[1K post tribute]"Trapping" par Don Harrington

[Vince79]

Un nouvel article très intéressant je trouve.
Enjoy,
Vince.

Extrait de livre – « Trapping » de « Harrington on Online Cash Games » par Dan Harrington et Bill Robertie
Lien 2+2 : [url]http://www.twoplustwo.com/magazine/issue66/dan-harrington-excerpt-trapping-harrington-online-cash-games.php[/url]

« Trapping »
Un des adversaires les plus typiques aux micro-limites est le « loose-agressif maniaque ». Ces joueurs ont un VPIP, un PFR et un facteur d’agression très élevés – en fait, presque toutes leurs statistiques sont élevées. Ils ne comprennent qu’une seule chose : la plupart du temps, les joueurs ne possèdent pas une main assez forte avec laquelle ils n’auront aucune réticence à jouer tout leur tapis, et si vous misez assez, ils jetteront leurs mains éventuellement.

Les « maniaques » miseront constamment, même avec rien, tant que leur adversaire montre de la faiblesse en checkant et en callant. Leur but est de gagner tous les pots dont personne ne veux. Si vous vous rebellez contre eux en relançant, ils se coucheront très souvent, à moins qu’ils aient une vraie main.

Alors quelle est la meilleure défense contre de tels joueurs ? Pour attraper un loup, il faut se faire passer pour un mouton. Ceci étant dit, la meilleure approche est de les piéger.

Piéger (« Trapping » en anglais) est tout simplement le fait d’avoir une main forte et de la jouer comme si elle était faible. Au lieu de miser, on check. Au lieu de relancer, on call. Fondamentalement, on imite le style d’un joueur « loose-passif » ayant une main moyenne. Dans certains cas, vous allez peut-être jouer la main de cette façon jusqu’au bout. Dans d’autres, vous allez peut-être arrêter le piège avec une relance à la turn ou à la river.

Piéger son adversaire est un outil utilisé à tous les niveaux pour ralentir des joueurs trop agressifs. Aux micro-limites, c’est un outil extrêmement efficace contre les « maniaques ». En fait, piéger, comme value-better, sera l’un des outils qui vous généreront le plus de profits à ces limites. Mettons-ça en pratique au travers d’un exemple.

Exemple 1 : Nous sommes assis à une table de NL10$ 6-max sur internet. Un joueur à notre droite s’appelle « Terminator » et son HUD ressemble à ça :

Terminator / (98) / +16
VPIP 50 / PFR 40 / AS 86 / FB 12
3B 15 / F3 na / AF 8 / inf / 3 / 2
CB 100 / FC 40 / FT 50
W$F 32 / WtS 20 / W$S 38
Note : Post-flop : mise et relance, se couche face à une relance. A une tendance à bet/fold la turn.

Ceci est le profile typique d’un maniaque des micro-limites. Préflop, il joue la moitié de ses mains en les relançant 80% du temps, et il 3bet à peu près 1 main sur 6 quand il a l’opportunité. Postflop, son facteur d’agression est très élevé bien qu’il se calme à la turn et à la river. Dit d’une autre façon, l’approche de Terminator peut-être résumé à « tous les pots m’appartiennent tant que personne ne me dit le contraire ».

Dans cette main, nous sommes à la BB avec un tapis de $12.50 (125bb). Le joueur UTG se couche et Terminator, qui a un tapis de $8.60, relance à $0.35 en MP. Le cutoff, le bouton et la SB se couchent. Nous avons ##Qh ##Qd à la BB et nous callons. Aux micro-limites, ne pas relancer ici serait une erreur presque dans toutes les situations, mais étant donné notre adversaire, c’est ce qu’il y a de mieux à faire. Le pot fait $0.75 et le flop est ##Th ##6d ##5d ce qui est un bon flop pour nous. Il y a un tirage couleur et un tirage quinte, ce qui va nous permettre de faire croire à notre adversaire que nous sommes sur un tirage.

Nous checkons pour montrer de la faiblesse et il mise $0.60. Etant donné que pourcentage de cbet est de 100%, ce n’est pas une surprise et nous nous contentons de payer. Le pot fait maintenant $1.95.

La turn est le ##Jc. Normalement, nous devrions miser puisqu’il commence à y avoir beaucoup trop de tirages sur le board. Mais notre but est de faire croire à Terminator que nous cherchons un tirage, donc nous faisons ce qu’un joueur « loose-passif » ferait et nous checkons. Terminator, comme nous l’avions prévu, mise $1.50 et encore une fois, nous nous contentons de payer. Le pot fait maintenant $4.95 et le tapis de vilain (que nous couvrons) fait $6.25.

La rivière est le ##2s. Nous checkons, représentant soit un tirage raté, soit une paire. Si nous cherchions un tirage, nous abandonnerions probablement à une grosse mise et si nous avions une petite paire, nous pourrions caller. A des limites plus hautes, ceci serait risqué. Si Terminator avait une main comme ##Kc ##Js, il pourrait checker sa paire de valets à la river pensant que sa dernière mise ne pourrait être payée que par mieux. Mais ce n’est pas le cas en micro-limites. Des mises à la rivière sont souvent payées par des mains faibles, don les joueurs apprennent à miser top paire à la river après une série de check et de call. Terminator fait tapis avec ses dernier $6.25 et nous payons avec notre overpaire. Sa main était ##Kh ##9h et nous remportons un joli pot.

Terminator n’avait rien depuis le début et a simplement fait confiance à sa capacité à nous écarter hors du pot puisque nous n’avons jamais montré de force. Si nous avions check/raiser le flop ou la turn, nous aurions gagné moins. Mais de la façon dont nous avons joué, nous l’avons déstacké.

Intéressons-nous à un autre exemple un peu différent.

Exemple 2 : Nous sommes encore assis à une table de NL10$ 6-max sur internet. Un joueur à notre droite s’appelle « Pwnmaster» et son HUD ressemble à ça :

Pwnmaster / (31) / +220
VPIP 55 / PFR 39 / AS 100 / FB na
3B 0 / F3 50 / AF 4 / 4 / inf / 1
CB 100 / FC 0 / FT 100
W$F 47 / Wts 29 / W$S 40

Dans cette main, nous sommes à la SB avec un tapis de $19.50 et Pwnmaster est en MP avec $34.30. Le joueur UTG limp pour $0.10. Pwnmaster relance à $0.40 et le cutoff ainsi que le bouton se couchent.

Nous avons ##Th ##Tc et nous 3bettons à $1.40. Remarquez que caller est plus dangereux que dans la main précédente parce qu’il y a un plus grand risque qu’il y ait des cartes supérieures au flop quand vous avez paire de dix que quand vous avez paire de dames. Donc cela ne nous dérange pas de prendre le pot immédiatement, bien que nous savons qu’avec Pwnmaster, ça ne sera pas facile. Cependant, notre 3bet va probablement faire fuir la BB et l’UTG, nous laissant seul avec notre cible.

La BB et l’UTG se couchent comme prévu et Pwnmaster call $1. Le pot fait $3.05.
Le flop vient ##Kd ##7d ##5h. Il y a une carte supérieure à votre paire de dix, mais sinon, c’est un bon flop pour nous. Quelques mains dans sa range contiennent un roi, mais un grand nombre d’entre elles n’en contiennent pas, donc nous pensons être encore devant.

Nous agissons en 1er et misons $1.50, environ la moitié du pot. Puisque le pourcentage de « fold to cbet » de Pwnmaster est de 0%, nous nous attendons à ce qu’il call, mais puisque nous avons 3betté préflop, une mise devrait protéger votre main s’il 2 cartes supérieures à votre paire de dix. Mais au lieu de caller, Pwnmaster relance à $6.

A ce moment, nous devons décider si nous sommes prêts à jouer tout notre tapis. Si la réponse est « oui », c’est aussi bon de décider comment. Et ici la réponse devrait être « oui » parce qu’en considérant le HUD de Pwnmaster, nous avons probablement la meilleure main. Donc quelle va être notre stratégie ? La meilleure chose à faire ici est de se contenter de caller et de laisser Pwnmaster essayer de nous pousser hors du coup sur la turn et la river. Remarquez que si son « folt to cbet » est de 0%, son « fold to turn cbet » est de 100%. En d’autres termes, si nous 3bettons ou que nous prenons les devants à la turn, il pourrait coucher des mains que nous battons, alors qu’adopter une ligne passive nous permettra de lui faire miser la turn avec toutes ses mains.

Nous payons donc sa relance de $4.50. Le pot fait maintenant $15.05 et notre tapis $12.10.

La turn est le ##Ks et nous checkons. Remarquez à quel point cette carte est bonne pour nous. S’il avait déjà un roi dans sa main, nous étions déjà derrière, mais maintenant la probabilité qu’il en ait un est réduite d’un tiers.

Checker est encore la meilleure chose à faire. Cela montre que nous avons peut-être une petite paire ou le tirage couleur à carreau, et cela encourage notre adversaire à miser sans se soucier de sa main.

Pwnmaster fait tapis. Nous payons et il montre ##Qs ##9d. La river est le ##9c, nous prenons le pot, et nous subissons une leçon de poker dans le chat sur la façon horrible dont nous avons joué. Nous répondons que nous essayons juste d’apprendre le jeu et que nous sommes reconnaissants de jouer contre des maîtres.

[Siilvz]

Encore merci

Je vais imprimer et étudier tout ca.

[jules6630]

Très interessant en tout cas
Merci Vince

[Nugalis]

Le scénario idéal reste… idéal

Piéger en micro permet d’accroître effectivement son winrate de manière sensible, les “maniacs” étant assez faciles à repérer, même sans tracker.

Je rajouterais que ces joueurs peuvent monter des stacks assez impressionnants en peu de temps, et les perdre tout aussi vite, pour peu que quelqu’un prenne la peine de comprendre ce qu’il se passe à la table, bien sûr…

On peut soi-même tenter le coup jusqu’à se faire “griller” et calmer le jeu.

[spifen]

thnx a toi

[GTi]

Merci pour cet traduction et le partage.
Si j’achete le livre tu me le traduit ?

[Vince79]

Mmm… Il fait combien de pages ?
Pourquoi pas traduire les parties intéressantes Je cherche le chapitre où il parle du 3bet mais je l’ai pas encore trouvé

[Rafra]

Merci pour ces articles aussi intéressants que bien traduit; ça serait intéressant qu’ils soit tous regroupé au méme endroit?
sinon j’ai bcp aimé la phrase de la fin trés pince sans rire qui tranche avec le ton “scolaire” de l’article: “. Nous répondons que nous essayons juste d’apprendre le jeu et que nous sommes reconnaissants de jouer contre des maîtres.”

[GTi]

il te faut acheter les droits les avant Montmirel et traduire le bouquin en fr !!!

[kraker]

merci B)

[taiji62]

GTi wrote:

il te faut acheter les droits les avant Montmirel et traduire le bouquin en fr !!!

:laugh:

[Jadupsky]

[quote]Mmm… Il fait combien de pages ?
Pourquoi pas traduire les parties intéressantes Je cherche le chapitre où il parle du 3bet mais je l’ai pas encore trouvé [/quote]
Un peu plus de 500 pages; ta traduction couvre les pages 298-302

Le sujet 3betting et 4betting revient dans plusieurs chapitres (Basics Preflop p34 etc / Beating Micro-Stakes Games p276 etc / Beating Small Stakes Games p390 etc)

[Vince79]

Tu l’as le bouquin Jadupsky ? Y’aurait moyen de “mettre” la main dessus ?

[Jadupsky]

Oui, je l’avais acheté lors de sa sortie; je m’attendais à un nième bouquin sur le NLHE assez nul et j’ai été très agréablement surpris. Maintenant, je ne sais pas comment tu veux mettre la main dessus …

[Vince79]

Ah tu l’as acheté physiquement, c’est pas une version PDF ou quelque chose du même genre ?

[Jadupsky]

oui, oui … du papier, comme dans le bon vieux temps

[Nuage_pourpre]

Tout d’abord merci pr la trad
Par contre il y a quelques trucs qui m’intrigue un peu dans l’exemple 1:

Préflop:
J’arrive pas à trouver les stats de fold to 3 bet du vilain (ce qui change tout), mais il y a quand même un truc qui me chiffonne avec ce call.

Je m’explique: Il y a presque 50% de chances qu’un A ou K tombe au flop (8x3/50), et si on regarde les 40% de PFR du vilain, pokerstove indique un truc du genre tous les A sauf A2o, tout les Ks et K7o+, ce qui représente 58% du range du vilain. Ce range là reste celui de pokerstove et donc pas forcement celui du vilain (il faudrait l’ajuster par exemple en enlevant 2 k pour rajouter 22 33 mais bon ça fait tjrs environ 50%)

Donc en callant juste QQ, on se retrouve donc dans une situation où il y a 50% de chance qu’il y ait un A ou un K au flop, et où vu sa ligne habituelle (CB, 2nd barrel), très dur d’avoir un read qui ne se baserait que sur son sizing. Donc dans 50 % du temps c’est soit loin derrière, soit mal de crâne.

C’est pour ça que généralement, je relance ici. (Ne serait-ce aussi que pour réduire le range du vilain de manière à être un peu moins dans le brouillard si il call)

Par contre je flat call KK AA mais pas AK…
Vous en pensez quoi???

Au flop: merci pas de A ou K, c’est Noël ^^

A la turn: je cite “Mais notre but est de faire croire à Terminator que nous cherchons un tirage, donc nous faisons ce qu’un joueur « loose-passif » ferait et nous checkons”

Tout d’abord ce raisonnement implique que vilain fait des reads, et avec ce genre de profit, j’ai comme un doute :laugh: A mon sens le chck est plutôt pour ne pas le faire fuir surtout qu’il bet 40% des turn, que l’on a pas montré de force, sans compter les fois où il a un valet ou un draw.

Ceci dit, après la mise de vilain à la turn je crois que je raise, car il a trop de cartes que je ne veux pas voir à la river et il peut très bien bwat avec un J ou même avec un draw vu ce genre de profil.

River: Juste parfait, mais encore faut-il que ça soit une belle brique comme celle là.

Voilà ma petite analyse, n’hésitez pas à me lapider si ça vous semble justifié :laugh:

[MOST83]

y’en a marre des livres qui dévoilent les astuces qu’on a mis des mois ou des années à comprendre.

Si on mache tous le travail, y’a plus d’EV à prendre…

Mais surpris par le nombre d’académiciens qui semblaient ne pas savoir lire un HUD ou ne pas savoir pieger un joueur trop agressif.

Pourtant la bas d’un amateur éclairé.