Le jeu au flop au Pot Limit Omaha Part2

Le jeu au flop au Pot Limit Omaha Part2

 

 

Dans la première partie nous avons abordé les actions que nous pourrons faire et le bien fondé de celles-ci, voyons maintenant un peu plus loin pour élaborer des plays/lignes de jeux quand nous avons manqué le flop ou que nous avons une équité à réaliser et sur laquelle nous pouvons nous appuyer pour outplay l’adversaire ou au contraire tenter de rentabiliser au mieux nos mains faites ou à faire les plus fortes. 

 

 

Les textures de flop

La texture du flop, le nombre d’adversaire et les stacks en présence sont des éléments d’une importance capitale pour évaluer ce que l’on va faire au flop.
Il est bien présomptueux de vouloir Cbet à tout prix quand on a l’initiative préflop contre 3 adversaires avec une main qui a complètement manqué et que nous n’avons aucune possibilité d’amélioration ou presque. Il est a noté que le taux de Contibet sera théoriquement bien inférieur au PLO qu’au NLHE.
Voyons, donc tout cela et les lignes que l’on pourra adopter pour tirer notre épingle du jeu.

Il est très important de savoir ce que l’on va faire dès le flop (voir préflop, mais là n’est pas le postulat) pour anticiper les streets suivantes, savoir quelles seront les cartes aidantes et celles que nous pourrons représenter/bluffer par la suite. Le flop est un « pivot » de l’action, il est important d’appréhender celui-ci dans toute la mesure de ce qu’il peut nous apporter mais aussi pourquoi un adversaire va s’accrocher à celui-ci.

1 – les flops secs. (dry)

Une simple overpaire sur un flop 442 rainbow a bien des chances d’être la meilleure main mais encore faut il qu’elle soit suffisamment forte (QQ, KK, AA).
Une top paire top kicker (TPTK) sera un jeu que l’on pourra amener plus avant sur une combinaison de 3 cartes K62.
Plus le flop est sec plus il est probable que l’adversaire n’est rien trouvé qui lui soit profitable, en cela et avec l’initiative miser en continuation trouve son sens,  il ne faudra toutefois pas s’accrocher à une simple paire quand nous allons trouver de la résistance voir pire, de l’agressivité en face.

Il sera temps de réévaluer la situation si un adversaire reste dans le coup sur un flop n’offrant que peu/pas de tirages en se posant la question du pourquoi et que peut il avoir sans chercher à tout prix à miser/miser sans un minimum d’informations sur lui.
On misera pour value sur de tel flop et aussi en bluff quand la situation s’y prêtera, joueur faible, ne s’accrochant pas (straight forward) sans avoir trouvé quelque chose de significatif et si possible dans des pots disputés Heads Up au flop (en tête à tête).

1 – les flops riches. (wet)

A contrario, les flops riches sont tous ceux offrants en plus ou à la place des possibilités de mains faites (tout flop peut donner une main faite, plus ou moins forte : Deux Paires, Brelan) des possibilités de tirages plus ou moins forts et variés.

Prenons un cas ou nous avons une main de départ intéressante :

sur un flop

Cette très belle main de départ, jouable à toutes positions se retrouve ici avec des chances d’améliorations proche du néant, s’engager à fond dans le coup contre plus d’un adversaire me parait bien sur joué et contre un seul joueur qui va montrer des velléités agressives il peut être temps de passer à la main suivante en jetant notre over paire bien esseulée.

Ici, si notre adversaire détient ne serait ce qu’une paire additionné d’un flush draw, nous sommes déjà en mauvaise position, il peut tout aussi avoir déjà une quinte ou un flush draw plus tirage, un gros wrap (tirage combinant de nombreux outs, le maximum étant de 20), etc…

Face à une quinte faite : 

board :

Hand

Equity

4.40%

JT82

95.60%

 

Face à une paire + FD : 

board:

Hand

Equity

25.05%

9***:hh

74.95%

(pour information : 9*** :hh indique a propokertools que nous donnons un 9 et 3 cartes aléatoires à notre adversaire mais dans ces 4 cartes il y a obligatoirement 2 coeur pour un tirage flush.

Face à paire + GS (gutshot, ou tirage ventrale)

board:

Hand

Equity

43.51%

T932

56.49%

Nous voyons que face à un jeu aussi « faible » que la top paire accompagnée de 3 cartes que nous ne partageons pas avec lui et son tirage quinte ventrale, notre adversaire se trouve devant une main paraissant incroyablement dominante sur ce flop.
Prenons un exemple avec une petite simulation d’équité jointe.
Les joueurs sont tous 100BB deep (PL200 pour l’exemple, mais ça ne change rien dans les faits)

tableau omaha cours

Imaginons ici que UTG check et que nous décidions de Cbet à 15€, ce qui semble assez standard, et là, il nous revient dessus à pot soit 15*3+19 soit 64€ en se laissant 28€ derrière.
Qu’avons comme solution et quelle est notre équité contre une main qui pourrait nous faire cela ?
En connaissant la main, nous avons aux environs de 53% d’équité mais si l’adversaire n’est pas le joueur le plus tricky du monde, il aura souvent un flush draw plus paire ou un set.
Contre ce range voyons quelle est l’ampleur des « dégâts »…

board:

Hand

Equity

36.14%

TT,66,T*d*d

63.86%

S’il n’a que le Flush Draw plus une paire (talent médiumnique inside), nous sommes dans la même situation que face à la main connue, à savoir avec un 53% en notre faveur.
Le simple Flush draw lui donne tout de même près de 40% d’équité dans le coup
L’historique rentrera bien sur en ligne de compte, est il capable de nous check/raise avec seulement le flush draw ou détient t’il la majorité du temps quelque chose qui nous crush complètement.
En terme d’équité maintenant, nous voyons que nous sommes face à un range qui nous mets dans la majorité des cas (sauf versus un Nit qui ne va s’envoyer que très armé, combo FD +SD ou Set) quasiment en coin flip. En termes d’EV (expected value) qu’avons-nous à tirer de ce coup.
Pot flop : 19
Notre mise : 15
Il nous raise à 64.
Soit nous partons all in soit nous stoppons le coup.
Il nous reste donc après notre cbet, 77 a mettre au milieu.
Ce qui nous fait :
19+15*2=le pot au moment de la décision de tout mettre ou non
Soit 49
77/(77*2+49)=0,38 soit 38%
Il nous faudra donc 38% d’équité, de chances de remporter la main pour que ce soit profitable de tout mettre au milieu.
Nous avons constaté que c’est une équité que nous aurons dans la majorité des cas contre un joueur un temps soit peu agressif.
Pour autant est il si intéressant de se broke pour 80BB avec une grande part d’incertitude et hypothétiquement contre une main qui nous domine complètement. Si le joueur est d’un profil serré, il aura plus souvent un set qu’autre chose, pour autant un joueur serré va-t-il limp/call préflop avec TT98 par exemple ? Il sera peut être plus vraisemblable qu’il est JT98 avec peut être/surement les trèfles en main mais cette combinaison nous relègue à 36%, ce qui est malgré tout quasiment notre besoin en équité.
Ici, nous pouvons constater que notre Cbet sur un flop comportant quelques tirages, et ce, sans que pourtant il soit le plus Dry du monde nous met dans une situation difficile sur laquelle sans certitude sur notre adversaire il peut être plus intéressant de passer.
Une alternative au Cbet ici serait peut être de check ce flop pour aviser sur la turn, là aussi nos tendances et l’image/les reads que nous avons donné a l’adversaire jusque là doivent être pris en compte. Si nous avons montré systématiquement un Cbet quand nous avions le FD, il peut être intéressant de jouer le coup via un Cbet du fait que notre adversaire va devoir jouer un coup « honnête » (faut il encore être sur que notre adversaire est dépassé l’échelon 1 de réflexion et qu’il ne se borne pas à regarder ses cartes) et donc de lacher le coup sans trop de regret sur un check/raise.
Si nous avons déjà mixé nos lignes en checkant en retour sur un flop où nous avons un tirage couleur, le fait de checker pourra avoir plusieurs vertus : 

Les outs et les outs Fantômes :

En effet, ici nous pourrions représenter une flush qui n’a pas voulu enflammer le coup avec une équité incertaine en espérant réaliser notre équité et donc s’appuyer sur la street suivante pour prendre le coup plus tard. Oui, mais on parle du turn là ? Et oui, et oui, mais le flop doit permettre de savoir sur quoi on va jouer par la suite et ce que le board va nous livrer comme options de jeu sur les rues suivantes.

Ici, nous aurons une bonne part de cartes qui va nous permettre de miser la turn sur un second check adverse, et nous devons les intégrer de suite, au flop pour développer des lignes de jeux qui nous permettent d’exploiter nos adversaires et aussi de ne pas nous mettre dans des plays gamblish à tout va.
Un trèfle sera donc bon à miser (tout en sachant se sauver du coup si il lui prenait l’envie de se réveiller à ce moment, un cœur nous ouvrons notre backdoor flush draw aussi,  évidemment les As nous offrant un Set, les K, Q, J nous apportant un straight draw de type Gutshot.


Un exemple de jeu sur des outs fantômes

Ici, après un open UTG avec une main ayant un certain potentiel malgré son double gap au milieu, on se retrouve à 3 au flop.
On trouve une main intéressante bien que non nuts, le cbet ici peut paraitre de rigueur et nous représentons un range fort à avoir ouvert UTG.
Stacks:
UTG - Hero (€64.44) - BTN (€51.08) - SB (€70.91) - BB (€57.61)

Preflop: (€0.75, 4 players) Hero is UTG with

Hero raises to €1.50, BTN calls €1.50, SB calls €1.25, BB calls €1
Flop: (€6, 4 players)
SB checks, BB checks, Hero bets €4.50, 1 fold, SB calls €4.50, BB calls €4.50

Turn: (€19.5, 3 players)
SB checks, BB bets €14.75, Hero calls €14.75, SB folds

River:   (€49, 2 players)
BB checks, Hero bets €37, BB folds

Total Pot : €86 (rake €2.50)

Hero wins €83.50 from pot

Quelles sont les options ? 

Le check flop – nous trouvons une main relativement forte et ici lorsque SB défend, BB se trouve avec un « prix » intéressant pour voir le flop. Ils ne percuteront pas forcément ici donc et leur laisser une carte gratuite serait peut être catastrophique, toutefois, il sera plus safe de jouer la turn si les 2 joueurs checkent encore.
Le Cbet – nous trouvons seconde nuts et nous pourrons barrel une masse de cartes turn (encore une fois, il faut l’anticiper). Le coup tel qu’il s’est déroulé, sur tous les trèfles et vs un check évidemment, ce serait considéré comme un out (faux/fantôme) mais bon pour mettre un second shoot dans le coup.

Ici face au lead turn, le plan reste le même a savoir s’appuyer sur une fausse équité pour prendre le coup (avec les risques que cela comporte), il se peut aussi que nous ayons bluff la meilleure main sur ce coup, cela est loin d’être inenvisageable mais cela ne change pas le plan de jeu et la ligne décidé au flop.
Il faut donc avoir en tête non seulement ce que nous avons en équité réelle avec les outs que nous trouverons et qui nous donnerons le jeu gagnant mais aussi ce que peut détenir l’adversaire pour utiliser ces « faux outs » ou outs fantômes pour maximiser nos gains sans attendre de systématiquement toucher un jeu fort.
On parlera aussi de range « capé » chez nos adversaires dans le sens où ils auront un panel de mains qui sera « lisible » et qui ne pourra que trop rarement détenir les cartes sur lesquelles nous allons assoir cette fausse amélioration. Il faut rester vigilant sur les actions passées des adversaires, leurs tendances et les patterns de mises pour pouvoir exploiter toutes ces informations sans se mettre le nez dans le mur.

Toutes ces informations vont nous permettre de savoir en plus de notre équité sur quels types de flops il est bon de Cbet ou non et ce que nous pourrons entrevoir comme amélioration (équité) et/ou comme situation de bluff.

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