et comment on bloque ça.

Evidemment ces notions de removal effect sont aussi très importants pour hero call. Parfois il est préférable de hero call un combo moins fort qui bloque le value range de Vilain et ne bloque pas son bluffing range qu’un combo plus fort mais qui ne bloque pas son value range et qui bloque son bluffing range. Quoi qu’il en soit si vous voulez évoluer à des limites plus hautes, il vous faudra assimiler ces notions de removal effect et qu’elle soient dans le coeur de vos raisonnements.

A noter que plus le pot est gros et plus le removal effect est important, puisque les ranges deviennent moins wide. De même plus les ranges sont serrés et plus on utilisera le removal effect pour bluffer, et plus ils sont larges et plus on utilisera le bas de notre range pour bluffer.

3) Bluffer le bas de notre range à la river.

Flop et turn nous n’utiliserons pas le bas de notre range pour bluffer si nous n’avons pas d’équité. Ce seront soit des GU si Vilain bet, soit éventuellement des delayed bluffs. C’est à la river que nous utiliserons les combos qui sont le plus bas dans notre range global, le bas de range peut donc être très différent selon les actions qui nous ont amenées à la river. Il peut s’agir de 6 high dans un pot entièrement checké, comme K high après un double barrel en semi-bluff avec une OESD, ou encore une paire intermédiaire après un multibarrel de Vilain (les paires intermédiaires qui bloquent à la fois des set et des str8 ou des flush sont souvent à privilégier).

Si nous souhaitons bluffer des miss draws, nous utiliserons soit des miss SD avec des bloqueurs sur les bonnes top pairs ou sans bloqueurs sur un éventuel miss FD par exemple. Pour les miss FD, nous n’utiliserons pas les miss NFD qui bloquent trop le folding range adverse et qui sont trop haut dans notre range. Nous utiliserons parfois des miss FD sans grosse carte. Les combo draws qui ratent sont les plus mauvais bluffs river tellement ils bloquent le folding range adverse.

Pour résumer:

  • Evaluer le rapport risque/récompense (risk/reward).
  • Flop et turn, bluffer les mains avec équité et peu de SDV. Utiliser le removal effect parfois avec pour plan de continuer jusqu’à la river.
  • River, prendre en compte le removal effect. Éventuellement transformer certaines SDV en bluff, comme des 2nd pair ou des paires intermédiaires, si elles ont de bons bloqueurs (haut de folding range + removal effect), surtout lorsqu’on est défenseur (puisqu’on ne devrait pas barreller ces mains). Utiliser le bas de notre range lorsque la FE est suffisante.

B- Ratios équilibrés.

Essayer de garder à l’esprit les bonnes fréquences de bluff par street. Les voici pour des mises moyennes autour des 3/4 pot:

  • Flop: 30% de value hands environ.
  • Turn: 50% de value hands environ.
  • River: 70% de value hands environ.

Retenez aussi l’influence des sizings sur nos fréquences de bluffs:

  • Plus un bet est petit, plus on peut avor de bluffs au flop.
  • Plus un bet est gros, plus on peut rajouter de bluffs à la river.
    Donc la meilleure séquence pour avoir beaucoup de bluffs river est: bet petit flop et turn pour over-bet river.

Ainsi que de l’importance de la texture du board, en particulier au flop:

  • Plus la texture est favorable aux petits bets (plus les ranges sont larges), et plus on va miser (value, bluff et bets pour faire folder l’équité de Vilain).
  • Plus la texture est favorable aux gros bets (flops connectés), et moins on va miser (surtout OOP), et ce le sera de manière plus polarisée.

C- Le range advantage.

Profiter des boards favorables à notre range. C’est à dire lorsque nous avons plus de mains fortes dans notre ranges ou que notre range est plus condensé en bonnes mains. Selon les positions et les situations le range advantage peut être chez l’initial raiser ou chez le défenseur PF. Il peut aussi évoluer d’une street à l’autre post-flop sur des textures dynamiques.

Par exemple, on a open du CO et BB a call. Le flop est AK2r. Ce flop favorise nettement notre range. AA KK AK (voir AQ) ne sont pas dans le range de Vilain mais dans le notre. Vilain n’a que A2s et 22 comme mains fortes. On va donc pouvoir barreller en bluff profitablement.

Un autre exemple, on ouvre de MP et BB 3bet, nous callons. Le flop est T96. Ici TT 99, voir 87s et 66 sont chez nous. Vilain est capé à over-pair.

Attention, il faut différencier le nuts advantage (quand les nuts sont chez nous) de l’equity advantage (quand notre range a une meilleure equity). Paradoxalement on peut avoir un nuts advantage sans avoir d’equity advantage. Le range advantage comprenant ces deux facettes, il faut toutes les deux les estimer. Je pense que pour simplifier on va plus souvent polariser nos ranges lorsqu’on a un nuts advantage, et plus souvent les merger lorsqu’on a surtout un equity advantage, avec pour conséquence de varier nos sizings et fréquences de mises.

Par exemple sur notre flop AK2r on a un très net nuts advantage qui nous permet de miser très cher avec une bonne fréquence de bluff. Mais dans un pot 3bet SB vs CO sur Kxx sec la SB possède un equity advantage qui lui permet de miser peu cher à haute fréquence avec un range plus mergé, avec notamment des value bets plus ou moins thin, comme avec des mains de type JJ par exemple.

D- Bluffs exploitants.

1) Quand Vilain ne montre pas de force.

Souvent après deux checks de sa part, si la texture du board le permet et que Vilain n’a montré aucun signe comme quoi il s’intéressait au pot, il est souvent temps de débuter un bluff.

Pensez à souvent voler les petits pots s’il n’y a pas plus de 2 Vilains dans le coup.

2) Contre un range capé.

Quand Vilain aurait sûrement raise un bon jeu mais qu’il s’est contenté de call. Typiquement quand Vilain c/c (donc OOP) un 2 barrel sur un board relativement connecté.

Je rappelle que contre les ranges capés les over-bets sont assez efficaces.

1 « J'aime »

3.2 Le sizing de CBet à la mode: le 1/3 pot.

Résumé

Dans le paragraphe 1.3 je parle des bet sizings. J’y explique quand et pourquoi faire cher ou peu cher. Je reviens cependant sur le sizing spécifique du 1/3 pot au flop parce que je pense que peu de joueurs de petites limites comprennent réellement son intérêt, et soit ne l’applique pas, ce qui n’est pas très grave mais réduit souvent notre EV, soit l’applique par simple mimétisme, ou du moins sans toujours savoir si la situation s’y prête réellement.

Donc dans le paragraphe “Comment choisir ses bet sizings” j’expliquais que l’on devait faire peu cher lorsque:

  • 1 -> Les deux ranges contiennent beaucoup de airs.
  • 2 -> Pour voler l’equity de Vilain.
  • 3 -> On possède un range value mergé étendu. A noté que ce point ne signifie pas qu’on ne bluff jamais.

Je rajouterai qu’appliquer le sizing à 1/3 pot nous permet de CBet à plus haute fréquence.

On va voir maintenant concrètement comment le sizing de CBet flop 1/3 pot s’applique. Il y a deux spots spécifiques dans lesquels on va choisir très régulièrement le CBet 1/3 pot.

a) Dans les SRP sur des textures de flops qui frappent très peu les ranges. Ce sont des boards neutres comme 942 ou 833. C’est particulièrement vrai lorsque les deux ranges sont très wide, comme en combats de blindes. Ici nous réunissons les raisons 1 et 2. Voici ce que cela accomplie:

  • Souvent Vilain ne pourra pas défendre à la bonne fréquence puisque son range comporte beaucoup de airs. Nous avons un risk reward très favorable avec nos bluffs.

  • Vilain devra folder des combos qui possèdent parfois 25% d’équité contre notre main. Même si nous ne sommes pas en value, faire coucher des combos moins bons est un bon résultat. Faire folder le range de fold de Vilain a une meilleure EV que de lui laisser réaliser gratuitement son équité.

Personnellement j’applique cette stratégie dans les SRP uniquement IP. Lorsque mon adversaire est lui-même IP, il aura tendance à beaucoup plus float et nous aurons un moins bon résultat. Mais en BvB c’est tout à fait envisageable tant les ranges de la BB serons wide, et nous pouvons tout à fait développer une stratégie de CBet 1/3 pot sur les flops dont la position a moins d’importance (voir le paragraphe “stratégie de CBet OOP”).

Cependant, même si nos fréquences de CBet seront plus hautes avec ce petit sizing, nous allons tout de même pouvoir check de temps en temps. En particulier contre les bons joueurs qui pourraient exploiter une stratégie de CBet full range chez nous. Mais aussi contre les mauvais joueurs passifs que l’on pourra par exemple bluffer plus tard dans le coup en ayant plus d’info s’ils check plusieurs fois (voir le paragraphe sur les delayed bluffs).

Nous pourrons alors check backdeux types de combos: Des airs absolus, que nous pourrons éventuellement bluffer plus tard si Vilain reste passif. Et des showdown values qui nécessitent peu de protection et qui pourront être value plus tard ou qui serviront pour call les bets de Vilain (comme Q4s sur Q55r). Sur les flops moins neutres avec plus de risques de se value cut on devra aussi check back des showdown value plus faibles, comme les bonnes hauteurs.

b) Dans les pots 3bet sur les textures de flops qui ne favorisent pas le range de notre adversaire (range advantage). Ici nous réunissons les raisons 2 et 3. Comme sur un flop K43. Notre stratégie sera souvent de miser quasi full range 1/3 pot. Voici ce que cela accomplie:

  • Nous allons tuer l’équité de Vilain qui devra fold des combos qui possèdent souvent 25% d’équité. Par exemple avec AK sur 932 nous ferons folder QJ chez Vilain, ou encore avec 99 sur K62. Il est vraiment important de tuer l’équité des combos du range de fold de Vilain pour peu cher. Ceci permet de plus de moins se value cut pour le même résultat par rapport à un gros sizing.

  • Nous possédons un range value étendu. En particulier dans les situations où nous avons beaucoup de TP ou d’over-pair, mais aussi des paire très fortes. Sur K62 nous allons bet 1/3 pot quasi full range, nos TP, nos airs, mais aussi nos paires intermédiaires. Avec des combos comme QQ nous allons value un range plus étendu qu’avec un gros sizing, et avec moins de value cut.

Si notre CBet au flop est payé, la situation au turn se trouve changée, les ranges ayant évoluées, et nous ne nous trouvons plus dans les situations mentionnées. Ceci signifie que nos fréquences et sizings de bets au turn ne seront plus du tout dans le même ordre d’idée: Après un CBet au flop de 1/3 pot nous allons moins souvent 2 barrel qu’à un sizing plus cher. Et lorsque nous allons 2 barrel nous augmenterons significativement notre sizing, souvent vers les 3/4 pot, nos raisons de miser n’étant plus les mêmes (nous commençons à polariser nos ranges).

1 « J'aime »

3.3 Le 3 barrel bluff en pot 3bet.

Résumé

J’ai déjà parlé du card removal effect (CRE). Je vais ici donner quelques exemples pour les cas spécifiques de 3 barrel bluff en pot 3bet. Ou plutôt je vais donner quelques combos particuliers qu’on pourra éventuellement utiliser pour leurs bloqueurs si par ailleurs les conditions sont réunies. Nous serons essentiellement dans des spots où nous avons peu d’autres bluffs naturels et où il nous faudra utiliser les bloqueurs sur les meilleurs TP: ranges resserrés et boards relativement peu dynamiques, ce qui favorise l’utilisation des grosses cartes pour la construction de nos bluffs. On ne va donc pas bluffer ces combos lorsque Vilain possède beaucoup d’autres types de mains pour call (on ne bluff pas ce qui bloque TP quand le board offre des flushes, des straights, des set et des DP…). Grosso modo on pourrait dire qu’on va bluffer ces mains lorsqu’on est en situation de value TPTK et over-pairs. Si on n’a que des mains plus fortes à value, on va naturellement utiliser des bloqueurs sur des combinaisons plus fortes.

Voici les meilleurs combos à bluffer sur les différents types de boards relativement peu dynamiques avec une carte haute:

  • AQ bloque AK et KQ sur boards Kxx lorsque Vilain a ces combos dans ses ranges de call 3bet PF (par exemple SB vs MP).

  • KQ bloque AK et AQ sur boards Axx lorsque Vilain a ces combos dans ses ranges de call 3bet PF (par exemple SB vs MP).

On voit l’avantage de 3bet certains combos de KQ (généralement KQs si on est OOP) contre les positions précoces. J’ai presque envie de dire qu’avant de 3bet KQs en blinde vs MP il faut se demander si on est prêt à 3 barrel bluff post flop sur des boards type Axx. Si on ne le fait pas on risque par ailleurs de under bluffer ces boards.

  • QJ bloque AQ et AJ sur boards Axx lorsque Vilain a ces combos dans ses ranges de call 3bet PF mais peu de AK (par exemple SB vs BU).

  • QJ bloque KQ et KJ sur boards Kxx lorsque Vilain a ces combos dans ses ranges de call 3bet PF mais peu de AK (par exemple SB vs BU).

On voit qu’en late positions QJ remplace AQ et KQ sur les boards Axx et Kxx. Lorsqu’on 3bet ces combos se sera donc avec les mêmes idées que celles développées pour KQs précédemment. Il est utile de comprendre que certains combos qui peuvent être profitablement call PF peuvent aussi se 3bet lorsqu’on pense que cela augmente leur équité réalisable, en particulier leur bluff equity, sur les boards secs type Axx ou Kxx où on va juste c/f lorsqu’on est défenseur PF.

  • AK bloque AQ et KQ sur boards Qxx dans à peu près toutes les positions. Idem sur les boards Jxx ou Txx (bloque TPTK et TP2K), mais on bluffera avec beaucoup plus de parcimonie.

Avec AK, lorsqu’on décide de CBet sur ce type de flops, ce sera souvent dans l’idée de multi barrel bluff. Sinon on préférera check, ou même parfois small CBet (1/3 pot) pour tuer l’équité de Vilain / value thin sans trop se value cut.

Evidemment contre un joueur UTG qui call 3 streets avec ATo sur Axx xx, bloquer AK et AQ est moins efficace puisqu’il call avec un combo qu’on souhaitait faire folder, même si on bloque quand même une partie de sa calling range. Bien sûr contre lui on se déséquilibrera vers les value bets, parfois même assez thin…

Voici maintenant un contre-exemple:

  • KJ bloque KQ et QJ sur boards Qxx mais ne bloque pas AQ qui comprends un nombre important de combos dans le calling range adverse.

On se rend compte que les combos AK AQ KQ QJ sont les broadways qui offrent le plus de possibilités post-flop. Les versions suited de ces mains seront donc les combos qui seront prioritairement 3bet PF. Avant AJ AT KJ et KT qui le seront souvent soit en value directe lorsque les ranges sont loose, soit en bluff (surtout IP) pour leurs bloqueurs mais avec moins de potentiel post-flop. QT et surtout JT offrent quant à eux plus de potentiel de semi-bluff et seront parfois 3bet (QT plutôt IP avec meilleurs bloqueurs, et JT plutôt OOP avec meilleur potentiel de draws). A noter quand même qu’une main comme QJs est extrêmement profitable à cold call PF IP, et les avantages du call sont souvent supérieurs à ceux du 3bet.

S’il y a des FD possibles au board, on va éviter d’utiliser les combos comprenant une carte de la couleur du FD pour bluffer puisqu’on bloque le folding range adverse.

Par contre lorsque une flush potentielle rentre, on va utiliser l’As bloqueur de la flush pour bluffer puisqu’on bloque le bluffing range adverse (ce qui est plus important que de bloquer les nuts). Par exemple avec AsKd sur Js6s2d 5s 7d on a un spot de 3 barrel bluff. Par contre si la flush miss on va vouloir utiliser un combo sans pique.

Lorsqu’on construit nos ranges de 3bet PF il est bien d’anticiper nos actions post-flop afin d’éviter soit de trop bluffer, soit de ne pas assez bluffer. Dans les exemples cités dans ce chapitre on va donc essayer d’avoir suffisamment de bloqueurs sans pour autant les over bluffer post-flop.

J’ai ici parlé des bloqueurs évidents sur les meilleures TP et sur les flushes, mais comme je le disais en introduction, dans un grand nombre de situations ce ne seront pas les meilleurs combos à utiliser pour barreller en bluff. Soit parce qu’ils ont trop peu d’équité flop et/ou turn, soit parce qu’ils ne bloquent pas suffisamment les mains les plus fortes et/ou plus probables de la calling range adverse. Bloquer une TPTK sur un board qui donne la possibilité à vilain d’avoir de nombreux jeux plus forts ne sert pas à grand chose, au contraire le removal effect risque de jouer dans l’autre sens. Avoir AK sur JT8 7 2 ne nous sert à rien. Dans ces situations on va préférer des combos qui bloquent straight-set-DP, et donc anticiper dès le flop ce qu’on va faire de chacun de nos combos. Parfois CBet au flop une 2nd ou 3rd pair dans l’idée de multibarrel peut s’envisager si on n’a pas de meilleurs candidats pour bluffer.

J’insiste une nouvelle fois là-dessus, la compréhension du removal effect est ce qui fera la différence au niveau technique. A mon avis, une fois que le mental et la rigueur de jeu sont place, ce sont ceux qui jouent le mieux leurs ranges qui auront l’avantage et seront le mieux armés pour faire les bons bluffs et les bons calls aux bonnes fréquences.

Petite conclusion

J’espère vous avoir aidé à développer un jeu plus complet avec une meilleure compréhension des concepts fondamentaux du poker, et ainsi pouvoir dominer les micro limites et mieux appréhender les limites plus hautes.

Pour finir, je tiens particulièrement à remercier @sboss59 pour son travail sur la création du pdf.

4 « J'aime »

Chapeau bas ! :pray::pray::pray:

Hello @Lacerta_max,

Merci pour tout ce travail !! :smiley:

aplause

Merci une fois pour les notions de bases.
Merci deux fois pour la NL2.
Merci dix fois pour la NL10.

J’attends avec impatience le PDF. :clap:

ça va être long de lire tout ça bon faudrait peut être que je lise entièrement les 2 autres déjà .
Bon je fini Au delà du hasard et j’attaque la lacertax académie.

Tu est au top un boulot monstre depuis quelques années déjà.

Merci pour ton taff gros

Rétamer la NL10 est disponible en pdf grâce à sboss59: RetamerlaNL10.pdf (2,4 Mo)

Encore un grand merci à lui.

14 « J'aime »

J’ai survolé le book, c’est impressionnant. Quelle somme de travail !
La mise en page est impeccable !
++

1 « J'aime »

UN grand merci à vous, quel travail de ouf :kissing_heart: