Poker, un miroir de la vie ?
Le joueur qui veut progresser, n’aura jamais d’autres alternatives que de devoir prendre conscience de ces défauts, il aura la possibilité de pouvoir les constater, 1 fois , 2 fois, 10 fois de façon très concrète, et rapide, ça risque de lui couter cher.
Il fera alors un petit bilan, et se dira peut-être « je devrais être moins agressif, ou moins timoré ».
Le proverbe « Au poker, ton pire ennemi est toi-même » prend alors tout son sens.
Nous voilà alors dans une démarche qui pourrait bien être nouvelle pour certains : se remettre en question.
Se voiler la face sur ses défauts ? Combien de temps cela peut-il durer au poker, le jeu lui-même se chargeant de nous le rappeler régulièrement, le jeune qui mais un point d’honneur à vouloir progresser va faire alors un effort sur lui-même qu’il n’aurait peut-être fait qu’à la quarantaine ?
Comme un accélérateur de constats sur soi-même, le poker pourrait bien être un de ces miroirs, qui nous permettrait de progresser plus tôt que prévus.
La vie se charge de nous donner quelques leçons, et nous en retirons souvent un bilan un peu tardivement, j’y vois là avec ce jeu un moyen de gagner du temps.
Au-dela de l’argent, le VRAI gain au poker ne serait-il pas de faire ce cheminement de vie ?
Je me suis amusé à observer quelques notions que l’on apprend à ce jeu :
S’intéresser aux autres :
On commence par tenter de catégoriser nos adversaires, on observe, on cherche les « tells ».
Puis devant certains enjeux plus importants (en table finale d’un gros tournois par exemple), on prend carrément la peine de se mettre entièrement à la place de nos adversaires :
Ce tournois est-il le tournois de sa vie ? Est-il capable de faire un moove par vanité ? A-t-il peur d’être bluffé ou manipulé ? A-t-il conscience de l’image qu’il reflète, est- il suffisamment fin pour la maîtriser ? Souhaite t-il juste être accepté dans ce milieu ? Veut- il passer au-dessus tout le monde ? A-t-il un égaux qui lui fera faire des erreurs ?
On tente de se mettre à l’intérieur de sa personnalité, pour mieux comprendre comment il pourra réagir, et ainsi pouvoir peut être le lire.
Lorsqu’on a découvert ou travaillé cette façon de se mettre à la place des gens, pour des raisons qui ne sont pas forcément bienveillantes, on garde peut être quelques instincts dans la vie, qui peuvent être utiles pour cette fois des raisons bienveillantes.
Alors on se met à mieux comprendre les réactions de nos proches, la démarche de se mettre à la place des gens reste une habitude qui ne peut avoir une répercussion que positive finalement.
Les peurs, les frustrations, les angoisses, qu’on avait pris la peine d’observer chez notre adversaire peuvent faire de nous, peut- être des âmes plus sensibles aux sentiments des autres, et ainsi ces aptitudes devenues presque instinctives se répercuteraient sur nos vies personnelles.
Etre raisonnable :
Et oui, c’est un lutte continuelle pour certains, être raisonnable, patient, calibrer ses relances, répartir sa bankeroll pour assurer les périodes difficiles, savoir se coucher quand ça n’est pas le moment ….
Combien ais-je vu de jeunes devenir plus raisonnés, plus méthodique, plus linéaire dans leur comportement, les répercussions ne peuvent être encore une fois que bénéfiques.
Ces jeunes, dont certains étaient en rupture avec la société, apprennent un peu ou beaucoup suivant leurs motivations, a devenir plus raisonnable, se seraient-ils posé cette question s’ils ne jouaient pas à ce jeux ?
Certains rebelles n’ont-ils pas été obligés de se calmer ?
On se rend compte que les jeunes champions sont souvent très équilibrés, dans l’analyse, dans la réflexion, je pense par exemple à Tristan Clémenceau, jeune prodige de Winamax, ou Manuel Bevand qui va chercher se calme dans le boudhisme.
Je pense aussi à Andrew Black, qui à, après avoir fait un travail sur lui dans un monastere boudhiste pendant 5 ans, a fait des performances importantes par la suite.
Autant de questions saines à se poser sur cette notion importante qui se répercutera obligatoirement dans la vie, qui permettra de constaté que cette progression est au aussi est surtout bénéfique pour notre vie à tous.
Se maîtriser :
Nous voici la dans une notion souvent éloignée de quelques jeunes un peu déstructurés, et encore une fois par le biais de ce jeu ludique, correspondant quelquefois à l’expression d’une rébellion vis-à-vis des parents, ce jeu va les obliger à devoir se maîtriser, par la force des choses, pour prouver à tous qu’ils sont capables de bien jouer.
Un mec qui pense avoir le dessus sur toi, te relance pré-flop, tu le paye avec 5 et 7 de carreaux, espérant pouvoir le contrer en cas de flop favorable et illisible, le flop arrive A 9 J, sans carreaux, le mec agaçant relance, il n’a pas forcément l’As , mais dans cette situation, tu dois te coucher, et prendre sur toi face à ce gars qui t’agace.
Tu reportes ton égo à plus tard, tu te dis « c’est pour la prochaine fois », tu apprends à être frustré 1 2 fois ou plus, pour pouvoir peut être en tirer le bénéfice plus tard.
ça peut se comparer aux 1er boulots, lorsque tu es obligé d’obéir, de jouer le jeu de l’Entreprise, de la hiérarchie, le jeune rebelle va comprendre que s’il fait un effort maintenant, il en tirera les bénéfices plus tard.
Ce jeune vit ces situations si souvent au poker, qu’il n’aura au bout d’un moment pas d’autres choix que de maîtriser son égo pour gagner, et quand on gagne au bout du compte, c’est justement l’égo qui est revalorisé, exactement comme dans la vie.
La maîtrise, c’est aussi prendre une décision importante malgré l’enjeu, avec plein d’ennemi autours de toi, au début on panique, puis on s’habitue, puis certain arrive à trouver le calme évitant la confusion d’un stresse polluant au moment de la décision.
Encore là, ce seront des efforts sur nous-même qui pourront être bénéfiques, en réunion de travail par exemple, ou en cas de questions déstabilisante qui nécessite une réponse cohérente et réfléchie.
En ce qui me concerne, je me suis préparé à un tournois de 900 € au cercle cadet, 350 joueurs, en faisant de l’auto-hypnose j’ai pu trouver ce calme, et assurément pris de bien meilleures décisions, j’ai fini 5eme avec à la clé 18 000 €.
Rétrospectivement, je me rends compte que mes résultats ont été bien meilleurs en me préparant ainsi, aurais-je pris la peine de le faire pour autres choses ? Non.
En revanche, j’ai découvert le bénéfice de cette préparation, qui me sert maintenant pour ma vie professionnelle et privé.
On découvre que cet état de calme permet de mieux sentir les gens , de pas avoir de pensées polluantes pendant le jeu, de prendre des décisions raisonnées, cette démarche est magnifique pour la vie.
Savoir se relever :
Tu as tenu le coup jusqu’en milieu de tournois , avec un tapis dans la moyenne, tu prends un bad beat qui annule tous les efforts fait jusque-là dans ce tournois, certains se disent : eh voila ! comme d’habitude ! ça renvoie peut être à d’autres injustices qu’on a subi dans notre vie, et là on se dit , eh puis merde de toute façon s’est foutu…et on s’envoie en l’air avec une main moyenne, la vrai erreur est à ce moment la.
Avec le temps, on se rend compte qu’il faut accepter et changer de stratégie à ce moment la, et que c’est précisément là qu’une des différences entre le bon joueur et le joueur moyen se situe.
Qui n’a pas vécue cette situation dans la vie ? et combien de temps faut-il pour se rendre compte concrètement que c’est la seule option pour s’en sortir : se relever.
Encore une fois, des choix très concrets se mettent en place, et la conséquence arrive beaucoup plus rapidement au poker que dans la vie, le gain de temps est incroyable.
Accepter son sort, re-penser une nouvelle stratégie, et ne pas s’enfermer dans une sorte de fatalité du genre « ça va mal finir comme d’hab », je crois que ceux qui ont compris ça tôt dans leur vie ont une sacrée longueur d’avance.
Le fait d’être obligé d’intégrer ce genre de réaction pratiquement instinctive au poker, a des répercussions positives sur nos vies.
Le jeune rebelle apprend malgré lui, une intelligence de vie qu’il aurait mit bien des années à comprendre.
Trouver le bon équilibre :
A un moment de mon tournois, je n’ai pas envie d’être contré car je suis dans la moyenne, mon but est plutôt de me maintenir.
Je vais devoir trouver le bon équilibre entre agressivité et prudence pour garder mon image, je ne vais pas trop jouer le bouton pour qu’on ne me voit pas comme un opportuniste, et je vais choisir le bon spot avec une main défendable, sur des adversaires frileux.
Bref un équilibre est à trouver.
Entre agressivité, patiente, prudence, statistique, ressenti sur l’adversaire, adaptations, etc…la clé n’est-elle pas de trouver le bon équilibre à chaque table ? En fonction de nos adversaires.
Nous avons ce travail systématique à faire, trouver le bon équilibre très souvent, voilà toujours une démarche très intéressante.
Trouver le bon équilibre travail/vie privé, ou Famille/amis, équilibrer son temps, son énergie, ses dépenses, etc….
Bref, une notion de plus dans notre bibliothèque de démarches bénéfiques pour la vie.
Prendre des risques calibrés pour gagner / Prendre en main son destin :
Changer de boulot qui devient pénible, entreprendre un projet professionnel individuel, investir, proposer une idée, se positionner dans ses convictions, etc…
Des risques à prendre dans une vie, au risque de la voir défiler sans qu’il ne se passe rien.
Je prends en main mon destin puisque les cartes n’arrivent pas :
j’ai une image serrée, il me reste 20 blinds en milieu de tournois, pré-flop 2 limpeurs en début de parole et l’agressif de la table au cut off (40 blinds) prend le spot comme souvent et relance à 4 fois la blind, j’ouvre 9/J de treffle.
Je peux peut-être sur ce coup prendre mon destin en main ?
Certes, sans le jeu que j’attendais, mais j’aurais ma chance s’il paie, puis j’ai une cote sympa avec les 2 limpeurs.
Je prends le risque, j’envoie le tapis, et ça passe ! Je suis fier d’avoir pris sur moi, cette info restera dans ma tête, dans mes instincts car cette situation se représentera.
Et je note, dans les regards un peu plus de respect, on va se calmer sur mes blinds pendant un moment.
Je me retrouve avec 30 blinds, et une image solide, mon tournois a pris une autre dimension plus grâce à ma décision qu’aux cartes.
Je n’apprendrais qu’à peu de monde, que dans la vie, c’est exactement pareil.