Qu’il s’agisse d’une value bet, d’un continuation bet ou d’un semi-bluff, quel est le montant optimal qu’il faut miser postflop ? Nous savons tous qu’une mise à 50 % du pot casse la cote pour la plupart des tirages adverses. En admettant qu’on va miser à nouveau à la turn, l’adversaire qui cherche à compléter son tirage doit posséder au minimum 13 outs pour que son call soit rentable (source : Phil Gordon). Une ouverture au flop à 50 % du pot est donc une bonne mise, à la fois pour se protéger des tirages adverses et pour faire office de value bet. C’est également une mise propice pour un continuation bet après avoir relancé préflop.
Maintenant, j’ai tendance à penser que 50 % est une mise éculée, comme peut l’être le vol de blinds au bouton, et que cette mise peut susciter des calls en cas de suspicion d’un continuation bet ou d’une deuxième paire que le betteur attaque. De plus, en terme de cote implicite, avec un tirage quinte ou couleur, même sans avoir les 13 outs nécessaires, il peut être bon de caller dans certains cas. Par exemple si le joueur qui mise est très agressif et misera même sur un scary board, le call au flop peut rapporter gros. Ou à l’inverse, s’il est un peu weak ou passif, et qu’il est capable de checker la turn sans un jeu fort (top paire ou supérieur). Dans ce cas, un call est vivement recommandé.
J’ouvre donc très souvent à 60 % du pot, ce qui ne semble guère supérieur aux 50 % précédemment cité, mais qui a l’avantage d’être une mise légèrement plus chère, qui donne l’impression d’être plus une value bet que d’un jeu faible ou d’un continuation bet. Justement, en terme de continuation bet, celui-ci doit réussir plus de 33 % des fois si l’on mise 50 % du pot pour être rentable et plus de 37,5 % des fois si l’on mise 60 % du pot. La différence est donc minime en terme de risque pris. Cette mise a l’avantage de grossir un peu plus le pot également.
Je m’interroge aussi sur une mise à 75 % du pot. Avec un tel bet, on entre dans la fourchette haute de mise, qui à mon avis risque de décourager pas mal de tirages, mais qui à contrario sera moins souvent payée. De plus, c’est une mise chère pour un continuation bet (le taux de réussite doit dépasser les 42,5 %). Pour un semi-bluff ou un bluff pur, ce n’est souvent pas rentable non plus. Une mise à 75 % du pot risque d’être relancée quand l’adversaire aura un jeu meilleur que le nôtre et occasionnera donc plus de pertes sur le long terme qu’une mise à 60 %.
Je ne vais pas aborder les mises à hauteur du pot, qui sont chères et rares je pense, car il faut clairement avoir du jeu pour les employer ou alors être en bluff sur un board dangereux.
Justement me direz-vous, pourquoi ne pas varier sa mise selon la situation ? Là est toute la question. Varier la taille de son ouverture en fonction de son jeu est selon moi une erreur. Un adversaire observateur va rapidement « lire » vos betting patterns et connaître la force de votre main quand vous miserez postflop. Supposons que vous misiez 50 % quand vous faites un continuation bet au flop après avoir relancé préflop, et que vous faites cette mise après l’avoir raté. Vous misez entre 60 et 70 % lorsque vous avez la top paire ou plus, et à 75 ou 80 % quand vous n’avez que la deuxième paire au flop. Quelqu’un qui vous observe jouer une heure connaîtra vite tous vos schémas de mise et vous serez lisible à ses yeux, donc prévisible et peu dangereux. Vous pouvez également faire l’inverse, c’est-à-dire miser fort quand vous n’avez rien et miser peu quand vous avez un bon jeu. Mais finalement, cela revient au même, et vous ne cacherez pas votre jeu à un observateur averti.
(suite au post suivant)
( bon, j’ai admiré ton jeu de defense avec ton stack qui ne decollait pas, merci pour la lecon gratuite )