D’abord les tells c’est un mythe. Je ne dis pas qu’il n’y a pas dans le comportement des choses qui trahissent notre état d’esprit, mais que la pensée sur le tell fonctionne comme un mythe.
Les idées qui circulent sur les tells sont une successions de contre vérités qui cherchent à découvrir une recette miracle où l’on chercherait comme la clé du succès au poker et qui constitue comme un prétexte chez beaucoup de joueurs live pour ne pas apprendre la technique du jeu, qui est incomparablement plus importante.
Le type même du tell en tant que mythe c’est l’exemple que prend Harrington dans Les Joueurs où un personnage porte son biscuit à l’oreille et le casse quand il a un gros jeu et ne le casse pas quand il n’a rien. C’est évidemment grotesque, mais la réflexion de la plupart des gens sur les tells s’arrête à ce genre de mythes. Bien sûr les livres sur les tells seront plus complexes que ça, mais tu n’y apprendra jamais rien que de très marginal, peu exploitable et nettement secondaire par rapport à tous les autres aspects du poker.
Dans les faits, les tells ne sont pas très fiables, et sont faciles à simuler pour envoyer des reverses tells et c’est de toute façon l’un des aspects les plus insignifiants du poker.
Une notion beaucoup plus intéressante que celle de tell est la notion de read, qui inclut les tells mais les dépasse largement.
Quand tu vois Negreanu à la télé par exemple qui annonce la main de son adversaire, ce n’est pas parce qu’il a porté la main à son menton ou je ne sais quoi, c’est parce qu’il a analysé tout le coup, ce qui inclut en effet l’attitude du joueur à tous les moments, mais il n’en tire pas une conclusion gravée dans la pierre. Ce qui compte c’est comment l’adversaire à joué et en le comparant aux mains qu’il a déjà joué contre lui. La plupart du temps, en analysant simplement les mises, on peut arriver aux même conclusion.
La preuve d’ailleurs qu’un joueur comme Daniel Negreanu, qui est le type même du joueur qui base son jeu sur la lecture de l’adversaire, ne porte pas tant d’attention que ça aux tells, c’est qu’il n’en a rien à faire d’en donner lui-même, il discute sans cesse, rigole, bouge, et ne va pas se mettre les mains devant la bouche…
Voilà donc pour les tells par eux-mêmes. Aspect existant au poker, mais très secondaire.
Pour ce qui concerne les SNG, c’est une variante purement technique. Savoir ce que possède l’adversaire est un aspect secondaire des SnG. Les décisions en STT sont basés avant tout sur la structure de payement et le rapport des stacks.
Mettre son adversaire sur un range est important aussi, mais c’est secondaire, et surtout on voit bien que mettre son adversaire sur un range est très différent de la logique des tells qui est d’essayer de savoir si l’adversaire se sent fort ou non.
En fait savoir où l’on se situe par rapport à l’adversaire est le cadet de nos soucis en STT.
En fait en étudiant les tells, tu vas étudier un aspect secondaire et peu fiable des reads, qui ne sont qu’une partie de l’attribution d’un range à l’adversaire qui n’est qu’un aspect secondaire dans le processus de décision en SnG, bref tu étudies un aspect secondaire d’une partie d’un aspect secondaire.