[quizz échecs] Qu'ai-je joué?

Les échecs c’est vraiment un mode de pensée différent du poker, et j’ai parfois un peu de mal à me faire à ce mode de pensée.

C’est comme quand on dit qu’il ne faut pas attendre d’erreur de l’adversaire et simplement le meilleur coup possible. En fait, il n’y a pas du tout d’adaptation à l’adversaire. En tant que joueur de poker je n’arrive pas à comprendre ça.

Par exemple il y a pas mal de cas où le meilleur coup dans l’absolu ne peut mener qu’à la nulle. Si à côté de ça il y a un coup qui peut me permettre de gagner, mais qui me fait perdre si l’adversaire me voit venir, et que je pense que l’adversaire ne va pas voir le coup venir la plupart du temps, je vais sans hésiter prendre le risque pour gagner la partie (à l’inverse si je pense que l’adversaire ne se fera pas avoir, j’essayerais de chercher la nulle). C’est clairement un raisonnement en terme d’EV mais je ne vois pas comment il pourrait être mauvais. Ensuite dans des compétitions sur plusieurs parties il peut être intéressant de jouer pour la nulle, mais c’est aussi une histoire d’EV, il s’agit d’estimer la valeur de la nulle par rapport à la valeur de la victoire en quelque sorte.

Dans le cas qui nous occupe c’est encore pire puisque je n’ai rien à perdre à tenter encore ma chance puisque sinon j’ai perdu de toute façon.

Alors certes la position parait gagnante ou perdante à certains moment, mais ce qui compte c’est celui qui va vraiment gagner à la fin non ? C’est comme au tour de France quand ils parlent de maillot jaune virtuel en plein milieu d’une étape, je n’ai jamais compris à quoi ça rimait.

Bref j’ai vraiment du mal à raisonner comme un joueur d’échecs, mais je trouve ça passionnant d’essayer de comprendre.

Oui, je suis aussi intéressé par la question. Et contrairement à certains grincheux qui trouvaient à redire sur ta vidéo, moi, ce que j’ai aimé justement, c’est l’impression que j’avais d’entrer dans ton cerveau et d’écouter en direct ton raisonnement et ton mode de réflexion.
En fait, les similitudes entre jeu d’échecs et Poker sont peu nombreuses. Ce qui serait comparable, ce serait un HU où on joue contre un seul adversaire humain. Comme aux échecs. Par exemple, aucun bon joueur d’échecs ne trouvera plaisir à jouer contre un logiciel et tu verras que tu te lasseras très vite. Je pense que ce qui attire les joueurs d’échecs vers le Poker, c’est la prise de décision. Clairement, le Poker aide à prendre des décisions rapides et justifiées. Une autre similitude entre les deux.
Aux échecs, quand tu prépares une partie de compétition, tu le fais aussi en fonction du style de ton adversaire, de ses forces et de ses faiblesses. Autre similitude avec Tracker et read de l’adversaire. Dans un Open d’échecs, tu seras surpris de voir le temps qu’on passe à étudier le jeu des autres tables et adversaires.
Par contre, beaucoup de différence et en premier lieu la chance qui est inexistante aux échecs. Par exemple, ce matin, je termine 2° de 2 SNG en jouant les mêmes coups ev+ qui m’ont fait sortir de tous les SNG joués depuis une semaine. Tu pushes avec QT, coup ev+, ça passe 2 fois sur 5. Ca j’ai beaucoup de mal à gérer. Alors qu’au échecs, dans la même position ou très similaire, tu joueras le même coup avec le même résultat.
]EDIT[ Ha oui, une autre grosse différence, c’est qu’aux échecs, il faut bosser, beaucoup bosser, le poker à côté, c’est un jeu de flemmard.

La grande différence entre le poker et les échecs tient au fait qu’aux échecs le facteur chance n’intervient pas; il existe donc « une » vérité et si une position est objectivement perdue, ça sert à rien de la jouer contre un joueur qui a un minimum de technique …

Si, cette adaptation à l’adversaire existe. Un exemple est le championnat du monde Kasparov contre Kramnik où Kramnik avait compris qu’il devait jouer une défense ultra-solide (défense espagnole, variante berlinoise) pour « énerver » Kasparov et le pousser à la faute … Il faut cependant voir que cette adaptation à l’adversaire n’est un facteur important que si l’on est en présence de 2 très bons joueurs (un peu comme le concept du « merge » au poker).

Le « seul coup = abandon » était ma conclusion lors de l’analyse postmortem. Le truc est que si l’on peut démontrer par l’analyse qu’une position est perdue ça n’a aucun sens de continuer à la jouer. En live, avec les Blancs, j’aurais comme toi continué à jouer quelques coups pour voir si les Noirs trouvent le bon plan …

Oui, ce qui explique aussi le succès du poker. Aux échecs, si on ne bosse pas comme un fou dès l’enfance, on ne gagnera jamais un sous …

Il n’est pas possible que le joueur, fut-il le meilleur du monde fasse une erreur, même si c’est 0.001% du temps ? Par exemple, il est tellement sûr de gagner qu’il relâche sa vigilance et fait une erreur, ou sa femme vient d’accoucher et il abandonne, ou il fait une crise cardiaque, ou il a un spasme, touche accidentellement une pièce et doit la jouer.
C’est pas fair play mais on s’en fout. :slight_smile:

Avec l’experience, un joueur apprend qu’il ne faut jamais relacher la pression avant que la partie ne soit terminée… Donc à part une crise cardiaque comme tu dis, y a des positions où les deux joueurs perdent vraiment leur temps a continuer. Effectivement il y a des joueurs qui n’acceptent pas la défaite et jouent jusqu’au bout, même en position désespérée, mais personnellement je n’aime pas trop ça

Historiquement, le jeu d’échecs était un jeu de nobles alors que le poker était un jeu de truands … :stuck_out_tongue:

Je suis d’accord avec Jazzman et Jadupsky : si la position est objectivement perdante, l’analyse à postériori ne présente aucun intérêt.

Mais en live, au cours de la partie, il ne faut pas abandonner trop tot et baisser les bras au premier « mauvais » coup. Même la perte d’une pièce peut-être temporairement compensée par un meilleur développement, une plus grande initiative…
Il faut eviter de partir en tilt lorsque l’on s’apperçoit de son erreur.
Se reconcentrer.
Analyser calmement la position.
Et seulement si c’est réellement perdu abandonner.

Cette question, m’a fait penser à une anecdote racontée par Yasser Seirawan (GMI américain) dans son bouquin « Stratégies gagnantes aux echecs ».

Cela s’est produit dans un championnats du monde féminin junior. Si les noirs gagnent, ils sont champion du monde. La position est la suivante (avec trait aux blancs), avec 3 pions de plus, elle est archi gagnante pour les noirs :

La partie s’est terminée suivant :
1.Te3+ Rf8?? (le seul coup perdant pour les noirs)
2.Te8 mat

Et les noirs perdent le titre de champion du monde…

Comme quoi, il ne faudrait peut-être jamais abandonner

Pour répondre à cette analyse, je te répondrai la phrase suivante d’Aaron Nimzowitsch:

« Ne tendez aucun piège pour le plaisir ! Ne jouez rien dans l’espoir que l’adversaire réagisse de façon stupide ! Prenez toujours pour acquis que l’adversaire va trouver le meilleur coup ! Ne jouez jamais de coup dans l’espoir que l’adversaire ne voie pas la menace ! Chacun de vos coups doit améliorer la position d’une façon ou d’une autre. »

Edit : Tant qu’on est dans les citations, je t’en remets encore deux autres en lien avec le sujet.

La première est de Xavier Tartacover: « L’avant-dernière faute fera gagner. »
La seconde est de Johannes Zukertort : « Les échecs, c’est la lutte contre l’erreur. »

C’était précisément en pensant à cette phrase que je disais que je n’arrive pas à penser comme un joueur d’échec.

DON RAMOS wrote:

[quote]Je suis d’accord avec Jazzman et Jadupsky : si la position est objectivement perdante, l’analyse à postériori ne présente aucun intérêt.

Mais en live, au cours de la partie, il ne faut pas abandonner trop tot et baisser les bras au premier « mauvais » coup. Même la perte d’une pièce peut-être temporairement compensée par un meilleur développement, une plus grande initiative…
Il faut eviter de partir en tilt lorsque l’on s’apperçoit de son erreur.
Se reconcentrer.
Analyser calmement la position.
Et seulement si c’est réellement perdu abandonner.

Cette question, m’a fait penser à une anecdote racontée par Yasser Seirawan (GMI américain) dans son bouquin « Stratégies gagnantes aux echecs ».

Cela s’est produit dans un championnats du monde féminin junior. Si les noirs gagnent, ils sont champion du monde. La position est la suivante (avec trait aux blancs), avec 3 pions de plus, elle est archi gagnante pour les noirs :

La partie s’est terminée suivant :
1.Te3+ Rf8?? (le seul coup perdant pour les noirs)
2.Te8 mat

Et les noirs perdent le titre de champion du monde…

Comme quoi, il ne faudrait peut-être jamais abandonner[/quote]

Ca me rappelle une certaine partie Ivanov - Karpov, championnat d’URSS ( du temps du mur). Karpov fait une couille, Ivanov un illustre inconnu remporte la finale de Tours et de fait se retrouve membre de l’équipe d’URSS pour les prochaines olympiades. Le jour dit, il débarque à l’aéroport de Montréal, demande à aller acheter un journal, et là il écrit sur un bout de papier " aidez moi prévenez la police, je demande l’asile politique"…

Le futur canadien s’en souviendra de la couille de Karpov, c’est sur… Pour lui, comme dirait John, la couille était ev +