Simuler le hasard au poker

Simuler le hasard au poker

Que ce soit pour générer une série de pile ou face, jouer à pierre-feuille-ciseaux ou équilibrer un range au poker, les humains sont incapables de simuler correctement le hasard. Découvrez quelles erreurs typiques nous commettons et comment nous améliorer.

Vous ne savez pas imiter le hasard

De nombreux biais nous empêchent de simuler correctement le hasard.

La préférence de certains événements

Quand on leur demande de choisir “au hasard” un chiffre entre 0 et 9, 30% des gens répondent 7. A l’inverse, 0 et 1 sont très rarement choisis. A pierre-feuille-ciseaux, la plupart des novices commencent par pierre...

Non respect de la fréquence

Quand on doit simuler une série de pile ou face, la fréquence est généralement proche de 0.5, comme attendu par le hasard. Cependant, quand on demande aux gens de générer au hasard une série de “oui” ou “non”, oui est significativement plus choisi. A pierre feuille ciseaux, feuille est généralement beaucoup moins utilisée que les deux autres.

Trop grande alternance

Dans une série de pile ou face créée par hasard, la probabilité que deux événements qui se suivent soient différents est de 0.5. Quand une telle série est générée par un humain, elle est de 0.7 environ. Autrement dit, quand c’est du hasard il y a autant de PP que de PF, quand c’est simulé par un humain, il y aura plus de PF. On a tendance a trop vouloir compenser : “pile vient de tomber, c’est maintenant au tour de face”.

Absence de longues séries

Si vous regardez le résultat de 100 pile ou face, il y a de bonne chance d’avoir une série de 6 ou 7 piles (ou faces) consécutifs. Un humain lui n’ose généralement pas produire de telles séries jugées "extraordinaires".

Non respect des autres fréquences

Après avoir lu tout ça, vous vous croyez peut être encore capable de simuler, par exemple, une série de 100 lancers de pile ou face. “Bon je mets un peu près autant de pile que de face, je fais attention à bien faire plein de doublons et je fais quelques grandes séries répétitives, et ça devrait passer” Et bien non, vous n’avez aucune chance de simuler correctement le hasard et voici pourquoi : toutes les séquences de n évènements doivent avoir des fréquences proches. Ainsi PP doit avoir environ la même probabilité que FF ou PF ou FP. Mais PPP doit aussi avoir la même fréquence que PPF, PFF, FFF etc… De même PPPP doit avoir la même fréquence que chaque autre séquence de 4 lancers… Et c’est là que le bât blesse : un humain ne peut équilibrer, même à la louche, toutes ces fréquences. Ainsi, même pour un cas aussi simpliste que pile ou face, nous ne pouvons correctement simuler le hasard.

Simuler le hasard au poker

Simuler le hasard est nécessaire au poker pour équilibrer ses ranges. Prenons par exemple un spot 50% raise / 50% fold, comment se décider ? Pour être réellement inexploitable, il faut faire appel au hasard, or on n’est incapable de le simuler. Si on décide par soi-même, on risque de se baser sur le contexte “bon là il m’énerve, je raise” (mais du coup être prévisible) ou alors sur l’historique en cherchant à alterner “la dernière fois dans ce spot j’ai raise, là je vais donc fold”. Pour être vraiment inexploitable, il faut donc faire appel à des astuces.

Certains utilisent la couleur de leurs cartes : “si ma première carte est noire je raise, si elle est rouge je fold”. Un bon moyen, je trouve, de simuler le hasard est simplement de regarder l’heure : minute paire, je raise, minute impaire, je fold. Ca permet d’ailleurs de simuler beaucoup de fréquences. Besoin d’un 33% ? Regardez si les minutes sont un multiple de 3. 25% ? Si c’est un multiple de 4, etc. Ceux qui ont une montre avec trotteuse peuvent aussi diviser leur cadran en autant de parties que nécessaires.

Cela dit, on rappelera que le but du poker est plus d’exploiter que d’être inexploitable et dans ce but, le hasard n’est pas tellement utile...

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