Disons que le récréatif passif, c’est bien plus compliqué de catégoriser sa conduite car c’est une manière naturelle de jouer pour un débutant. Il peut très bien voir le fait de rentrer dans beaucoup de pots en limpant comme une forme “d’ambition”.
Le maniac, en général c’est plus particulier. il y a un cas que je trouve assez intéressant, c’est celui de la conduite histrionique que je propose de rebaptiser “brageur fou”.
Son obsession, c’est la centralité. Le brageur fou 59/48 veut être au centre l’attention, il veut l’être sur la table mais aussi en dehors des tables. Qu’importe qu’il perde 9 tapis sur un bluff foireux du moment qu’il pourra montrer le 10ème qui est passé. Je pense qu’il faut le distinguer du fish agressif qui vient chercher ce qu’on appelle en psychopathologie le thrill (le frisson), le brageur fou ne cherche pas le gain lui même mais vraiment l’image que peut lui donner ce gain. La manière compte ici même si un oeil expert qualifiera de “bluff foireux qui est passé” ou de “bluffcatch qui marche une fois sur 10” ses coups d’éclats, l’important c’est que cela puisse faire illusion auprès d’une certaine assemblée (assez réduite en général…). Un HU n’aura par exemple qu’un moindre intérêt, pas assez de spectateurs autour de lui même s’il pourra quand même montrer quelques mains. Pour le joueur en quête de sensation, la manière importe beaucoup moins, ce sont plutôt les sommes engagées qui vont provoquer son intérêt.
Tout comme la véritable personne histrionique dans la vie, le brageur fou a du mal à attendre son tour je dirais…Le problème du brageur fou c’est qu’à force de vouloir être au centre, il a perdu la notion de bordure, de limite mais va utiliser volontiers les us et les coutumes des joueurs pour montrer “qu’il en est”. Il te parlera donc volontiers de tes plays avec un certain mépris (mais sans forcément être discourtois
) dans un vocabulaire maladroit.
Cette centralité se trouve également dans l’instant, tout pour l’instant j’ai envie de dire, il aura bien du mal dans son approche à construire sur le long terme, à travailler des heures dans l’ombre alors qu’il suffit de briller, à son sens, que quelques minutes.
Sur les tables, je dirais qu’il faut s’assurer que nous lui offrons cette centralité. Attention, un peu de subtilité, le brageur fou n’aime pas les combats gagnés d’avance (c’est valable également pour ceux perdu d’avance d’ailleurs), montre lui que tu résistes un peu à sa lumière et il voudra d’autant plus t’éclairer…ce qui te permettra de le faire passer dans l’ombre (c’est beau ce que je dis ce matin). Dis-toi que dans le jeu, ce qui l’intéresse, ce n’est pas d’aller toucher son tirage dans un gros pot ou ses 2 outs, pas assez esthétique, c’est vraiment de montrer comment il a réussi à s’en tirer sans les toucher tandis que pour le joueur en quête de sensation, du thrill, toucher ses 2 outs ou les bluffer, c’est la même chose, l’important c’est d’avoir le frisson de la perte (grosse) potentielle et la joie du (gros) gain.