[quote=“LEGARREC30, post:466264”]Les parents n’ont pas toujours raison…lol
Ce n’est ni une question d’avoir raison ou pas… C’est impressionnant de constater les à priori qui persistent sur le poker…Tu pourrais passer des nuits entières à expliquer à certaines personnes les subtilités, le mental et la discipline qu’implique la pratique du poker, qu’ils ne changeraient pas d’avis et resteraient sur leur préjugés, et leur conditionnement basique.
Prends le avec recul, pour la plupart des gens gagner de l’argent au poker n’est pas immoral mais injuste à leur yeux, injuste qu’ils doivent trimer au boulot pour un salaire de misère, sans évolution professionnelle et avec un boss qu’il considère moins intelligent qu’eux…Ils ne peuvent juste l’accepter.
Et puis, à un moment il faut couper le cordon, et entretenir des relations avec ses parents d’adulte à adulte (ce qui ne modifie en rien l’amour que tu leur porte), ils peuvent penser ce qu’ils veulent, tant qu’ils acceptent ta facon de vivre et que tu acceptes la leur (je pense que tu ne leur fais pas de remontrances sur leur métier ou activité qui pourrait pourtant ne pas te plaire).[/quote]
Voici ma maigre contribution au débat. A vous de vous faire votre propre opinion ensuite…
La question qui fait rêver tout les débutant est la suivante : « Est-ce que je peux tirer des revenus suffisant du poker et ainsi pouvoir lâcher ma job et avoir plus de temps libre ? » Je vais essayer d’y répondre en explorant toutes les facettes.
La première chose à connaître c’est votre salaire actuel. Il est clair que vous ne voudriez pas vous lancer dans l’aventure sans pouvoir garder le même revenu. Prenons donc un employé classique ayant un bon job.
Son revenu peut être évalué comme suis :
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Salaire net : 2 000 €
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Ticket restaurant : 6 € * 20 = 120 € (20 étant le nombre de jour ouvré moyen mensuel)
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13ème mois et double pécule de vacances : 1.92 * 2 000 € / 12 = 320 € (en Belgique le double pécule correspond à 92 % du salaire).
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20 jours de congés payés (le minimum légal) : 2 000 € / 12 = 170 €.
A ça, il faut ajouter les divers avantages que vous recevez comme une assurance : pension, assurance hospitalisation ou encore assurance décès, invalidité,… Mais comme tout ça est variable selon l’employeur, je ne vais pas les compter et vu que j’ai un peu surestimé le 13ème mois et le double pécule (en fait on est taxé à 60% du brut sur ce genre de prime) on ne les comptera pas. Selon les entreprises, on peut recevoir aussi un bonus, mais comme ça dépend de l’entreprise ainsi que de ses performances je n’en tiens pas compte non plus. Enfin j’omets de compter la voiture de société car tout le monde n’en reçoit pas.
Donc, on arrive à un revenu mensualisé de ± 2 600 €
Cela signifie donc que pour vivre avec le même niveau de vie qu’aujourd’hui vous devez gagner au minimum 2 600€ par mois en moyenne.
Voici ce dont il faut aussi tenir compte avant de se lancer :
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Quand vous êtes malade, vous allez continuer à toucher votre salaire en temps qu’employé; ce qui n’est pas le cas pour le poker. De même que quand vous prendrez des vacances
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Les revenus du travail sont assurés et garantis (tant que vous ne vous faites pas licencier); ceux du poker sont très volatiles. Vous pouvez perdre de l’argent ou être break even sur plusieurs mois et pourtant il vous faudra continuer à vivre.
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Le poker ne sera plus un passe temps mais votre seule source de revenus. Est-ce que vous saurez gérer cette pression ? Pourrez-vous grinder 8 h de suite 5 jours sur 7 (on suppose que vous gardez les mêmes horaires que votre boulot). Pourrez-vous tenir cette hygiène de vie alors que rien ne vous y oblige vraiment ? Et surtout pourrez-vous toujours jouer votre A game ? Oubliez le rêve de jouer 2h par jours il suffit de regarder le volume de malade joués par les gros gagnant pour se rendre compte que pour gagner beaucoup il faut jouer beaucoup.
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L’avenir du poker est incertain. En effet, vous ne savez pas combien de temps l’engouement du poker continuera. Que se passera-t-il si les rooms se désertent peu à peu et donc les fish aussi ? Est-ce que vous pourrez toujours garder votre edge sur les autres joueurs.
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Jouer 8 h par jour n’est pas quelque chose de réaliste car vous devrez passer du temps pour faire progresser votre niveau de jeu c’est à dire faire des review de vos sessions, regarder des vidéos, faire des vidéos, vous poser des questions. Tout ce temps passé n’est pas directement productif.
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Pourrez-vous revenir sur le marché du travail si votre expérience ne marche pas ou si le poker dans 2, 3 ou même 5 ans n’est plus assez profitable pour vous ? Ou même devenait illégal. Est-ce que vous retrouverez un job ?
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Le poker n’étant pas très bien vu, vous devrez affronter le regard et les critiques de votre famille et de vos amis.
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Le poker online est un peu de la no-life, vous serez seul dans votre coin à grinder comme un fou et aurez donc très peu de contacts professionnels.
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Le poker étant pas considéré comme un travail vous ne cotiserez pas pour votre pension pendant ce temps-la, il faut en tenir compte
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Il se pourrait qu’à un moment donné, vous devriez rendre des comptes au fisc et donc payer un impôt sur vos revenus lié au gambling.
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vous n’obtiendrez aucun emprunt des banques et donc vous devrez payer votre maison cash (ce qui attirera forcement l’attention du fisc).
Voila une liste non exhaustive des principaux paramètres à tenir compte selon moi.
Compte tenu de tout ces risques et paramètres on peut facilement remarquer que de gagner 2 600 $ par mois est largement insuffisant pour continuer à vivre comme vous le faites actuellement. 4 000 € seraient vraiment le minimum mais pour être à l’aise, on devrait plutôt parler de gains avoisinant les 10 000 € mensuel et comme ça on s’accorde une petite augmentation salariale pour ce nouveau job. Pour info, gagner 4 000 € mensuel équivaut à 48 000 € sur une base annuelle !
Maintenant, voyons un peu le volume de jeu nécessaire.
Deux cas :
Un joueur qui joue des tournois à 108 € et qui a 1 % de ROI est un excellent joueur. On va donc supposer qu’il touche 2 € par SNG. Pour atteindre nos 4 000 € notre joueur devra donc jouer 2 000 SNG ou 5 000 SNG s’il veux faire 10 000€ de profit. On suppose qu’il joue des sets de 12 tables et que la durée moyenne des SNG est de 45-50 minutes et qu’il prend un petit break après chaque set. On va donc arrondir à 1 h par set. Le joueur fait ses 8 h par jour et va donc jouer 96 sng par jour ce qui donne sur le mois près de 2 000 SNG. Le compte est donc bon. A ça on peut ajouter un éventuel rake back et/ou des millestone bonus dépendants des VPP qu’il fait. Mais tout n’est pas si rose car forcement à certains moments, vous jouerez plus mal, vous en aurez marre car vous aurez des difficulté à jouer 24 000 SNG par an sans avoir le cerveau cramé par moment. De plus, il faut retirer du temps pour analyser son jeu pro et étudier. Disons que les millestone bonus et/ou rake back vont couvrir cet aspect des choses !
Un bon joueur de NL400 fera genre 2 BB / 100 mains donc 8 € / 100 mains et jouera 6 tables. Comme c’est du short hand, je sais que je peux arrive à jouer 12 tables mais même si cela arrive, il fera rarement 2 BB / 100 alors. Une table normale donne 80 mains par heure ce qui va donner 480 mains par heure sur les 6 tables et donc un revenu de 40 € de l’heure. S’il joue 8 h, cela lui fera 320 € par jour donc 6 400 € sur le mois pour un total d’un peu plus de 75 000 mains. On considère aussi que le temps passé a faire des review de session est compensé par un bon rake back et ou milestone bonus.
Vous l’aurez donc compris mieux vaut être un cash gamer pour vivre du poker mais il va falloir abattre un nombre important de mains par mois pour que cela soit rentable tout en n’étant pas affecté par la variance, même si vous avez besoin d’argent pour vivre.
Donc, si vous êtes très bon au poker, que vous ayez une gestion stricte de votre bankroll, de vos gains (ex : pas oublier de placer de l’argent pour la retraite, les vacances, les accidents possible,…), que vous êtes complètement hermétique à toute variance (=aucun tilt), que vous travaillez d’arrache pied votre jeu et que vous puissiez jouer énormément de mains sans lassitude et toujours de façon optimale (ou du moins en commettant un minimum d’erreurs) alors, peut-être vous avez une chance de réussir, mais sachez que ceux qui vivent vraiment du poker sont très rares et que ceux qui pourront se permettre de ne plus retravailler quand l’ère du poker sera finie sont encore plus rare.
Sur ce, bonne réflexion et ne vous voyez pas pro trop rapidement, vous avez encore énormément à apprendre
Good luck sur les tables.