Poker en ligne - orientations de la réglementation

Vous trouverez en annexe le document de synthèse concernant la réunion ministérielle sur les jeux de hasard.
Quelques points d’attention :

  • Pas de représentants des joueurs pro ou semi pro (alors qu’il y a une multiplication des fédérations). Dans ces échanges personne n’évoque le ROI nécessaire aux pros.

  • Le but ici c’est que l’état ramasse un maximum d’argent mais son argumentaire est souvent excessif.

  • Trop d’accent sur la protection des mineurs alors qu’elle commence à se mettre en place mais c’est pour justifier l’utilisation théorique des prélévements supplémentaires à venir

  • Danger si le non plafonnement des all-in passe !!!

  • Everest m’a semblé pertinent dans ses interventions (mais pas compris comment il fera avec une licence et France et une licence à Malte)

  • les casinos sont pas terribles et souhaitent plus d’avantages

  • A vous de décortiquer mais le joueur sera le grand perdant… Faudra peut être envisager une action…

  • DOCUMENT DE SYNTHESE *
    auteur : Nicolas Brizé
    « Jeux de hasard et d’argent : nouvelle donne,
    nouvelle politique ? »
    Colloque
    11 mai 2009 – Paris, Palais du Luxembourg
    SOMMAIRE
  1. Montée en puissance des jeux d’argent en ligne
    La chaîne de valeur
    Le cadre juridique
    La confiance, clé du succès des opérateurs
    « La société de consolation »

  2. L’écran, un facteur supplémentaire de dépendance
    L’ordre public menacé
    Un risque réel pour les mineurs

  3. La prévention au coeur de l’ouverture à la concurrence
    Le respect du cahier des charges
    La prévention par l’application d’une fiscalité spécifique
    Consensus autour de la protection du consommateur
    3.3.1 Le point de vue des opérateurs historiques
    3.3.2 Le point de vue d’un nouvel entrant

  4. Des solutions technologiques existent
    Un label de sites légaux
    Le fichier des interdits de jeu
    « Ne bougez pas, on vous envoie une documentation »
    Lancement d’un dispositif mondial pour la protection des joueurs excessifs

  5. La lutte contre l’addiction
    « Le jeu responsable » à la Française des Jeux
    Imposer des outils aux opérateurs
    Faut-il étendre le dispositif à tous les jeux d’argent ?
    Le premier gain
    Proposition de loi relative aux dispositifs d’assistance aux joueurs dans le cadre des jeux
    de hasard
    Une plate-forme unique

  6. Volet fiscal : comment rester compétitif ?
    Une fiscalité spécifique
    Une fiscalité jugée « non-viable »
    Les sites illégaux ont une longueur d’avance
    Le devoir d’équité entre les candidats à l’ouverture
    La lutte contre les sites illégaux
    La monnaie électronique

  7. Faut-il limiter le périmètre des jeux d’argent ?
    Un danger économique pour les communes
    Les casinotiers lésés au regard du droit à la concurrence
    Le jeu pathologique ne se limite pas aux jeux de hasard pur

  8. Montée en puissance des jeux en ligne
    En février 2009, le site Pokerstars, leader mondial du poker sur Internet, a fêté son
    25ème Milliard de mains jouées, uniquement en « cash game ». 1
    En Europe, les jeux d’argent en ligne ont généré des revenus bruts de l’ordre de 2 à
    3 Milliards € en 2004. Ils représentent à l’heure actuelle près de 5 % de l’ensemble
    du marché des jeux d’argent dans l’Union européenne. Leur croissance rapide
    semble inévitable. (Source : ISDC)2
    Cette montée en puissance des jeux en ligne est à la base du projet de loi relatif à
    l’ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux d’argent et de
    hasard en ligne, qu’Éric Woerth, ministre du budget, des comptes publics et de la
    fonction publique a présenté le 25 mars 2009 en Conseil des ministres.3
    Extrait du compte rendu du Conseil des ministres du 25/03/09 : « Depuis
    plusieurs années, la France est confrontée à une offre illégale très importante de
    jeux d’argent et de hasard sur Internet : 25 000 sites illégaux de jeux sont
    accessibles en France, dont un quart en langue française, et 75 % des paris sur
    Internet sont pris sur des sites illégaux. » (Source : Assemblée nationale) 4
    « Le maquis », comme le nomme Patrice Geoffron, professeur d’économie à
    l’Université de Paris-Dauphine. « Il serait question de 2 à 3 Milliards € misés en ligne
    à partir de la France, dont moins du 1/3 sur des sites légaux en France ». « La
    Française des Jeux fait état de 219 Millions € en 2008 avec une progression de 50%,
    le PMU de 541 Millions € en progression de 25%. »
    1.1 La chaîne de valeur
    À l’échelon européen, « pour l’instant, la France n’est pas un espace de jeux
    compulsif », estime Patrice Geoffron. « La part consacrée au jeu dans le budget des
    ménages est dans la basse moyenne européenne et très en deçà de pays comme
    l’Espagne ou la Suède. Si un problème se pose, c’est le problème de la marge et
    non de la masse. »
    Même si « les jeunes générations sont multiconnectées et omniconnectées, c’est
    une transition, plus qu’une révolution qui s’annonce. Le coeur du « mass market »
    n’est pas constamment « online », ni adepte du commerce à distance. » À ce titre,
    Patrice Geoffron note que « les retraités ont un taux d’accès à Internet trois fois
    moindre que celui des cadres ».
    1 Source : http://www.actualites-poker.com (le « cash game » est une partie qui se joue directement avec des
    jetons représentant de l’argent réel, par opposition au tournoi où seule l’inscription est payée avec de l’argent
    réel.)
    2 Étude sur les services relatifs aux jeux de hasard dans le marché intérieur de l’Union européenne, en date du
    14 juin 2006, préparée pour le Parlement européen - Commission du marché intérieur et de la protection des
    consommateurs, par l’Institut suisse de droit comparé (ISDC)
    3 Ce projet de loi est accessible sur le site de l’Assemblée nationale : http://www.assembleenationale.
    fr/13/projets/pl1549.asp
    4 Projet de loi relatif à l’ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux d’argent et de hasard en
    ligne, Extrait du compte rendu du Conseil des ministres du 25/03/09, http://www.assembleenationale.
    fr/13/dossiers/jeux_argent.asp
    Par conséquent, Patrice Geoffron ne craint pas un bouleversement du coeur de
    marché, d’autant que « la Française des Jeux maîtrise la chaîne de valeur de l’offre
    en ligne ». « L’opérateur historique a l’avantage du premier entrant », notamment en
    termes de « valeur associée à la marque et d’accaparement de la clientèle ».
    Faisant le parallèle avec l’ouverture à la concurrence dans les secteurs de l’énergie
    ou des télécoms, Patrice Geoffron voit plutôt un « processus de construction par
    étapes ». « La Française des Jeux et le PMU ont des atouts pour que leurs
    trajectoires suivent celle d’EDF ou de France Télécom. »
    Opérer un processus de réglementation suppose en effet de regarder la chaîne de
    valeur. « Ce n’est pas que le marché final qui s’ouvre à la concurrence. La création
    d’un marché induit souvent l’émergence de nouvelles chaînes de valeur, avec des
    formes de concurrence à différents niveaux, et donc des besoins en termes
    d’autorités de régulation et de la concurrence réactives et crédibles. »
    1.2 Le cadre juridique européen
    La montée des paris sportifs en ligne participe de cette « nouvelle donne ». C’est l’un
    des points sur lesquels insiste le rapport sur l’intégrité des jeux d’argent en ligne que
    le Parlement européen a adopté le 10 mars 2009, par 32 voix contre 105. À cet
    égard, ce rapport propose « un droit d’exploitation des organisateurs sportifs », qui
    permettrait « une coopération entre les organisateurs sportifs, les opérateurs de paris
    et les régulateurs pour lutter contre les commissions truquées », comme le rappelle
    Jacques Toubon, député au Parlement européen, l’un des initiateurs de ce rapport.
    Par ailleurs, ce rapport met en avant la protection des consommateurs, la lutte contre
    la fraude, le blanchiment d’argent, « et particulièrement la protection des mineurs, qui
    passe par une limitation des mises, un contrôle des cartes d’identité et des cartes de
    crédit », précise Jacques Toubon.
    Enfin, ce rapport est favorable à une régulation nationale. « Beaucoup tiennent au
    principe du pays d’origine, c’est-à-dire que mon site est à Gibraltar, j’applique la loi
    de Gibraltar. Nous avons dit le contraire », déclare Jacques Toubon. Le rapport sur
    l’intégrité des jeux d’argent en ligne remet donc dans la balance la spécificité d’un
    secteur qui reste pour l’instant entièrement soumis à la réglementation européenne
    de la concurrence. « C’est le débat entre concurrence et santé publique », « entre la
    protection et la liberté », que soulève Jacques Toubon, la protection qui implique un
    contrôle de la part des pouvoirs publics, la liberté qui réfute toute intervention des
    états.
    « La lutte contre le crime organisé et le blanchiment d’argent dans l’espace européen
    n’est plus une justification sérieuse », indique de son côté Thibault Verbiest, avocat
    associé du cabinet Ulys, chargé de cours à l’Université. « L’addiction est la seule
    justification rationnelle et non-discriminatoire auprès de la Commission européenne
    pour défendre une certaine souveraineté dans la régulation à l’égard du jeu. »
    Pour Jacques Toubon, « la commission européenne a une responsabilité. Pour régir
    le secteur, il faudrait proposer des conventions internationales qui soient autre chose
    que les codes de conduite dans les entreprises ». Les lobbies sont puissants dans le
    5Résolution du Parlement européen du 10 mars 2009 sur l’intégrité des jeux d’argent en ligne,
    http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+TA+P6-TA-2009-
    0097+0+DOC+XML+V0//FR
    domaine. « Je suis à peu près le seul qui a pris ses responsabilités dans ce
    domaine. Les autres sont tous planqués ou ils vont voir les lobbies pour savoir
    combien ça coûte », déclare Jacques Toubon, avec une certaine irritation.
    « Malheureusement, la Commission européenne a estimé qu’il était trop tôt pour
    légiférer », ajoute Maître Verbiest. « Au niveau européen, la tendance est à la
    réglementation et à l’ouverture maîtrisée. Certains pays sont à la pointe :
    l’Angleterre, Malte, Gibraltar, mais aussi l’Italie qui a ouvert son marché il y a 3 ans,
    l’Espagne qui s’apprête à y entrer, le Danemark et la Suède d’ici un an. En Belgique,
    un projet de loi est actuellement en cours d’examen. »
    « Il y a une vraie insécurité juridique, avec parfois des positions dogmatiques »,
    poursuit Maître Verbiest. « Dans certains pays comme l’Angleterre, on considère que
    la licence du pays d’origine suffit et qu’il n’est pas nécessaire de se soumettre à une
    autre autorisation venant d’un pays tiers. D’autres pays, comme la France,
    considèrent au contraire que les jeux de hasard et d’argent sont une activité sensible,
    parce qu’elle génère de l’addiction, des activités criminelles. Pas question d’accepter
    une offre venant d’un autre état membre sans la soumettre préalablement à un
    processus de contrôle et d’autorisation. »
    « En opposition au principe de la « reconnaissance mutuelle », la France souhaite
    imposer la « reconnaissance conditionnelle », en ce sens qu’on prend en
    considération l’existence d’autorisations dans d’autres états membres, à condition
    qu’ils aient leur licence française garante de la conformité avec le cahier des charges
    français. S’ajoute à cela un impôt sur mesure ad hoc, correspondant à la « gaming
    tax » en Grande-Bretagne », conclut Maître Verbiest.
    1.3 La confiance, clé du succès des opérateurs de jeux
    Ce principe de légalisation contrôlée peut aussi se justifier d’un point de vue
    économique. « Les sites de jeux présentent des niveaux de qualité et de garantie
    variables selon qu’ils se situent ou non à l’intérieur de l’Union européenne, très
    souvent indéterminés pour le joueur. Le processus d’ouverture à la concurrence ne
    conduit pas nécessairement à une concurrence par les prix », indique Patrice
    Geoffron. « Compte tenu de l’incertitude du taux de reversement des gains hors
    d’Europe, il sera très difficile pour les sites légaux français de concurrencer en prix le
    « maquis ». La loi doit inciter les opérateurs sélectionnés à se différencier par la
    qualité (transparence, garanties diverses, contrôles de l’addiction). »
    Julien Parrou partage cette analyse. En tant que pdg du site de jeux gratuits
    ConcoursMania, qui compte 3 millions de joueurs français inscrits et 5,5 millions de
    visiteurs par mois, il se présente comme « un observateur privilégié ». « La leçon
    principale que nous en tirons, c’est qu’on doit parvenir à rassurer chaque internaute.
    À cet égard, les opérateurs publics vont largement profiter, dans un premier temps,
    de l’ouverture du marché. Les opérateurs de casino physiques aussi, dans la mesure
    où ils bénéficient d’une grande légitimité auprès du public. »
    1.4 « La société de consolation »
    Cette légitimité, le jeu la doit aussi à « la réduction du temps de travail et à
    l’allongement régulier de la durée de la vie ». Patrick Tacussel, professeur de
    sociologie à l’Université de Montpellier, jette un regard post-moderne sur le jeu. D’un
    point de vue anthropologique, le jeu est une constante dans toute la lignée humaine.
    Le jeu est aussi ce qui nous différencie du monde animal. « Le chat ne peut pas se
    prendre pour quelqu’un d’autre qu’un chat. »
    L’expérience du jeu fait l’objet d’un apprentissage fondamental qui connaît « une
    gradation dans l’histoire individuelle. L’histoire de l’enfant se confond avec celle de
    ses jeux » (Chateau). « Un enfant qui ne joue pas est un enfant malade. » Le jeu lui
    permet de se différencier, puis d’accéder à des formes plus symboliques. Le jeu lui
    donne « accès à la représentation des choses, à l’apprentissage de la fiction, où la
    question des rôles est fondamentale ». (Piaget) « Une complexité se met en place,
    qui le renvoie à la conscience intime du rapport au hasard et à la réalité ». Par la
    suite, « il s’agira d’intégrer un groupe en fonction de bénéfices plus ou moins
    évaluables. » « Cette attirance va transformer les activités ludiques en jeux
    sociaux. » (Maffesoli)
    Sur un plan linguistique, le verbe « jouer » peut renvoyer aussi bien au poker qu’au
    rôle social. « Notre société a mis dans le terme « jeu » une forme de rapport au
    hasard et au temps tout à fait particulière, contrairement aux sociétés archaïques où
    le jeu avait une fonction de récompense et non de consolation. » (Bataille)
    « Aujourd’hui, le rapport au jeu est caractérisé par l’artificialisation naturelle de la
    culture et l’artificialisation culturelle de la nature. » (Baudrillard) « C’est à partir de ce
    processus que le rapport à la réalité a fondamentalement changé. La déréalisation
    est un intermédiaire entre le ludique et ce qui ne l’est pas. »
    « Le rapport au jeu renvoie au lien entre la responsabilité morale du jugement et sa
    négation. » (Ahrend)
    « Pour qu’il y ait un rapport entre le sacré et le profane, il faut qu’une liturgie ludique
    se mette en place. » (Leiris) « Le lien entre le ludique et le réel transcende les formes
    objectives et subjectives que nous entretenons avec l’espace matériel. Il faut donc un
    relief subjectif de l’espace social à partir duquel la conscience individuelle et
    collective puisse trouver sa place. » « C’est le monde de la simulation. » (Baudrillard)

  9. L’écran, un facteur supplémentaire de dépendance
    « Dans l’intérêt non seulement des joueurs mais aussi du jeu qui est, depuis des
    millénaires, parfaitement incontournable dans les sociétés humaines », le sénateur
    Nicolas About, Président de la Commission des affaires sociales, compte s’investir
    sur tous les sujets.
    En matière de santé publique, SOS Joueurs constate une demande d’aide croissante
    émanant des joueurs en ligne. En 4 ans, celle-ci est passée de 4,9 à 27,6% en 2008,
    c’est-à-dire qu’elle occupe quasiment un tiers de l’activité de SOS Joueurs, soit
    presque autant que la demande d’aide émanant de joueurs de la Française des
    Jeux, du PMU ou des casinos (autour de 34%). Notons que chez les joueurs de
    casinos en dur, cette demande d’aide est tombée de 61,7% à 34,1% en 4 ans.
    (Source : SOS Joueurs, 2008).
    La première étude sur les jeux pathologiques vient d’être lancée par l’Observatoire
    français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et « elle différencie les jeux en
    ligne de ceux qui ne le sont pas. Les premiers résultats seront disponibles dans un
    an et demi », indique Marc Valleur.
    Psychiatre, chef du service de soin aux toxicomanes à l’hôpital Marmottan, Marc
    Valleur se base sur le troisième critère des modèles composés par Goodman pour
    diagnostiquer l’addiction, à savoir que « l’addiction se définit par le fait que la
    personne a tenté de réduire ou de cesser sa conduite sans y parvenir seule. »
    Selon ses données cliniques, il apparaît que « des gens qui étaient déjà des joueurs
    pathologiques interdits de casino rechutaient sur Internet, beaucoup plus que ceux
    qui avaient rencontré le jeu sur Internet ». Marc Valleur l’explique d’abord par « l’offre
    extrêmement accrocheuse », « la sauvagerie de l’offre existante en ligne. »
    « Depuis quelques années, on voit l’apparition de jeunes gens qui dérapent sur le
    poker en ligne. Ces pratiques émergentes, nouvelles mais massives, posent des
    problèmes de perte de contrôle et d’addiction. »
    L’entrée dans l’addiction est facilitée par Internet. « La fréquence de jeu est plus
    grande », conjuguée à la possibilité de « zapper d’un opérateur à un autre ». De
    plus, Marc Valleur note une absence de socialisation qui entoure les rituels de jeux
    en ligne. « Le jeu se fait de manière solitaire, clandestine, cachée. »
    En juillet 2008, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) a
    réalisé une étude à la demande de la Direction générale de la santé.6 Les
    neurophysiologistes ont relevé que les joueurs pathologiques sont aussi des
    consommateurs de tabac et d’alcool. « Chez soi, on peut fumer et boire autant qu’on
    veut sans contrôle extérieur », commente Marc Valleur. « Quand on voit que
    l’interdiction de fumer dans les lieux publics a entraîné une chute du chiffre d’affaires
    des casinos en dur, on peut penser qu’avec Internet on a là un facteur
    supplémentaire d’addictivité évident. Quand on sort pour fumer, on a le temps de
    réfléchir, et on joue moins. »
    Marc Valleur cite enfin deux études qui donnent des résultats contradictoires. L’une,
    « rassurante », conduite par l’équipe du prof. Howard J. Schaffer à la Harvard
    Medical School - Division on Addictions, a étudié le comportement de 40 000 joueurs
    en ligne sur des durées longues de 8 à 18 mois. « Les critères d’addiction sont
    établis par rapport au moment où les joueurs dépassent les critères qui ont été fixés
    par les plates-formes des opérateurs de jeux. Seulement 0,3 à 0,5% des joueurs en
    ligne auraient un comportement problématique. »
    L’autre étude, alarmante, dirigée par le professeur Mark Griffiths à l’Université de
    Nottingham, interroge des données statistiques pour déterminer si la mise en ligne
    d’un jeu est un facteur d’addiction. « La réponse est oui », indique Marc Valleur. « La
    proportion d’addicts passe de 0,5% à 5% selon que le jeu est en ligne ou pas. Il y a
    10 fois plus d’addictivité quand le jeu est en ligne. Si l’on s’en tient au seul critère de
    Goodman, on passe de 0,3% à 4%, c’est-à-dire plus de dix fois plus. »
    Marc Valleur précise toutefois que l’étude conduite par le prof. Howard J. Schaffer à
    Harvard est financée par Bwin7. On peut d’ailleurs faire remarquer que cette étude
    est abondamment reprise par tous les grands opérateurs de jeux privés à travers
    leurs réseaux de communication. « Il faut travailler à l’indépendance des recherches.
    6 Jeu de hasard et d’argent, Contextes et addictions, expertise collective, INSERM, 2008.
    www.inserm.fr/fr/questionsdesante/mediatheque/expertises/att00001953/synthese_jeux_220708.pdf
    7 « BETandwin.com Interactive Entertainment (aujourd’hui Bwin) a été fondée en 1997 avec comme objectif le
    développement de jeux en ligne pour le marché mondial de l’Internet. Son chiffre d’affaires était de 1,13 milliard
    d’euros en 2005. » Source : Rapport d’information fait au nom de la commission des finances sur l’évolution des
    jeux de hasard et d’argent, par M. François Trucy, déposé le 7 novembre 2006. Annexe au rapport d’information :
    « Betandwin : un site majeur de jeu en ligne ». http://droit-jeux-en-ligne-fr-contreeurope.
    googlecode.com/files/SÉNAT(trucy).pdf
    Les logiques de développement durable des opérateurs ne sont jamais suffisantes
    pour mettre en oeuvre les régulations. »
    2.1 L’ordre public menacé
    L’association SOS Joueurs existe depuis 18 ans. Sa vocation est d’apporter au
    joueur et à son entourage une aide sociale, juridique, psychologique. « Depuis 6 ans,
    des opérateurs nous ont rejoint progressivement. Nous dispensons également des
    formations aux opérateurs, mais aussi à beaucoup d’acteurs de la société civile »,
    précise Armelle Achour, la présidente.
    « Nous disposons d’une permanence téléphonique et surtout d’un réseau très
    important de partenaires et de structures d’aide en France. Nous proposons des
    thérapies de groupe, des suivis individuels. Nos professionnels sont soumis au
    secret professionnel. » Une avocate répond à des problèmes de prostitution, voire de
    pratiques douteuses, notamment « des prêts d’argent à des taux usuraires pouvant
    atteindre 25% par mois dans les cercles parisiens ». « Il y a peu de célibataires dans
    nos populations de joueurs dépendants. Les conséquences financières du jeu
    pathologique peuvent s’avérer désastreuses pour la famille. » SOS Joueurs a fait le
    calcul sur la base de joueurs capables de donner le montant du capital emprunté sur
    4 ans uniquement pour le jeu. « Pour 2 600 joueurs, le total de l’endettement en
    capital emprunté s’élève à 110 Millions €, intérêts compris. »
    2.2 Un risque réel pour les mineurs
    En France, il n’y a pas d’étude sur les jeux d’argent chez les mineurs. Christine du
    Fretay, présidente de l’association E-Enfance, se base sur les résultats d’une étude
    conduite en Belgique sur des mineurs âgés de 10 à 17 ans, où il apparaît que « 2
    jeunes sur 5 ont déjà joué à des jeux d’argent, Internet et hors Internet, et que 8 à
    10% aiment jouer à des jeux d’argent sur Internet ». En Belgique, le jeu est interdit
    aux mineurs sur Internet et hors Internet.
    La position de E-Enfance est « intransigeante sur les possibilités, mais aussi sur
    l’attrait des jeux d’argent pour les mineurs. Trois points ne doivent faire l’objet
    d’aucune négociation » :

  • L’identification de l’âge du joueur à l’inscription : « compte tenu de l’incapacité de la
    France à avoir un fichier global nominatif », E-Enfance suggère « un processus
    d’identification basé sur des copies papier de cartes d’identité et de RIB ».
    Consciente que ce moyen est un peu dépassé, « E-Enfance n’a pas su trouver une
    société qui puisse interroger en temps réel une base de données nationale puisqu’il
    n’y en a pas ». À moyen terme, E-Enfance attend beaucoup de la carte d’identité
    électronique.
  • Le paiement par téléphone ou SMS : « il est impensable qu’on puisse payer par
    SMS ou par téléphone, qui sont évidemment les moyens de paiement des mineurs,
    sans que les parents soient même au courant. »
  • La publicité ciblée sur les mineurs : « en Angleterre, la législation interdit à la
    publicité d’induire qu’on peut arrondir ses fins de mois avec le jeu, de mettre en
    scène des mineurs, de cibler les mineurs sur des sites très vus par les adolescents,
    notamment les réseaux sociaux de type Facebook, MSN, Windows Live. »
  1. La prévention au coeur de l’ouverture à la concurrence
    « Les pouvoirs publics ne peuvent pas se contenter de l’à peu près lorsqu’on parle
    d’ordre public et d’ordre social, lorsqu’il s’agit de protéger la jeunesse, le
    consommateur, le monde du sport et du hippisme, ou encore de lutter contre le
    blanchiment et la fraude », déclare Éric Woerth.
    3.1 Le respect du cahier des charges
    Extrait du compte rendu du Conseil des ministres du 25/03/09 : « Ce cahier des
    charges donnera aux pouvoirs publics la capacité de contrôler en permanence
    l’activité de ces sites et comprendra un ensemble d’obligations correspondant à
    nos objectifs d’ordre public et social. Il permettra notamment d’améliorer
    significativement la lutte contre le jeu des mineurs et la dépendance aux jeux, de
    préserver l’éthique des compétitions sportives et de lutter contre le blanchiment
    d’argent.
    Pour obtenir un agrément, les candidats devront notamment mettre en place des
    modérateurs de jeu et tenir à disposition des joueurs un service spécialisé dans
    la prise en charge de l’addiction. Les opérateurs de paris sportifs devront par
    ailleurs signer des accords commerciaux avec les organisateurs d’événements
    sportifs, afin de respecter le droit de propriété de ces derniers. »8
    3.2 La prévention par l’application d’une fiscalité spécifique
    À ce cahier des charges s’adjoint un impôt spécifique. Mais là encore, l’imposition a
    une visée préventive. « Ce prélèvement fiscal est institué sur les sommes engagées
    par les parieurs. Il est clair qu’on impose les mises pour limiter la possibilité de
    redistribuer les gains », analyse Marie-Claire Roger-Graux, chargée d’enseignement
    à l’Université Paris I et Dauphine.
    Éric Woerth ne s’en cache pas. « J’entends que certains contestent le fait que
    l’addiction dépend notamment du niveau du taux de retour aux joueurs. C’est un
    débat que j’attends de pied ferme car pour ma part, plus le taux de retour est élevé,
    plus la séquence de jeu est longue, plus l’addiction est possible. »
    Notons enfin qu’une partie du retour des recettes est réinjectée vers l’Institut national
    de prévention et d’éducation pour la santé (INPES). « Il m’apparaît indispensable, en
    particulier, qu’une campagne de prévention puisse être lancée sur les jeux
    présentant le plus fort potentiel addictif, ou ciblée sur les publics les plus fragiles »,
    déclare Éric Woerth.
    La boucle est bouclée.
    3.3. Consensus autour de la protection du consommateur
    3.3.1 Le point de vue des opérateurs historiques
    Au risque de paraître « politiquement corrects » comme le souligne Olivier Provost,
    rédacteur en chef de La Tribune.fr, les opérateurs historiques européens voient ce
    projet de loi comme « une opportunité ».
    L’association European Lotteries représente les loteries nationales présentes dans
    plus de 40 pays en Europe, y compris la France. Loteries, jeux de grattage, paris
    8 Id., op. cit., Extrait du compte rendu du Conseil des ministres du 25/03/09, http://www.assembleenationale.
    fr/13/dossiers/jeux_argent.asp
    sportifs, en dur comme en ligne… Chacun bénéficie d’un droit exclusif ou d’un
    agrément délivré par le gouvernement national. C’est en leur nom que Rupert
    Hornig, délégué général de l’association European Lotteries, « soutient entièrement
    la position du gouvernement français », au moins sur quatre points :
    « La spécificité du jeu d’argent ne constitue pas une activité économique ordinaire et
    il importe aux opérateurs de se conformer aux besoins de la protection du
    consommateur. C’est la reconnaissance du principe de subsidiarité. » D’autre part,
    Rupert Hornig se réjouit de servir « des objectifs non-commerciaux », à travers « la
    protection des joueurs et celle des populations vulnérables, la sécurité des
    opérations, la lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent. » De plus, il se félicite
    que ce projet de loi prévoie « le financement des paris sportifs au profit du sport pour
    tous ». En cela, la position française est conforme au « code de bonne conduite »
    que European lotteries a fait signer il y a quelques années à 33 pays européens.
    Qualifiant le projet de loi français « d’intérêt général, d’utilité publique », Rupert
    Hornig estime enfin que le gouvernement français est conforme à la résolution du
    Parlement européen sur l’intégrité du jeu d’argent en ligne9, à laquelle adhèrent les
    membres de European lotteries.
    Partisane de la légalisation contrôlée du jeu en ligne, la Française des Jeux estime
    elle aussi que « la protection du consommateur dans le domaine du jeu doit passer
    par une régulation forte associée à une autorégulation active et une grande vigilance
    de la société civile ». « La protection des joueurs est l’affaire de tous », déclare
    Christophe Blanchard-Dignac, pdg de la Française des Jeux et vice-président de
    European Lotteries. Du point de vue du législateur et du régulateur, « le jeu demande
    à être encadré et soumis à des sanctions en cas de non-respect des règles ». Audelà
    du respect de ces règles, « les opérateurs doivent être proactifs ». « La société
    civile a elle aussi un rôle de vigilance à tenir et elle doit être associée par
    consultation à la régulation du jeu ».
    Cependant, cette légalisation contrôlée soulève des questions d’ordre technique.
    « Comment seront assurées les vérifications pour l’inscription des joueurs,
    notamment le contrôle de l’âge ? » demande Christophe Blanchard-Dignac, qui fait
    remarquer que certains sites vérifient l’âge du joueur seulement quand celui-ci
    demande à toucher ses gains.
    Autre question qui taraude le pdg de la Française des Jeux : « en passant d’un
    opérateur unique à un nombre non limité d’opérateurs, comment pourra-t-on
    maintenir des plafonds de jeu pour le consommateur ? »
    3.3.2 Le point de vue d’un nouvel entrant
    Dès l’ouverture du marché, Everest Gaming va se porter candidat à une licence en
    France. Pour ce leader européen de l’industrie du jeu, avec plus de cinq millions de
    joueurs en ligne dans le monde entier, en provenance de plus de 150 pays, « le jeu
    responsable et la lutte contre l’addiction assurent la pérennité de nos modèles
    économiques », assure son pdg Dickson Jay. S’il reconnaît que ce projet de loi est
    « une opportunité unique pour exploiter et développer un nouveau format de
    divertissement en France », « la légitimité d’un organisme indépendant », ou encore
    « l’uniformisation des procédures entre les différents opérateurs », Dickson Jay ne dit
    9Id., op. cit.
    rien des solutions qu’Everest Gaming compte apporter à sa mise en oeuvre. Il va
    même jusqu’à « encourager le gouvernement à déployer les outils nécessaires aux
    opérateurs pour leur permettre de protéger les mineurs et de vérifier l’identité des
    joueurs en ligne ».
  2. Des solutions technologiques existent
    GTECH est le leader mondial des solutions de jeu en ligne, loteries et casinos, paris
    sportifs, fournitures en marque blanche notamment pour les paris sportifs… Présent
    dans 228 juridictions, avec 160 clients, dont Lottomatica en Italie, son chiffre
    d’affaires est de l’ordre de 2 Milliards €.
    Emmanuel Benichou, directeur du dévelopement de GTECH, se dit « très impliqué
    dans le jeu responsable, avec une attention particulière sur la fraude, la collusion, la
    protection du joueur. Notre équipe de sécurité intervient sur les réseaux de poker et
    de paris sportifs, avec une implication forte dans la détection des fraudes de jeu et
    de services de paiement. »
    « La vérification de l’identité, de l’âge, se fait au moment de la création du compte,
    L’adresse IP des joueurs permet de vérifier que le lieu de la juridiction n’est pas
    interdit. Un code d’accès est envoyé au joueur par courrier postal. Puis chaque
    compte est révisé manuellement. L’âge des joueurs est vérifié. »
    Détecter un addict passe aussi par la connaissance de ses habitudes de jeu. « À
    travers des modèles d’identification des joueurs, nous pouvons détecter les addicts.
    On les redirige vers les autorités compétentes selon les états. »
    4.1 Un label de sites légaux
    En matière d’authentification, les dispositifs existent déjà dans les secteurs bancaires
    ou militaires, voire dans la télédéclaration fiscale. En France, celle-ci a été mise en
    place par la société Keynectis. Pour Pascal Colin, son directeur général, il s’agit de
    « définir un label pour le jeu en ligne, qui respecte à la fois la liberté et la protection
    du consommateur. Ce label reconnu par tous les sites autorisés inclurait le nom,
    l’âge, le numéro de compte, et la liste des interdits de jeu. Il devra garantir au joueur
    qu’il a accès à tous les sites autorisés ». De ce point de vue-là, Pascal Colin « attend
    de la loi une procédure-type à tous les opérateurs ».
    Cette certification porterait sur plusieurs aspects de la protection du consommateur.
    « En cas de différend avec un opérateur, le joueur doit pouvoir apporter la preuve
    qu’il a bien respecté les règles, de même que l’opérateur de jeu doit être protégé par
    ce label. Le joueur doit avoir le droit à l’anonymat, en préservant une étanchéité
    entre l’identité et un pseudo. On peut imaginer une limitation des mises, qu’elle
    vienne du joueur ou de l’opérateur. Pour contrer les sites leurres (fishing), ce label
    doit également être en mesure de garantir au joueur qu’il est sur un site autorisé. Le
    régulateur peut garantir que les sites respectent les règles du jeu ou la restitution des
    gains. Enfin, l’authentification doit être imposée à tous, ce qui garantit au joueur qu’il
    ne joue pas avec de faux joueurs. En cela, Pascal Colin rejoint l’avis de E-Enfance :
    « la carte d’identité électronique devrait simplifier le process. »
    En définitive, « on protège les joueurs contre eux–mêmes, on protège les flux
    financiers, on protège un ensemble qu’on labellise, et c’est le package de toutes ces
    solutions qui fait que le jeu est de plus en plus protégé », résume Éric Bouhanna,
    président d’Adictel.
    4.2 Le fichier des interdits de jeu
    Dans le domaine de la lutte contre l’addiction, Everest Gaming déclare « qu’il
    préconise déjà des limites de jeu ». Notons que par « limites de jeu », il faut entendre
    la possibilité pour le joueur d’Everest Poker de se fixer, à chaque session de jeu, des
    limites de pertes, de gains ainsi que de temps de jeu.10
    Là où Dickson Jay compte intervenir, c’est au niveau du fichier des interdits de jeu :
    « Everest Gaming s’engage à mettre ses compétences informatiques au service de
    la sécurité. Au travers de la conception et du déploiement de solutions informatiques,
    nous proposons d’intégrer le fichier des interdits de jeu au système informatique des
    opérateurs. »
    Chez GTECH aussi, on se dit prêt à collaborer avec l’état français « dans
    l’établissement ou dans la connexion à nos réseaux d’une liste d’interdits de jeux ».
    4.3 « Ne bougez pas, on vous envoie une documentation »
    Chez les casinotiers, on clame haut et fort que la sécurité existe depuis longtemps.
    « On contrôle aux entrées, il n’y a que nous qui avons la liste des interdits », tonne
    Pascal Pessiot, président de la Société française de casinos. « Alors qu’à la
    Française des Jeux, dans les PMU, pour les loteries, le loto, ils n’exigent pas de
    contrôle de carte d’identité. »
    Selon Éric Bouhanna, président d’Adictel, ce dispositif n’est malheureusement pas
    appliqué dans tous les casinos. « En France, il y a 100 casinos terrestres qui n’ont
    aucune réglementation en matière de protection. De plus la réglementation actuelle
    des jeux de casino ne comporte qu’une seule ligne, où l’on demande de la formation
    pour le personnel. Qui forme ? Un croupier pour un autre croupier… « Ne bougez
    pas, on vous envoie une documentation », voilà ce qu’un casino a répondu à un
    joueur qui téléphonait au bord du suicide ! »
    Mais surtout, le président d’Adictel juge ce fichier national des interdits très
    largement insuffisant. « La liste nationale volontaire d’interdiction d’accès aux salles
    de jeu de hasard et d’argent est la seule disposition légale pour interdire un joueur de
    casino en France. Elle représente 35 000 joueurs de casinos, soit 10% seulement de
    la totalité des joueurs dépendant en France, sans compter le online. Pour s’interdire
    de jeu, il faut en général se présenter dans un commissariat de police. On imagine
    un joueur malade se présenter en urgence là où personne n’a envie d’aller, a fortiori
    pour le joueur sur Internet. »
    4.4. Lancement d’un dispositif mondial pour la protection des joueurs
    excessifs
    Du point de vue d’Éric Bouhanna, une telle solution doit impérativement être
    compatible avec les technologies et la réalité des jeux d’argent sur Internet. « Ce ne
    sont ni les travailleurs sociaux, ni les médecins psychologues, ni les universitaires, ni
    10 « Selon le style de poker que vous jouez (No Limit, Pot Limit, Limit), vos options de mise seront différentes.
    Pour les jeux Limit, votre seul choix est de miser ou pas. Le montant de la mise est défini par les limites du jeu.
    Pour les jeux Pot Limit, vous pouvez miser un montant compris entre la mise minimum et le montant du pot. Les
    Boutons d’Action d’Everest Poker placeront automatiquement ces mises pour vous dans les jeux Limit et Pot
    Limit. Pour les jeux No Limit, vous pouvez miser un montant compris entre la mise minimum et le reste de votre
    pile de jetons. » Source : http://www.everestpoker.com/support/controls.html, Commandes de Jeu d’Everest
    Poker - Miser. Mai 2009
    les fonctionnaires de l’état qui pourront relever un tel défi. Le dispositif étatique est
    illusoire. Internet est international, les joueurs sont transfrontaliers et multijeux. Il
    serait naïf de penser qu’un état puisse imposer son propre dispositif. » Pour Eric
    Bouhanna, « c’est une question de moyens financiers, de moyens technologiques,
    de réseaux, et surtout la volonté conjointe et sincère des plus gros acteurs du
    métier. »
    C’est en ce sens qu’Adictel et UINT Gaming technologies se sont associés pour
    lancer le premier dispositif international de limitation volontaire d’accès aux sites de
    jeux d’argent. C’est Pocket Kings, l’un des leaders mondiaux du poker en ligne, qui
    fournira la logistique marketing et technologique. « Ce service universel,
    indépendant, et efficace, est bien évidemment lié à une activité d’accompagnement
    psychologique et thérapeutique. »
    Cet outil mondial, « qui correspond à la liste des interdits internationaux de jeux, sera
    croisé avec des solutions technologiques de protection du consommateur, que ce
    soit avec Keynectis pour la certification ou avec UINT Technologies pour les
    solutions de cartes biométriques », précise Éric Bouhanna.
  3. La lutte contre l’addiction
    5.1 « Le jeu responsable » à la Française des jeux
    Christophe Blanchard-Dignac rappelle qu’en France l’encadrement réglementaire est
    strict. « Depuis 1999, la Française des Jeux (FDJ) recommandait à ses détaillants de
    ne pas vendre aux mineurs, mais ce n’était pas une obligation réglementaire. » Par
    décret du 1er juillet 2007, la vente des jeux est interdite aux mineurs. En 2008, il y a
    eu 20 000 inspections dans le réseau. « Ces inspections peuvent conduire à un
    rappel à l’ordre voire à la résiliation du contrat. »
    Par décrets de février 2006, les objectifs fixés à la FDJ ne sont pas de développer du
    chiffre d’affaires, mais de canaliser l’ordre public et l’ordre social. À cet effet, le
    Comité consultatif pour la mise en oeuvre de la politique d’encadrement des jeux et
    du jeu responsable (COJER) examine le plan d’actions commercial annuel et le plan
    d’actions pour le jeu responsable de la FDJ. Christophe Blanchard-Dignac note que
    le COJER a notamment contribué à « la perte de 500 Millions € de chiffre d’affaires
    du Rapido en quelques années ».
    « Le jeu responsable est au coeur de notre modèle de jeu qui est de proposer des
    jeux récréatifs à un grand nombre de joueurs (29 millions) pour des mises
    raisonnables (6 euros/semaine). »
    La FDJ privilégie la prévention par l’information des joueurs, la formation du réseau
    et l’encadrement des jeux. Christophe Blanchard-Dignac indique que « 9 millions de
    brochures ont été diffusées, 14 000 afficheurs diffusent des messages de prévention
    en boucle, 30 000 contrats d’engagement en faveur du jeu responsable et de l’ordre
    public ont été signés avec les détaillants… » Au nombre de 38 000, ces détaillants
    reçoivent des formations en salle ou en autoformation « pour entretenir cette
    formation ».
    La prévention est également intégrée dans l’offre, « par le screening de nos jeux
    existants et par la mise au point d’une méthodologie d’évaluation des risques pour
    les nouveaux concepts de jeux. Le programme de jeux est soumis chaque année au
    COJER. Nous vérifions en amont tous nos concepts de jeu. Au plan de la
    communication, nous nous appliquons un code de conduite publicitaire. »
    Le site Web de la FDJ est inscrit auprès de l’Association des fournisseurs d’accès à
    Internet parmi les sites faisant appel à un contrôle parental. Des modérateurs
    interviennent sur le site Internet pour éventuellement fixer le plafond de jeux si celuici
    n’a pas été fait et vérifier l’âge des joueurs. «Un dispositif coûteux », selon
    Christophe Blanchard-Dignac, qui suggère aux banques de « communiquer l’âge du
    titulaire d’un compte bancaire en France ».
    « Pour gêner le joueur à problème et ne pas gêner le joueur récréatif, nous avons
    renforcé au mois de novembre 2008 les modérateurs sur le jeu Rapido, alors que le
    jeu était en chute de 18%. »
    La FDJ soutient les structures d’écoute et d’accompagnement des joueurs en
    difficulté, notamment SOS Joueurs. La FDJ contribue à une meilleure connaissance
    du jeu excessif, à travers le soutien à la recherche (conventions CIFRE, études
    hospitalières …), ou l’ouverture d’un centre de référence pour le jeu excessif en 2008
    (CRJE de Nantes).
    5.2 Imposer des outils aux opérateurs
    Pour le ministre du Budget, « l’amélioration de notre capacité de prévention et de
    traitement de la dépendance aux jeux […] passe d’abord par une meilleure
    connaissance du sujet. La mise en place du COJER, en 2006, nous a permis de
    franchir une première étape. Mais nous devons aller plus loin. L’une des missions
    prioritaires du comité consultatif des jeux créé par le projet de loi sera de faire
    réaliser par les spécialistes du sujet des études sur la situation française. »
    Ensuite, en faisant le choix de la régulation, le projet de loi entend imposer des outils
    aux opérateurs qui souhaitent obtenir une licence en France. Eric Woerth cite « par
    exemple le plafonnement du taux de retour aux joueurs, l’indication obligatoire des
    pertes pendant les séquences de jeu, ou encore le lien obligatoire entre les
    opérateurs et des organismes de prise en charge de la dépendance agréés par l’état.
    Dans les semaines qui viennent, nous allons bien entendu débattre de la pertinence
    de ces outils. »
    Le futur cahier des charges traduira techniquement les outils prévus par le projet de
    loi. « C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à Jean-François Vilotte, qui préfigure
    la future autorité de régulation, de mettre en place un groupe de travail avec les
    associations de protection des joueurs, de la famille et des professionnels de
    santé », déclare Éric Woerth.
    5.3 Faut-il étendre le dispositif à tous les jeux d’argent ?
    Maître Verbiest souligne que le dispositif actuel, tel qu’il est prévu dans le projet de
    loi, est « très restrictif dans sa portée, puisqu’il ne concerne que les opérateurs qui
    ont une licence de jeu en ligne. »
    Extrait du Projet de loi : « Le périmètre des jeux faisant l’objet d’une ouverture à
    la concurrence est limité aux jeux de hasard qui font également appel au savoirfaire
    des joueurs et présentent des risques d’addiction moindres, par
    comparaison avec des jeux de hasard pur tels que les machines à sous ou les
    autres jeux de loterie à fréquence de tirage élevée, pour lesquels le maintien du
    système actuel de droits exclusifs se justifie pleinement. Ces jeux, à savoir le
    pari hippique, le pari sportif et le poker sont d’ailleurs ceux qui suscitent
    actuellement une demande forte et une offre importante non autorisée. »11
    Dans la mesure où l’addiction est « rationnelle et non-discriminatoire » au regard de
    la Commission européenne, Maître Verbiest propose « d’étendre ce projet de loi à
    d’autres opérateurs physiques ou à des opérateurs de jeux gratuits ».
    Les données cliniques semblent lui donner raison. Marc Valleur observe des patients
    qui lui disent : « Je joue gratuitement, et je gagne tellement que ça m’incite à jouer
    pour de l’argent. »
    « Attention à ne pas toucher à ce qui fonctionne très bien », lance Julien Parrou.
    Pour le pdg du groupe ConcoursMania, qui édite des sites ouverts qui permettent au
    grand public de gagner des cadeaux à travers des jeux gratuits, « notre industrie est
    dynamique et très efficace ». Son modèle économique « associe le marketing direct
    et la publicité ». « Nous respectons la réglementation de 1836. Du point de vue du
    consommateur, la gratuité est garantie dans les jeux en France, notamment dans les
    jeux professionnels, et du point de vue des marques, celles-ci peuvent se faire
    connaître et développer leurs fichiers. » Fort de ses 5,5 millions de visiteurs par
    mois, Julien Parrou fait aussi observer que « le jeu de hasard gratuit est une sorte de
    sas avant le payant. »
    5.4 Le premier gain
    Du gratuit au payant, il n’y a qu’un clic. Pour SOS Joueurs, « les joueurs ciblés par
    les dispositifs de jeu responsable sont les joueurs à problème ou les joueurs
    excessifs. Au-delà de l’assistance aux joueurs en difficulté, nous souhaitons que les
    joueurs récréatifs et les non-joueurs soient informés du risque de dépendance ».
    Armelle Achour attire en particulier l’attention sur « le premier gain ». « Une large
    information est nécessaire sur l’impact que peut avoir le premier gain pour une réelle
    prévention. »
    SOS Joueurs demande aussi à ce qu’il y ait « une visibilité, une accessibilité
    immédiate des numéros de téléphone des ressources d’aide pour tous les
    opérateurs de jeu, qu’ils soient terrestres ou online. » Et elle ajoute : « certains
    joueurs sont dépendants de plusieurs jeux, passant du jeu sur Internet au jeu
    proposé par les opérateurs traditionnels. Ne serait-il pas judicieux qu’une passerelle
    soit créée entre les opérateurs existants et à venir en tenant compte de cet aspect
    pour une prévention et une ressource d’aide en ligne pertinentes ? »
    La proposition de loi du sénateur Nicolas About va dans ce sens.
    5.5. Proposition de loi relative aux dispositifs d’assistance aux joueurs dans le
    cadre des jeux de hasard
    Nicolas About propose d’étendre le dispositif d’aide aux joueurs à l’ensemble des
    offres de jeux, y compris les offres gratuites.
    Article 1er : « Est un opérateur de jeu de hasard toute personne physique ou
    morale qui offre au public français un jeu, payant ou gratuit, où le hasard
    11 « PROJET DE LOI relatif à l’ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux d’argent et de
    hasard en ligne », présenté au nom de M. François Fillon, Premier ministre, par M. Éric Woerth, ministre du
    budget, des comptes publics et de la fonction publique, enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 25
    mars 2009. Exposé des motifs, p.4.
    prédomine sur l’habileté et les combinaisons de l’intelligence, à travers un point
    de vente physique sur le territoire national ou par tout moyen de communication
    au public français. »12
    Dans son exposé des motifs, Nicolas About note que « si le projet de loi sur
    l’ouverture du marché des jeux en ligne prévoit des mesures de prévention en
    ses articles 20 et 21, nul dispositif législatif n’impose aux opérateurs de pourvoir
    aux besoins des joueurs une fois que ceux-ci sont dépendants. »13
    « Suite au dépôt de ce projet de loi, et après l’expertise de l’INSERM relative aux
    jeux de hasard et d’argent14, j’ai décidé de déposer une proposition de loi relative à
    un dispositif d’assistance aux joueurs », déclare Nicolas About.
    Exposé des motifs (extraits) : « Tous les opérateurs doivent se doter d’un
    dispositif efficient de prévention et d’aide disponible à tout moment, 24 heures
    sur 24 et 7 jours sur 7 pour les joueurs dépendants. »
    « Ce dispositif d’aide doit être disponible à tout moment pour les joueurs. Cette
    assistance sera fournie par des équipes de conseillers spécialisés qui peuvent
    écouter, conseiller et orienter, le cas échéant, le joueur vers des structures
    médicalisées adaptées. Ces conseillers doivent pouvoir être joignables
    gratuitement, par tous moyens (téléphone, internet, courrier…). Ce dispositif
    sera homologué par une autorité composée d’experts en matière d’addiction au
    jeu. Enfin, tous les opérateurs de jeu de hasard devront recourir à ce service
    obligatoire, à leurs frais, et en informer les joueurs. » 15
    5.6 Une plate-forme unique
    Armelle Achour note que dans le projet de loi présenté par Éric Woerth, « le Comité
    consultatif des jeux (CCJ) a disparu au profit de l’Autorité de régulation des jeux en
    ligne (ARJEL). Chaque jeu va donc disposer, comme c’est le cas actuellement, de
    son autorité de tutelle propre à chaque ministère. » Armelle Achour propose de
    « regrouper les compétences en une entité unique », ce qui permettrait de « réduire
    les coûts de fonctionnement et d’augmenter la cohésion et la connaissance de
    l’ensemble du dispositif ».
    Cette mutualisation des compétences pourrait s’appliquer au dispositif d’assistance
    aux joueurs, comme le suggère Christophe Blanchard-Dignac. « Je trouve dommage
    qu’il y ait un trop grand nombre de plates-formes d’écoute des joueurs. « C’est un
    sujet suffisamment sérieux qui mérite des agréments du ministère de la santé, des
    apports financiers à la hauteur. » C’est pourquoi « la mutualisation » des platesformes
    d’écoute des joueurs lui paraît « la meilleure solution en termes d’excellence,
    et non pas en termes de coûts ».
  4. Volet fiscal : comment rester compétitif ?
    En décidant de procéder à l’ouverture du marché des jeux sur Internet, Éric Woerth
    veut faire preuve de « réalisme », « sans être angélique ». « Bien sûr, nous faisons
    12 Proposition de loi relative aux dispositifs d’assistance aux joueurs dans le cadre des jeux de hasard, présentée
    par M. Nicolas About, Sénateur, enregistré à la Présidence du Sénat le 21 avril 2009, Article 1er.
    13 Id., op. cit., Exposé des motifs, p.4
    14 Jeu de hasard et d’argent, Contextes et addictions, expertise collective, 2008. op. cit.
    15 Id., op. cit., Exposé des motifs, p.4 et 5
    attention à ce que les obligations que nous allons imposer dans le cahier des
    charges ne soient pas déconnectées de la capacité technique et financière des
    opérateurs. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à Jean-François Vilotte
    d’installer rapidement un groupe de travail permettant, durant cette phase de
    rédaction du cahier des charges, de consulter les opérateurs de jeu. »
    6.1 Une fiscalité spécifique
    Marie-Claire Roger-Graux fait le point sur les dispositions fiscales prévues dans le
    projet de loi. « En raison de sa spécificité, le projet de loi considère que le jeu est un
    enjeu social, culturel, voire d’ordre public. L’impôt sur les sociétés reste applicable
    dans les conditions de droit commun et l’on va lui appliquer 5 prélèvements
    spécifiques » :
  • des droits d’enregistrement sont perçus à la demande d’agrément (entre 2 000 € et
    15 000 €) ; un droit fixe est perçu lorsque vous bénéficiez de l’agrément (entre 10
    000 € et 40 000 €) ou lors d’un renouvellement de l’agrément (entre 1 000 € et 10
    000 €).
  • un prélèvement fiscal est institué sur les sommes engagées par les parieurs, c’està-
    dire les mises, y compris les sommes émanant du gain et qui sont réinvesties. Une
    clarification reste à faire : s’agit-il des mises engagées par les joueurs français ou
    des mises engagées sur les sites en .fr ?
  • le prélèvement social, qui vient en remplacement de l’application de la CSG-CRDS,
    s’établit lui aussi sur l’assiette des mises ;
  • une taxe est affectée à la branche du sport, que ce soit la filière équine ou le sport
    en général ;
  • une redevance.
    « Ce projet de loi ne vise pas à développer une industrie européenne, mais à
    canaliser une demande et à offrir à la concurrence la possibilité de répondre à cette
    demande. » En conclusion, Marie-Claire Roger-Graux pense que cette fiscalité est
    « un peu dure, d’autant plus que les conditions d’agrément et de respect de la norme
    fiscale vont obliger les opérateurs européens autres à avoir des établissements
    stables en France, ce qui signifie qu’on a des risques fiscaux de double imposition ou
    de répartition de la matière imposable entre les états membres. »
    6.2. Une fiscalité jugée « non-viable »
    Maître Verbiest fait la même analyse. « Actuellement la fiscalité est considérée par la
    plupart des opérateurs comme étant non-viable. Pour des opérateurs qui ont des
    licences dans d’autres états membres, côtés en bourse, ou qui ont une volonté de
    s’inscrire dans une activité pérenne, il y a un niveau de fiscalité où l’activité n’est plus
    rentable. »
    Un point de vue partagé par l’ensemble des opérateurs.
    Titulaire d’une licence à Alderney, un paradis fiscal dans les îles anglo-normandes,
    SPS a l’ambition de développer en France l’offre de paris sportifs d’Eurosport sur
    Internet, « dans un cadre 100% légal », « à condition qu’il y ait une égalité de
    traitement entre les opérateurs existants et les nouveaux entrants. » Pour Olivier Ou
    Ramdane, directeur général de SPS, « la mise des joueurs n’est pas la réalité
    économique du chiffre d’affaires de l’opérateur. C’est la mise de départ qui constitue
    le chiffre d’affaires de l’opérateur. » Dans les paris hippiques, « si on taxe à 7,5% les
    mises des joueurs, un opérateur ne sera pas capable de proposer une offre
    compétitive. Et si on ne propose pas une expérience de jeu comparable à l’offre
    illégale actuelle, l’objectif de l’état ne sera pas atteint. »
    Emmanuel de Rohan Chabot, directeur général de Zeturf, confirme : « il y a un
    micmac avec l’idée que les mises des joueurs créeraient l’addiction. Ce ne sont pas
    les mises des joueurs, ce sont les dépenses des joueurs. » D’après ses calculs,
    entre la fiscalité de l’état, les prélèvements sociaux, l’aide à la filière équine, « la
    fiscalité globale sur les paris hippiques s’élèvera à 15,5% ». « La fiscalité va réduire
    le taux de distribution au joueur. Au lieu de pouvoir jouer jusqu’au 15 du mois, il ne
    pourra jouer que jusqu’au 5. »
    Le constat est le même pour l’opérateur de jeux de poker en ligne Everest Gaming.
    Dickson Jay encourage le gouvernement « à réfléchir, en concertation avec les
    opérateurs, à une taxe plus adaptée au modèle économique des opérateurs », lequel
    est basé sur la commission que l’opérateur prélève sur chaque transaction. « Le
    revenu brut total d’Everest Poker se situe entre 2 et 5% du pot, ce qui équivaut à un
    prélèvement moyen par joueur de 3,5%. »
    En fixant à 2% le taux d’imposition sur les mises de poker, l’état français va
    bousculer le mode de rémunération des opérateurs de poker. D’autant plus que « la
    commission que l’opérateur prélève sur chaque mise est plafonnée, ce qui permet à
    des joueurs de faire tapis sans avoir un prélèvement excessif sur leurs mises. Ce
    sera impossible », ajoute Olivier Ou Ramdane. « Cette fiscalité va donc faire évoluer
    la nature même du jeu. »
    Pour le représentant des casinos en dur, le problème semble plus criant :
    « Aujourd’hui, un joueur qui a misé 100 € dans un casino en dur et qui a tout perdu
    aura versé grosso modo 50 € à l’état (hors prélèvement sociaux). Dans le nouveau
    système tel qu’il est proposé dans le projet de loi, ce même joueur qui aura la
    possibilité de jouer 20 fois, paiera 400 € de taxes pour 100 € joués. »
    « Non seulement on ne sera pas compétitif, mais on ne pourra pas se développer »,
    poursuit Pascal Pessiot. « Avant de parler de taux, parlons de la base. La seule
    chose qui compte dans un casino, c’est la perte des joueurs, le produit brut des
    jeux. Je préfère encore qu’on prélève 25% sur le produit brut des jeux. » En
    définitive, Pascal Pessiot demande une assiette fiscale basée sur la perte des
    joueurs et non sur leurs mises, « avec une progressivité pour les petits opérateurs,
    pour qu’ils puissent payer leur communication ».
    Pour Emmanuel de Rohan Chabot, « l’assiette du produit brut des jeux semble poser
    un problème de territorialité fiscale. Une autre solution existe. L’assiette des dépôts
    faits par les joueurs a l’avantage de garder la même fiscalité pour le jeu en dur, avec
    une fiscalité au final plus élevée, mais après tout le jeu en dur reste protégé par un
    monopole géographique. Et d’avoir cette même assiette et ce même taux pour le jeu
    sur Internet, avec une résultante qui est une fiscalité plus faible, dont bénéficiera
    aussi le PMU et la Française des Jeux sur Internet, c’est un secteur qui est compétitif
    à l’international. »
    En matière de pari mutuel, la fiscalité s’applique beaucoup plus simplement. Du point
    de vue de Jean-Francois Piedagnel, président du Parimutuel Club, un site de paris
    hippiques nouvellement créé par le Groupe Carrus, « le cadeau fiscal de l’état sur le
    PMU aura un effet de développement. Et dans la mesure où les sommes réservées à
    la filière hippique permettent de simplifier les relations entre l’opérateur et les
    organisateurs d’événements, elles contribueront au développement des courses et
    des bonnes pratiques. »
    6.3 Les sites illégaux ont une longueur d’avance
    Une fiscalité « juste », mais aussi « équitable », c’est ce que réclame Olivier Ou
    Ramdane. « L’arriéré fiscal des opérateurs qui opèrent aujourd’hui illégalement sur le
    marché français leur donne un avantage compétitif. Ces revenus vont être blanchis
    aux dépenses marketing au moment de l’ouverture à la concurrence. »
    Pour un opérateur côté au Nasdaq, la marge de manoeuvre est bien entendu tout
    autre. Everest Gaming existe depuis 12 ans. Basé à Montréal, il détient deux
    licences de jeu, au Canada et à Malte. Son produit phare, Everest Poker a compté
    184 000 joueurs au 4ème trimestre 2008. Plus de 95% des revenus proviennent
    d’Europe et 60% des joueurs sont en Europe du sud. Sa société-mère GigaMedia
    Limited, basée à Taiwan, est cotée au Nasdaq. Everest Gaming compte plus de 180
    employés en Europe et en Amérique du Nord, comprenant un service client en 16
    langues et des départements de marketing, relations publiques et ingénierie. Dickson
    Jay, son directeur général, veut se montrer ouvert, « friendly ». « On voit l’ouverture
    à la concurrence comme une opportunité d’emplois en France, dans le domaine du
    marketing, ou même avec des casinos à travers l’organisation des tournois. Le jeu
    de poker est live. »
    « Everest Gaming sera le bienvenu. Il se peut même qu’il soit une locomotive pour le
    jeu en ligne », avance Pascal Pessiot sur un ton caressant. « Mais au 1er janvier
    2010, nous aurons 0 client. Everest va arriver avec un fichier de 18 millions de
    clients, avec une méthodologie, une technologie. Ils vont prendre 30% du marché.
    Actuellement, ils ont déjà le marché, d’une façon illégale. » Face à cette puissance
    marketing, le président de la société française des casinos craint même que les
    plates-formes technologiques ne soient pas franco-françaises dans un premier
    temps. « On sera obligé de faire jouer nos clients sur leurs plates-formes. »
    Jacques Marceau juge que « ce taux de parts de marché est énorme, compte tenu
    de la position actuelle des opérateurs historiques. En matière d’électricité, on ne
    dépasse pas 5%, et dans le secteur des télécoms, les MVNO non plus. »
    Pascal Pessiot fait « confiance à des groupes puissants, comme Barrière, Partouche,
    ou Tranchant, pour mettre en place des moyens de communication qui nous feront
    gagner des clients ». « Mais au début, ce sera très dur. Ils ont les moyens financiers
    de nous intoxiquer dès la première semaine… Quel sera le budget de
    communication et marketing que vous avez l’intention d’investir en France ? »,
    demande-t-il à son futur concurrent direct.
    Everest Gaming ne communique pas sur son budget marketing.
    6.4 Le devoir d’équité entre les candidats à l’ouverture
    « Les mois qui nous séparent de l’année 2010 doivent rester une période de
    préparation et non pas une période d’anticipation de l’ouverture », déclare Éric
    Woerth. « Ces dernières semaines, nous avons assisté à la multiplication
    d’opérations publicitaires à destination de sites illégaux. […] Les nouveaux
    manquements seront sanctionnés. Le CSA dispose de la possibilité d’infliger des
    sanctions financières aux diffuseurs et le gouvernement peut saisir la justice.
    L’amende peut aller jusqu’à 4 fois la dépense publicitaire engagée. »
    À l’adresse des sites illégaux, le ton d’Éric Woerth se veut menaçant. « Le
    gouvernement travaille actuellement aux outils à mettre en place pour garantir que le
    fait d’entrer illégalement sur le marché avant l’ouverture ne donne aucun avantage
    comparatif. Et notre capacité d’imagination en la matière étant particulièrement forte,
    nous fourmillons d’idées… »
    6.5 La lutte contre les sites illégaux
    Pascal Pessiot observe que le projet de loi n’aborde pas les moyens d’actions dans
    la lutte contre les sites illégaux. « Il serait plus simple de consacrer une partie des
    gains des jeux en ligne pour les confier à une cellule d’observation sur les sites
    illégaux. La technique existe, c’est possible. »
    « L’état reste très discret sur ce point », note Jean-Francois Piedagnel, pour qui c’est
    « le point-clé ».
    Eric Woerth compte mettre « un grand nombre d’obstacles » devant les sites
    illégaux. « Nous travaillons actuellement avec le ministère de l’Intérieur à la mise en
    oeuvre d’outils. Notre détermination à les utiliser dès le premier jour de l’ouverture
    effective du marché est totale, car l’ouverture du marché doit également être une
    nouvelle donne pour les sites illégaux. […] Le premier d’entre eux, le plus pénalisant,
    c’est de devoir garder le silence lorsqu’on n’a pas de licence. Entre, d’un côté, des
    sites légaux qui auront le droit de faire de la publicité et du sponsoring, et de l’autre,
    des sites méconnus et absents des écrans, les consommateurs vont vite choisir.
    Deuxième obstacle, le blocage des sites illégaux et des transactions financières
    entre ces sites et les joueurs. L’Italie et la Norvège les mettent en oeuvre, et je ne
    doute pas que d’autres pays les appliqueront également. »
    Sur ces deux derniers points, Maître Verbiest ne croit pas en l’efficacité de telles
    mesures. « Les opérateurs

Ces bien penseurs qui une fois de plus ne sont que les rois des nuls ne vont réussir à faire qu’une chose : développer les parties illégales en live notamment et faire chercher des parades pour le online .
Si seulement je pouvais me tirer de ce pays pour être certain que le fruit de mon travail ne bénéficie à aucun de ces nazes de politiques pour leur salaires, frais de bouches et de déplacement, je le ferais. ET j’encourage à le faire tout ceux qui peuvent.

PokerParano wrote:

[quote]Ces bien penseurs qui une fois de plus ne sont que les rois des nuls ne vont réussir à faire qu’une chose : développer les parties illégales en live notamment et faire chercher des parades pour le online .
Si seulement je pouvais me tirer de ce pays pour être certain que le fruit de mon travail ne bénéficie à aucun de ces nazes de politiques pour leur salaires, frais de bouches et de déplacement, je le ferais. ET j’encourage à le faire tout ceux qui peuvent.[/quote]

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