Joueur né (Biographie de Stu Ungar) - N.Dalla,

Voici un article que j’avais écrit l’année dernière pour un webzine littéraire.

Stu Ungar est sans doute le plus grand joueur de cartes que la terre ait jamais chié. S’il est reconnu comme l’un des plus grands joueurs de poker, et sans doute le meilleur, les spécialistes s’accordent, et sans aucune réserve, à assurer que Stu fut, est, et restera (pour toujours) le plus grand joueur de Gin rami.
Né en 1953 à New York, Stu laisse tomber les cours dès l’adolescence, préférant trainer dans les tripaux mafieux de New-York. Engagé comme croupier, pour sa capacité à manipuler les cartes, il joue très vite ses premiers dollars contre « les grands ». Et, rapidement, du haut de ses quinze ans et ses mensurations de gamine - il culminera, à l’âge adulte, à 1m60 pour moins de 50 kilos - il écrase un à un ses adversaires au Gin rami. « Récupéré » par les caïds de la mafia de New-York, qui voient en lui une sacrée machine à fric, il part à la conquête de Miami, Los Angeles et Las Vegas. Partout, il torture et ridiculise les meilleurs spécialistes dans des parties à plusieurs milliers de dollars. Son instinct, sa capacité à lire dans le jeu et l’esprit de ses adversaires (qui confieront avoir le sentiment de jouera à jeu découvert), son intelligence hors norme, et sa grande gueule font rapidement de Stu le meilleur spécialiste de Gin. Il est bon, trop bon: aucun type ne veut plus jouer avec « The Kid » et les casinos lui interdisent un à un l’accès aux salles et aux tournois; tournois auxquels, lorsque Stu est inscrit, plus aucun mec ne veut participer… Ungar, puisqu’il ne peut plus jouer au Gin, décide alors de se porter vers d’autres jeux, notamment le poker Hold’em No Limit. A Vegas, dès ses débuts à cette variante de poker - « la Cadillac des Cadillac » selon Doyle Brunson - il écume les tables les plus relevées et les plus chères en Cash Game, défiant les plus grands joueurs de la planète (ce qui équivaut pour quelconque joueur, professionnel ou non, à un suicide financier inratable). Mais Stu n’est pas un joueur ordinaire, il pige vite et continue d’empocher le fric… ce type est un génie.
En 1980, alors que son expérience en NL Hold’em est ridicule, notamment son expérience en tournoi dont le jeu est très différent du Cash Game, il s’inscrit au Main Event pour un buy-in de 10000 $. Deux jours plus tard, il est champion du monde à l’âge de 25 piges après avoir baisé un à un les vieux briscards texans ou juifs. L’année suivante, il récidive. Il empoche 375000$ pour son nouveau sacre et 125000 de plus après avoir parié à 6 contre 1 sur sa propre victoire. (Les bookmakers et nombreux joueurs avaient associé sa victoire de 1980 à un simple coup de chance). Stu devient dès lors une attraction et multiplie les rentrées de pognon. Durant sa carrière, on estime qu’il a ainsi accumulé plus de 30 millions de dollars de bénéfices.
Pourtant, à sa mort, en 1998, il est ruiné et camé jusqu’à 'os. Car Stu n’était hélas pas seulement le meilleur joueur de cartes de la planète, il était aussi le plus grand joueur, un flambeur démesuré. Tout au long de sa carrière et depuis ses débuts, il aura cramé ses gains aux jeux de cartes dans des paris sportifs stupides et sur des courses hippiques. Quittant une table de jeu des liasses de biftons plein les poches, Stu allait aussi sec les miser sur un canasson… 60000 $ sur un canasson…
Il commença à taper la came en 1975, ne supportant pas que sa mère ait été placée en hospice. A Vegas, la cocaïne lui permit de tenir le coup, une partie de poker pouvant durer plusieurs jours et plusieurs nuits. La descente aux enfers est annoncée, Stu passe au crack.
En 1986, Ungar, divorcé et ruiné, s’éloigne du poker; même s’il continue de le pratiquer, c’est tout d’abord sur les paris sportifs qu’il se concentre, les cartes lui permettant seulement de récupérer un peu de blé lorsqu’il n’a plus un rond. En 1997 et après plus de dix années de dizette, mal en point, dévisagé par la came , puant et sans un rond, Stu fait son retour et participe au Main Event dont le buy in sera réglé par un ami. Résultat? Un troisième titre de champion du monde et 1 million de dollars empoché… Les génies ne crèvent pas…
Ungar est mort en 1998 à l’âge de 45 ans. Un freak est mort, un génie est mort, Vive Stu Ungar.

Joueur né - Nolan Dalla, Peter Alson - Éditions SONATINE - 359 pages
ci-dessus avec Doyle Brunson lors de la victoire de Stu aux WSOP en 1980

il a l’air d’avoir eut une vie agité, un peu à la mannière des rock star, par contre dommage que ton article soit si grossier par moment…