Hérésie au Hasard d'un Tournoi

Chers P-Académiciens, Stochastique et professeurs,

Grâce à notre site favori « Poker-Academie.com » et plus encore suite aux nombreux conseils prodigués par nos professeurs, chers par le talent et si peu dispendieux pour nos maigres économies ou nos « Points Boutiques » accumulés à si grande peine, nous sommes passés pour la plupart du stade de troglodyte de l’ère « All-In Pre-Flop » au stade de compagnon de la Renaissance, Bâtisseur de BankRoll rendant gloire au Dieu Poker. Les plus talentueux d’entre-nous envisagent d’ailleurs un pèlerinage à la Mecque WSOP de Las Vegas pour lui rendre hommage et lui témoigner votre adoration.

Dans l’histoire des religions à travers les âges, le questionnement permanent de soi et de sa foi à donner lieu à nombreux débats débouchant sur des schismes et doctrines parallèles. Le Poker n’échappe pas à cette règle car, en la matière, de vérité il n’est point. Vos Posts, les Forums, les différents styles, les variantes du jeu, … en témoignent.

A l’origine des temps, il était le « Cash Games ». Les « Tournois » ne sont apparus que fin des années 60 pour devenir aujourd’hui la discipline la plus pratiquée.

Aimant aller à contre-courant et ce au risque d’être mis au ban de la communauté, j’affirme que le tournoi donne une trop grande part au hasard et à la chance desservant en cela logique, stratégie et science prônées par François TARDIEUX notre grand maître Stochastique comme son Pseudo en fait d’ailleurs l’apologie.

Le « Cash Game » est la forme la plus pur du Poker, la plus proche de la vérité si tant est qu’elle existe.

J’entends déjà le bruit sourd des disciples de tournoi gronder préparant poix, torche et bucher pour brûler l’hérétique mécréant. Aussi, avant que je ne sois soumis à la question pour me faire revenir dans leur chemin, je m’explique.

Le but du Poker est d’être sur le long terme gagnant. Cette performance est implacablement mesurée par la croissance de notre BankRoll au fil de nos sessions. Un des principes de base pour atteindre cet objectif est une gestion des risques qui se traduit par le principe suivant « Maximiser ses gains et minimiser ses pertes ».

On nous abreuve d’ailleurs en probabilités, statistiques, distribution (range) de mains, Expectation Value, cote implicite par rapport à nos tirages, etc etc etc…

Profond convaincu, je ne peux qu’applaudir et chanter l’allégorie de leurs vertus bienfaitrices. Tout joueur un peu averti ne pourra contredire cela.

Si tel est le cas, je mets alors en avant « le long terme » pour justifier mon affirmation. Le « long terme » implique un nombre de mains jouées qui tend vers l’infini et une BankRoll qui tend vers l’infini. La forme « Tournoi » est à mille lieues de cela alors que le « Cash Game » s’en rapproche au plus près.

Le « CG » autorise à jouer un nombre de mains infini. En réglant sa BankRoll sur des limites appropriées, elle peut alors être considérée comme tendre vers de l’infini.

En tournoi surtout « on-line », le maigre stack initial sous l’effet de la rapide croissance des blinds induit que l’on joue en permanence short stack et inévitablement sous la pression de pousser « all-in » un range de mains à faire vomir de peur alors qu’il reste toutefois techniquement correct de « pousser » et a fortiori incorrect de ne pas le faire. Nous en sommes dès lors réduits à attendre impuissants et inactifs flop, turn, river pour désigner l’heureux vaincre de cette frustrante loterie.

Une des devises marketing de FullTilt voici quelques temps étaient « Si c’étaient juste le fruit du hasard, ce ne serait pas les mêmes joueurs que l’on retrouverait au table finale des grands tournois ». Encore une fois, je suis d’accord avec cette devise qui semble toutefois desservir ma cause.

Non seulement elle ne la dessert pas mais elle en apporte une preuve supplémentaire.

Les « Grands Tournois » Live ont une structure bien différente de ce qui nous est familier… Stack initial de 20,000, durée des niveaux entre 60 minutes et 120 minutes, blind initiale 25-50 donc un M au delà des 250. Pour rappel, « on-line » c’est un M de 30 (1500 chips et blind 15-30) ou de 60 avec 3000 chips et des niveaux durant entre 10 et 12 minutes. Cela ne laisse pas beaucoup de marge de manoeuvre si nous sommes en « cold card » au début du tournoi ou si nous ne touchons pas le flop après une relance.

Une autre évidence ? Regardez les statistiques de gains en tournoi des Phil IVEY, Gus HANSEN, Allen CUNNINGHAM, Chris FERGUSSON… elles sont affligeantes. Pourtant ils performent tous tant en Cash Game qu’en tournoi live à structure lente. Le seul qui semble tirer un peu sont épingle du jeu est Andy BLOCH. (ne jouant que sur FullTilt, je n’ai pas accès aux stat Negreanu, Hellmuth et autres top players, …)

La théorie le montre, les résultats le démontrent… Aussi, messieurs les inquisiteurs, avant de me faire subir le sort de Giordano BRUNO (Giordano Bruno — Wikipédia), lui également sur de son fait, je vous envoie à vos plumes et écritoires afin de tenter de me convertir.

Je vous attends, je n’opposerai pas de résistance et serait l’esprit serein assis à une table de Cash Game sur mon site favori selon les résultats de ma BankRoll à des limites 1-2 ou 2-4… enfin une limite qui l’approche mathématiquement de l’infini.

-Epsilon-
L’infinitésimal qui fait toute la différence

En fait je suis pro-cash game mais devant la foule qui va gronder j’apporte du bois…

Houla, rassures-toi, point besoin de bois, point de mécréant à faire brûler non plus… Pour ma part, je ne te donne pas complètement tord et notamment sur les structures des tournois on-line.
Ceci dit, je ne sais pas si un tel tournoi se passe sur Full Tilt, mais il existe sur Poker Stars des tournois deep stack à 22 et 33$, 5000 chips au départ, et augmentation des blinds toutes les 30 minutes. Là, ça change tout, et j’apprécie tout particulièrement ce tournoi. Mais une chose est sûr, début à 14H15 et à 20H, on est encore loin de la table finale. Donc faut avoir le temps nécessaire devant soi.
Maintenant, il faut aussi comprendre que certaines personnes réussissent dans les tournois, quel qu’ils soient, et même si cela peut nous déconcerter, c’est possible pour certains.
Maintenant, à chacun ses préférences.

Je suis entièrement d’accord avec Epsilon.
Pour ma part, je comparerais les tournois et le CG comme je comparerais les autoroutes et la ville.
Pour gagner une course sur autoroute, mieux vaut se trouver au volant d’une Ferrari que d’une Clio. Autant la Ferrari ne dispose pas (et loin de là même) de 100% de chance de gagner parmis tous les concurrents, autant on peut avancer que la Clio n’a absolument aucune chance, même avec le meilleur pilote à bord.
En ville c’est différent : le meilleur pilote au volant d’une Clio saura aisément se défaire des pièges de la ville et autres encombrements pour distancer le tocard qui se trouve au volant de la Ferrari.

Pour résumer : on ne gagne pas un tournois sans remporter 3, 4 voire 5 coin flip, sans tirer les cartes qui vont bien etc etc.
Qui plus est, quand on est embarqué dans un tournois, on ne peut pas en sortir. En cash game, quand ça se passe pas bien, quand je ne « sens » pas la table => je me casse illico et soit je vais sur une autre table, soit j’arrête. Mais en tout état de cause, j’aurai limité mes pertes.

Voilà,

Tu parles de la chance en tournoi. La variance au poker est partout en cash game comme en tournoi. Tu peux lire les blogs de Jérôme ou de personne afin de s’en convaincre. Prendre les résultats des pros Fulltilt dans les tournois onlines n’est pas une preuve. La plupart des pros se moquent complètement de ces tournois et ne les jouent que pour assurer la promotion du site. Dire que Gus Hansen performe en cash game en NLHE sur Full Tilt est une plaisanterie. Et c’est un ami. Fergusson et Cunningham ne jouent pas en CG. Les pros que l’on voit à la télé ne sont pas forcément les « top players ». En heads up cash game je miserai mon bank roll sur Whitelime contre Phill Ivey ou Krantz contre Gus Hansen. Et pourtant tu n’as peut être jamais entendu parler des deux premiers. Dans mon classement, les meilleurs joueurs de tournois se nomment Annette15 ou JJ Prodigy et pas Fergusson ou Lederer.
Il n’y a pas besoin d’être plus talentueux pour jouer en cash game que pour jouer en tournoi. Comme il n’y a pas plus de talent de jouer en omaha qu’en holdem, ou en no limite qu’en limite, ou en heads up qu’en 6 max. Ce sont des jeux différents. Le poker a énormément de facettes c’est ce qui fait son charme.
Tu peux jouer en Cash game en short stack avec une grille de push and fold et il n’y besoin d’aucun talent pour cela…

Sharp,

Je n’ai jamais dit qu’il fallait être plus talentueux pour jouer tournoi ou cash game. J’insiste sur la négation de l’aspect « long terme » en tournoi. « Long terme » est un aspect fondamental des statistiques et donc du Poker de quelle que forme qu’il soit. pour être statistiquement significative dans un interval de confiance de 5%, la variance demande près de 160 000 mains

Une fois short stack en tournoi, dès que tu push et perds même selon un range techniquement correct (cfr. table de Sklansky-Chubukov), ton tournoi prend fin. Si tu n’es pas In The Money, ton EV est dès lors nulle.

Par contre, en Cash Game, tu restack et te voilà repartit dans le « long terme »… pour peu bien entendu que ta bankroll soit infinie ou du moins y tende par rapport à la limite choisie.


Lorsque je parle des « top players » peu performants « on line », tu nommes Annet_15, Duuur, … Et c’est vrai ils performent.

Penses-tu dès lors qu’il existe des qualités particulières ou un style qui avantage « on line »?

Ce serait intéressant que tu développes cela dans un post ou ton blog. Je pense en effet que « live » et « on line » sont des mondes très proches qui demandent d’être appréhendés subtilement différemment. J’ai tenté d’écrire sur le sujet mais sans vraiment me satisfaire du contenu.


J’ai semé le doute, « Personne » a charitablement amené le bois, certains partagent mon point de vue et collectent déjà pour les frais de canonisation du martyre,… souffle sur les braises naissantes, Sharp,…

:laugh: