Le marché allemand des jeux en ligne

[quote]L’Allemagne est depuis longtemps un marché actif pour les opérateurs de jeux et de paris en ligne, où les plus grands noms de l’industrie se concurrencent pour se tailler une part du gâteau sur l’un des marchés les plus importants d’Europe. Ce pays de 82 millions d’habitants, qui affiche de bonnes infrastructures technologiques, n’a pas échappé à l’attention des opérateurs. Tour d’horizon.

On pense bien sûr logiquement aux opérateurs germaniques en premier, tels que Bwin, Bet-at-home, Interwetten ou encore BetClic, dont la maison mère française, Mangas Gaming a acquis Bet-at-home en mars 2009 pour 38 M€ environ. Du poker aux paris sportifs, en passant par le casino ou les skills games, l’Allemagne est sur l’avant-scène des jeux en ligne. Le poker est bien placé, avec PokerStars, Full Tilt Poker, PartyPoker et Everest Poker se livrant une rude bataille pour atteindre et recruter les joueurs allemands. PokerStars ressort leader, en nombre de joueurs et en termes de présence off-line grâce à son European Poker Tour (EPT). D’ailleurs, certaines questions ont été soulevées à propos d’évènements dans ce genre, suite au braquage qui a eu lieu pendant l’étape berlinoise en mars dernier.

La situation législative est paradoxale en Allemagne, pour un tel état européen. L’Interstate Gambling Treaty interdisant toute forme de jeux ou de paris en ligne dans les 16 Länder allemandes est entré en vigueur en janvier 2008, et a été au centre de nombreux débats. Mais quand on regarde Bwin, qui opère à travers une licence obtenue au début des années 90 dans l’ex-RDA, ou encore Full Tilt Poker, qui, comme les autres opérateurs de paris en ligne ou de poker, opère en Allemagne sans aucune licence, il est clair que les opérateurs, qu’ils soient licenciés à Malte, dans les Iles anglo-normandes, Gibraltar ou sur l’Ile de Man, travaillent de manière assez libre dans le pays.

Ceci ne devrait pas changer dans un futur proche, ou tout du moins jusqu’à ce qu’un nouveau cadre législatif permette aux autorités du jeu allemandes de délivrer des licences aux opérateurs, comme en France ou en Italie. Cette nouvelle régulation est prévue pour début 2012. En effet, l’état de Schleswig-Holstein a déjà déclaré son intention de se retirer de l’Interstate Gambling Treaty, et se prépare pour être prêt pour 2012. Un traité qui devrait être réexaminé en 2010, selon Wulf Hambach, fondateur et partenaire au sein du cabinet d’avocats « Hambach & Hambach ». En effet, les opérateurs génèrent des revenus significatifs pour le marché, et toutes les taxes qui pourraient revenir à l’Etat s’échappent vers l’étranger. « Le marché allemand des jeux en ligne est actif tous les jours, alors que l’Allemagne est le seul pays européen, avec la Grèce, a essayer d’empêcher totalement ses citoyens d’accéder aux sites de jeux en ligne. Même la Grève a finalement décidé d’évaluer les possibilités d’ouvrir son propre marché à la concurrence, souligne-t-il. Avant d’ajouter « qu’il y a des milliers de sites et qu’il est impossible de les contrôler. Pour le moment, les autorités ne perçoivent pas de taxes. Cela sera un argument choc quand le sujet de la régulation sera abordé en Allemagne ».

Oddset et les autres opérateurs licenciés se font à l’idée d’une régulation du secteur, et pourraient proposer des jeux en ligne aux Allemands. Un tel scénario ne s’effacera jamais et les opérateurs privés se tourneront vers la Commission Européenne pour lancer encore plus de procédures contre l’Allemagne, comme au moment de l’introduction de l’Interstate Gambling Treaty. Autre point important concernant les opérateurs licenciés par l’Etat : l’Interstate Gambling Treaty leur interdit de faire de la publicité pour leurs services, ce qui a déjà conduit à une baisse de 30% en termes de revenus, selon le Deutsche Lottoverband, l’association des loteries allemandes. « A ce taux, la perte totale en termes de chiffre d’affaires pourrait atteindre 14 Mds€ d’ici décembre 2011« , selom Hambach.

Au niveau opérationnel, faire de la publicité ou diffuser des émissions de télévision sur le poker version payante est interdit en Allemagne, même si de nombreux programmes dédiés au jeu existent. Comme on a pu le voir sur les marchés français et espagnol, les opérateurs sponsorisent les programmes de poker télévisés, sans que leurs logos n’apparaissent, ou en affichant leurs sites en .net, ce qui leur offre néanmoins une bonne exposition médiatique, tout en ne laissant que peu de doute sur le nom de l’opérateur sponsorisant l’émission.

Les opérateurs ont également trouvé le moyen de gagner en exposition en proposant le « €50cent casino ». Les opérateurs tels que Betsson peuvent ainsi offrir la possibilité aux joueurs allemands de jouer au casino en ligne jusqu’à 50 cents sur Betsson.tv. Ceci est possible car ce type de jeu n’est pas considéré comme du gambling par la loi allemande. Les broadcasters produisent en effet depuis dix ans pour la télévision, alors que les sites de jeux en ligne font de même sur la toile, et ont investi les plate-formes de télévision au cours des deux dernières années.

Pour les sites de poker majeurs ayant une part de marché significative en Allemagne, la manière dont ils s’adressent à leur clientèle joue un rôle clef, car ils ne peuvent pas officiellement communiquer ou proposer du poker payant à leurs clients. Ils se présentent donc comme des sites éducatifs sur le poker, où les visiteurs peuvent apprendre à jouer gratuitement. Le saut du .de au .com est facile à faire pour n’importe quel utilisateur.

Outre PokerStars, qui a choisi Boris Becker comme ambassadeur ou Everest Poker, le nouvel opérateur né de la fusion entre Bwin et PartyGaming pourrait se tailler une part importante du gâteau si le marché allemand était régulé.

PokerStars ou Full Tilt Poker ne vont pas trop s’inquiéter du partenariat entre PartyGaming et la plus grosse marque de paris en ligne en Allemagne, vu leur leadership par rapport à PartyPoker. Mais Bwin génère 25 à 30% de ses revenus globaux de ce marché, alors que pour Party, le marché allemand génère des revenus de 81,9 M$ sur ses revenus totaux de 44,2 M$ en 2009, plus que sur n’importe quel autre marché, Royaume-Uni compris. Si l’on considère le fait que seuls les .net ou sites éducatifs font l’objet de publicité de la part des opérateurs, de tels chiffrent montrent un aperçu de la viabilité du marché allemand.

Et avec l’Internet Gambling Regulation, Consumer Protection and Enforcement Act du Barney Franck, qui pourrait empêcher potentiellement PokerStars de se porter candidat à l’obtention d’une licence aux Etats-Unis, le marché allemand continuera d’être une source d’attention majeure, et la concurrence est sûre d’y devenir encore plus intense pour tous ces opérateurs majeurs.[/quote]

Traduit de l’anglais d’après un article de Jake Pollard

http://www.igamingfrance.com/lallemagne-au-centre-des-attentions/11503