Costa Croisière, le nouvel eldorado du poker ? (4/4)

Costa Croisière, le nouvel eldorado du poker ? (4/4)

En mars 2010, Mizar nous racontait sur le forum de Poker Académie ses aventures à une table de poker électronique, lors d'une croisière. C'est comme si c'était hier...Voici la 4ème et dernière partie : Incassable

Vous avez loupé les premières parties ? Pas de panique, voici la session de rattrapage :

 

Dernière soirée : Incassable

Le premier bad beat de la journée a lieu quelques heures avant que je m'assois à la table de poker. Accablé par des problèmes de dos depuis plusieurs mois et alléché par une offre promotionnelle, je prends rendez-vous pour une séance de massage au centre de beauté, situé au 10e étage du Costa Luminosa. En fait, il y a également une troisième raison. En visitant le "beauty center" en début de semaine, j'avais remarqué que la masseuse avait de faux airs de Monica Bellucci, la poitrine généreuse en moins. 

Mais bon, 55 c'est moins bien que QQ (je vous laisse traduire), mais c'est toujours mieux que 93o !

 

Sur les coups de 18h, je me pointe donc à mon rendez-vous. Je me dis qu'une petite séance de massage avec Monica ne peux qu'avoir un effet relaxant positif avant mon ultime combat face à mes amis italiens. Mais lorsque les cartes apparaissent au détour du lounge d'accueil, je peux difficilement masquer ma déception. Ce n'est pas Monica mais une lointaine cousine de Christine Boutin qui me montre la table et me dit de me dessaper. J'ai envie de crier "misdeal", mais parvient à me contrôler. L'heure qui suivra sera rugueuse. Espérons qu'au moins, la soirée ne le sera pas...

 

Il est 22h30 lorsque je me pointe au casino. Assis seul à table, j'entrevois une silhouette familière, un verre de champagne et un magnum à ses côtés. C'est Tony ! Nous nous saluons courtoisement et celui-ci me lance : "Tonight, I'm sober !". 

"For the moment", lui rétorque-je avec le même accent anglais que Jean Lefebvre dans "Le Gendarme à New York".

Nous entamons un heads up qui durera à peine deux minutes puisqu'un banc entier d'Italien se rue rapidement à notre table. La roulette c'est bien sympa, mais le poker, c'est autre chose ! La table se remplit cette fois en moins de dix minutes. C'est tout juste s'il n y a pas une liste d'attente. J'en profite pour prendre quelques photos souvenirs avec mon IPhone, car c'est la dernière fois que nous nous retrouvons tous. Demain, le navire accoste à Dubai et le casino n'ouvre qu'en mer. A quai, c'est interdit.



De g. à dr. : Bruschetta, Tony et Flavio. La tension est à son comble

 

Penne n'est pas chanceux ce soir. Toutes les cinq minutes, il remet en doute la probité de la table électronique. La goutte d'eau de trop survient lorsqu'il part à tapis au turn avec un brelan face à Flavio, lequel n'a qu'un malheureux tirage quinte à lui opposer. Lequel tirage quinte rentrera évidemment à la river. Double hurlement primaire, de Penne et de Flavio. Un cri qui n'a sans doute pas la même signification pour les deux hommes. Lorsqu'il touche l'un de ses 8 outs miraculeux à la "riviera" - sa spécialité puisque j'en avais été la victime la veille - Flavio hurle, mais aussi agite les bras dans tous les sens. A tel point qu'on a presque l'impression qu'il fait un bras d'honneur à son adversaire...

Penne n'en a pas l'impression. Il en a la certitude ! Il s'en prend verbalement à Flavio, lui reproche son geste. Flavio se défend, jure qu'il est innocent. Mine de rien, on assiste là à la première engueulade de la semaine à table. Le ton monte et Spaghetti doit jouer les casques bleus pour calmer les deux hommes. Pendant ce temps, Tony entame son sept ou huitième verre et commence à montrer des signes de faiblesse.

Tortellini me demande ce que je fais dans la vie. Je lui réponds, avec un sourire malicieux, "joueur de poker". Cela fait rire toute la table, je parviens même à dérider Penne, dont la couleur hauteur roi n'est pas suffisante face à la couleur max de Spaghetti.

 

Mon bilan au bout d'une heure et demi de jeu n'est pas folichon. J'ai perdu un pot substantiel et je suis à -40 euros malgré un rush de cartes (99, AK, QQ, AA) sans précédent depuis le début de mon aventure à bord. Il faut dire que lorsque je touche mon brelan max avec QQ, mon continuation bet ne trouve aucun preneur pour la première fois de la semaine. Idem quelques instants plus tard avec ma paire d'As ! 

 

Il faut croire que l'histoire que je vous raconte depuis le début de la semaine finirait en eau de boudin. Un peu comme "Incassable", avec Bruce Willis et Samuel L. Jackson. Vous savez, le film qui s'arrête au moment où ça devient intéressant.

C'est aux alentours de minuit que notre histoire cesse brutalement. Ne vous inquiétez pas : ce n'est pas le bateau qui coule ou Tony qui sort un flingue et fait un carnage. C'est simplement notre table électronique qui rend l'âme. Pendant près de trois quart d'heure, trois employés du casino vont s'employer à la remettre en état de marche. En vain.

 

La bête, qui rendra son dernier souffle en fin de semaine


Penne demande au directeur si l'on peut continuer à jouer avec un vrai croupier. Il essuie un refus poli. Tony propose de jouer entre nous avec des vrais cartes et l'argent sur la table, comme dans les films. Seul Flavio semble chaud comme la braise. Perso, je ne sens pas trop le truc et je ne suis apparemment pas le seul. Nous nous levons (presque) tous et nous souhaitons una "buena notte", les Italiens se dirigeant aussitôt vers les tables de roulette, moi vers ma cabine. Seul Tony reste assis, occupé à se servir un verre.

 

Au final, si mes calculs sont bons, j'aurai dégagé un bénef de 110 euros en quatre soirées et claqué sans doute plus de 500 euros en rake. Sans regret. J'ai l'impression d'avoir vécu une expérience unique et j'ai finalement passé quelques moments très sympas avec mes amis italiens.

Je reste encore trois jours à Dubaï. Cette fois, c'est promis, je prends vraiment des vacances.

 

 

 

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