C’est justement ça que je trouve intéressant, le but est à mon avis de créer une intelligence dynamique. Si c’était juste purement mécanique, ce serait beaucoup moins interressant.
Quelques pistes de travail.
-il y a une grosse différence entre un heads up de cash game et un heads up de tournoi à cause de l’augmentation des blinds en tournoi et de l’objectif fondammental qui est de stacker l’adversaire.
-en tournoi, il faut faire entrer en jeu les stacks respectifs par rapport aux blinds. En cash game, il faut voir si l’adversaire a fait un buy in max ou pas, et aussi s’il se recave après une perte conséquente.
-en tournoi, il faut aussi voir combien de temps il reste avant le prochain niveau de blinds.
-il faut analyser la manière de jouer de l’adversaire. Quelle est la fréquence de ses relances ? de ses calls ? de ses folds ? Comment joue-t-il au bouton ? Comment joue-t-il au BB ? Quelle est la hauteur de ses relances préflop ? Quelle est la hauteur de ses mises aux streets ultérieures, en rapport avec son stack, notre stack et le pot ? A quelle fréquence paye-t-il les relances du bouton ? A quelle fréquence paye-t-il les relances du BB ? Est-ce un joueur tricky qui va slowplayer ses bonnes mains ? Fait-il des continuations bet ? Si oui poursuit-il au turn ? S’il checke du BB, va-t-il souvent attaquer le flop ? Va-t-il attendre le turn ? Paye-t-il les mises au flop ? Paye-t-il les mises au turn ? Comment joue-t-il ses tirages ? Comment joue-t-il une deuxième ou troisième paire au flop ? S’il mise et qu’il est payé, que fait-il au turn ? Que signifie en général la durée de ses temps de réflexion ? Comment joue-t-il quand il a un petit stack ? et un gros stack ?..
-il faut penser qu’en heads-up tous les joueurs font attention à ce que fait l’adversaire. Donc il faut faire attention à son image.
-l’adversaire a tendance à s’adapter sur notre jeu. S’il commence passivement et qu’on relance souvent, il va se mettre à relancer. S’il limpe dans tous les coups, mais que nous, nous foldons parfois, il va finir par folder quelques mains…
-il faut savoir extrémement bien lire un flop et évaluer la vraisemblance qu’il ait touché notre adversaire, ainsi que la force de la main que peut avoir touché l’adversaire, et la possibilité de le faire folder ou non en misant.
-il faut que ce soit dynamique. L’adversaire ne joue pas toujours de la même manière. En particulier en heads up, beaucoup de joueurs finissent par en avoir marre d’être harcelés par les relances et finissent par mettre le tapis avec des poubelles. Il faut donc que l’IA soit capable de détecter l’état d’énervement du joueur.
-En heads up, on a toujours la cote pour compléter le BB, mais, ce n’est pas pour autant quelque chose à faire car l’adversaire peut nous relancer et sinon, on n’a de toute façon aucune jouabilité sur le flop. Par exemple on entre avec 7-4 et on trouve un paire de 4, on aura bien du mal à jouer ce coup.
Il y a encore bien d’autres choses à dire évidemment, sinon ça ne serait pas drôle.
Un petit exemple. Hier en fin de tournoi, je me trouve heads up avec un gros avantage en stack, mais mon adversaire a quand même un M supérieur à 15 la plupart du temps, donc assez confortable.
Je sais que mon adversaire est tricky. Il va sans doute tenter des vols au flop, mais ne pas trop s’impliquer si je montre un peu de résistance. Je sais aussi que quand il a une grosse main, non seulement il slowplaye, mais il le fais extrémement vite. Donc je sais que s’il checke extrémement vite, je dois à tout prix éviter de bluffer. S’il avait vu que j’avais remarqué ça, j’aurais dû m’y adapter, heureusement, il ne l’a pas vu.
Je sais qu’il ne mise quasiment jamais préflop, mais qu’il ne fold quasiment jamais aussi.
Après quelques expériences, je sais qu’il paye la quasi totalité de mes relances. Je sais aussi qu’il paye quasiment tous mes bets au flop. Pour prendre un pot, il faut donc attaquer préflop, au flop et au turn. Au turn, il lâche quasiment toujours le coup. Je peux donc gagner la majorité des coups ainsi, et ça lui coûte cher. Mais forcément, il touche parfois et revient dans la course, d’autant qu’il slowplaye beaucoup.
Si j’avais été short stack, j’aurais failement pu revenir contre un tel adversaire. J’aurais envoyé all in avec hauteur as, ou avec une paire. J’aurais été payé par n’importe quelle figure, et j’aurais été favori pour doubler.
Etant big stack, c’était beaucoup plus difficile. Il faut savoir être patient, prendre des plus gros pots que ceux qu’on lui concède, de manière à être sûr qu’il ne remonte pas, ou pas trop, en attendant une confrontation ou je serais sans doute favori.
Un autre aspect important, je perdais du temps en attendant l’augmentation des blinds. Avec l’avantage en stack que j’ai, j’ai tout intérêt à ce que mon continuation bet au flop le mette all in, de manière à ce qu’il ne cherche plus systématiquement à me payer sous pretexte qu’il « sait » que je bluff. S’il nous paye il aura peut-être un paire, mais nous auront sans doute deux overcards et peut-être un petit quelque chose de plus. Par ailleurs, nous aurons peut-être vraiment quelque chose cette fois là.
Bon voilà quelques éléments de réponses, en espérant que ça ait pu aider.
En effet ça nécessite bien un mémoire, ou même une thèse pour traiter de ce sujet. Tu fais quoi comme études ? Une maîtrise jeu de cartes ?