Rétamer la NL10

Je crée ce thread pour donner une visibilité à l’e-book qui sera très prochainement disponible gratuitement en version pdf. Cette dernière, entièrement préparée par sboss59 comportera quelques améliorations. Je posterai le lien ici dès qu’elle sera disponible. EDIT 25/03/2018: maintenant disponible. RetamerlaNL10.pdf (2,4 Mo)

Rétamer la NL10 est mon troisième et dernier projet pour Poker Académie, après Notions de base pour débutants et Maraver la NL2, tout deux déjà disponibles en version pdf sur mon site (https://maelpogam.wixsite.com/pokermax), ou en version « thread » sur PA. Ayant maintenant arrêté le poker il s’agit en quelque sorte de mon héritage pokeristique que je lègue à la communauté, dans le sens où je pense y avoir mis la plus grande partie de mes connaissances. Certains disaient qu’il était dommage que j’arrête le poker, mais ainsi tout le travail accompli n’est pas perdu et je l’'espère servira à une nouvelle génération de joueurs qui pourront peut-être s’en inspirer, l’améliorer, et à leur tour transmettre leurs connaissances.

EDIT 2: Je rajoute les pdf de Notions de base pour débutants et Maraver la NL2: Notions de base pour débutants_v150325.pdf (2,5 Mo)
Maraver la NL2 (lacert@x)-v0.2.pdf (1,6 Mo)

Sommaire:

Résumé

Introduction

I Réflexions générales
1. Jouer les récréatifs et éviter les regs?
2. Faites du HU!
3. La connaissance de ses adversaires.
3.1 La prise de notes.
3.2 Les stats secrètes du HUD.
4. Routines de grind.

II Le jeu pré-flop.
1. Principes et généralités.
1.1 Fondamentaux du jeu TAG.
1.2 L’accumulation d’avantages.
2. Ranges PF.
2.1 RFI par position et défense vs 3bet.
2.1.1 Open.
2.1.2 Comment construire ses ranges de défense vs 3bet.
2.1.3 Le vol de blindes en SB. Ou l’art de stealer.
2.2 Iso-raise.
2.3 Défense vs open.
2.3.1 Call un 2bet PF: Equité pure, équité réalisable et gap concept.
2.3.2. Stratégies générales de 3bet.
2.3.3 Le jeux hors blindes en défense.
2.3.4 S’adapter aux stealers.
2.3.5 Défendre sa SB.
2.3.6 Défendre sa BB.
2.3.7 Ranges de squeeze et over-call.
2.3.8 Le cold 4bet.
2.4 Evolution de vos ranges et board coverage.

III Le jeu post-flop.
1. Concepts et stratégies simples.
1.1 Remporter le pot.
1.2 Notions de ranges post-flop.
1.3 Comment choisir ses bets sizing?
1.4 Removal effect.
A- Introduction au card removal effect (CRE).
B- Comment utiliser les bloqueurs?
1.5 Agressivité post-flop.
1.5.1 Bluffer un donk bet de 1bb au flop.
1.5.2 Check/raise et raise CBet au flop en bluff.
1.5.3 Check/raise et raise au turn en bluff.
1.5.4 Check/raise et raise à la river en bluff.
1.5.5 Le 2 barrel bluff en over-bet.
1.5.6 le 3 barrel bluff.
1.5.7 Delayed bluffs, ou quand reporter nos bluffs sur les streets suivantes.
1.5.8 Le turn dans les multiway.
1.5.9 Multiplier les petits bluffs.
1.6 Rappel: Comment jouer ses draws avec l’initiative.
1.7 Stratégies de jeu en pot 3bet.
1.7.1 Généralités.
1.7.2 En tant que 3better OOP.
1.7.3 En tant que défenseur.
1.7.4 Adaptations contre les joueurs trop agressifs.
1.7.5 Notions importantes à retenir.
2. Stratégies avancées.
2.1 Stratégies de CBet selon la texture du flop.
A- stratégies de CBet OOP.
B- stratégies de CBet IP.
2.2 Stratégies de check/raise au turn après avoir CBet le flop.
2.3 Stratégies de donk bet.
A- flop.
B- turn.
2.4 Construction de ranges de raise CBet au flop.
3. Quelques rappels et précisions.
3.1 Les types de bluff.
3.2 Le sizing de CBet à la mode: le 1/3 pot.
3.3 Le 3 barrel bluff en pot 3bet.

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Rétamer la NL10

Introduction.

Résumé

On passe aux choses sérieuses.

Dans « Maraver la NL2 » je présentais les bases pour battre facilement les plus petites limites, les NL2 et NL4. J’essayais de donner les meilleurs conseils pour débuter et acquérir les bons automatismes.

Avec « Rétamer la NL10 » je vais essayer de vous aider à obtenir un edge plus important sur les micro limites afin de préparer au mieux la montée vers les low stakes.

Avant de commencer, j’aimerais insister sur le fait que je n’ai rien inventé. Je vous fais seulement part de ce que j’ai appris à travers mes documentations et autres apprentissages. ou du moins de mon interprétation du travail des autres. Je me contente de mettre sur papier mes connaissances pokeristiques, et celles-ci ne tombent pas du ciel. . Je citerai évidemment ces trois ebooks très réputés: « Easy Game » (the basics) de Andrew « BalugaWhale » Seidman, « Applications of No Limit Hold’em » de Matthew Janda, et le « Poker Apprivoisé » de Sylvain « ArtPlay » Ribes. Le premier m’a particulièrement aidé à élaborer « Notions de base pour débutants » et « Maraver la NL2 », ainsi que les sections sur les stratégies simples de « Rétamer la NL10 ». Le deuxième m’a inspiré pour les sections sur les stratégies avancées du présent travail. Quant à ArtPlay, ses VOD ont aussi été très instructives, en particulier la série « Battre les Midstakes en 2015 ».

Voici un lien vers « Easy Game » (the basics): http://www.gamblingsystem.biz/books/Andrew%20(BalugaWhale)%20Seidman%20-%20Easy%20Game%20Volume%20I%20-%202009.pdf

I. Réflexions générales.

Résumé

Le poker, c’est comme la muscu. On ne devient pas un Schwarzi en six mois, il faut des années de pratique rigoureuse. Mais dès le début il faut acquérir les bonnes techniques. Et toujours travailler, si on ne progresse pas, on régresse.

On construit notre poker comme on construit notre corps, on le renforce jour après jour. On progresse et on gagne en confiance. Ceci réclame beaucoup de discipline dans la progression.

La discipline est la clé de voûte de la réussite au poker.

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1. Jouer les récréatifs et éviter les regs?

Résumé

Mon opinion sur le sujet a quelque peu évolué depuis que j’ai écrit “Notions de base pour débutants”. A l’époque je conseillais d’isoler au maximum les mauvais joueurs et d’éviter de jouer les regs. Aujourd’hui encore ce conseille me semble assez bon pour le novice qui débute en NL2 et dont le skill reste à construire… mais très vite il va falloir s’adapter et éviter la confrontation ne sera plus possible.

Pour battre une limite, il faut être meilleur que la plupart des joueurs du field. Et plus on montera de limite et plus nous devrons jouer les autres regs, puisque le ratio regs/fishs évolura dans le mauvais sens. Si nous sommes incapables d’être meilleur que les regs de notre limite, ou du moins que de la plupart, il est illusoire de penser être gagnant à des limites supérieure. Il y a deux façons de voir les choses:

  • Au pire nous sommes dans la moyenne des autres regs et nous construisons notre WR sur les récréatifs.

  • Soit nous sommes meilleurs et ce que nous gagnons sur les récréatifs ce sera presque du bonus.

Dans le premier cas il est difficile de vouloir up puisque par définition nous ne serons plus dans les moyenne des autres regs sur une limite plus haute. Et ce que nous gagnerons sur les récréatifs compensera de plus en plus difficilement ce que nous perdrons face aux autres regs. Et puis il est bien utile de faire nos games contre les regs de micro encore bourrés de leaks avant d’aller affronter de meilleurs regs en NL20+…

Mais il faut comprendre qu’être meilleur que les autres ne signifie pas remporter tous les coups. Beaucoup d’entre nous le savons inconsciemment contre les récréatifs, mais avons plus de mal contre les autres regs, souvent pour des raisons d’ego. Dans “Rétamer la NL10” je vais essayer de proposer un jeu solide qui exclu les moves farfelus ou les bluffs random. Battre les autres regs passe par un fond de jeu mieux construit et une meilleure compréhension des concepts fondamentaux du poker. Nous ne chercherons pas les “regs wars”, mais nous n’éviterons pas non plus la confrontation. Etre weak nous ferait perdre trop d’argent, nous over-folderions et nous serions la cible des joueurs agressifs qui cumuleront les gains contre nous. Il faudra trouver le juste milieu entre être weak et être spewy, parce que se défendre ne signifie pas non plus spew bêtement (avec des calls foireux ou avec des bluffs mal pensés). Trouver ce juste milieu requière quelques notions, notamment d’équilibrage et de removal effect. Sans chercher à approfondir le jeu GTO, je n’en ai ni l’ambition ni les moyens, j’essaierai juste de donner quelques bases solides pour être mieux armé que les autres joueurs de micro, et je l’espère pouvoir battre au moins la NL10. Comprendre ces notions (et quelques autres) ne veut pas dire jouer parfaitement GTO, ça veut juste dire qu’on construit un jeu réfléchi. Comprendre la GTO permet surtout de comprendre comment adopter un jeu optimal. Je le rappelle, le jeu optimal, c’est comprendre la GTO pour savoir quand en dévier pour trouver la meilleure EV. C’est pourquoi je vous invite à travailler cet aspect du jeu.

Dans “Rétamer la NL10” je vais donc tenter de montrer un jeu gagnant au moins jusqu’en NL10, en montrant comment construire son jeu et en revenant sur quelques concepts de base. La plupart de ces concepts ont déjà été expliqué dans “Maraver la NL2” (REM, raisons de miser, etc…) et je vous recommande de bien les assimiler. Ici je vais surtout revenir sur des notions de jeu un peu moins générales, mais qui restent finalement assez basiques.

Une dernière chose, je vous conseille de ne jouer que 4 tables (2 en fast) pour rester attentif au flow de chaque table.

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2. Faites du HU!

Résumé

a) Pourquoi?

Pour gagner de l’argent évidemment. Jouer un mauvais joueur peut rapporter beaucoup en HU grâce à la multiplication rapide des situations EV+.

Mais aussi pour étoffer notre jeu, en particulier en handreading. On apprendra à jouer des ranges wide. Notre jeu en SH, et en particulier en combats de blindes se trouvera renforcé. De plus en HU on développera plus facilement nos qualités d’empathie, on se mettra plus facilement “dans la tête” de notre adversaire.

Jouer régulièrement des HU peut aussi renforcer notre confiance.

b) Dans quelles conditions?

Évitez les tables spécifiques de HU, à moins que ce ne soit épisodique. Il faut quand même avoir conscience que le rake nous fait très mal en petites limites. Par contre n’hésitez pas à ouvrir des tables de SH ou alors de temps en temps de rester sur une table qui vient de casser.

c) Contre qui?

Principalement contre les mauvais joueurs bien sûr, mais pas uniquement contre les “récréatifs”. Beaucoup de regs, bien qu’acceptant les HU lorsqu’une table casse, sont très mauvais dans ce format. J’y ai même croisé des NITs PF weak post-flop! Par contre évitez absolument les plus agressifs qui sont souvent plus familiarisés avec les ranges wide et qui peuvent très vite prendre un fort ascendant sur vous.

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3 Connaissance de ses adversaires.

3.1 La prise de notes.

Résumé

Le but principal de la prise de note est de l’utiliser pour mettre en place des stratégies exploitantes. Il y a deux choses à utiliser:

- Les notes prises ingame sur Vilain. Comme sa façon de jouer tel ou tel spot. Ceci nous donnera ses tendances générales, comme sa façon de jouer ses draws ou ses jeux moyens par exemple. On notera bien sûr ses betting pattern et ses sizings. Il est important que ces notes soient réellement utiles, c’est à dire qu’on puisse les utiliser pour exploiter Vilain.

- La synthèse des stats de Vilain pour repérer ses leaks (leakfinder). On fera ce travail afin d’élaborer des stratégies spécifiques. Pour cela on utilisera les stats classiques de CBet, fold to CBet, etc… mais aussi d’autres plus poussées comme les stab, fold to stab, etc…

Catégoriser les Vilains.

Je pense qu’un pastillage “reg” ou “fish” n’a pas grand intérêt, surtout en micro limites où la séparation entre les deux reste parfois très floue. Je vous propose plutôt cette catégorisation:

  • “Reg” décent. Evidemment leaké puisqu’on est en micro limites, mais qu’il ne sera pas facile à exploiter. Contre lui nous appliquerons nos stratégies par défaut. Sans éviter les “reg wars”, ni les chercher.

  • “Reg” mauvais (regfish). Autrement dit “surleaké”. Chacun aura des leaks différents et nous utiliserons beaucoup notre tracker pour les exploiter. Nous ne dévierons de nos stratégies standards que pour exploiter directement ces leaks. Par exemple s’ils ne défendent pas assez leur BB, on va open 90% de nos SB. S’ils fold trop aux 3bets dans une position particulière on va rajouter des combos à notre range de 3bet bluff. Etc… On va donc multiplier les petits moves exploitants au milieu de notre stratégie habituelle. Lorsque les leaks sont très importants ou nombreux, on acceptera même de les jouer en HU. Il est même parfois possible de sit des tables remplies uniquement de cette catégorie de joueurs, même si ce ne seront pas les plus rentables.

  • “Fish” décent. Franchement je ne fais pas une grande différence entre cette catégorie et la précédente, et je les joue plus ou moins de la même façon. La différence se faisant surtout sur le type de leak, qui sont en général sur la façon de jouer leurs ranges. D’ailleurs certains de ces “fish” multitablent et jouent très régulièrement. Certains même jouent de moins bons ranges PF, mais savent mieux jouer post-flop que certains de la catégorie précédente.

  • “Spot”. Voici la catégorie qui sera notre cible principale et contre laquelle on va jouer très exploitant. Le but étant souvent de les destacker avant les autres joueurs. Contre les deux catégories précédentes on va très souvent jouer beaucoup de petits ou moyens pots, et il sera relativement rare de les destacker quand ils seront en pampa. Avec les “spots”, nous pourrons prendre leur tapis parce qu’ils nous payerons avec troisième paire ou feront de gros bluffs stupides.

Il y a principalement deux types de spots:

  • Le “loose mega CS”. Celui que les regs de petites limites préfèrent car ce sont les plus faciles à jouer. Il suffit contre eux de faire de petits bluffs, de grosses value, et de fuir en courant quand ils montrent de la force.

  • Le “loose mega aggro”. Le fameux degen que ces même regs de micros qui adoraient le profil précédent détestent jouer. Il est effectivement plus difficile à jouer et nécessite un jeu parfois très high variance. Mais pour le joueur aguerri il s’agit réellement des meilleurs spots. A partir de certaines limites, ce sont ces joueurs qui sont le plus recherchés. Contre eux on va pouvoir adopter plusieurs stratégies distinctes selon les cas. Cela peut aller du stack off plus light au hero call des plus stressant… Je ne vous conseille pas de trop les bluffer tellement certains font n’importe quoi…

Mais comme la vie n’est pas parfaite, il est rare de pouvoir facilement catégoriser tous les Vilains distinctement. En réalité la plupart des joueurs sont dans des catégories plus ou moins intermédiaires et chacun est unique! Le pastillage servira cependant à pouvoir savoir vers quelle catégorie ils se rapprochent le plus.

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3.2 Les stats secrètes du HUD.

Résumé

Bon, j’abuse un peu avec ce titre… En réalité je vais vous présenter des stats qui me paraissent utiles mais qui ne sont pas forcément très utilisées. Vous pouvez les rajouter dans votre HUD, que ce soit dans votre HUD principal ou dans vos pop up. J’ai placé ce paragraphe dans la section PF mais il y a aussi des stats post-flop. Je donne ici les appellations de PT4. Faites votre choix.

Attention! Les occurrences et sample sont très importants pour évaluer la pertinence de telle ou telle stat. Par exemple les WWSF, WTSD et WSD mettent beaucoup de temps pour converger vers des valeurs fiables, et encore plus pour les regs qui jouent moins de coups que les récréatifs. Donc avant d’utiliser des stats, vérifiez que vous avez suffisamment d’occurrences.

Les RFI par position: Utiles lorsqu’on a un gros sample pour affiner les ranges adverses, en particulier des regs et en late position (là où il y a souvent le plus de disparités entre les ranges).

Cold call 2bet PF: A ne pas confondre avec le Call 2bet PF qui prend en compte toutes les situations. Le cold call 2bet PF (cc) ne prend en compte que les situations hors blindes. Pour déterminer les ranges en blindes je préfère utiliser les fold to steal, sinon vous pouvez utiliser les Call call 2bet PF par position. Mais dans tous les cas je vous déconseille d’utiliser la seule stat Call 2bet PF tant les stats peuvent varier selon les positions. J’utilise beaucoup le cc pour déterminer les ranges des Vilains en position sur moi. Il est important de corréler cette stat aux 3bets.

Une stat classique de TAG se situe entre 6 et 8% environ. Ce qui correspond, si les stats de 3bet sont par ailleurs correctes, à des ranges essentiellement composés de PP, de très bons broadways et de quelques SC. Au delà de 8-10% les ranges adverses s’affaiblissent et peuvent contenir soit des combos faibles (type gapper suited), soit des combos dominés (trop de broadways offsuit par exemple), soit les deux.

PF limp fold: Sans doute l’utilisez vous déjà. Evidemment très utile pour choisir ses stratégies d’isoraise. A utiliser en corrélation avec certaines stats post-flop comme le fold to CBet. Vous pouvez aussi utiliser cette stat en isolant la position de SB, certains joueurs limp/fold beaucoup plus dans cette situation.

Fold when BTN opens (BB): On l’utilise souvent pour savoir s’il est profitable d’ouvrir plus loose notre BU (au dessus de 65-70% Vilain overfold), mais il ne faut pas oublier aussi de l’utiliser pour déterminer les ranges adverses lorsque Vilain a call.

BB vs SB-Fold: On va utiliser cette stat exactement comme la précédente. Et même encore plus. En sachant qu’on fait un profit immédiat à open 3bb si Vilain fold >62.5%.

A noter pour ces deux dernières stats, qu’on va aussi prendre en compte les 3bet vs steal de Vilain, d’une part pour savoir s’il est plus ou moins profitable d’open loose (si Vilain 3bet beaucoup c’est moins profitable pour nous puisqu’il nous permettra moins souvent de réaliser notre equity post flop), et d’autre part pour évaluer ses ranges.

Je n’utilise pas les stats de fold to steal en SB. J’ai l’impression qu’elles alourdissent inutilement le HUD et qu’il est préférable de se focaliser sur la BB. De même la stat simple de fold to steal ne me parait pas très opportune.

3Bet steal: Je pense qu’il peut être utile de dissocier le 3bet vs steal et le 3bet général tant les Vilain peuvent avoir des stratégies différentes. Certains ont des stats très différentes et d’autre au contraire possèdent des ranges plus statiques. La plupart des joueurs de micro limites ne 3bet pas suffisamment en resteal et auront une stat en dessous des 10%. Comme pour le 3bet général adaptez vos ranges aux stats adverses.

Les 3bets par position et vs positions: Evidemment ces stats ne seront ajoutées que dans un pop up. Il vous faudra un très gros sample pour les utiliser et vous serviront plutôt pour faire des leakfinders.

Fold to 3bet (after raise) au BU: Voici la première véritable « stat secrète », dans le sens où elle est très peu utilisée. Il y a ici vraiment moyen d’appuyer sur des leak adverses de joueurs qui ne savent pas défendre des ranges loose. Ils savent qu’il faut beaucoup ouvrir leur BU, mais ne sont pas à l’aise pour défendre ensuite une grosse partie de leur range.

Attention, vous allez profiter des Vilains qui fold trop (>60-65% environ) pour 3bet plus souvent, mais restez solide post-flop lorsqu’ils call votre 3bet. On est un peu dans une situation équivalente au steal de SB contre les joueurs qui over-fold leur BB: on a une action PF très profitable qqu’il ne faut pas rendre EV- post-flop avec des move spewy sans equity.

Fold to 3bet (after raise) en SB: Nous sommes ici exactement dans le même cas que pour la stat précédente. Tout comme celle-ci, il n’est pas indispensable de l’avoir dans notre HUD principal mais si vous avez la place de la mettre ça peut vous permettre de l’utiliser de façon plus automatique.

Beaucoup de joueurs ont aussi des difficultés à défendre au CO lorsqu’ils se font 3bet. Allez de temps en temps checker cette stat dans vos pop up contre les joueurs que vous jouez très régulièrement pour mettre en place vos stratégies de jeu BU vs CO et blindes vs CO.

Les AFq par street: Personnellement je trouve ce combo de stats plus pertinent que l’AF qui peut être très trompeur. Il permet entre autre de voir se dessiner des tendances générale plus précises. En dessous de 40 (stat PT4) Vilain est très passif, au dessus de 60 il est très agressif. Attention les AFq des autres trackers ne sont pas calculés de la même façon.

Comme pour toutes les stats d’agressivité (AF, bet river, c/r, etc…), il est extrêmement important d’éviter le leveling. Elles vous donnent des tendances, mais restez focus sur les ranges, les actions, l’évolution de la texture du board et les sizings…

Les WWSF, WTSD et WSD mis en corrélation: Comme pour les AFq par street, combinées ensembles elles donnent une idée du style de jeu adverse. Je vais déjà vous donner les fourchettes standards de ces stats:

WWSF: entre 45 et 48. En dessous de 42 Vilain est trop weak. Au dessus de 48-50 il devient trop agressif. Attention, si Vilain s’invite dans beaucoup de multiway il est normal que cette stat diminue un peu. Par contre s’il joue très agressivement PF pour isoler ses adversaires, il est normal qu’elle monte. Essayez donc de mettre en corrélation la WWSF avec les stats PF.

WTSD: entre 27 et 29. En dessous de 25 Vilain voit peu de showdown. Au dessus de 29 il en voit beaucoup. Au dessus de 32 on a toujours un Vilain trop CS si le sample est fiable. Je vais revenir sur la façon d’interpréter ces deux cas de figure selon les autres stats un peu plus bas.

WSD: En micro on aura souvent une stat comprise entre 55 et 60. En dessous de 50 on va à l’abattage trop souvent perdant, soit parce qu’on est trop CS (WTSD haut), soit parce qu’on est trop bluffer (WTSD bas). Au dessus de 60 on est généralement trop weak, soit parce qu’on call trop tight (trop weak), soit parce qu’on ne value bet pas assez thin (trop passif).

Voici comment mettre en corrélation le WTSD avec les deux autres stats:

WTSD bas (<25): Si le WWSF est haut elle révèle un jeu très agressif, et encore plus si le WSD est bas (over-aggro). Mais si le WWSF est bas et le WSD est haut ça révèle au contraire un jeu trop weak.

WTSD haut (29-32): Il y a deux cas de figure. On peut avoir un joueur trop CS (WSD bas), mais aussi un joueur avec une bonne lecture du jeu qui sait faire de bons call (bluffcatcher) où qui sait induce (WSD relativement haut, du moins pas très bas).

Voici maintenant des profilings simples standards:

WWSF bas/WTSD bas/WSD haut: Joueur globalement weak. On va multiplier les petits bluffs et leur mettre beaucoup de pression lorsqu’on les sent capés. Par contre lorqu’ils montrent de la force (multi barrel, raise, size cher) on va les respecter et folder plus, même de bosn jeux, voir parfois de très jeux.

WWSF haut/WTSD bas/WSD bas: C’est exactement le profil inverse du précédent. Ces joueurs auront aussi des AFq élevés. Il est plus difficile de les exploiter. On devra parfois induce ou bluffcatch. Eviez cependant de trop vous level et gardez une bonne lecture de ranges et soyez attentifs à leurs betting patern ou à leurs tells (sizing tells en particulier). Ne jouez pas de la même façon les regs over-aggro et les récréatifs maniacs, leurs ranges PF étant différents (en gros, respectez un peu plus les premiers et soyez plus attentifs aux tells des seconds).

Entre ces deux profils extrêmes il y en a une multitude d’autres plus nuancés. Mais essayez de les profiler de la même façon pour mettre en place vos stratégies générales contre eux.

Bet flop in limp pot: Une stat très peu utilisée et pourtant très utile, généralement contre les récréatifs qui limp beaucoup. On va par exemple augmenter nos fréquences de c/r contre les joueurs qui abusent du bet dans ces pots. Comme pour les donk bets flop, on a ici parfois des profils extrêmes.

Les stats de fold to stab (Fold to Flop Float bet, Fold to Turn Float bet et Fold to Turn Probe bet): Il y a quelques années ces stats étaient réellement secrètes et très peu de personnes les utilisaient. Elles se sont aujourd’hui « démocratisées »… à mon plus grand désarrois d’ailleurs, ayant perdu un edge que je partageais avec peu de regs^^. Pour l’utilisation de ces stats je vous renvoie aux vidéos de Batmax qui explique très bien comment exploiter les Vilain qui ne savent pas protéger leurs ranges. Je vous dirais juste qu’il ne faut pas hésiter à abuser des stabs dès que les Vilains ont des stats qui dépassent les 60%. Même avec vos SDV moyennes ou faibles, mais fragiles: l’EV du stab est souvent plus élevée que celle du check car elle permet de tuer l’equity des ranges de fold d’un Vilain qui va over-fold.

Les stats de stab (Float Flop, Float Turn et Probe Turn): Personnellement je les utilise surtout pour le profiling (joueur passif ou aggro). Vilain est passif avec des stats <40%, et agressif avec des stats >60%. Mais il est tout à fait possible de mettre en place des stratégies particulières pour tirer parti de fréquences de stab trop élevées, comme induce plus souvent ou c/r en bluff à plus haute fréquence.

La stat de Probe bet turn est souvent la plus basse des trois, et c’est un leak courant de peu stab OOP au turn.

Le delayed turn CBet: Stat généralement trop basse chez la plupart des joueur. Comme la suivante elle n’est pas disponible par défaut sur PT4 et il faudra l’importer.

Fold to delayed turn CBet: Plus utile que la précédente parce qu’il est plus facile de l’exploiter. Vous aviez air au flop et décidé de GU? Mais Vilain a check? Checker sa stat de fold au CBet décalé pour évaluer votre FE… Les fold to delayed turn CBet sont souvent très élevés, vérifiez votre propre stat…

Bet River: Avec les AF, AFq par street et le WWSF il permet de se faire une idée du degré d’agressivité de votre adversaire. En dessous de 25 c’est très passif et vous devez call tight, voir très tight et savoir folder de bons jeux surtout dans les gros pots. A partir de 30 ça devient agressif. Et au dessus de 35 sur un bon sample on a un joueur très agressif. Attention encore au leveling! Cette stat est très utile mais peut très facilement nous amener à prendre de mauvaises décisions! Restez vigilent et tenez compte de l’évolution de la texture du board, des actions précédentes et des sizings. Parfois des joueurs ont un Bet River élevé parce qu’ils tentent juste de souvent arracher de petits pots avec de petits sizings… alors attention pas de level s’ils shove dans un gros pot!

Fold to River Bet: Stat très peu utilisée mais assez utile pour repérer les spots de bluffs dans les petits pots. Beaucoup de joueurs ont une stat qui dépasse les 60%!

Les stats spécifiques en pot 3bet (CBet Flop, CBet Turn, Fold to CBet Flop, fold to CBet Turn): Vous verrez parfois des différences notables avec les mêmes stats en SRP. Faites surtout attention aux joueurs qui 3bet beaucoup (si un joueur 3bet 2% c’est normal qu’il CBet très souvent, mais s’il 3bet 10% ça l’est beaucoup moins…).

Utilisez les stats du HUD pour faire de bons fold ou de bons call. Sans les sur-interpréter. N’oubliez pas que les stats ne sont que des aides à la prise de décision, elles vous permettent de repérer des leak exploitables ou d’évaluer des ranges mais ne doivent pas être utilisées seules. Entre autre, elles ne remplacent pas un handreading mais permettent de l’affiner.

PS: Vous pouvez télécharger mon HUD sur le site de PT4 (page 3): https://www.pokertracker.com/custom/HUD

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4. Routines de grind.

Résumé

Une routine de grind rigoureuse est nécessaire et il ne faut pas en sous-estimer les bienfaits. Sans parler de professionnaliser son approche du grind, la rendre plus consciencieuse aura un impact clair sur les résultats en permettant d’améliorer la concentration et de se rapprocher plus souvent de notre meilleurs niveau de jeu, qui sera plus propre avec une agression plus réfléchie et contrôlées, tout en évitant à la fois trop de passivité et trop de spew de frustration ou par manque de lucidité.

Une bonne routine de grind doit permettre de se mettre dans les meilleurs dispositions mentales et techniques pour jouer, mais aussi nous mettre en situation de progression. Elle se compose de trois phases distinctes mais liées entre elles: le warm up (conditionnement ou échauffement), le maintien in game de notre niveau de jeu, et le cool down (compte-rendu et déconditionnement).

Méthode, discipline, concentration, telle est la devise du grinder.

a) Avant la session: le conditionnement (warm up).

Warm up, échauffement, conditionnement… beaucoup de termes pour désigner la même phase d’une routine. Mais à mon avis celui de conditionnement est le plus approprié, puisqu’un bon warm up permet de conditionner notre esprit au grind et justement conditionne ou non une bonne session. Il permet de maximiser notre niveau de jeu. Un mauvais conditionnement, et à fortiori pas de warm up, peut entraîner une mauvaise session en terme de niveau de jeu, ou plus sournoisement une moins bonne session. L’impact sur les résultats est énorme, alors forcez vous à en faire! La comparaison habituelle avec l’échauffement d’un sportif est pertinante: il est inconcevable pour lui de se plonger dans une séance de sport sans s’échauffer (conséquences sur ses performances et risques de blessures).

Le warm up doit vous mettre en condition de jouer sans consommer votre énergie. Pour cela il doit être assez court, 10 à 20 minutes. Trouvez une routine plaisante pour qu’il soit agréable et ne devienne pas une corvée. Vous devez prendre plaisir à effectuer votre échauffement afin qu’il permette au mieux la transition vers une bonne session de grind.

Avant toute chose, le warm up est une phase de coupure et de transition entre ce que vous faisiez avant et votre grind. Commencez par vous mettre dans de bonnes conditions de jeu.

Le warm up à proprement parlé a plusieurs objectifs (une même méthode d’échauffement peut servir plusieurs objectifs):

-> Se mettre dans de bonnes conditions mentales (confiance, concentration, sérénité, positivité…) et se donner envie de jouer (motivation).

Le plus simple est le visionnage d’une vidéo de poker: Surtout live sans gros contenu technique non acquis. Elle doit servir à se motiver et à ce mettre dans de bonnes conditions, et non pas à travailler son jeu. Quelques minutes pas plus.

Il est aussi possible de passer une musique motivante (ou autre vidéo). Mais seulement avant la session.

-> Mettre en place les mécanismes de réflexion (thinking process, handreading, etc…). Il s’agit ici de la partie technique de l’échauffement.

Vous pouvez revoir quelques mains de la session précédente. Repensez à votre raisonnement durant les coups et demandez-vous si vous avez pris les bonne décisions. N’oubliez pas de réfléchir en terme de ranges sur chaque action.

Tout comme pour le premier point, le visionnage rapide d’une vidéo live adaptée à votre niveau est possible. Vous vous mettez à la place du coach et adoptez ses modes de réflexion. Vous vous projetez dans votre propre session et in game vous vous visualiserez en train de prendre les bonnes décisions comme le ferait le coach (ça peut aller jusqu’à entendre sa voix dans votre tête…). La technique de visualisation ne nécessite pas forcément une vidéo mais personnellement c’est ce que je trouve de plus efficace.

Révisez des ranges et/ou revoyez rapidement un concept. Ces éléments peuvent faire parti de vos points à améliorer.

-> Se donner des objectifs et/ou des points à améliorer pour la session.

Le tout premier objectif concerne la durée de notre session et la planification des pauses. Mais comme nous le verrons ceci pourra être réévaluer in game.

Se fixer des points à améliorer est une très bonne chose. Ne vous donnez que des objectifs techniques et mentaux, jamais d’objectifs de résultats. Donc toujours sur des éléments que vous pouvez contrôler. Fixez-vous toujours des objectifs positifs et jamais négatifs. Par exemple ne vous donnez pas comme objectif de “ne pas spew” ou “ne pas faire de mauvais call”, mais plutôt de “jouer propre”, de “jouer solide”, ou de “prendre son temps et réfléchir aux ranges adverses avant de call”. Ceci est très important pour la préparation mentale (confiance, motivation, positivité, sérénité…).

Se fixer un ou deux objectifs techniques et autant d’objectifs mentaux est très bien. Pas plus.

Vous trouverez plus de détails dans le paragraphe concernant le cool down.

Il est inutile d’avoir recours à chacune de ces possibilités, c’est même déconseillé puisque ça rendrait votre échauffement trop long. Personnalisez votre échauffement pour le rendre le plus efficace et agréable possible. Chercher toutefois de remplir les trois objectifs cités en prenant ce qui vous convient le mieux. Par contre essayez de toujours jeter un coup d’œil à votre fiche de cool down de la session précédente, en particulier ce qui concerne les éléments qui doivent être améliorés, mais aussi tout ce qui a fonctionné.

b) Pendant la session (IG): maintenir sa concentration et son niveau de jeu.

On commencera les sessions en douceur et graduellement comme prolongement du warm up. Ne lancez pas toutes les tables en même temps et essayez d’être attentif aux dynamiques en attendant de jouer votre première main à la table.

Durant la session nous chercherons à nous rapprocher de notre meilleurs niveau de jeu. Pas forcément de notre A-game, mais de notre meilleurs niveau possible du moment. Jouer continuellement en A-game est impossible puisque notre état de forme varie, par contre cela n’empêche pas d’essayer de jouer le mieux possible avec nos moyens du moment, ce qui doit au pire nous rapprocher d’un bon B-game solide. Si pour X raisons (grosse fatigue, maladie, esprit préoccupé, etc…) il n’est pas possible d’avoir un niveau de jeu acceptable il vaut mieux reporter notre session.

Le warm up, s’il a été correctement effectué, nous a déjà mis dans les bonnes dispositions. Voici maintenant ce qui va vous permettre IG de vous rapprocher le plus possible de votre meilleur niveau de jeu.

  • Rester focus (concentration). Pas de distractions. On ne peut pas être performant si on est distrait, même légèrement.

  • Jouer lentement et prendre le temps de réfléchir, même pour les coups les plus simples. On ne joue pas automatiquement mais on réfléchie à chaque coup joué. Il n’y a jamais deux coups identiques, il y a toujours au moins un paramètre qui change.

  • Maintenir nos automatismes de réflexion. (REM, EV, ranges, sizings, etc…). Si ceux-ci diminuent il faut soit prendre une pause soit arrêter la session. Automatisme de réflexion ne veut pas dire automatisme de jeu, c’est même l’inverse: on se force à réfléchir et à garder en place les bons réflexes. Vous pouvez utiliser l’identification. C’est à dire vous identifier à un coach dont vous appréciez les thinking process.

  • Maîtriser sa frustration et son énervement. Garder son calme et accepter l’agression adverse. Savoir folder sans frustration. Savoir à l’avance si on 3bet/fold ou bet/fold par exemple. Anticiper les actions permet de minimiser la frustration.

  • Se focaliser sur votre jeu et faire abstraction du reste (variance, plays des Vilain, etc…). Concentrez-vous sur vos objectifs d’avant session et votre niveau de jeu. Le reste doit être effacé de votre esprit puisqu’il ne dépend pas de vous, même si c’est très difficile. Par exemple, même si vous jouez au poker pour gagner de l’argent, les gains ne se mesureront que sur le long terme, sur plusieurs dizaines de milliers de mains au moins. Jouez toujours le mieux possible coup après coup en ne vous préoccupant que de ça. La gestion de vos émotions est alors primordiale.

Ce qui est important au poker est ce que nous pouvons contrôler: la qualité de notre jeu et nos réactions émotionnelles. La réflexion doit primer sur l’émotion (comme dans bien des domaines…).

Pour vous aider à maintenir votre concentration, utilisez des mantras. Par exemple sous forme de post-it. Cela peut être les objectifs de session (techniques et/ou mentaux), des automatismes de réflexion que l’on n’a pas totalement acquis. Ou même d’autres choses plus basiques ou générales. Voici des exemples de mantras que j’ai pu utiliser: “Jouer lentement”, “Ne pas forcer les choses (patience)”, “Croire en son jeu (confiance)”, “Ne pas chercher à se refaire (stop loss)”, “Ne pas se compliquer la vie inutilement (easy game)”, “Jouer les récréatifs en priorité”.

  • Etre attentif à notre niveau de jeu et de fatigue.

  • Se forcer à prendre des pauses au moins tous les 3/4 d’heure. Notre niveau de concentration baisse sans qu’on s’en rende compte. Quelques minutes suffisent. Essayez de vous aérer l’esprit et ne restez pas devant votre écran. Marchez, buvez (de l’eau), faites des pompes, ouvrez la fenêtre et respirez à fond…

Ne pas hésiter à prendre une pause après une grosse charge émotionnelle, comme un énorme bad beat, mais aussi si on sent que notre jeu est perturbé par des pensées négatives (agacements). Avoir la discipline de prendre ces pauses est très difficile mais importante. Vous pouvez par exemple brancher une alarme.

Tout cela fait beaucoup de choses à garder à l’esprit. Pour vous aider vous pouvez synthétiser ceci en trois axes de concentration:

> Axe mental: Concentration (être dans l’instant présent), prendre plaisir, accepter de faire des erreurs, accepter le run.

> Axe technique: Etre discipliné sur les ranges et nos stratégies, respecter les concepts mathématiques.

> Axe stratégique: Savoir jouer exploitant (sortir de nos stratégies) lorsqu’il le faut.

Si on se rend compte que nous n’appliquons plus tous les points que j’ai abordés, c’est qu’il y a un problème et il faut y remédier. Au besoin en écourtant notre session si nous ne pouvons y remédier immédiatement, par exemple en cas de fatigue importante ou de tilt qui altèrent notre lucidité.

c) Après la session: le déconditionnement (cool down).

Un cool down doit être très rapide, pas plus de 5-10 minutes. Il doit surtout comporter deux éléments principaux: un compte-rendu de notre niveau de jeu (concentration et état mental) et un compte-rendu des points à améliorer. Auxquels on peux rajouter un compte-rendu de nos objectifs de session (techniques et de volume). Ce qui ne dépend pas de ces points, comme le résultat financier, ne doit pas figurer dans le cool down, seulement la façon dont on y a réagit s’ils ont eu une incidence sur notre niveau de jeu. Un cool down ne doit pas servir de whine mais doit nous permettre de progresser. Il doit vous permettre d’alimenter votre confiance et non la dégrader.

Le plus efficace est de créer un tableau avec les points suivants et de le remplir après chaque session.

  • Donnez une note à votre niveau de jeu, en essayant de rester neutre. Votre niveau de jeu prend en compte principalement votre concentration et votre état émotionnel. S’il a évolué durant la session, mettez au besoin plusieurs notes. Vous pouvez rajouter un commentaire rapide sur votre état d’esprit et votre motivation, ainsi que sur votre rigueur de jeu. La note doit être immédiatement visible afin de pouvoir revenir plus tard sur vos tableaux pour faire le point sur ce qui a pu avoir un impact sur votre niveau de jeu (en positif ou en négatif).

Même si la session s’est mal passée, vous pouvez avoir une très bonne note: je le rappelle, ce qu’on note ne comprend pas ce qui est indépendant de nous, comme le résultat financier s’il ne découle pas de mauvaises décisions ou de la variance. Par contre on note la façon dont on a réagi à ce qui est indépendant de nos décisions et nos réactions à ça.

Doit être fait juste après votre session.

  • Indiquez ce qui a eu un impact sur votre concentration et vos émotions. Que ce soit des éléments in game ou pas. Par exemple fatigue ou stress avant de débuter la session, comment votre warm up s’est passé, tilt ou agacement dû à un suck out. Ainsi que vos ressentis, émotions et autres pensées (notez si elles sont récurrentes ou non). Mais encore temps de jeu trop long ou sans pause ou nombre de tables jouées trop important. N’oubliez pas pas les éléments externes (musique, dérangement, etc…). Ne pas oublier non plus de noter ce qui a eu un impact positif, comme un nombre de tables jouées plus faible que d’habitude ou un élément changé dans votre routine, même s’il n’est pas en rapport direct avec le poker, du moment que vous pensez qu’il a pu avoir un impact sur votre niveau de concentration. Le mieux est de séparer les commentaires en deux cases distinctes: une pour les points positifs et une autre pour les points négatifs.

Pour votre état mental la gestion de vos émotions est le plus important. Les trois principales étant la joie, la peur et la colère. Chacune d’entre elles a une effet direct sur votre motivation et votre confiance.

Doit être fait juste après votre session.

  • Indiquez comment vous avez réagi à ce qui a eu une incidence sur votre concentration et vos émotions, afin de corriger les erreurs si vous n’avez pas su maintenir votre concentration et/ou gérer vos réactions émotionnelles. Par exemple vous avez été affecté par une succession de mauvais coups (impuissant sur de mauvais flops, suck out, etc…) qui a amené de l’énervement: comment y avez-vous réagit IG? (capable de tout de suite re-focus, prise d’une micro-pause, etc…). Essayez de rester le plus honnête possible avec vous-même.

Doit être fait juste après votre session.

  • Indiquez les points à améliorer. C’est à dire ce qui va vous permettre d’améliorer votre concentration et votre gestion des émotions.

Commencez par noter les points positifs et ce que vous devez pérenniser. Dans le cadre de votre progression il est important d’alimenter votre confiance et votre motivation.

Pour les problèmes non corrigés IG (par exemple émotions négatives persistantes ou problèmes pour maintenir votre concentration) demandez-vous comment vous pourrez y remédiez la prochaine fois, et ce que vous devez changer pour y parvenir.

Il est préférable de faire cette partie plus tard à froid durant votre temps alloué au travail hors table. Il doit être revu durant votre prochain warm up.

  • Faites un compte-rendu de vos objectifs et de vos points techniques à améliorer. Avez-vous joué le volume prévu. Avez-vous appliqué vos ranges ou un concept nouvellement acquis. Avez-vous l’impression d’avoir progressé (connaissances conscientes -> connaissances inconscientes).

Doit être fait juste après votre session. Pour les points techniques en cours d’apprentissage vous les travaillerez évidemment lors de votre travail hors table.

  • Fixez vos objectifs et points techniques à améliorer pour la session suivante. Cette partie est facultative, l’intérêt est surtout que nous avons une meilleure conscience des points à améliorer non acquis juste après notre session. De plus lors de notre warm up suivant nous aurons juste à relire notre fiche pour revoir à la fois ces points techniques et les points mentaux.

Peut être fait plus tard et doit être revu lors de votre warm up suivant.

N’hésitez pas à prendre quelques notes in game. Vous pouvez aussi rajouter une case à votre tableau pour développer des points qui vous paraissent importants.

Voici le tableau que je préconise. D’abord vierge puis avec quelques exemples.

d) Avoir une bonne hygiène de vie et savoir décrocher du poker.

Je vais très rapidement parler d’hygiène de vie. Je n’ai pas vocation à vous dire comment gérer votre vie, j’aborde le sujet uniquement parce qu’il ne faut pas perdre de vue que notre équilibre de vie et notre santé ont un impact important sur notre jeu.

L’amélioration de votre santé générale par une alimentation saine, un sommeil régulier et suffisant, et un minimum d’activité physique, vous permet d’avoir plus d’énergie et une meilleure concentration. Inutile de devenir un bodybuilder vegan qui dort 10 heures pas nuit, mais juste avoir de bonnes habitudes est très sain.

Bien sûr je ne vais pas vous donner des plannings d’activités ou des diètes à suivre, chacun trouvera son équilibre personnel en faisant ses propres recherches et en suivant ses propres affinités et convictions personnelles.

Pour finir ce chapitre j’aimerais insister sur l’importance de décrocher du poker en dehors de notre temps consacré à lui (grind et travail hors table). Une routine carrée et sérieuse, en particulier avec un bon cool down doit favoriser ceci.

  • Savoir décrocher du poker pour s’aérer l’esprit et éviter le burnout. Il est en particulier important d’avoir des activités “hors écran”.

  • En dehors même des activités, il est même bon d’arrêter de penser poker hors temps alloué à lui! (économie d’énergie).


Je n’ai pas parlé du travail hors table car il sort du cadre de la routine même de grind. Cependant il entre évidemment dans nos routines quotidiennes. Je ne pense pas avoir aujourd’hui grand chose à rajouter à ce sujet par rapport à ce que j’ai dit dans “Notions de base pour débutants”. Peut-être juste faire mention des solvers qui se démocratisent (comme Piosolver) en insistant sur le fait qu’ils nécessitent une approche proactive et qu’il faut avant tout essayer de comprendre les logiques derrière chaque action avec chaque portion de range afin de savoir quand appliquer les concepts sous-jacents et quand en dévier.

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II Le jeu pré-flop.

1. Principes et généralités.

1.1 Fondamentaux du jeu TAG.

Résumé

Je ne souhaite pas imposer mon jeu et dire: “voilà, c’est comme ça qu’il faut jouer avec ces ranges”. Ceci est voué à l’échec parce que chacun possède son propre style de jeu et aura une approche différente du jeu dans sa globalité et de chaque situation en particulier. Je vais plutôt donner des axes d’amélioration et tenter de donner quelques outils gagnants et expliquer certains concepts. On commence donc avec les ranges PF. Si ceux-ci sont bien construits le jeu post flop sera beaucoup plus facile.

D’abord je suis partisan d’un jeu offensif en micro et propose donc des ranges de défense passive resserrés (moins vrai en BB). Ceci est sujet à débat, mais en voici les trois raisons:

  • Eviter de créer de la dead money. Rentrer dans un coup passivement (en call 2bet PF ou en limp) avec une main marginale peut faire perdre énormément sur le long terme et en particulier si on n’arrive pas à assumer nos ranges après le flop. Le problème principal avec la dead money c’est qu’on sera trop souvent obligé de l’abandonner sur des squeezes, iso-raise ou CBet. Et puis éviter de trop jouer passivement PF nous fera prendre de bonnes habitudes pour les limites supérieures.

  • Avoir des ranges qui dominent ceux de Vilain (sauf si les cotes offertes sont bonnes, en particulier en over-call de BB ou en over-limp, tant que la main reste profitable à jouer et se comporte bien en multiway). On pourra ainsi mieux se défendre post flop en étant souvent favori contre son range, ou du moins peu souvent dominé. C’est particulièrement vrai pour les broadways.

  • Préférer jouer avec l’initiative, ce qui rend les coups plus faciles à jouer en micro.

On va donc essayer de jouer TAG (21/17/5 à 25/20/8) avec des ranges d’open tights OOP et semi-loose IP, mais rester presque NIT en défense passive. 19/16 avec 4-5 de 3bet est OK en NL2-5 et 21/17 avec 5-6 de 3bet est parfait jusqu’en NL10 (voir même au-dessus), même s’il y a moyen d’optimiser ça si notre skill post-flop est suffisant. Une chose très importante à garder en mémoire c’est que nos ranges sont dépendants de notre edge post-flop sur le field. Plus notre skill est important et plus nous devons jouer loose (dans tous les spots). Mais tant que notre edge reste à démontrer je conseille de jouer des ranges qui ont fait leurs preuves et sont profitables même avec un skill réduit.

Dans un premier temps, on va essayer de revenir à un 19 à 21/16 à 17/4 à 6 (VPIP/PFR/3bet) basique et solide qui a fait ses preuves et qui est presque mécaniquement gagnant si on reste rigoureux. Par la suite, lorsque ce jeu sera parfaitement assimilé il sera temps d’élargir les ranges (d’attaque et de défense). L’idée est de d’abord retrouver un jeu solide-gagnant avant de commencer à prendre des spots seulement marginalement gagnants.

PS: Je rappelle que le jeu gagnant le plus facile à appliquer et le plus profitable est le jeu TAG. Il ne faut pas oublier ce que cela signifie: on joue agressivement avec des ranges serrés, donc généralement avec l’initiative et avec des mains qui dominent celles de nos adversaires. On va donc éviter les actions passives, principalement PF, ainsi qu’entrer dans les coups avec des mains bancales sans l’initiative. Ces notions de la stratégie TAG sont importantes à garder en tête. C’est pour ça notamment que je proposerai des ranges de call et dans une moindre mesure de limp assez resserrés. La plupart des coups dans lesquels nous rentrerons le seront avec l’initiative.

Quand on a l’initiative les décisions post-flop sont en général plus faciles. Les seules questions que l’on se pose sont “puis-je value?”, “puis-je bluffer?” et “dois-je voler l’équité de Vilain?”. Quand on a call PF, la question que l’on se pose souvent post-flop c’est: “mince, je fais quoi?”.

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1.2 L’accumulation d’avantages.

Résumé

Il s’agit d’un des principes fondamentaux du poker énoncé dans “Easy Game”, tout comme le REM ou les raisons de miser.

L’idée principale est que pour être gagnant il faut essayer d’accumuler certains avantages, qui sont:

- L’avantage de skill. Jouer contre des joueurs moins bons que nous. Plus un joueur est mauvais et plus on essayera de jouer contre lui. Plus on aura un avantage de skill et plus on pourra sacrifier les deux autres avantages.

- L’avantage de cartes. On joue simplement des cartes plus fortes en moyenne que celles de nos adversaires. Trop de débutants oublient l’importance de cet avantage, surtout dans la construction de leurs ranges de défense.

- L’avantage de position. Avec la position on maximisera nos gains et minimisa nos pertes. Et évidemment très important pour la prise d’information. J’en profite pour insister très lourdement sur l’importance du bouton. Trop de joueurs ne comprennent pas à quel point avoir le BU doit impacter notre jeu, et par exemple ne le prennent pas suffisamment en compte pour construire leurs ranges PF. Vous verrez par exemple que je vais vous proposer des ranges de call 2bet très différents au BU et au CO, ces derniers vous paraîtrons même peut-être très NIT!

Donc la fourchette optimale de ranges (avantage de cartes) dépend de notre skill et il n’y a pas de ranges parfaits puisqu’ils dépendent de notre edge sur le field. Selon chacun c’est quelque part entre des ranges presque NITs et des ranges LAG presque over-aggro. Pour la frontière NIT elle sera plus basse en micro qu’au dessus mais elle existe. A un moment trop resserrer les ranges ne permet plus de compenser un déficit de skill et c’est bien celui ci qui prime… Sinon nous jouerions tous en NL500z avec des ranges ultra serrés.

Dans “Maraver la NL2” je proposais des ranges très tights parce que je m’adressais à des joueurs grands débutants qui ne possédaient pas encore d’edge particulier. Les avantages de cartes et de positions étaient donc relativement plus importants. Mais à partir d’une certaine expérience, et ce assez rapidement, l’avantage de skill devient prédominant et sera très vite celui qui primera et les deux autres avantages s’adapteront à lui. Dit plus simplement, plus on aura un edge sur le field et plus nous nous permettrons de jouer loose et OOP. Le plus difficile étant de trouver le bon équilibre afin de ne pas trop sacrifier un avantage. Quand on a compris ça on se rend compte qu’il n’y a pas de ranges standards applicables à tous et que chacun doit construire ses propres ranges selon son edge.

Je pense qu’en micro limites on peut rajouter un autre avantage:

- L’avantage de l’initiative. Il est simplement plus facile de gagner des coups quand nous sommes l’agresseur. On sait comment jouer nos draws, on peut plus facilement bluffer, et on peut mieux value better sans avoir besoin de se griller en reprenant l’initiative, etc…

Pour résumer, on va essayer d’isoler les joueurs faibles avec la position et en ayant une avance de ranges. Rien que de se concentrer sur cette dernière phrase peut nous simplifier la vie. Si on n’a pas la position, il faudra que les autres avantages soit plus importants que si nous l’avions. Et c’est la même chose pour chacun d’entre eux. Si l’un est sacrifié, les autres doivent être plus importants. Et plus l’un est important (comme l’avantage de cartes quand on touche une paire d’As) et plus on peut sacrifier les autres. Il faut à chaque fois trouver le bon équilibre.

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2. Ranges PF.

Résumé

Les ranges PF au poker c’est comme les systèmes d’ouvertures aux Échecs. A eux seuls ils ne permettent pas de remporter une partie, mais ils nous donnent un avantage s’ils sont correctement travaillés et qu’on en comprend l’essence.

Tant que vous ne crushez pas votre limite, tenez-vous en aux ranges proposés la plupart du temps. Par la suite, avec l’amélioration de votre skill vous pourrez en élargir certains. J’en reparle en clôture de la section PF. Ce que je vous recommande, c’est de suivre les ranges que je vous propose (en vous adaptant aux situations évidemment) pendant plusieurs dizaines de milliers de mains, et de voir l’évolution de vos résultats. S’ils sont mauvais, vous devriez sans doute resserrer les ranges le temps d’améliorer votre skill, et d’essayer de repérer les portions de ranges et les situations qui vous font perdre de l’argent à l’aide de votre tracker. Si par contre vos résultats sont très bons, plus de 10bb/100 environ, essayez peut-être au contraire d’élargir vos ranges dans les spots qui vous font gagner le plus d’argent. Une fois les adaptations faites, rejouez quelques dizaines de milliers de mains avant de faire un nouveau bilan et voir votre évolution. Bien sûr si vos résultats sont très bons, il est encore mieux de monter de limites sans changer votre jeu…

La théorie n’est utile que si elle est au service de l’efficacité. Ne jouez que ce qui est profitable. Posez-vous les bonnes questions: est-ce que cette action me fera gagner de l’argent?

En général les joueurs ne sont pas trop serrés ou trop loose, mais ils sont trop serrés dans certains spots et trop loose dans d’autres. Parce qu’ils ne comprennent pas comment les ranges se comportent entre eux, l’importance des ranges qui restent à parler ou de celle des cotes et équités réalisables. Ainsi, alors que je préconise un jeu général TAG qui peut même paraître très serré dans certaines situations, vous me verrez vous proposer des ranges parfois plus loose que ce que vous jouez.

J’aimerais attirer votre attention sur quelque chose qui me semble important et qui rejoint ce que je dis plus haut: le poids des micro-spews PF. Ce sont tout ces petits calls, limps, iso-raise, 3bets, etc… avec les mauvais combos, qui vous paraissent OK, mais qui en réalité sur le long terme diminuent lentement mais sûrement votre WR. Etes-vous sûr de la rentabilité de vos ranges? Ce n’est pas parce que vous voyez un coach cold call 98s au CO dans une vidéo que cette action vous fera gagner de l’argent. Par contre elle peut vous en faire perdre, et souvent de manière invisible: sans vous en rendre compte votre courbe de gains avec ce type de combos dans ce spot va tout doucement descendre.

Tous les ranges que je vais vous proposer sont certifiés EV+ même si je n’ai pas toujours de certitudes absolues pour certains combos. Mais c’est vrai pour mon style de jeu et mon skill aux limites que je joue actuellement, essentiellement entre la NL20 et la NL50, mais aussi avec une portion non négligeable en NL10.

Ce qui est vrai pour moi ne l’est pas forcément pour vous. Je vous conseille de régulièrement utiliser les filtres de votre tracker pour vérifier l’EV de chacun de vos ranges.

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2.1 RFI par position et défense vs 3bet.

2.1.1 Open.

Résumé

Les ranges d’open que je propose sont ceux que je considère comme les plus tight acceptables pour un bon reg de micro limites. En dessous vous manquerez trop de spot EV+ et vos ranges seront trop facilement déterminables par les bons joueurs (ce qui posera problème en montant de limites). Comme je l’explique dans le chapitre sur l’accumulation d’avantages, à un moment nous de pouvons plus jouer en dessous d’un certain seuil de nititude sans devenir perdant. Ce seuil n’est sans doute pas atteint en micro limites si vous jouez un peu plus serré que mes ranges, mais vous devrez apprendre à jouer un minimum loose avant d’envisager de monter de limites.

Lorsque vous estimerez votre edge suffisant, ajoutez quelques combos à vos ranges d’open. Et bien sûr adaptez vos défenses vs 3bet. L’exemple le plus évident est celui du CO: mes ranges par défaut sont relativement tight (25% au lieu des 27% plus classique). La raison principale est la difficulté de défendre OOP vs 3bet du BU. J’ai donc retiré quelques combos très marginaux (K7-K6s Q8s et J8s) des ranges d’open. Vous pouvez rajouter ces combos mais il faudra défendre un peu plus contre les 3bet. IP c’est relativement simple avec des KTs QTs et/ou quelques SC, mais OOP il vous faudra sans doute défendre plus de PP, au moins 77 et 66, ainsi que ATs.

Vous remarquerez aussi que je ne propose aucun SC avant le CO. Je vous conseille fortement de ne pas les jouer.

Sizings d’open du BU? Ou les raisons de choisir notre sizing.

D’abord un petit résumer sur les raisons de choisir tel ou tel sizing d’open. La première chose à prendre en compte est notre range: lorsqu’il est serré nous préférons faire des sizings plus gros et lorsqu’il est loose nous préférons faire de petits sizings. Maintenant pourquoi choisir un range loose ou tight? Nous avons vu dans le paragraphe 1.2 sur l’accumulation d’avantages que nous voulons jouer plus loose lorsque nous avons un skill plus important. On trouve donc une corrélation entre notre skill et nos sizings. On voit par exemple que des très bons regs de hautes limites ouvrent à 2.5bb dans toutes les positions afin de leur permettre de jouer plus de combos. En petites limites contentez-vous du 3bb en dehors du BU. Eventuellement au CO dans des situations où vous souhaitez beaucoup ouvrir vous pouvez faire 2.5bb sans que ce soit votre standard.

Maintenant passons en revue les 3 choix possibles au BU:

3bb?

Ranges tight: autour des 38-42%. Sizing théoriquement correct avec des ranges tight, mais le problème ici est qu’il n’est pas recommandé d’avoir un range tight au BU! Cela vous ferait perdre beaucoup trop d’EV, surtout en petites limites où les joueurs défendent encore très mal leurs blindes.

2bb?

Ranges loose: au dessus des 55%. Il permet d’open un range extrêmement loose et de mieux défendre contre les 3bets: on perd moins avec notre range de fold vs 3bet, et on peut call plus les 3bet parce qu’ils seront souvent moins chers.

Mais cette stratégie semble aujourd’hui désuète. Elle permet trop aux blindes de défendre correctement, même si je viens de dire qu’en micro les joueurs défendent mal leurs blindes. Ne l’utilisez donc que si vous avez des blindes vraiment incapables de s’adapter et qui over-fold.

2.5bb?

C’est un bon compromis et le sizing que je recommande avec un range standard entre 45 et 55%.

Légende des tableaux.

Les ranges de défense contre les 3bet sont corrects contre des fréquences générales au dessus de 6.5%. Je vous conseille cependant de vérifier par position les fréquences adverses, certains joueurs sont très déséquilibrés. Ces ranges sont construits en fonction des sizings habituels de 3bet. S’ils sont plus élevés n’hésitez surtout pas à resserrer vos ranges de call. De la même manière si vous faites face à un 3bet contre un iso-raise de votre part vous devrez souvent moins défendre.

On défend moins si la fréquence de 3bet de Vilain est plus faible, quitte à over-fold (nous ne sommes pas exploitable par des taux faibles de 3bet). Dans ces cas-là on va prioritairement défendre les PP et over-fold les broadways et SC. En suivant le principe que plus les ranges adverses sont tight et plus on axe nos ranges de défense sur les PP (setmining). Evidemment on fold en priorité les broadways car on a plus de risques d’être dominé (gap concept). Ainsi que les SC qui nécessitent de la FE post-flop.

Par contre si les 3bets adverses sont plus loose on ne va pas beaucoup plus défendre en call que nos ranges de base. Ils ont été construit justement pour ne pas se faire exploiter. Avec une petite nuance: qui possède l’edge? S’il est en faveur de Vilain (qui en plus est habituer à jouer beaucoup de pots 3bet), on va garder nos ranges de base. Mais s’il est en notre faveur, et en particulier quand nous sommes IP, nous pourrons nous permettre quelques largeurs dans la mesure du raisonnable en gardant des combos les plus connectés possible.

Voici cependant les adaptations habituelles si nous avons des gros 3betteur sur notre table. Ce que j’appelle gros 3betteur ce sont des Vilains avec 8 à 12% de 3bet:

  • Quitter la table si elle n’est pas par ailleurs très profitable. Il faudra quand même à un moment apprendre à les jouer, mais essayez au moins d’avoir la position.

  • Resserrer les ranges d’open, c’est surtout vrai si Vilain est IP sur nous. Cela permettra de moins folder sur les 3bet tout en gardant les mêmes ranges de défense. La même adaptation est à faire lorsqu’on a des joueurs très loose en position sur nous, surtout s’ils sont relativement bons. Pour atténuer le déficit de position on va augmenter l’avantage de cartes.

  • Contre certains on va pouvoir augmenter nos fréquences de 4bet bluff. Ne le faites que contre ceux qui call peu les 4bet et ne randomisez pas non plus vos ranges. Gardez une certains cohérence et utilisez le même type de combos que vous 4bettez d’habitude. Essayez de ne le faire que contre ceux qui polarisent leurs ranges de 3bet. Ici nous ne faisons que profiter d’un leak adverse si Vilain fold trop aux 4bets et risquons nous-même de nous déséquilibrer.

Mais surtout pas de stack off plus loose PF sans reads précis sur les ranges de 5bet adverses! C’est pas parce que Vilain 3bet beaucoup que ses propres ranges de stack off sont plus loose!

  • En dernier recours, essentiellement IP, loosifiez légèrement vos ranges de call 3bet si Vilain n’a pas d’edge sur vous. Laissez l’ego de coté!

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Pour avoir des tableaux plus lisibles faites clic droit et “ouvrir l’image dans un nouvel onglet”.

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2.1.2 Comment construire ses ranges de défense vs 3bet.

Résumé

Face à un 3bet nous avons 2 objectifs:

  • Ne pas être directement exploitable PF face aux 3bets. Du moins contre les joueurs qui peuvent potentiellement nous exploiter. Je rappelle que contre des Vilains trop serrés nous devons fold beaucoup plus: c’est nous qui exploitons le fait qu’ils ne 3bet pas suffisamment. Nous partirons du principe qu’il va falloir commencer à se défendre correctement lorsque le taux de 3bet de notre adversaire dépasse les 6-7% environ (et 8 à 10% de 3bet vs steal lorsque nous sommes en situations de vols de blindes), en particulier lorsqu’il a des ranges polarisés.

  • Rendre l’ensemble de notre range (4bet, call 3bet et fold) moins perdant que ce qu’on perdrait en foldant (-300bb/100 pour un open à 3bb). Il n’est donc pas anormal que notre range de call 3bet nous fasse perdre de l’argent. Le but étant qu’il nous en fasse perdre le moins possible, et surtout moins que si on avait foldé.

On va donc essayer de trouver l’équilibre entre ces deux contraintes. La plus grande difficulté sera de construire un range de call 3bet le moins perdant possible. Il serait catastrophique de ne pas avoir assez de combos à défendre qui ne nous fassent pas perdre plus que si on avait foldé PF. Dit autrement soit de perdre de l’argent PF en over-foldant, soit en en perdant post-flop parce qu’on n’arrive pas à défendre correctement. L’inverse est par contre une bonne chose: pouvoir défendre plus de combos profitables que nécessaire.

Je vais maintenant expliquer comment construire nos ranges de défense vs 3bet.

D’abord on décide d’un ratio de défense.

En NL10 défendre environ 40% de notre range est suffisant et correct dans les situations où chacun utilise des sizings standards (un peu plus IP et un peu moins OOP). Par exemple défendre entre 36% et 38% OOP est une bonne base contre un 3bet à 9bb, et défendre autour de 42% à 45% IP suffit. Ainsi notre fold to 3bet ne sera pas théoriquement supérieur à 60% (mais en réalité ce sera Vilain dependant, puisque ces ranges seront aussi adaptés aux profils et aux sizings adverses). Notez que vous entendrez parfois dire qu’il faut défendre autour des 45% à 50% de nos ranges d’open puisqu’il faut aussi renir compte d’autres paramètres que la profitabilité PF des 3bets de Vilain. Ce sera peut-être vrai à partir de la NL50 où les ranges de 3bet sont plus loose et le rake moins important, mais en NL10 privilégiez un jeu solide.

Il faut aussi bien comprendre comment les sizings influencent les ranges. Vous ne devrez pas défendre avec les mêmes fréquences selon les sizings de 3bet de vos adversaires. Voici la profitabilité des 3bets des Vilains selon les sizings choisis dans plusieurs situations courantes (en gras les situations avec les sizings standards).

Hero CO open 3bb, Vilain BU 3bet 8bb. Profitable pour Vilain si Hero fold plus de 64% du temps. Hero doit défendre minimum 36% de son range.
Hero CO open 3bb, Vilain BU 3bet 9bb. Profitable pour Vilain si Hero fold plus de 66.67% du temps. Hero doit défendre minimum 33.33% de son range.
Hero CO open 3bb, Vilain BU 3bet 10bb. Profitable pour Vilain si Hero fold plus de 68.97% du temps. Hero doit défendre minimum 31.03% de son range.
Hero CO open 3bb, Vilain BU 3bet 12bb. Profitable pour Vilain si Hero fold plus de 72.72% du temps. Hero doit défendre minimum 27.28% de son range.
Hero CO open 3bb, Vilain SB 3bet 9bb. Profitable pour Vilain si Hero fold plus de 65.38% du temps. Hero doit défendre minimum 34.62% de son range.
Hero CO open 3bb, Vilain SB 3bet 10bb. Profitable pour Vilain si Hero fold plus de 67.86% du temps. Hero doit défendre minimum 32.14% de son range.
Hero CO open 3bb, Vilain BB 3bet 10bb. Profitable pour Vilain si Hero fold plus de 66.67% du temps. Hero doit défendre minimum 33.33% de son range.
Hero CO open 3bb, Vilain SB 3bet 12bb. Profitable pour Vilain si Hero fold plus de 71.87% du temps. Hero doit défendre minimum 28.13% de son range.
Hero BU open 2.5bb, Vilain SB 3bet 8bb. Profitable pour Vilain si Hero fold plus de 65.22% du temps. Hero doit défendre minimum 34.78% de son range.
Hero BU open 2.5bb, Vilain SB 3bet 9bb. Profitable pour Vilain si Hero fold plus de 68% du temps. Hero doit défendre minimum 32% de son range.
Hero BU open 2.5bb, Vilain BB 3bet 9bb. Profitable pour Vilain si Hero fold plus de 66.67% du temps. Hero doit défendre minimum 33.33% de son range.
Hero BU open 2.5bb, Vilain SB 3bet 10bb. Profitable pour Vilain si Hero fold plus de 70.37% du temps. Hero doit défendre minimum 29.63% de son range.
Hero BU open 2.5bb, Vilain SB 3bet 12bb. Profitable pour Vilain si Hero fold plus de 74.19% du temps. Hero doit défendre minimum 25.81% de son range.
Hero SB open 3bb, Vilain SB 3bet 9bb. Profitable pour Vilain si Hero fold plus de 66.67% du temps. Hero doit défendre minimum 33.33% de son range.

Quelques réflexions:

  • A sizing égal il est plus profitable pour Vilain de 3bet en BB qu’en SB (meilleur risk reward). Cela signifie que hero doit théoriquement un peu plus défendre contre BB que contre SB. Dans les faits cependant beaucoup de joueurs 3bet beaucoup moins en BB qu’en SB.

  • Il est plus profitable pour Vilain de 3bet IP que OOP, puisque Hero pourra moins défendre en étant lui-même OOP (désavantage de position).

  • Une blinde de différence dans les sizings de 3bet de Vilain modifie les fréquences de défence de Hero de 2 à 3%. Ce qui représente par exemple 7 à 10 combos à défendre en plus ou en moins au CO, et 12 à 19 combos au BU.

Une fois que vous connaissez la bonne fréquence de défense, convertissez-la en nombre de combos. Vous ferez ça pour chaque fréquence. C’est très facile avec des logiciels comme Equilab. Vous pouvez, et c’est plus simple et plus précis, travailler en nombre de combos au fur et à mesure.

Ensuite on calcule nos fréquences de 4bet.

On commence par construire nos ranges de 4bet value. C’est à dire on décide d’un range de 4bet pour stack off selon les positions (de Hero et de Vilain). On obtient alors un nombre de combos de 4bet value.

Pour des sizings habituels de 4bet les combos de 4bet value doivent représenter 55% à 60% de notre range de 4bet total. Je vous conseille d’être plus près des 60% de value dans les positions où les ranges sont tight et les sizings relativement gros, et plus près des 55% quand les ranges sont loose et les sizings relativement petits.

En utilisant une simple règle de 3 on obtient alors notre nombre total de combos de 4bet.

On calcule le nombre de combos de 4bet bluff. Il suffit de soustraire le nombre de combos de 4bet value à celui de 4bet total. On obtient 40% à 45% de combos de 4bet bluff dans nos ranges de 4bet.

Pour les sizings de 4bet faites environ X2.5 le 3bet. Voici ce que je vous conseille:

  • Vs 3bet à 8bb, 4bet à 20bb.
  • Vs 3bet à 9bb, 4bet à 22bb.
  • Vs 3bet à 10bb, 4bet à 23bb IP et 24bb OOP.
  • Vs 3bet à 12bb, 4bet à 25bb.

Puis on construit nos ranges de call 3bet.

Pour le nombre de combos c’est assez simple. Vous connaissez le nombre de combos de 4bet et celui de votre défense totale. En soustrayant le nombre de combos de 4bet au nombre de combos total défendus, vous obtenez le nombre de combos défendus en call 3bet. Maintenant le plus délicat est de choisir ces combos. On prend normalement les combos les plus forts qui ne sont pas 4bet pour value. Mais ne prenez pas seulement en compte l’équité pure. Dans un premier temps inspirez-vous de mes tableaux, puis vous pourrez construire vos propres ranges selon vos facilités à jouer tel ou tel type de mains. En général on choisit soit des combos qui peuvent être devant les ranges de 3bet de Vilain, soit des combos qui peuvent frapper un jeu qui bat les ranges de 3bet value de Vilain (surtout IP), voir qui pourront être jouer en semi-bluff lorsque nous estimons avoir de la FE.

Pour terminer on construit nos ranges de 4bet bluff.

On connait déjà le nombre de combos, il reste à les choisir. Ici aussi vous pouvez vous inspirer de mes ranges. Ceux-ci possèdent le défaut d’être trop figés, ce qui théoriquement est exploitable. Idéalement il faudrait 4bet un plus grand nombre de type différents de combos mais à une certaine fréquence chacun, ce qui est très difficile à mettre en place, et se contenter du feeling peut très vite nous déséquilibrer fortement. On devrait alterner entre des Axs, des broadways offsuit (les plus forts que vous ne pouvez pas call 3bet) et quelques autres types de combos. Dans un premier temps contentez-vous de suivre des ranges figés et n’en déviez que de manière exploitante (voir un peu plus bas).

Pour résumer:

  • On calcule nos fréquences de défense en nombre de combos.

  • On construit un range de 4bet value.

  • On calcule ne nombre total de 4bet.

  • On calcule le nombre de combos de 4bet bluff.

  • On calcule le nombre de combos à défendre en call 3bet.

  • On choisit nos combos à défendre en call 3bet.

  • On choisit nos combos de 4bet bluff.

Exemple:

Voici un exemple arbitraire d’une situation qui n’existe pas, mais qui vous montre comment procéder.

Notre range d’open dans une position donnée est de 20%, soit 266 combos. D’abord on calcule le nombre minimum de combos à défendre vs 3bet, disons qu’on décide de défendre 40% de notre range: 40% de 266 = 106. On calcule ensuite le nombre de combos de 4bet. Si notre range de 4bet/stack off est de 2.56% (QQ+ AK) ça fait 34 combos. Nous devons donc 4bet 56 à 62 combos (34/(55 à 60) X 100). On va dire 58 combos. On a donc 58 combos à 4bet, dont 34 à 4bet value et 24 (58 - 34) à 4bet bluff.

Nous manque encore 48 combos (106 - 58) à défendre pour atteindre les 40% de défense. Notre range de call 3bet sera donc les 48 meilleurs combos suivant ceux du pole value de nos 4bets, en essayant de privilégier ceux qui ont la meilleure équité post-flop.

Pour les 24 combos de 4bet bluff, on prend des mains en dessous de notre range de call et qui possèdent de bons bloqueurs sur le range value de Vilain (A et K), et si possible on va utiliser des combos suited pour avoir un peu plus de jouabilité post flop en cas de call 4bet de notre adversaire.

Adaptation exploitante vs gros 3better polarisé en blindes.

En micro limites nous tomberons souvent sur des joueurs qui ont compris qu’il faut défendre activement leurs blindes et qu’avoir de grosses fréquences de 3bet est une bonne chose. Cependant ils ont mal construit leurs ranges et sont trop polarisés, et donc incapables d’assumer leurs ranges.

Nous allons donc très simplement augmenter nos fréquences de 4bet bluff et nous déséquilibrer volontairement pour les exploiter. Comme ces Vilains sont polarisés et ne devraient pas trop call les 4bets nous allons privilégier les bloqueurs. Voici les combos type que nous allons utiliser:

  • Des broadways offsuit trop faibles pour call: KJo KTo QJo QTo JTo (selon les positions). Par exemple si vous callez KQo et foldez KJo, utilisez KJo dans vos ranges de 4bet bluff, au moins à une certaine fréquence.

  • Des Axo: ATo A9o A8o A5o A4o. Comme pour les broadways offsuit, utilisez les plus forts avec lesquels vous ne pouvez pas pas call un 3bet, plus de temps en temps A5o et A4o si vous avez A5s et A4s dans vos ranges de call 3bet.

  • Des têtes suited: K8s K7s Q9s Q8s. Toujours en utilisant le même principe de choisir les combos qui suivent directement ceux avec lesquels vous allez call un 3bet.

On voudra surtout utiliser les bonnes dynamiques pour placer ces 4bets bluff en essayant de ressentir le bon moment, donc sans en abuser pour éviter de pousser Vilain à s’adapter si on l’estime capable de le faire.

A noter, comme je le disais plus haut, que théoriquement il faudrait construire des ranges de 4bet bluff moins figés que ceux que je vous propose, même en dehors de situations exploitantes. Idéalement donc des ranges de 4bet bluff comporteraient à une certaine fréquence les combos de mes ranges proposés et ceux que je viens de vous indiquer dans une situation exploitante, avec pour différence qu’on rajouterait des gappers faibles (97s 85s 74s…) et qu’on enlèverait sans doute beaucoup de Axo.

Par contre, contre les Vilains qui mergent leurs ranges nous risquons de jouer des pots 4bet. Contre eux nous avons besoin de moins défendre: ils ne tuent pas l’équité de nos mains avec des combos plus faibles, et nos ranges de défense serons plus souvent dominés.

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Great Job !

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2.1.3 Le vol de blindes en SB. Ou l’art de stealer.

Résumé

Il s’agit de la seule position où je conseille de modifier de manière très importante nos ranges d’open de base.

Afin d’optimiser notre WR en SB on va utiliser une stat essentielle: celle qui définie la fréquence de fold de la BB contre un open steal de SB. Sous PT4 c’est “BB vs SB open_ fold”. Sous HM2 c’est “BB fold to SB steal”. L’idée à retenir est que plus Vilain fold et plus on va steal large. Il faut savoir que si la BB fold plus de 62.5% contre un steal de SB, celle-ci fait un profit immédiat à open any two. Dans la pratique on n’ira pas jusque là afin de préserver un minimum notre image. Voici ce que je vous conseille grosso modo: ouvrir entre 5 et 10 points de plus que le fold vs SB open de Vilain dès qu’il dépasse les 50% environ. En dessous on ouvre un range de base de 45% qu’ on adapte selon son skill post-flop sur BB, mais aussi selon le 3bet de Vilain dans cette position qui tuerait l’équité de certains de nos combos dès le PF.

Il faut savoir que théoriquement Vilain devrait défendre environ 50% contre un range de 45% d’open de SB. Donc s’il fold entre 51% et 62.5% il ne défend pas assez (il fold trop d’équité) même s’il n’est pas directement exploitable, et on devrait ouvrir plus, surtout s’il défend peu en 3bet (une grosse fréquence de 3bet rendrait un open moins profitable dans la mesure où on réalisera moins notre équité post-flop). Dans la pratique on ne fera qu’une légère adaptation, et elle deviendra importante qu’au dessus des 60% de fold.

Pour récapituler:

  • Si BB fold < 50% vs steal de SB: on va ouvrir notre range de base à 45% que l’on sait défendre correctement contre les 3bets. Si vous n’êtes pas sûr de votre skill post-flop vous pouvez descendre à 35%-40% environ, cela vous permettra aussi de défendre un peu moins de combos difficiles sur les 3bets de Vilain. Contre ces joueurs qui défendent trop nous aurons une avance d’équité post-flop.

  • Si BB fold entre 50% et 55% vs steal de SB: si Vilain 3bet beaucoup on va garder le même range d’open à 45%. Mais s’il 3bet peu on peut passer à 50-55% environ lorsqu’il est sur la fourchette haute (55%). Contre ces joueurs qui défendent correctement nous aurons une très légère avance d’équité post-flop, mais qui sera supprimée par le déficit de position. C’est la situation la moins confortable, et c’est normal puisque Vilain possède la bonne fréquence de défense (contre un range de 45%).

  • Si BB fold entre 55% et 60% vs steal de SB: si Vilain 3bet beaucoup on va garder le même range d’open à 45%. Mais s’il 3bet peu on peut passer à 50-55% environ pour exploiter (de manière mesurée) le fait qu’il ne défend pas assez. Contre ces joueurs qui défendent trop peu nous serons à peu près à égalité d’équité post-flop, mais avec le déficit de position. C’est une situation assez proche de la précédente avec la différence de prendre plus souvent le pot PF.

  • Si BB fold > 60% vs steal de SB: on va ouvrir entre 5% et 10% (voir plus…) de plus que sa stat de fold, en sachant que moins Vilain va 3bet et plus on sera sur la fourchette haute. Très vite nous n’aurons plus de combos connectés à open, ou choisira alors d’ouvrir des têtes offsuit. Contre ces joueurs qui défendent vraiment trop peu nous aurons un déficit d’équité post-flop aggravé par le le fait d’être OOP. C’est sur le PF que nous ferons beaucoup d’argent.

Contre les plus serrés on va très souvent GU post-flop si le steal n’a pas fonctionné. On est OOP face à un range qui nous crush, on va donc éviter de transformer un move directement EV+ PF en move EV- post-flop. Il faut comprendre que rien que le fait d’open nous a fait gagner de l’argent sur le long terme. Donc on GU tous nos airs au flop, même si bien sûr on va tout de même semi-bluffer lorsqu’on a de l’équité. On pourra cependant décaler notre agression sur les steets suivantes dans certains cas (voir le chapitre dédier sur les delayed bluffs dans la section post-flop).

A noter qu’en volant plus la dernière catégorie, notre propre stat de steal se trouvera artificiellement augmentée.

Voici donc la stratégie que je vous conseille d’adopter dans un premier temps et qui sera très rentable en NL10. Cependant ce n’est pas la stratégie optimale, mais une stratégie alternative plus tight qui vous évite de trop jouer de coups OOP avec des ranges parfois difficiles à gérer.

La bonne stratégie consiste à ouvrir un range d’environ 55%, et c’est à Vilain de s’adapter à votre fréquence d’open. Il devrait alors défendre 60% pour ne pas abandonner trop d’équité. En NL10 très peu de joueurs en seront capables. S’il fold plus de 40% vous avez déjà gagné. Je vous présente donc aussi un range de 55% si vous vous sentez capable de le gérer, notamment pour la défense contre les 3bets. Sachez que le range de défense contre les 3bets implique de jouer contre un Vilain qui s’adapte correctement à vos ranges. C’est à dire qu’il va réellement défendre un range de 60% et 3bet à haute fréquence (16%+). Donc ne défendez le bas du range de défense vs 3bet que contre ces Vilains et surtout pas contre ceux qui soit fold trop leur BB soit 3bet insuffisamment.

Cette stratégie plus performante ne vous empêche évidemment pas de continuer à open à plus haute fréquence contre les BB qui over-fold. Mais ce sera votre range d’open le plus bas et il sera compliqué pour votre adversaire de se défendre correctement s’il n’a pas d’edge sur vous post-flop.


Pour avoir des tableaux plus lisibles faites clic droit et “ouvrir l’image dans un nouvel onglet”.

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2.2 Iso-raise.

Résumé

La combinaison iso-raise/CBet Flop exploitant (surtout IP), est un move très rentable en micro-limites. C’est pourquoi les ranges d’isolation que je vais proposer contre un seul limper sont relativement loose. Par contre les choses sont très différentes lorsqu’il y a plusieurs limpers ou de fortes probabilités qu’un joueur tiers cold call votre iso-raise. Dans ces cas-là l’isolation a peu de chance de réussir et nous souhaitons absolument éviter les gros pots multiway avec des mains souvent moyennes, ou même moyennement fortes. C’est pourquoi mes ranges d’iso-raise vs plusieurs limpers sont très tight, IP (99+ AT+ KJ+), comme OOP (TT+ AJo+ ATs+ KJs+ KQo). On souhaite faire grossir un pot que si on va souvent le gagner, donc avant d’iso-raise demandez-vous si le pot va souvent vous revenir.

a) Ranges de base.

Il s’agit peut-être des ranges les plus difficiles à synthétiser en tableaux. D’ailleurs au départ je ne voulais pas le faire tant ces ranges vont dépendre des positions, mais aussi du nombre de limpers, de leurs profils, de leurs stacks, ainsi que des profils et stacks des joueurs qui restent à parler. Mais j’ai finalement choisi de présenter des ranges afin que vous puissiez avoir une base à suivre dans la plupart des situations.

IP, La règle de base, face à un seul limper, est d’isoler avec un range légèrement plus loose que votre range d’open de la position précédente, sauf pour quelques combos spécifiques qui préfèrent les petites cotes PF et les grosses implied post-flop, comme les low PP et certains combos connectés, qu’on va souvent préférer over-limper. En micro-limites comme la résistance est moindre, on peut être plus loose que ce qu’on ferait à des limites plus hautes. Il s’agit ici je pense des ranges d’iso-raise les plus loose que je recommande et on sera souvent plus tight.

OOP, c’est plus délicat d’établir une règle et vos ranges dépendront plus des éléments que je décris plus bas.

Lorsqu’il y a plusieurs limpers, vous pouvez soit over-limper soit folder la portion du bas de votre range d’iso vs 1 limper qui comporte des combos offsuit non connectés, comme les K9o au BU ou des QTo au CO. Ces combos se jouant mieux en HU. Les over-limper ou les folder reste marginal et n’a pas beaucoup d’importance.

Sur les tableaux que je vous présente, vous ne voyez en légendre que les ranges d’iso-raise vs 1 limper ou vs 3+ limpers. C’est à dire les ranges les plus loose et les plus tight que je recommande. Ils ne sont bien sûr pas à prendre au pied de la lettre et vous adapterez les ranges selon les conseils que je donne dans le paragraphe suivant. Parfois vous limperez des combos qui sont dans le range d’iso loose même s’il n’y a qu’un seul limper, et parfois vous raiserez ces mêmes combos contre 3 limpers. Pour ce qui est des ranges d’iso vs 2 limpers, prenez le haut du range loose ou les combos juste en dessous du range tight, mais vous pouvez aussi ne prendre que le range tight.


Pour avoir les tableaux plus lisibles faites clic droit et “ouvrir l’image dans un nouvel onglet”.

b) Adapter les ranges.

Vous adapterez ces ranges à:

  • Tout d’abord au nombre de limpers. Surtout OOP.

  • Au profil du ou des limpers. Vous n’isolerez pas la même chose contre un 20/5 que contre un 80/5. Contre un joueur qui limp/call beaucoup que contre un joueur qui limp/fold à plus haute fréquence. On ne va pas iso-raise Q9s si Vilain limp/fold Q8s. Il faut que vous restiez favori avec votre range value. Mais vous tiendrez aussi compte de son profil post-flop.

  • Au stack du ou des limpers. Les ranges que je propose sont relativement indépendants de la profondeur des tapis, puisque je propose rarement d’iso-raise les combos de type low PP et SC. Cependant lorsque Vilain est short stack (moins de 40bb environ) je vous conseille de n’isoler que les combos comportant de grosses cartes et d’over-limp le reste de votre range. Si le limper est très short stack essayez de n’isoler qu’un range qui pourrait call un limp/re-raise à tapis.

  • Aux joueurs restant à parler. C’est peut-être l’élément le plus difficile à appréhender, et celui que les débutants oublient le plus souvent. Soyez attentifs aux joueurs agressifs qui peuvent contre-isoler à haute fréquence (vous-même devrez le faire dans les spots évidents d’iso d’un reg vs limper). Mais aussi et surtout aux autres récréatifs qui peuvent s’inviter et vous forcer à jouer un multiway, ce qui est exactement l’effet inverse de celui voulu. Si la probabilité de rater l’isolation est importante, préférez l’over-limp à l’iso-raise avec le bas de votre range d’iso, et même parfois avec tous les combos qui ne seraient pas assez hauts pour isoler plusieurs limpers, en particulier s’il y a des chances que vous perdiez la position.

c) Stratégies par positions.

Voici maintenant les stratégies par position:

MP.

Je vous conseille vivement d’être très tight. Les risques de jouer un multiway ou de ne pas récupérer la position sont importants. Pour ces raisons je vous recommande d’isoler à 5bb comme si vous étiez OOP, uniquement avec les meilleurs PP et les gros broadways.

CO.

Restez relativement serré. La positon n’est pas gagnée et il reste 3 ranges vivants en plus du limper. Soyez très attentif aux profils des joueurs derrière vous, surtout du BU. C’est ici que vous serez plus souvent plus tights que dans mes tableaux parce que les chances de réussite d’isolation sont souvent assez faible. C’est donc au CO que vous adapterez le plus vos ranges.

BU.

Au bouton il devient intéressant de bien ouvrir son jeu et c’est là que vous ferez le plus d’argent, que ce soit en isolant ou en over-limpant. Selon le profil des limpers et des blindes et leurs profondeurs de tapis, vous adapterez votre stratégie et alternerez entre iso-raise et over-limp. Au CO, on adaptait surtout nos ranges, au BU on adapte surtout nos moves et sizings. Vous suivrez donc le plus souvent les ranges que je vous propose, mais choisirez vous-même la meilleure façon des les jouer.

SB.

Nous aurons en SB une stratégie un peu différente des autres positions: nous isolerons un range très tight, en particulier s’il y a plusieurs limpers, mais par contre nous pourrons over-limper un range très étendu grâce aux cotes offertes. Comme au BU, on changera peu nos ranges, mais beaucoup la façon de les jouer. En SB, à cause des cotes et du déficit de position, on jouera très loose mais assez rarement agressivement avec des combos faibles (PF). Ici s’il n’y a qu’un limper on sera très attentif à son profil pour savoir s’il est préférable de raise ou de limper des combos de type low PP, low Axs et SC, mais aussi les broadways faibles. Dans une moindre mesure le profil de BB est aussi important, par exemple s’il s’agit d’un joueur très agressif qui peut profiter de la vulnérabilité de notre position.

BB.

IP (donc contre un open limp de SB), on va pouvoir énormément raise. Quelque chose comme 40 à 50%! (un range proche de notre range d’open de SB)

OOP par contre nous serons au moins aussi tight qu’en SB pour raise. Une petite particularité intéressante: lorsque la SB over-limp derrière un autre limper. Comme nous récupérons la position sur la SB qui possède un range très weak (ici un reg va limp/fold à très haute fréquence), nous pouvons presque utiliser le même range d’iso que s’il n’y avait que l’initial limper.

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2.3 Défense vs open.

2.3.1 Call un 2bet PF: Equity pure, equity réalisable et gap concept.

Résumé

a) Quel type de mains?

Le joueur débutant se demande souvent avec quoi il peut call un open… avec les PP? les broadways? les SC? En réalité il doit d’abord comprendre les raisons d’un call. Au poker il n’y a que deux façons de remporter le pot: soit en misant et faisant coucher notre adversaire. Soit en ayant la meilleure main à l’abattage. Il est important de mettre en correllation nos ranges PF avec cette idée.

Lorsqu’on call PF, on s’enlève la première façon de gagner, du moins tout de suite. Il nous faut donc une main qui nous permette de souvent gagner à l’abattage tout en ayant de bonnes raisons de ne pas 3bet et donc de tenter de remporter le pot tout de suite. Il y a plusieurs types de mains pour ça, et certains combos entrent dans plusieurs catégories (j’ai volontairement omis les grosses paires qui entrent rarement dans des ranges de call):

> Les mains à forte equity PF mais trop faibles pour 3bet pour value (on est devant le range d’open de Vilain, mais derrière son range de call 3bet ou de 4bet). Ce sont les mains qui peuvent gagner à l’abattage sans amélioration. Quand on dit “forte equity”, c’est par rapport au range adverse. Ainsi KQo par exemple possède 50% d’équité contre un range standard d’open du CO, mais moins de 42% contre un range d’open UTG de 15%. Ces mains sont donc les très gros broadways (en particulier AK-AQ s’ils ne sont pas assez forts pour 3bet, mais parfois aussi AJ-AT dans certaines positions, voir même les autres Axo et des gros Kxo lorsque les ranges sont loose) et les PP moyennes.

Ces mains peuvent très souvent supporter au moins une mise post flop, et lorsqu’elles sont menées à l’abattage elles sont souvent gagnantes. Ce sont aussi souvent des mains qui lorsqu’elles ne s’améliorent pas souhaitent jouer un petit ou moyen pot et voir un showdown.

Attention cependant à respecter le gap concept (c’est une phrase que je vais souvent répéter^^), très important en particulier avec les broadways et qui modifie radicalement les rapports d’équité. J’en reparle plus bas.

En plus du problème du gap concept, ces mains ont souvent une équité réalisable moyenne, qui nous oblige à renforcer notre avance d’équité afin de call. Là aussi je vais développer un peu plus loin.

> Les mains à forte “flopabilité”. C’est à dire les mains qui touchent très souvent quelque chose au flop, soit une bonne paire soit un draw qui améliorera. Ce sont des mains qui touchent suffisamment souvent pour gagner le pot à l’abattage. Ce sont principalement les broadways suited et les grosses cartes connectées. Ici, ce n’est plus tant leur équité PF qui est forte, mais leur équité post-flop. Comme elles percutent souvent les boards, elles peuvent souvent continuer dans le coup après le flop. Certains combos très forts ont à la fois une très forte équité pure et une très bonne flopabilité: ce sont les très gros broadways suited. Mais ces combos sont tellement forts que l’on va souvent préférer les 3bet.

> Les mains dites “à potentiel”. Ce sont des combos qui vont rarement gagner à l’abattage mais qui peuvent être joués en cas de grosses cotes implicites parce qu’elles ont le potentiel pour faire de gros jeux (mais rarement). Ce sont des combos qui frappent peu de flops, mais les frappent fortement. Pour avoir de grosses cotes implicites, il faut que les odds soient bonnes (donc que les stacks effectifs soient suffisamment gros), que les Vilains soit mauvais (commettent des erreurs comme overplay une top pair) , qu’on réalise souvent notre equity, et enfin qu’on soit si possible en position. Ce qui fait tout de même beaucoup de conditions à respecter et qu’il ne faut pas oublier. Ces mains sont les petites PP (stratégie de setmining) qui ont peu de jouabilité mais qui hit tout de suite au flop, et les mains connectées basses qui elles nécessitent normalement de la FE (semi-bluff) pour réaliser entièrement leur equity (en dehors des cas de multiways où les odds à elles seules peuvent éventuellement suffire). Donc avec les low PP il faut souvent gagner un gros pot lorsqu’on hit, et avec les SC il est en plus souvent important de pouvoir remporter le pot post-flop sans toucher.

Pour résumer, nous avons donc:

  • Des mains à très forte equity pure (ou PF). Grosses broadways (dont la hauteur dépend des ranges adverses) et PP moyennes. On call parce qu’on a un avantage de ranges.

  • Des mains avec des equities PF plus basses, mais qui frappent plus souvent les boards (equity post-flop). Broadways suited et combos connectés hauts. Dit autrement des combos à équités PF assez moyennes mais avec de bonnes équités post-flop. On call parce qu’on va frapper beaucoup de flops et suffisamment fortement.

  • Des mains à très faible equity PF mais avec le potentiel de faire des nuts. Petites PP et combos connectés bas. On call parce qu’on a de bonne implied pour gagner un gros pot.

Dans tous les cas il faut se rappeler que nous cherchons à frapper des jeux qui battent les top adverses. On verra d’ailleurs qu’on garde la même idée pour construire nos ranges de 3bet.

b) Approche plus théorique.

Voici pour l’approche simpliste par type de mains. Maintenant penchons nous sur les raisons théoriques de call un open raise. Il y a trois facteurs à prendre en compte pour les ranges de call:

-> La cote du pot (les “odds”). Les odds hors blindes contre un open à 3bb sont de 40%. Celles en blindes OOP face à un open à 3bb sont de 31% en BB et 36% en SB, face à un open à 2.5bb sont de 27% en BB et 33% en SB, et face à un open à 2bb de 22% en BB et 30% en SB. Celles en BB face à un open à 3bb de SB sont de 33%, face à un open de 2.5bb de SB sont de 30%, et face à un open à 2bb de SB sont de 25%.

-> L’equity de notre main face au range de Vilain. Il faut théoriquement que l’equity de notre main face au range adverse soit supérieure à la cote du pot. Mais ce n’est pas suffisant et il faut choisir des mains non dominées (gap concept) qui peuvent suffisamment souvent réaliser leur equity (voir paragraphe suivant).

-> L’equity réalisable. Plus les combos sont connectés et plus leur équité réalisable augmente grâce à leur meilleure “flopabilité”. Mais il y a bien d’autres facteurs. Ceci nous mène au paragraphe suivant.

c) L’importance de l’équité réalisable.

Plus l’equity pure diminue et plus l’equity réalisable doit être importante pour défendre un combo, et plus l’equity réalisable est faible et plus l’equity pure doit être forte pour défendre un combo. L’equity réalisable est extrêmement difficile à calculer, ce qui rend très compliqué la construction de ranges et nous oblige à tenir compte d’une multitude de critères. Voici les plus importants. Pour ce qui suit j’ai quasiment fait un copier-coller d’un post de Wilcza sur PA.

  • La jouabilité de la main: une paire de 4, par exemple, ne peut que rarement réaliser toute son équité. Car elle devra souvent abandonner cette équité face à des overcards au flop. A noter que la jouabilité est différente de la flopabilité. La flopabilité (ou equity post-flop) est la probabilité de frapper un flop, y compris des bonnes paires, alors que la jouabilité est la possibilité de continuer dans les coups après le flop. Mais ce n’est là qu’une définition personnelle sujette à débat.

  • L’agression du vilain: face à un vilain agressif on verra moins de streets, ce qui réduit nos probabilités de réaliser notre equity. Au contraire contre un joueur passif on ira souvent jusque la river pour réaliser toute notre equity.

  • La position: avoir la position permettra plus facilement de réaliser son equity, notamment grâce au check back, mais aussi grâce à l’avantage d’informations.

  • Le range advantage: parfois confondu avec l’initiative. Avoir un range plus fort que son adversaire permet d’aller plus loin dans les spots et devrait diminuer l’agression de l’adversaire.

  • Le nombre d’adversaires: en général, plus il y a de joueurs au flop, plus ils sont honnêtes. Le fait d’être plusieurs donne aussi de meilleures odds contre les mises, ce qui permet de réliser son equity plus profitablement.

Comme je le disais, plus l’equity pure est faible et plus l’equity réalisable doit compenser. Je pense que pour call, il faut que l’equity de notre main face au range adverse soit supérieure aux odds lorsque notre equity réalisable est faible (tout en respectant le gap concept), mais peut s’en rapprocher, voir être en dessous IP, lorsque l’equity réalisable est forte. Ainsi on foldera des mains à bonne equity, mais en jouerons d’autres avec une equity moins fortes parce qu’elles pourront plus souvent la réaliser.

Quand je vous présenterai les ranges que je vous conseille, vous verrez que je sacrifie l’equity pure en faveur de l’equity réalisable dans les cas suivants:

  • IP et en BB avec les low PP. Dans le premier cas la position est importante. Dans le second on a de bonnes odds.

  • IP avec quelques SC et broadways suited basses. Grâce à la position.

  • En BB avec des combos connectés en combats de blindes. Contre des ranges loose on augmentera notre bluff equity.

Je rajouterais que l’equity réalisable peut augmenter en choisissant de 3bet plutôt que de call grâce à la FE. Il est souvent intéressant d’utiliser des combos ayant des equities pures très proches contre les ranges d’open et de call 3bet de nos adversaires. On se retrouve dans une situation où on a presque la même equity mais avec une plus grosse fold equity. Les combos qui retiennent le mieux leur equity (même s’il y a d’autres paramètres à prendre en compte) sont des combos souvent moyens-hauts/connectés. De plus il se pourrait que le fait de bloquer les ranges de call adverses, souvent orientés mains moyennes, soit utile. Du moins dans ma database personnelle ce sont les combos qui ont le plus gros 3Bet success, mais il se peut que le fait de les 3bet dans des situations bien particulières (ranges polarisés) influe sur ce résultat.

Un mot sur les notions d’equity diffuse et d’equity compacte. Les combos disposant d’equity diffuse frappent beaucoup de boards mais faiblement. Ce sont généralement des combos à bonne equity PF mais faible equity post-flop et réalisable, comme des Axo. Ce sont les combos avec lesquels on va le plus respecter le gap concept. Les combos à equity compacte au contraire frappent très peu de boards mais les frappent très fortement. Ils ont une equity PF faible mais retiennent très bien leur equity. Ce sont les SC. Ces mains tiennent peu compte du gap concept puisqu’elles ne sont pas jouées pour toucher des top pairs.

Pensez à utiliser des logiciels de calcul d’équité pour voir ce que ça donne avec différents combos contre différents ranges. C’est la même chose pour les ranges de 3bet: regarder leurs equities face aux ranges de call 3bet et comment ils percutent les flops. Pour bien réussir à l’adapter ingame, il n’y a pas de secrets, il faut faire des tonnes de tests hors tables jusqu’à ce que ça devienne instinctif. Mais déjà on peut commencer par se demander: est-ce que ma main domine le range de Vilain? si la réponse est non, soit on fold, soit on 3bet bluff pour certains combos non dominés. Par exemple, pour call KJo, on se demande si Vilain va open des KTo et des K9o. Dans un registre différent, mais avec la même réflexion, quand on a la possibilité de 3bet AQo, il faut se demander si Vilain va call un 3bet avec AJo. Ce qui nous mène au gap concept…

d) Respecter le gap concept.

Il s’agit du concept de défense PF le plus important, et celui qui est souvent le moins respecté par les mauvais joueurs.

Parfois nous avons une equity pure correcte face au range de Vilain, mais lorsque nous touchons une paire nous sommes dominé par sa portion de range qui a aussi hit.

On ne va call que des combos qui sont plus forts que ceux du bas du range d’open de Vilain. Nous souhaitons dominer son range et non être dominé. Ceci est particulièrement vrai pour les broadways, surtout offsuit. On ne va pas call ATo si la main la plus faible du range d’open de Vilain est AJo. On ne va alors commencer à call qu’à partir de AQo. L’idée est que lorsque nous touchons une TP Vilain peut value moins bien, mais aussi que nous pouvons le value bet s’il décide de ne pas miser. Il s’agit simplement d’une application du principe d’accumulation d’avantages: appliquer l’avantage de cartes.

Ce concept est renforcé lorsque les ranges d’open de Vilain sont strongs et lorsque nous sommes soit OOP, soit que les odds sont mauvaises. Et à contrario amoindri lorsque les ranges sont loose et les cotes offertes sont favorables, comme en BB vs steal (voir un peu plus bas). Plus notre position est défavorable et plus le gap concept est renforcé car moins nous pourrons réaliser notre equity. Abandonné régulièrement une partie de notre equity doit nous inciter à la renforcer pour rentrer dans le pot. Les positions les plus mauvaises sont la SB, mais aussi en MP car on n’est même pas sûr de voir un flop. La situation la plus confortable est en BB vs SB, nous avons la position et la certitude de voir un flop. D’ailleurs il s’agit de la seule situation où notre range de défense sera plus loose que le range de notre adversaire, mais d’autres notions viennent s’ajouter comme ne pas devoir abandonner trop d’equity, j’en reparlerai plus tard.

Le gap concept peut aussi s’appliquer aux SC, aux PP et à tout autre type de combos comme les Ax. Dans le cas des PP, le gap concept est peu important en petites limites à cause de la profitabilité du setmining.

Concrètement voici comment j’applique le gap concept pour les broadways:

  • Au BU et en BB, je défends pour valeur la version suited du broadway offsuit le plus bas que je pense que Vilain open, et la version offsuit au dessus. Si je pense que le bas du range d’open d’un Vilain est AJo, je défends AJs et AQo. Si c’est KJo, je défends KJs et KQo.

  • Dans les autres positions je défends un cran au dessus. Donc dans les deux exemples précédents je défends AQs et AKo; et KQs (et pas de Kxo).

Cela veut dire que si je pense que le range d’open d’un VIlain est AQo, je fold moi-même AQo et ne défends que AQs et AK.

Croyez-moi, appliquer le gap concept à la lettre vous facilitera la vie et vous vous évitera de perdre une tonne d’argent. D’ailleurs une des raisons pour laquelle les récréatifs perdent autant d’argent (la plus importante restant leur manque de lecture de ranges post-flop) c’est qu’ ils call beaucoup trop de combos dominés.

e) La BB, une position à part.

Enfin le cas particulier et complexe de la BB. Ici on aura souvent de belles cotes pour réaliser notre equity post-flop, surtout face à des min-raises. On aura alors une stratégie assez simple: si on a les cotes PF pour call avec nos mains marginales (mains suited assez hautes, mains connectées moyennes, 2 cartes assez hautes, etc…) on va call et jouer essentiellement notre equity post-flop. L’idée est que plus l’open de Vilain est faible, plus son range est loose, et plus on aura de bonnes cotes pour call des mains marginales. Post-flop , on se contentera de jouer très propre et souvent de manière prudente avec nos combos potentiellement dominés.

Je développerai plus en détail dans les paragraphes “s’adapter aux stealers” et “le jeu enBB”.

f) Comment adapter nos ranges dans le cas d’un limp suivi d’un iso-raise?

Ce qu’il faut retenir c’est que les odds directes sont mauvaises… mais avec la probabilité que le limper call ensuite les implied sont améliorées. La première question est donc de savoir si on veut jouer avec le limper, quite à garder l’iso-raiser dans le coup. Mais l’investissement PF reste non négligeable, souvent entre 4 et 5bb, parfois même plus, et dans une bonne majorité des cas nous serons OOP, ce qui rend l’investissement avec des combos type SC assez mauvais. Il est bien sûr aussi très important d’évaluer le range de l’iso-raiser. Voici ce que je recommande la plupart du temps, en sachant que plus le limper est mauvais, plus on voudra jouer des pots contre lui, et plus on sacrifiera l’avantage de cartes, tout en évitant d’oublier le gap concept face à l’iso-raiser:

-> Le range de base ne comprend quasiment que des PP moyennes et broadways suited, plus ou moins hautes selon la position et le sizing de l’isoraiser. Il faut vraiment comprendre que les odds offertes, même avec les implied ne sont pas favorables. En BB par exemple nous avons des odds de 32%. OOP sans l’initiative notre équité réalisable n’est pas excellente, que ce soit avec les broadways offsuit qui ne hit pas suffisamment ou avec les combos connecté généralement non profitables OOP avec des telles odds.

Au CO et en SB nous serons extrêmement tight et folderons des KTs, des A3s ou des 77 (sauf si nous estimons avoir de grosses implied). Range de call: 88+ ATs+ KJs+. Range de 3bet: essentiellement des broadways offsuit et les premiums.

Au BU et en BB, nous pourrons call la plupart des PP et des grosses broadways suited. En BB vs iso de BU ou de SB nous pourrons rajouter des combos type SC dans nos ranges de 3bet bluff.

Les broadways offsuit seront donc très souvent fold ou 3bet. AJo et KQo seront les combos privilégiés pour 3bet bluff. Seul quelques AKo et AQo seront parfois call, plus souvent AQo. Il faut aussi savoir que le move 3bet vs iso est très rentable et l’est bien plus que call avec beaucoup de combos.

Ranges de 3bet vs iso:

  • Les premiums pour stack off.

  • Des broadways offsuit donc (principalement AJo KQo, mais aussi parfois AQo).

  • Les mains de notre range de 3bet bluff dans les positions vs l’iso-raiser. Donc souvent des combos connectés/suités.

C’est quand l’iso-raiser est au BU que nous aurons le range de 3bet le plus loose. Mais le move est aussi rentable lorsqu’il est en SB, donc OOP sur notre BB.

Prendre en compte le stack du limper.

S’il est short stack on ne va pas 3bet la troisième catégorie de combos, et on ne va 3bet la deuxième que si on est prêt à se commit contre lui.

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2.3.2. Stratégies générales de 3bet.

Résumé

a) Quels combos choisir?

Il y a plusieurs facteurs à prendre ne compte pour choisir les combos à mettre dans nos ranges de 3bet, mais dans la plupart des cas (et toujours OOP) on prendra des combos qui sont susceptibles de battre la portion de range de call 3bet adverse qui va frapper TP ou over-pair.

Il faut se souvenir que ce soit pour 3bet ou pour call un open on aura la même idée: utiliser des combos qui battent les top pairs adverses. Sauf que pour 3bet on choisira des combos avec lesquels on n’est pas embêté de jouer un gros pot, ou même avec lesquels on souhaite jouer un gros pot.

Cela signifie que les combos de call 2bet et de 3bet sont souvent de même type, parfois même certains peuvent être joués des deux façons. Pour 3bet on prendra des combos du haut de notre range de call (3bet value mergé), ou du haut de notre range de fold (3bet polarisé), voir du bas de notre range de call. Mais dans tous les cas ce sont des combos qui ne sont jamais éloignés de nos ranges de call.

IP nous 3betterons souvent avec de gros bloqueurs, surtout suited. OOP nous 3betterons souvent avec des combos compacts et suited. Cette règle s’applique aussi aux 4bet.

- En value.

Un 3bet value est très efficace lorsque Vilain va 4bet les combos juste au dessus du notre et call ceux en dessous. 3bet AQo est le meilleur play lorsque Vilain va 4bet AKo et call AJo. 3bet JJ quand Vilain va 4bet QQ et call TT. Mais le plus important est que Vilain call plus de combos dominés que de combos qui nous dominent: 3bet AJs quand Vilain va call beaucoup de Axs, même s’il call AQ. 3bet TT quand Vilain va call la plupart des PP, même s’il call aussi JJ.

Dit autrement, on va 3bet des combos qui battent la plupart des TP ou over-paires du range de call 3bet adverse.

- En bluff.

Ici il y a deux éléments à retenir: Le potentiel et les bloqueurs. Le premier est surtout important OOP et le second IP.

> Le potentiel de faire des nuts. Je disais qu’on voulait 3bet en value des combos qui battent les TP de Vilain, c’est également vrai avec notre range de bluff. Nous allons choisir des mains qui vont faire mieux que des TP et que nous allons pouvoir barreller en semi-bluff. Ce seront donc des combos suités et/ou connectés.

> Les bloqueurs. On dit toujours qu’avoir des bloqueurs sur les premiums est une bonne chose: 3bet A5s qui bloque AA ou AK par exemple. Je pense que les premiums n’étant qu’une petite portion du range de Vilain, bloquer sa calling range est tout aussi utile. On retrouve une notion du jeu post-flop: pour bluffer il est plus important de bloquer la calling range adverse que les nuts. Je pense qu’en 2017 avec des Vilains qui call beaucoup les 3bets même OOP, les bloqueurs seuls sont insuffisants et nous devons y rajouter le potentiel de battre des TP. Dans mes ranges vous verrez qu’il y aura tout de même quelques exceptions avec quelques broadways offsuit.

Vous l’aurez compris le mieux est d’avoir à la fois le potentiel de battre des TP et des bloqueurs, OOP comme IP.

- Mergé ou polarisé?

Ce que je vais dire va peut-être paraître étrange mais les notions de mergé ou polarisé n’ont pas réellement de sens. En réalité il ne s’agit que d’un raccourci pratique pour indiquer que l’on va choisir des ranges value et bluff plus ou moins étendus. Que ce soit mergé ou polarisé notre range value domine le range de call 3bet de Vilain. La différence est que dans le premier cas on le dominera moins et que notre range bluff sera plus réduit, voir inexistant.

Mais je pense qu’aujourd’hui la limite entre le pole value et le pole bluff n’est plus très bien déterminée et que l’on va souvent 3bet pour des raisons autres que la value ou le bluff, à savoir augmenter notre EV. Que ce soit pour tuer l’équité de nombreux combos chez Vilain ou pour augmenter notre équité réalisable avec des combos possédant une forte équité post-flop. Voici 3 exemples:

-> Squeeze ATs en SB. Jouer un multiway OOP où il sera difficile de tirer de la value lorsque nous touchons un gros jeu apportera une EV très marginale. Le squeeze en apportant de la FE PF mais aussi post-flop avec la possibilité de multibarrel augmentera très significativement cette EV.

-> 3bet AJo en combats de blindes contre un joueur loose qui ne call pas les 3bet. Nous dominons de façon outrancière le range d’open de Vilain mais il ne callera pas un 3bet avec ATo… ici nous accomplissons un bon résultat en tuant l’équité de Vilain.

-> 3bet QJs en SB vs BU. Nous ne sommes pas vraiment en value, nous sommes pas favoris contre un range de call 3bet, mais notre main est trop forte pour être considérée comme un bluff. On pourrait dire qu’on value très thin sur des QTs-Q9s et des SC, mais en même temps on reste derrière des AQ KQ AJ KJ qui sont très nombreux chez Vilain. Comme pour le ATs nous augmentons notre FE PF et post-flop. Ici on a de plus un combo intéressant pour bareller sur les board As high ou King high grâce à nos bloqueurs sur AQ-AJ et KQ-KJ. En réalité malgré un retard d’équiré PF QJs possède une très forte équité post-flop.

c) Quelles fréquences?

Vos fréquences de 3bet dépendent de la façon dont vous vous défendez contre les 4bets. Plus vous êtes capable de vous défendre et plus vous pouvez augmenter vos fréquences de 3bet. Sur les sizings habituels de 3bet et 4bet vous devez en gros défendre 42% de votre range de 3bet. Cette stat est surtout vrai OOP. IP, dans la pratique, comme vilain va plus fold et grâce à un léger removal effect vous pouvez descendre à 35% (je pense qu’il ya d’autre éléments qui font qu’on puisse descendre à 35% IP, mais je ne les connais pas). Il y a 3 façons de se défendre contre les 4bets:

- Avec un 5bet, généralement à tapis. Si vous ne défendez que de cette façon et que vous souhaitez avoir de grosses fréquences de 3bet, il vous faudra développer un range de 5bet bluff généralement composé de low PP 77-55 ou de quelques low Axs A5s-A4s. En sachant que ce sont les low PP qui ont le plus d’équité contre un range de call 5bet, surtout si celui-ci est assez strong mais que les low Axs ont un bloqueur. Ces combos possèdent 30 à 35% d’équité contre un range de call 5bet. Je ne conseille pas cette stratégie en dehors de quelques cas très spécifiques. Je n’ai jamais 5bet bluff en NL10 et je m’en suis très bien sorti.

Il y a aussi la possibilité de 5bet avec un range plus mergé. Par exemple en incluant des combos type TT ou AQs dans vos ranges de 5bet en combats de blindes. A moins que Vilain soit prêt à stack off très loose avec des AJ et 99, cette stratégie est en réalité presque identique à la précédente. TT possède autour des 36% d’équité contre les ranges habituels de call 5bet. Et AQ peut même descendre à 28% contre un range QQ+ AK, même s’il possède de gros bloqueurs (mais alors on se considère en bluff). Il m’est arrivé épisodiquement de choisir cette stratégie contre des joueurs très agressifs.

- En call 4bet. C’est la stratégie qui se développe de plus en plus et celle que j’ai adoptée en NL50. Même si je pense qu’elle est moins efficace en NL10 c’est celle que je vais vous proposer. Vous verrez quand même que mes ranges de call 4bet sont assez strong. A des limites plus hautes les joueurs qui 3bet beaucoup sont obligés de call des 4bet avec des broadways suited ou des suited connectors. Plus loin j’en reparle dans le paragraphe “que faire de nos ranges de call 4bet”.

- En ayant seulement un range de 5bet value et en foldant le reste. Cette stratégie, correcte en NL2, pose de gros problèmes. Soit nous over-foldons sur les 4bets, soit nous avons des fréquences de 3bet anémiques. Je pense quand même que contre EP nous pouvons encore en NL10 adopter cette stratégie. Soit en ayant une fréquence de 3bet OOP très faible (vous verrez que les fréquences que je propose en blindes vs EP sont très basses), soit en over-foldant légèrement IP.

La réalité des tables fait qu’il sera rare de ne devoir suivre qu’une seule stratégie et nous serons souvent mené à jongler entre plusieurs d’entre elles selon les situations.

Donc une fois que vous avez déterminé vos ranges de défense vs 4bet, il vous suffit de rajouter suffisamment de combos à 3bet/fold pour arriver à 42% de combos défendus.

Voici des fréquences de 3bet parfois recommandées par positions:

> Vs UTG: 5 à 7%. Value hands: QQ AK (2.56%). Je conseille de rester plus tight en blindes pour éviter de jouer OOP contre un range tight (la FE étant diminuée). Dans mes ranges je décide même de call AKo vs UTG. De même en MP nous garderons un range extrêmement tight (3%) à cause de notre position et du fait qu’il reste 4 ranges vivants derrière.

> Vs MP: 6 à 8%. Value hands: JJ+ AQs+ AKo (3.32%). Ici aussi mes ranges seront un peu plus tight (autour des 5%), pour les mêmes raisons, mais aussi pour éviter de vous obliger à défendre des combos comme AQs et JJ vs 4bet. D’ailleurs ces deux mains seront dans mon range de call 2bet IP.

> Vs CO: 9 à 11% OOP et 7 à 9% IP. Value hands: JJ+ AJs+ AQo+ (4.52%). Personnellement j’ai tendance à rajouter TT dans mes value hands OOP et à alterner entre call et 3bet avec AQo. De même je préfère flat AJs IP. Ici encore les ranges que je propose sont plus tight OOP (8%) afin de vous éviter de devoir défendre contre des 4bets des mains comme AQo, AJs ou des SC et low Axs. Si vous êtes capable de les défendre montez à 9-11% de 3bet en blindres vs CO.

> Vs BU: 12 à 16%. Value hands: TT+ ATs+ AJo+ KQs (6.49%). On peut parfois rajouter 99 KJs et KQo dans nos value hands (dans le sens qu’on domine les ranges de call 3bet et non pas qu’on souhaite stack off). Mais ici plus que pour les positions précédentes il faut tenir compte des ranges adverses. Contre un open à 3bb d’un range de 38% nous n’aurons pas les mêmes ranges que contre un min-raise d’un range à 55%.

> Vs SB: 13% minimum. Je proposerai des fréquences plus basses parce que je pense qu’en NL10 les Vilains ne vont pas assez open leur SB. Mais monter à 16% me semble très bien.

d) 3bet vs regs: l’importance de maintenir l’agressivité.

Maintenir l’agressivité et obliger Vilain à y résister afin d’augmenter l’EV de nos grosses mains. S’il n’y résiste pas c’est l’EV de nos bluffs qui augmente. Le plus difficile pour les deux joueurs étant de trouver le bon équilibre.

Important: lorsque les stack effectifs sont deep, nous devrons modifier nos ranges de 3bet. Nous éviterons absolument les combos avec des reverse implied, comme les low PP et les low SC. Par contre nous augmenterons nos fréquences avec les combos qui font des nuts absolues, en particulier les Axs.

e) Affronter un fish loose.

Certains joueurs ne savent pas trop comment s’adapter à un récréatif agressif PF. Ils se mettent à défendre par trop de call alors qu’en général la meilleure stratégie consiste à beaucoup l’isoler.

Pour bien comprendre l’importance de l’isoler voici quelques équités contre un exemple de récréatif agressif/collant PF.
Vs 33% de RFI et fold to 3bet à 45% (4bet KK+):
equity:
AQo 56%
AJs 55%
ATs 51%
AJo 53%
KQs 50%
KJs 47%
TT 63%
99 59%
66 51%
Range de base: 99+ ATs+ AJo+ KQs (top 7%) favori à 62% face au range de call 3bet.
Range minimum dans la plupart des situations: TT+ AJs+ AQo+ KQs (top 5%)
Range mergé loose: 88+ ATs+ AJo+ KJs+ KQo (top 8.6%)
Range conseillé: 99+ ATs+ AJo+ KJs+ KQo QJs JTs

En rajoutant des combos à forte équité post-flop, comme des QJs JTs, nous devrions atteindre les 9% de 3bet d’isolation. Dans tous les cas dès que Vilain récréatif open plus de 20% vous devriez l’isoler avec au moins le range minimum, et très souvent avec le range conseillé.

f) Que faire face à un min-raise d’un joueur récréatif?

Action très courante sur certaines tables de fast poker, mais pas uniquement. Généralement de joueurs récréatifs loose.

Une première chose: vérifiez qu’ils soient réellement loose en open. On ne jouera pas de la même façon un 70/5 et un 70/20 qui min-raise. Selon les cas on adaptera notre stratégie.

Une bonne chose pour commencer: savoir comment Vilain réagit aux 3bets. Certains min-raise/fold énormément. Contre ceux-ci on va évidemment 3bet abusivement avec un pole light assez étendu. D’autres fold moins et on mergera plus nos ranges. Dans tous les cas on aura de belles cotes avec nos low PP, SC et Axs. Méfiez-vous quand même des risques de squeeze assez importants dans une configuration récréatif loose min-raise / reg call.

L’idée principale à garder en tête est que nous cherchons à isoler le récréatif loose. Je vous renvois donc au passage sur le principe d’isolation et d’accumulation d’avantages. Nous sommes ici dans une situation à mi-chemin entre le 3bet classique et l’iso-raise.

Pour les sizings, une base de 8bb est OK. Selon les cas vous pouvez soit baisser soit augmenter ce sizing.

g) Que faire de nos ranges de call 4bet?

Certains d’entre vous seront surpris de me voir vous proposer des ranges de call 4bet. Essentiellement dans les positions avec un range de 3bet value assez large (blindes vs steals), mais pas uniquement. Je pense fermement que l’époque de 5bet ou fold vs 4bet est révolue, comme l’est aussi depuis plus longtemps les 4bet ou fold OOP vs 3bet.

Call les 4bets est parfois le bon move. Je vais expliquer ça rapidement et de manière simplifiée. On 3bet certains combos parce qu’ils sont favoris face aux ranges de call 3bet de Vilain. Notre premier but est donc que Vilain call dominé ou fold. Mais parfois, une fois sur dix environ, Vilain va 4bet. Nous ne pouvons pas évidemment over-folder ces spots et ne 5bet que nos ranges de stack off. Il y a bien sûr la stratégie viable de 5bet plus loose, par exemple en construisant un range de 5bet bluff. Cependant ceci est très high variance, a un risk reward pas très bon, et de manière générale en micro limites les 5bet success ont un taux de réussite faible. 5bet plus mergé est aussi théoriquement possible grâce à la fold équity… mais trop grâce à elle, et comme je viens de le dire les 5bets font trop peu fold.

Il devient donc tout à fait naturel de call des combos qui ont trop d’équité face aux ranges de 4bet adverses mais trop peu face à leurs ranges de call 5bet. Il est aussi très important de souligner le fait que les 4bets laissent généralement de bonnes cotes, puisqu’ils sont sizer généralement autour de X2.2 à X2.5 le 3bet. Nous adapterons évidemment nos ranges de call 4bet aux sizings de Vilain et garderons les combos qui ont quand même la meilleure équité réalisable. De la même façon il est évident que nous les adapterons aussi aux ranges de Vilain, certains ne 4bet que trop peu (souvent les mêmes qui 3bet peu) et nous permettent d’over-folder sans être exploité.

A noter que les stratégies axées sur des call 4bet ont quelques particuliarités à connaitre:

  • Moins high variance qu’avec des stratégies de 5bet ou fold. Ceci n’est pas évident pour tout le monde. Mais si on stack off un range plus strong (puisqu’on call des combos forts) nous subirons moins la variance PF puisque nous seront en moyenne plus gros favori.

  • Nous devrons plus souvent call des 4bets avec des premiums, surtout AA, en particulier contre les joueurs les plus agressifs et dans les positions les plus loose. Ceci nous permet de ne pas être trop capé post-flop.

  • Nous allons peu folder aux 4bets. Parfois moins de 50%. Certains Vilains s’en apercevront et éviterons de nous 4bet bluff.

Maintenant comment jouer ces ranges post-flop? Ben en fait c’est beaucoup plus facile que pour les autres pots, les SPR réduits facilitent les décisions. D’ailleurs il faut comprendre que plus le SPR est petit et moins la position est importante. Donc call des 4bet OOP ou IP change assez peu de choses, moins que dans les autres pots en tout cas.

Nous aurons principalement 3 types de mains:

  • Des top pairs et des over-pairs. Généralement fortes.

  • Des draws. Généralement des flush draws assez gros et même très souvent des nuts FD.

  • Des airs. Mais ce seront rarement de véritables airs, mais souvent des grosses hauteurs qui ont de la showdown value.

Il faut comprendre que si on a call un 4bet c’est parce qu’ont pense que notre main a suffisamment d’équité face aux ranges de 4bet de Vilain et que celui-ci est suffisamment agressif. Les ranges que je vous propose ont entre 45 et 50% d’équité contre des ranges de 4bet équilibrés entre value et bluffs, ce qui est meilleur que les cotes offertes. Il est cependant indispensable de bien évaluer les ranges adverses et d’être sûr qu’il possède un pole bluff suffisant, sinon notre équité peut très vite s’effondrer et call un 4bet devenir mauvais, voir désastreux!

Lorsqu’on touche le board il va falloir jouer le coup à fond avec nos draws et jouer avec intelligence nos top pair et over-pair.

Avec nos draws 8 outs+ nous allons simplement go broke au flop par un raise CBet à tapis. Avec nos top pairs ou mieux c’est un peu plus délicat, ça sera soit un call soit un raise AI selon la texture du flop et la force de notre main pour les top pairs. Avec les mains à SDV plus faibles (les quelques 2nd pairs qui traînent et les meilleures hauteur As, on avisera selon la situation, mais si le sizings de CBet de Vilain est standard (1/4 à 1/3 pot environ) nous pourrons parfois call une fois et aviser turn, souvent pour fold sur un 2 barrel all in (ainsi que parfois certaines TP parmi les plus faibles si on pense que Vilain a trop souvent une meilleure main et qu’en même temps nous avons suffisamment d’autres combos pour call un shove).

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2.3.3. Le jeux hors blindes en défense.

Résumé

Ici comme dans toutes les situations de défense, il est important de tenir compte des sizings d’open de vos adversaires. Mes tableaux ne sont valables que pour des sizings standards (3bb). Si Vilain adopte un sizing différent, et même si ses ranges d’open sont les mêmes, ceci doit modifier nos propres ranges. Si ses sizings sont plus gros, nous serons plus tight, en particulier en call, le setmining par exemple devenant moins profitable. Par contre si ses sizings sont plus petits nous serons plus loose, en call mais aussi en 3bet (souvent plus mergés).

a) MP et CO.

Un seul mot d’ordre: très strong! On affronte un range EP fort, il reste 3 ou 4 ranges vivants derrière nous avec des possibilités de squeeze ou de multiway, et on n’est pas sûr de récupérer la position, en particulier lorsqu’on est MP.

On va donc appliquer le gap concept de manière très rigoureuse, comme en SB comme on le verra plus loin. Au passage, il est plus important de comprendre le gap concept que d’appliquer des ranges appris par cœur. Au CO j’ai essayé de vous proposer des ranges de call favoris contre les RFI adverses, et de 3bet à peu près à égalité d’équité contre les call 3bet. En MP les deux sont assez nettement favoris.

Pour le jeu avec les low PP au CO il n’y a pas de règle stricte mais une adaptation à faire selon les tables. Le setmininig sera donc plus ou moins profitable selon la configuration de la table (spots full stack en blindes, gros squeezer, profil de l’open raiser, etc…). Vous serez donc amené à soit call toutes les PP, soit être plus serré et parfois ne call que 88+. Sur les tableaux j’ai coupé la poire en deux et mis 55+. A vous de voir dans chaque situation si vous estimez un call profitable ou non, mais dans tous les cas pas d’auto-call ni d’auto-fold.

Vous serez peut-être surpris de voir AKo dans des ranges de 3bet/fold vs UTG. Je pense juste qu’en NL10, sauf cas spécifiques, il n’est pas profitable ni de stack off ni de call un 4bet dans ces positions avec ces combos. Mais qu’il est très profitable de les 3bet.

b) Le jeu au BU.

Nous serons un peu plus souple mais continuerons à appliquer le gap concept sauf pour quelques combos particuliers comme QJs et JTs.

Il y a beaucoup de stratégies différentes possibles au bouton, en particulier contre un open du CO. Je vais vous en présenter une parmi d’autres en vous expliquant quelles petites modifications vous pouvez faire.

ATo et KJo: Ces combos sont normalement assez forts pour être call BU vs CO (RFI > 25%), mais peuvent poser quelques problèmes post-flop. On sera trop souvent amené à prendre de mauvaises décisions comme folder la meilleure main ou call en étant dominé. Pour plus de détails voir le paragraphe suivant concernant AJo et KQo au BU vs MP qui est une situation assez proche.

Donc même si ces combos peuvent tout à fait entrer de manière profitable dans un range de call BU vs CO (mais pas contre EP avec un RFI cohérent), j’ai préféré les mettre dans le range de 3bet bluff par défaut pour leurs très bons bloqueurs. Le but premier est de ne pas jouer un pot post-flop. Lorsqu’on hit une paire quand Vilain call notre 3bet nous utiliserons souvent ces combos pour soit bluff catch (no CBet au flop), soit value une ou deux streets. Nous ne sommes généralement pas favoris contre le range adverse qui hit TP+.

Dans ma database ces combos sont profitables à 3bet BU vs CO (surtout ATo). Mais si vous souhaitez les garder dans un range de call 2bet, par exemple avec des spots en blindes contre qui hit une bonne TP vous fera gagner beaucoup d’argent, vous pouvez les remplacer par des 1 gapper suited dans votre range de 3bet (combos qui sont chez moi légèrement gagnants à 3bet mais nettement perdant à call au BU). Ces derniers n’ont pas de bons bloqueurs mais possèdent en contre-partie des possibilités de barrel bluff post-flop. D’autres combos comme A7s-A6s K9s ou Q9s sont des candidats à 3bet. Ainsi que A5s-A3s que vous pouvez 3bet plutôt que call, même si chez moi ils sont plus profitables à call. L’essentiel est que vous gardiez le même nombre de combos. Si vous enlevez les 24 combos de ATo-KJo remplacez les par autant de combos de mains connectées (4 combos par main).

Pour résumer, on n’est pas obligé de défendre les one gapper mais ATo et KJo sont trop haut dans notre range pour être foldé vs CO avec un RFI > 25%. Donc selon comment on décide de défendre ATo et KJo on va ou non 3bet les one gapper ou autres combos de type Axs-Kxs-Qxs.

AQo peut aussi être 3bet. Surtout si vous savez que Vilain call AJo et 4bet AKo. Si vous décidez d’inclure AQo dans votre range de 3bet vs CO, vous devrez soit call soit fold 12 combos que j’ai placé dans les ranges de 3bet. Une possibilité est de placer KJo dans votre range de call vs CO, ainsi tout en gardant le même nombre de combos défendus vous aurez une stratégie de 3bet légèrement plus mergée.

Ici tous les ranges proposés sont proche de 50% d’équité contre des ranges adverses cohérents (call et 3bet). Avec la position absolue ceci nous donne un net avantage. Si vos résultats sont très bons sur un sample représentatif, la défense du BU sera l’une des meilleure situation pour élargir vos ranges. Selon votre skill vous pourrez essayer de voir jusqu’à quel déficit d’équité vous pouvez vous permettre. Je pense que jusqu’à 45% est très réalisable.

c) AJo et KQo.

On voit que je call ces combos uniquement au BU vs CO.

Ceci peut surprendre et paraître un peu tight. Les deux raisons sont d’abord une équité réalisable assez limitée. Mais surtout j’applique simplement le gap concept. Même si lorsqu’on hit TP et qu’on est généralement favori (autour des 75% d’équité) contre le range adverse, on devient outsider contre le pole value de barrel de nos adversaires

Voici cependant ce que je conseille et ce que j’applique moi-même: Au BU je vais cold call ces combos contre un RFI au dessus de 18-19% environ (c’est pour ça qu’ils ne sont pas dans mes tableaux contre EP parce que ceux-ci comprennent les situations de RFI de 18% en MP et 15% UTG). Lorsque le RFI de Vilain est tangent l’option de 3bet (pole light) de manière exploitante est possible. Je dis de manière exploitante parce qu’on risque de rajouter trop de combos dans nos ranges de 3bet light.

Au CO c’est un poil plus compliqué et la façon de jouer ces combos va pas mal dépendre du BU et des blindes en plus du range de l’open raiser. Par défaut je fold en suivant le principe que plus notre position est défavorable et plus le gap concept doit être strictement appliqué. Mais s’il y a un spot à qui on peut prendre un gros pot si on hit TP qui reste à parler et que l’open raiser a un RFI de plus de 18-19% dans sa position, le call devient profitable si on est capable de ne pas call dominé des multi barrel de l’open raiser. Le fait d’être IP sur celui-ci est un très gros avantage puisque nous pourrons facilement value bet sur un récréatif éventuel s’il ne fait pas de CBet au flop.

En MP c’est toujours un fold, même si UTG a un RFI de plus de 19%. Déjà que AQo et AJs sont close…

On appliquera la même réflexion avec AQo MP vs UTG. On peut fold, call ou 3bet.

Pour avoir les tableaux plus lisibles faites clic droit et “ouvrir l’image dans un nouvel onglet”.

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2.3.4 S’adapter aux stealers.

Résumé

Voici deux règles approximatives que vous pouvez utiliser pour défendre votre BB. Elles ne sont pas exactes mais vous permettrons de construire facilement des ranges cohérents. Ces règles s’appliquent bien contre des fourchettes de RFI classiques mais trouvent leurs limites contre des RFI très bas (- de 35%) ou très haut (+ de 55%). Dans le premier cas l’écart diminuera, dans le second cas il augmentera.

- En BB vs BU: contre un open à 2.5bb on défend 5% de moins que le RFI du BU. A adapter selon le sizing de Vilain. S’il fait moins cher qu’il ne devrait, on call un petit peu plus. S’il fait plus cher qu’il ne devrait, on fold un petit peu plus. Je vous conseille en petites limites de plafonner votre défense à 60% sur un min raise et à 50% sur un 2.5x.

Voici quelques repères plus précis que cette règle, pour un open à 2.5bb du BU: vs 40% on défend 38%. Vs 45% on défend 43%. Vs 50% on défend 45%. Vs 55% on défend 48%. Vs 65% on défend 55%. Et contre 75% on défend 60%.

Avec cette règle on se retrouve légèrement outsider avec notre range de call. Mais au vu des odds c’est plus qu’acceptable.

- En BB vs SB: contre un open à 3bb on défend 5% de plus que le RFI de la SB. Je vous conseille cependant de plafonner votre défense à 60% quand Vilain open plus de 55%, ceci vous permet de garder un range correctement jouable et reste largement suffisant pour ne pas vous faire exploiter, même si théoriquement vous foldez trop d’équité. Il faut savoir qu’on est directement exploitable PF si on fold plus de 62.5% (donc que vous défendez moins que 37.5%). Vous pouvez donc déjà vous construire un range de base par défaut de 38% sur lequel vous appuyer et qui sera votre socle de défense.

Il s’agit de la seule situation où où notre range sera plus loose que celui de Vilain. Cependant contre ceux qui steal assez peu, moins de 35%, essayez tout de même d’orienter votre défense vers les combos les moins dominés. Et contre ceux qui steal vraiment peu, moins de 25%, appliquez strictement le gap concept, tout en essayant de suffisamment défendre, même si ici vous pouvez vous permettre d’over-folder tellement votre adversaire vous laissera de walk.

Sur un min raise vous pouvez par contre défendre bien plus! J’en reparle dans le paragraphe spécifique consacré à la défense de BB.

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2.3.5. Défendre sa SB.

Résumé

En gros il y a 3 stratégies à adopter selon les RFI adverses:

  • Vilain RFI <15%: On défendra un range très strong presque exclusivement en call.

  • Vilain RFI > 30%: On défendra majoritairement en 3bet mergé.

  • Vilain RFI entre 15 et 30%: On mixera les deux approches.

En SB notre range de 3bet light sera relativement fort. Comme nous défendrons très peu en call, les combos du haut de notre range de fold sont assez forts.

Je disais donc que contre RFI >30% on défendra surtout par des 3bets. Cependant je pense que nous devons garder un range de call, tout restreint soit-il. Il y a des combos qui à mon avis sont plus profitables à call, étant favoris contre un range d’open mais outsiders contre un range de call 3bet, ou avec lesquels on souhaite juste jouer un pot petit-moyen, voir qui sont plus difficiles à jouer OOP dans un pot 3bet que dans un pot single raise. Il faut rajouter le fait qu’il est difficile d’assumer un range uniquement composé de 3bet: contre le CO nous voulons défendre environ 12% et contre le BU au moins 15 à 18%. A moins d’avoir une stratégie qui consiste à énormément call les 4bets OOP ou à développer des ranges de 5bet light, ça devient très difficile à gérer. Mais c’est possible.

Certains diront que pour ne pas être capé et ne pas offrir un bon spot de squeeze à la BB nous devrions parfois inclure des premiums dans nos call 2bet. Je ne suis pas d’accord. On cherche la meilleure EV pour chaque combo et ne pas 3bet des combos très forts dans ces positions est une perte d’EV. Sans parler du fait que nous affaiblissons mécaniquement nos ranges de 3bet. Nous ne le ferons que très épisodiquement de manière très exploitante avec des BB qui abusent réellement du squeeze.

Voici les ranges que je vous conseille:

Je vous propose quand même d’autres ranges axés sur une stratégie plus agressive et plus serrée, mais aussi plus difficile à jouer post-flop. Il s’agit de défendre uniquement ou presque en 3bet ou fold. Les ranges sont alors différents et entièrement mergés. La difficulté principale de cette approche c’est qu’on va jouer beaucoup de pots 3bet OOP avec des mains compliquées et qu’elle nécessite de call relativement loose les 4bet étant donné que nos ranges de 3bet seront plus loose (9-12% vs CO et 13-16% vs BU), donc requiert un skill post flop plus important.

Il est tout à fait possible d’alterner les deux approches. Par exemple avec une BB difficile on peut suivre la seconde stratégie, sinon on choisira la première.

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